Sandrine Cerruti, méduses, la défaite des cages

méduses

 

lors                             il apparait                              
le lieu des suspensions                                              toutes            

le ponton                                          
celui de l’entrer en marche vers l’ignoré

au surgissement                     se laisser pousser en attraction
quitter le sable à mesurer le temps ordinaire
et depuis les pieds devenus les seuls guides            entendre                     écouter eux seulement
et happée                               oui être happée en direction de l’interstice            
celui de l’appel au ponton apparu
sa structure polie                  
suivre à l’aveugle les veinures du bois
elles sont le balisage éphémère                                le chemin                               chemin d’aller-voir
celui de la révélation
révélation là
       
oui à l’entrebâillement                                 
là où la lumière ne s’annonce pas                                                                         intervalle à la vision
 

                                                           vision en voute inversée
celle des constellations aquatiques gélatineuses du par-delà-du-dit des méduses

elles viennent

altesses mutiques sans squelette ni poumon pas de cerveau
leurs  déplacements en agrégats toxiques                          
le silence fluorescent des globes visqueux
manifestation de leur persistance fossile                
leur obstination d’organisme résistant à l’incommensurable
celui de tout avant                 de tout après              des par-delà à évider tous les possibles
là est leur révélé                    le sans commencement                     ni fin                          
sans extrémité

plus de centre

infinités                                 
le dévoilé à l’espèce observatrice entre deux planches

 

la défaite des cages

 

fixe bien
bien riveter ses yeux à son cerveau ça va aller très vite
ne pas rater le murmurer du petit secret inspiré-expiré au travers du coton gris              celui des intermittences nocturnes (oui le secret reste secret à cause de sa petite taille)
regarde bien depuis ta cervelle
pour commencer surtout ne force pas         ne rien forcer en imprudente (il y a plus important pour dorer cette grande règle)
apprête-toi à entrevoir le secret
celui des cages
de la porte des cages (oui rien que ça)
la porte des cages s’ouvre depuis l’intérieur            le mouvement s’effectue toujours vers l’en-dedans
surtout ne pas chercher à la pousser            pas pousser la porte en direction de l’en-dehors des choses                                                                                             jamais
ce serait partir en dissolution                       perte malheureuse
                                                                       éventée                      oui                  attention
c’est sans forcer que s’opère l’ouvre-monde           souplement
via l’en-dedans
lors la béance facile celle de la circulation-dedans-hors-monde est à tout jamais obtenue
garde-le bien ce secret dans ton cerveau qui a tout vu (oui c’est furtif c’est le secret des cages il passe vite comme seuls savent filer les vrais secrets)
c’est vrai pour toutes les cages
il n’y a pas plus simple à forcer
c’est ça le secret
                                                                                             celui de la défaite des cages

Présentation de l’auteur

Sandrine Cerruti

Sandrine Cerruti est née en 1968, en France, sous le signe de la double culture franco-italienne. Elle vit à Toulouse avec son compagnon Philippe, et ensemble, ils sont les veinards parents d’Olivier. Elle travaille dans l’enseignement secondaire. Elle a été éveillée à la liberté de l’écriture poétique par un précieux groupe d’anges gardiens désappreneurs qui lui a donné à entendre, avec une paire d’oreilles neuves, la puissance de la parole poétique de Serge Pey. Puis, c’est Christian Glace, poète et sculpteur, auteur de Taille Directe publié aux éditions Noir et Blanc, qui l’a encouragée au partage de son écriture. Elle a eu la chance d’être repérée par Philippe Tancelin, Docteur d’Etat en Philosophie-Esthétique, professeur Emérite des Universités de Paris, Chevalier des Arts et Lettres, directeur de la collection Poètes des cinq continents aux éditions l’Harmattan. Le poète-philosophe, lui donne sa chance en lui ouvrant la porte à la publication d’outrefeu dans la collection Poètes des cinq continents, espace expérimental. Après avoir été également repérée par Pierre Lamarque, fondateur de la revue poétique La Page Blanche, elle participe maintenant à l’équipe des rédacteurs de la revue. Certains de ses poèmes ont été retenus par plusieurs revues telles que Lichen, ARPO, La Revue des Citoyens des lettres, la Revue Cabaret, la Revue Dissonances. Elle s’approprie bien volontiers les deux propositions suivantes : celle avancée par Gaston Bachelard dans la poétique de l’espace afin d’évoquer le pourquoi de ce qui amine son rapport à la poésie : « La poésie apparaît comme un phénomène de la liberté.” et celle de Jacques Prévert pour défendre ce qui lui tient à cœur, montrer et vivre la richesse de l’apport de la création poétique au monde : « La poésie, c’est un des plus vrais, un des plus utiles surnoms de la vie. »

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