Valéry Molet, Extrême limite de la nuit suivi de Sept notes d’accompagnements de Jean-Pierre Otte, Anne Barbusse, Terra (in)cognita, poèmes sous couvre-feu

Valéry Molet, Extrême limite de la nuit suivi d'annotations pour perpétuer l’apéritif, Jean-Pierre Ottte, Sept notes d’accompagnements

Gnostique oublié de son âme (ou presque) , Molet parie sur son corps estuaire est l’estran de ses désirs mais là « Où l’être pue la vague / L’être est un cochon qui grogne Succion à quatre pattes ». Mais par delà de ses amours et de ses poèmes fait des sortes de comédies musicales où « Nessuno mi pettina bene / Come il vento », si l’on en croit l’inscription sur les marches de la galerie nationale D’art moderne à Rome. 

Aimant parfois de jouer la fripouille du cœur la géographie de ses rives lui échappe  entre Paris, la Bretagne, l’Italie pour chercher le bonheur physique parfois en effet de  chute ou de promesses. Dans ce livre existe un face à face entre l’auteur et Otte. Mais celui-ci écrit ses prolégomènes  è l’amour qui entraine à l’objectif : « l’être substantifie sa dérive dans son contraire ». Molet en multiplie contraintes et situations même si le désamour reste car « è pericoloso spergersi ». Mais il ose des figures de style et « trampolinant » sur des matelas de service.
Bref les cœurs bringuebalent en de bonds ardents où les choses dites du sexe s’emmêlent. D’où parfois des leçon de mécanique décrassant les ténèbres même si parfois jusqu’à « la grivèlerie est un acte d’amour » pour raison d’ivresses là où la douleur y est parfois. Mais tel un antipodiste Molet ose l’effort musculaire dans l’amour en jou(isiant avec l’élue comme des enfants jusqu’ai bout où les embrassades s’éteignent. Dans ce livre le passé n’est pas simple. Mais la présent conditionnel.
Dès lors la finition de l’amour exact n’a pas de définition car il existe tant à dire. Molet ne s’en prive pas,  braqué sur ses objectifs multiples mais inutiles dans la subdivision. Parfois au fil du livre et parfois à celui du cœur  «  Il n’y avait que toi et moi dans l’à-peu-près » mais ce n’est pas en raison d’en faire batailles ou horions enchaînés.
Et d’une certaine manière l'ami fidèle de Otte garde la main verte en amour même s’il est désormais  moins jeune que dans ses premières courses. Parfois hirsute, toujours  affectueux et les lèvres non uniquement  humectées d’une gaufre car il n’est jamais célibataire des baisers d’une brune. Bref c’est un chevalier guignant des corps sages mais surtout le lys de leur vallée.

Valéry Molet, Extrême limite de la nuit suivi de Sept notes d’accompagnements, Jean-Pierre Ottte, Edition sans Escale, 86 p.

Et si parfois deux amants ressemblent à des paires de claques, ils cultivent le vice sans fin d’une vie idoine. Dieu en est témoin. Enfin presque. Mais c’est pourquoi  face à la déité il invente une langue péninsulaire de soutiers et «  ses rires craquaient comme des abeilles grillées, » là où plaisir et déception vaquent en diverses confluences en faux cadavre exquis qui excluent toute régularité écœurante des épluchures du quotidien.
Les genêts fleuris et des fougères cramoisies crée un hôtel estival aux histoires de peau et de foulées où l’amour devient le chantier de lévitations. La règle est la suivante : ne jamais l’éviter.

∗∗∗

Anne Barbusse l'intransigeante

« Dans la vallée du Rhône fument les centrales nucléaires et tournent les éoliennes. » entame le périple de temps (avec bon nombre de retours) pour rejoindre « L’avènement des herbes criblera les marais de touffes outrecuidantes » après  le ravage endémique  du Covid jusqu’à la mer qui ravale ses vagues et roule l’écume sur les galets ronds. Elle passe désormais bien loin des prairies qui s’allongent là où elle portait des masques FFP2. Elle tente de s’accrocher au soleil comme au bout des pales tournantes ou sur des quais et leurs murmures de la société post-industrielle qui menace de s’effondrer.

 Luttant contre l’intempérance, le long des routes elle s’accroche à des arbres chétifs mais  s’échappe aussi sur les rails parallèles du train s’enfonce dans les villes de province. Cela remonte à ses vingt ans, à sa vie parisienne et les banlieues quadrillées de lotissements. Dans ce livre L’auteure multiplie ses « choses vues » en déplumant tout effet de métaphore face au virus qui a encore  d'aplomb . Mais dans ce monde-là il  faut s’échapper par le haut, « pour ne pas chuter tout en bas du monde. »
 
 Certes des « maisons incolores parachèvent l’inconsistance » désormais des s absences des saisons. Mais quelque chose avance. Et ce  pour saluer au besoin l’irrévérence de Godard : « il n’est pas encore mort et la gare de Lyon a presque même salle des pas perdus, seules les nouvelles du monde ont changé ». C’est donc tout ce qui reste dans ce qui tient ici d'une célébration délétère mais aussi un rituel de convenance face a ce qui nous a abasourdi et sonné lors de la pandémie.. Volontairement neutre un tel langage nous sonne.

 

Anne Barbusse, Terra (in)cognita poèmes sous couvre-feu, éditions unicité,  2024, 170 p,, 15 E

Face à l’horizontalité de son étendue la peine, c’est en quelque sorte une possibilité d'échapper aux dupes du non dupe. Anne Barbusse les souligne mais espère se plonger encore vers le rêve et le ciel.  “Aux graminées encore de dessiner des jardins de curé, ne plus octroyer les mondes” écrit-elle, histoire de sauver le monde ou ce qu’il en reste face aux excès les plus nocifs. Et si l’auteur, pour avancer, ajoute "ne cueille que les chiffres de la pandémie", elle espère des plages loin des hommes transitoires et des mouettes furieuses. Le tout avec sobriété et endurance.

Présentation de l’auteur

Valéry Molet

Valéry Molet est né en 1968 à Beauvais. c'est un écrivain et poète français.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures

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Aucune ancre au fond de l’abîme : ce titre nous donne d’entrée le programme de l’ensemble, presque. Il est suivi d’un premier poème censé nous donner la clé de sol : il y est question [...]

Valéry Zabdyr, Injures précédant un amour légendaire

Avec une colère rentrée, profonde et qui ne demande qu'à exploser, avec un agacement pathologique, une susceptibilité exacerbée, une allergie au bruit, aux odeurs et à la connerie, un narrateur bien ronchon traverse [...]

Présentation de l’auteur

Anne Barbusse

Née le 16 décembre 1969 à Clermont-Ferrand.

L’écriture a toujours fait partie de ma vie. A 17 ans, je monte à Paris pour mes études de lettres. Après une agrégation de lettres classiques, j’enseigne quelques années la littérature latine à l’Université Paris VIII. Je quitte Paris pour un tout petit village du Gard, où je suis installée depuis 20 ans, entre Cèze et Ardèche, pour vivre plus en accord avec mes convictions écologiques. J’enseigne depuis une dizaine d’années le français langue étrangère aux adolescents migrants. En 2012, par passion, pour apprendre le grec moderne, je reprends mes études à distance à l’université Paul Valéry de Montpellier, jusqu’à un master traduction en littérature grecque moderne en 2017, où j’ai traduit, en pleine crise grecque, l’œuvre inconnue en France de Takis Kalonaros (Du bonheur d’être grec, Athènes, éditions Euclide, 1975, réponse à Du malheur d’être grec de Nikos Dimou, traduit en France en 2012 aux éditions Payot). Takis est le père du Petros, rencontré en 2010, à qui j’ai dédié le recueil dont sont extraits mes textes.

J’ai publié quelques textes dans la revue Phréatique dans les années 90, et dans la revue Arpa en 1997 et en 2006.

Autres lectures




Valéry Zabdyr, Injures précédant un amour légendaire

Avec une colère rentrée, profonde et qui ne demande qu'à exploser, avec un agacement pathologique, une susceptibilité exacerbée, une allergie au bruit, aux odeurs et à la connerie, un narrateur bien ronchon traverse Paris. Il se heurte à la foule, aux couleurs, aux formes et chaque aspérité est inacceptable. Comme un sans abri aviné, il déverse un tombereau d'insultes, d'insanités, de grossièretés et d'éructations. Un inculte parlerait de syndrome de la Tourette, sauf que l'homme est archiconscient des énormités qu'il débite dans un flot ininterrompu.

Le lecteur, moi, vous, nous sommes face à un texte énorme et poétique de la veine de Gombrowicz, Bloy, Céline ou Vallès. C'est dire l'enjeu ! Le lecteur, moi, vous, nous sommes pris par l'inventivité et la musicalité, et nous finissons par nous approprier cette colère qui, peu à peu, nous apparaît légitime. D'ailleurs, qui, aujourd'hui, oserait accepter comme normales les pollutions sonores, les réflexes panurgiens d'une foule partout présente, la surproduction d'objets inutiles et, surtout, celle de livres insipides ? Cette déclamation terrible est une ode à la pensée qui n'existerait plus, une ode à un humain qui stupidement s'autodétruit, une ode à la poésie dans ce qu'elle a de plus pur et qu'il faudrait savoir recréer. Valéry Zabdyr prouve par son contraire que la beauté existe dans la fange.

"Quand je me lève, j’en dégueule, faces de rats trompés par des souris et mariés à des ragondins, vieux vikings vaincus par le confort des chaussures d’agents immobiliers, ô planètes étranges, inatteignables comme vos trous de balle odoriférants, salingues, corrompus, je me rue moins que je ne me tue en raison de votre salope saloperie de médiocrité. Un exterminateur, je veux être. Je me sens bien en uniforme, tirant au hasard, butant agneaux et pigeons humanoïdes. Le matin est atroce. La journée est ignoble. La soirée ne vaut rien."

Et, pour que la chose dite soit encore mieux comprise, Valéry Zabdyr l'illustre avec une enluminure du XVe siècle où il repère "nettement cet enculé de Gaston Phébus et cette brêle de Jean de Grailly charger les Jacques et les Parisiens, ces mouches à merde de la révolte qui tentent de prendre la forteresse du marché de Meaux où est retranchée la famille du Dauphin, le 9 juin 1358."

Valéry Zabdyr, Injures précédant un amour légendaire, Ed. Unicité, 2024, 110 pages, 14 €.

Si dans la première partie de ce petit roman, l'atroce est érigé en sublime, la seconde partie montre ce même narrateur dans un autre espace, un autre temps et donc une autre humeur. Brutalement, l'excès s'inverse et devient extase. Une face noire et une face blanche. De l'Enfer au Paradis. Le promeneur-narrateur, sorte de Dante sans Virgile, se défait de son allure de clochard. Il est en Bretagne et a rendez-vous avec Nathalie. Dans les prémices de la rencontre fatale, les tremblements, les doutes, les émois le rongent et le ravissent. Et ces sentiments semblent s'appuyer contre les collines, les ruelles, les murets ou la flèche tordue de la chapelle Saint-Gonery.

J’avais même pensé à l’immanquable et passionnante promenade au bord de la mer avec Nathalie, au dos si beau et musculeux de cette déjà bien-aimée ardente, que le sentier prolongeait intimement, oubliant jusqu’à l’insipide bêtise de la répétition des jours et des nuits, à quelques années-lumière des bagatelles de la vie sociale. J’avais envie de redevenir niais grâce à quoi le cynisme redeviendrait une école de pensée, ni plus ni moins.

Quel effet de balancier entraîne-t-il un même narrateur dans une telle binarité ? Comment peut-on passer d'un pessimisme cynique à une forme de vénération ? La réponse, le narrateur nous la donne : par la force d'un amour démesuré où l'objet du désir se fonde au paysage. Un amour fou dans un cadre idéal, idyllique.

J'avais envie de parler d’amour, du vrai amour, celui qui ne porte ni signe distinctif ni ironie littéraire. Je ne connaissais qu’un roman d’amour réussi, celui de Marcel Moreau, "Nous, amants au bonheur ne croyant...

Celui qui est capable de sonder aussi profondément l'humain a le droit et le pouvoir d'atteindre une sorte d'ivresse permanente, une béatitude terrestre, accrochée au ciel et à la mer. Et si Injures précédant un amour légendaire était unautre roman d’amour réussi ?

Présentation de l’auteur

Valéry Molet

Valéry Molet est né en 1968 à Beauvais. c'est un écrivain et poète français.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures

Valéry Molet, Aucune ancre au fond de l’abîme

Aucune ancre au fond de l’abîme : ce titre nous donne d’entrée le programme de l’ensemble, presque. Il est suivi d’un premier poème censé nous donner la clé de sol : il y est question [...]

Valéry Zabdyr, Injures précédant un amour légendaire

Avec une colère rentrée, profonde et qui ne demande qu'à exploser, avec un agacement pathologique, une susceptibilité exacerbée, une allergie au bruit, aux odeurs et à la connerie, un narrateur bien ronchon traverse [...]




Julien Farges & Valéry Molet, Fermeture ajournée des zones d’ombre

Le titre en lui-même semble paradoxal : une fermeture pourrait-elle ne pas être vraiment fermée ? Alors que dire d’une fermeture de l’ombre ? Ou de l’ombre d’une fermeture, de son ajournement ? Dans quel sens prendre ajournée (repoussée comme une décision ou bien ajoutée de jours) ? S’il y a des zones d’ombres, n’y a-t-il pas, par juxtaposition, des zones de lumière ? Ce télescopage n’est pas que dans le titre — déjà tout un programme poético-philosophique —, on l’a aussi dans les textes proposés.

L’idée originelle du livre a fait naître un petit volume original qu’on pourrait qualifier — si l’expression n’était pas devenue un lieu commun — d’OLNI (Objet Littéraire Non Identifiable). Dans Fermeture ajournée des zones d’ombre, il n’y a pas d’espace pour les lieux communs. Serait-ce alors le résultat d’un jeu oulipien ? Peut-être, puisqu’il y existe au moins une contrainte. Ou bien un jeu surréaliste ? Peut-être aussi, puisqu’il s’agit de poésie et de hasard.

Tout part d’un défi lancé par un éditeur à deux auteurs, le philosophe Julien Farges et le poète Valéry Molet. Le premier est chercheur au CNRS, spécialiste de la pensée d’Edmund Husserl. Le second a publié des nouvelles, des poésies et des essais. « Écrivez, leur a-t-il demandé, chacun de votre côté et sans vous consulter ». Cet étrange pari aurait pu donner un arrimage mal fichu. Mais le résultat est étonnant. Au fil des pages, un paysage défile sous les yeux du lecteur comme celui vu d’un train qui court en bord de mer : points de vue, lumières et cadrages alternent. Tout varie et tout est lié. 

Julien Farges & Valéry Molet, Fermeture ajournée des zones d’ombre, Editions Sans Escale - 112 pages - 13 €.

On passe du poème Les Baisers à une réflexion sur le Mythe de l’externalité. Écrit par Julien Farges, Alter ego est encadré par deux poèmes composés par Valéry Molet : Joseph, mon vor v zakone et Joseph. Le lecteur pourrait s’attendre, de la part d’un expert en phénoménologie, à un corpus théorique ou à des notions étanches pour les non-initiés. Il n’en est rien : les courts textes de Julien Farges abordent avec limpidité des sujets rendus par lui évidents. Quant à Valéry Molet, jusqu’à présent connu pour ses textes désabusés et caustiques, il se découvre avec des poèmes plus intimes, plus inquiets, plus tendres que d’habitude. Ma belle et la mort en est un exemple :

Quand je serai assez lâche pour mourir,
Ton ombre s’assiéra sur la mienne
Pour radier ma faiblesse.

Lorsque le sable incendiera mon iris,
Tes mains déblaieront ce puits à l’allure
Infidèle de cercueil.

Alors, cette rencontre entre la poésie et la philosophie, est-elle réussie ?  Oui, sans aucun doute. Le hasard a bien fait les choses, parce que ce n’est pas totalement du hasard : les deux auteurs sont proches et l’objet du livre reste la poésie. Un ensemble à deux voix qui dit la poésie et explique notre rapport à la poésie. D’ailleurs le recueil se termine (et là il n’y a plus de hasard), avec une tentative de définition de la Poésie.

« En fait, seul le langage est poétique. Car la poésie est d’abord quelque chose qui arrive aux mots : c’est à fleur de mot que se rencontre cette profondeur qu’on est toujours (et trop aisément, peut-être) disposé à lui reconnaître. Elle n’est au fond rien d’autre qu’un état du langage, un état qui se justifie et se reconquiert dans chaque poème et qui, chez le poète, s’alimente à une expérience singulière du monde. »




Valéry Molet, Aucune ancre au fond de l’abîme

Aucune ancre au fond de l’abîme : ce titre nous donne d’entrée le programme de l’ensemble, presque. Il est suivi d’un premier poème censé nous donner la clé de sol : il y est question de femmes aux mollets brisés (je n’ai pu m’empêcher d’y lire un jeu avec le patronyme de V.M.), aux varices bleutées

Nous retrouvons un univers que V.M. a déjà exploré dans ses publications antérieures. Les pages suivantes dressent le tableau de plages qui n’ont qu’un défaut, mais de taille : elles sont habitées par la genstouristique et commerciale. On se voulait au bout du monde, en communion avec la mer, on avait compté sans les envahisseurs. Ce qui n’est guère plaisant ! La mer n’est pas faite pour l’été, conclut le poète… V.M. ne fait pas dans le bon sentiment, comme il est (trop) d’usage en poésie, cela nous change un peu d’air.

Et voilà qu’au décours d’une page, une femme est revenue : l’amour renait à Plougrescant. Nos baisers ressuscitent Plougrescant dont la roche se mourait. Voilà que la rencontre initiale faite à Plougrescant renaît, dans une suite de notes sensibles – et lyriques. Notre couple poursuit son voyage amoureux en Bretagne, dans la bien-nommée île de Sein.

Valéry Molet, Aucune ancre au fond de l’abîme, La petite Hélène éditions, 70 pages, 14 €.

La faune humaine est toujours aussi malvenue, alors le sable s’efface sous les serviettes, mais il y a désormais une autre faune, celle des goélands, des lapins que notre poète aime. Il prononce le mot ! Nous voilà loin des dégoûts du début. Alors ta main s’affermit sur ma joue/qui rabiote ta main– le poète goûtant ce « petit plus » ? L’amour est fait de gestes infimes, de fines sensations : la mer remonte enfin. Plutôt l’esthétique que le sexe, lequel fait réapparaître (incestueusement ?) l’odeur crasse des chaussettes de la mère trouvées un jour au fond d’un panier.

Au final, ce texte nous décrit l’amorce d’un amour retrouvé – encore que sans promesse donnée. La charge du début contre le populo s’estompe, presque… puisqu’au dernier poème la mer est oubliée pour un Paris qui truste les dividendes : Les grues échassières tremblent/Sous le poids du ciment aurifère/J’adore l’odeur de la spéculation immobilière/Cela vous rend vivant. Faut-il voir dans cette provocation la recherche d’un retour de bâton ?

Je n’ai encore rien dit de la forme en feuilleté du livre, une façon que j’estime heureuse d’échapper au genre du pur poème. Des fragments nous donnent des pensées, des intuitions qui dialoguent avec les poèmes, les éclairent parfois, les contredisent aussi – comme s’il n’était pas question de fondre en amour ! Une belle note soutient que le langage ne pénètre pas le bocage de la plénitude, que rien n’est communicable. Les personnes qui vivent l’être ne peuvent rien se dire. Les poètes le savent bien, avec V.M. ils relèvent quand même le défi. Quant aux poèmes, ils me semblent se situer dans la veine de la poésie états-unienne du concret quotidien, réaliste et autobiographique. On pourrait penser à de la simple prose découpée en lignes brisées s’il n’y avait dans l’écriture de V.M. une charge poétique évidente.

Présentation de l’auteur

Valéry Molet

Valéry Molet est né en 1968 à Beauvais. c'est un écrivain et poète français.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures

Valéry Molet, Aucune ancre au fond de l’abîme

Aucune ancre au fond de l’abîme : ce titre nous donne d’entrée le programme de l’ensemble, presque. Il est suivi d’un premier poème censé nous donner la clé de sol : il y est question [...]

Valéry Zabdyr, Injures précédant un amour légendaire

Avec une colère rentrée, profonde et qui ne demande qu'à exploser, avec un agacement pathologique, une susceptibilité exacerbée, une allergie au bruit, aux odeurs et à la connerie, un narrateur bien ronchon traverse [...]