Xavier Bordes : la conjuration du mensonge

Cet article a d’abord été publié sur Causeur le 25 février 2018. Proposé dans la version que vous avez sous les yeux, et accepté sans qu’il soit demandé à l’auteur de le retravailler. Les parties en gras et italiques ne figurent pas dans la publication de Causeur.fr. Les journalistes appellent cela « des coupes ». L’auteur, qui n’est pas journaliste, a été mis devant un fait accompli, celui de ce qu’il faut bien appeler une censure. En rétablissant cette partie, Recours au Poème rend la dimension initiale au propos quant au rapport entre le mensonge et la vérité. Cette censure tend à accréditer la justesse des arguments supprimés.

Dans les dîners en ville, d’après ce qu’on murmure en off, il n’y en a plus que pour les fake news. Fake news ? Fuck news ? Défèque niouze,  me souffle un ami ? Fausses informations, quoi ! Visiblement, l’heure est grave. Nos démocraties en seraient menacées. Traduisons : nos places et notre pouvoir, à nous qui devisons si doctement entre nous à travers les ondes autorisées, sont remis en cause. Faudrait quand même voir à pas se laisser piquer nos privilèges et notre vision du monde. Alors on commande vite fait un petit sondage sur les théories du complot. Verdict ? 80 % des français croient au moins à l’une des théories. CQFD ? La population se fait bourrer le mou par des médias alternatifs, donc non agrémentés, des pure players et autres utilisateurs de réseaux sociaux. On ne peut donc laisser faire ça. Le Web est beaucoup trop dangereux pour être laissé sans contrôle à l’usage de tous. Légiférons. Encadrons. Il est interdit d’interdire d’interdire.

Le mensonge à échelle de masse

C’est dans ce contexte de la vérité qu’il est permis aujourd’hui d’orienter le regard vers l’acte qu’accomplit quotidiennement le poète Xavier Bordes en publiant sur son blog un à plusieurs poèmes. Contexte de vérité ? Naturellement puisqu’en parlant de fake news, le gouvernement et ses journalistes fonctionnaires, pardon, subventionnés, établit un rapport entre le mensonge et la vérité. La vérité ici revendiquée par les pourfendeurs des fausses nouvelles ne relevant que du politico-social qui organise et informe notre manière de vivre. Les fake news, c’est l’empreinte laissée par le viol de la vérité perpétré par le monde du spectacle, la conséquence d’un système aux ordres ayant pour but de nous informer, c’est-à-dire de nous former de l’intérieur, autrement dit de manipuler la population pour ses intérêts propres. Les fake news, c’est l’ombre portée du mensonge organisé. (Souvenons-nous : les charniers de Timisoara, les armes de destructions massives de Saddam Hussein.)

Ces mensonges-là, proférés à échelle de masse, que servent-ils ?

Ils servent les intérêts financiers des seigneurs de l’argent et de l’idéologie progressiste qu’ils planifient. Revenons à la notion de théorie du complot. Dans un article publié dans 20 minutes, nous apprenons que « Selon le rapport d’Oxfam, 3,7 milliards de personnes, soit 50 % de la population mondiale, n’ont pas touché le moindre bénéfice de la croissance mondiale l’an dernier, alors que les 1 % le plus riches en ont empoché 82 %. » Autrement dit, ces 1 % n’ont nullement besoin de comploter : il leur suffit de décider et en même temps de faire passer la pilule par une argumentation humaniste duplice.

Cette argumentation procède du publicitaire puisque tout ce que nous produisons est destiné à nous être vendu. Le Publicitaire, c’est ainsi l’art de l’économie appliquée d’aujourd’hui, et dans ce monde où le vrai est un moment du faux (Debord), toute argumentation politique, toute stratégie sociale, toute décision économique, toute littérature, tout divertissement sont validés par le quitus de la réalité publicitaire. Les romans actuels sont écrits à l’encre du publicitaire et Frédéric Beigbeder en est le blason.

Xavier Bordes, Comme un bruit de sources, Gallimard, 1998, 184 pages, 18.60 euros.

Xavier Bordes, Comme un bruit de sources, Gallimard, 1998, 184 pages, 18.60 euros.

Xavier Bordes, La Pierre Amour, collection Poésie/Gallimard

Xavier Bordes, La Pierre Amour, collection Poésie/Gallimard

L’acte d’un poète est poème

Dans ce contexte de mensonge architectural, l’un des plus importants poètes de langue française actuel pose chaque jour sur le web un acte fondateur : il donne à lire à qui le veut ses poèmes. À l’heure où j’écris ces lignes, m’étant inscrit aux posts de son blog, je reçois dans ma boite aux lettres électronique, à domicile donc, ou sur mon téléphone portable, son dernier poème posté : Le langage des siècles :

Depuis le couronnement de notre ami Bob
dit « l’Âne » par les poètes jaloux de n’être pas people,
serait-ce un combat ridicule et perdu que celui 
de lutter aujourd’hui pour tamiser
des siècles de langage afin d’en récolter
la plus fine semence de Beauté ?

Et ces strophes que tu t’obstines à former 
selon quelques secrètes scansions imprimées
à la prose par la Tradition
qu’offrent-elles hormis la fluide solidité,
le ferme flux du Temps ?
Ah quelle liberté d’être hors des modes
De n’être ni chanteur ni slameur ni rappeur
Quelle liberté d’être vieux et démodé
Quelle liberté d’être un misérable scribouillard
addict au vers, discrètement stupide
et sans autre talent
que celui de tamiser le langage des siècles...

Qui est Xavier Bordes ? Né en 1944, il est l’auteur, chez Gallimard, de trois recueils parus en blanche, dont l’un, Comme un bruit de source, reçut le Prix Max Jacob en 1999. L’auteur aussi de la merveilleuse Pierre Amour, œuvre-monde récemment réédité au format poche dans la collection poésie/Gallimard. Il est également un traducteur important puisqu’il a permis au lecteur français de comprendre et d’accéder au poète grec Odysseus Elytis en son Axion Esti.

Xavier Bordes, où la transgression

Avons-nous d’autres exemples d’un poète d’envergure livrant au net ses compositions ?

En soi, sa démarche est acte poétique. Car on peut estimer l’importance d’un poète à l’autorité des lieux de ses publications (et Gallimard se pose là, comme un diplôme, une marque de reconnaissance) ou à la beauté de son inspiration. On peut aussi estimer sa parole à l’aune de ses choix silencieux qui sont d’éminents indicateurs. Pour l’ensemble des lettrés de France, publier sur la toile est largement dépréciatif. Ce qui est donné à lire ne peut pas être bon.

Or Xavier Bordes donne ainsi son œuvre. La conscience du poète Bordes n’étant pas celle d’un naïf, il est à chercher, dans cet acte transgressif, ce qu’il veut nous dire, au-delà de son inspiration poétique.

Comme le nom de Bordes n'est pas populaire comme celui de Bob Dylan, imaginerait-on le prix Nobel de littérature postant gratuitement ses chansons sur le net, avec téléchargement gratuit pour usage illimité ? Ou, disons, Michel Houellebecq publiant sur un blog chaque jour quelques paragraphes de son nouveau roman en temps réel comme un feuilleton ?

Ils auraient trop à y perdre. Pourtant Bordes, dont l’œuvre n’est pas moins ambitieuse que celle de Dylan, nous dit quelque chose de la poésie et de son rôle par cet acte de blogueur qui en réalité est acte de poète.

Il nous dit que poésie et littérature n’ont strictement rien à voir. Il nous dit que la poésie, sans valeur monétaire, est la conjuration du monde de l’avoir. Il nous dit que la posture ne va pas au poète. Il nous dit l’urgence d’ensemencer le monde par sa forme actuelle, la toile, avec les trésors de l’imaginaire et de la langue portés au plus haut pour le bénéfice de la communauté humaine. Il nous dit que la technologie, bras armé de la modernité, ne peut qu’accueillir son virus/contrepoison en disséminant la parole poétique dans tout le réseau. Parole cachée dans la soie des fils connectiques. Il nous dit, enfin, puisque pour les seigneurs de l’argent le poème ne vaut rien, que le Poème relève de l’Etre.

Ce qu’il se joue, par la conscience du poète Bordes et par l’action poétique qu’il mène sur la toile, est l’image du retournement de la parole vers la vérité, celle abandonnée aux principes relativistes.

Nous ne pouvons qu’inviter le lecteur assoiffé de beauté à fréquenter la poésie de Xavier Bordes. Elle est à portée de clic. Nous ne pouvons qu’encourager tout individu épuisé par l’économie de croissance à aiguiser sa résistance à la vérité de l’acte poétique de Xavier Bordes, dont chacun peut être compagnon. Cet acte là, en tant que celui du Poème même, est acte de salut. Public

Présentation de l’auteur

Xavier Bordes

Xavier Bordes, né le 4 juillet 1944, dans le village des Arcs en Provence (Var).

Études musicales et classiques.
Organiste. Étude de composition, théorie atonale et orchestration avec Julien Falk. Thèse de doctorat sur Joë Bousquet, sous la direction de Jean-Pierre Richard.
Musicologie (instruments et musique des Aymara en Amérique du Sud).
Quitte Paris pour une mission de musicologie au Maroc et Sahara.
S'installe à Oued-Zem, puis à Mohammedia en 1973. 
Enseignement et journalisme (Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, conférences nombreuses, notamment dans les Centres Culturels).

Traductions de poètes Grecs : Elytis, prix Nobel de Littérature, puis Cavafy, Solomos, Anagnostakis, Davvetas, Zakythinos principalement.

Commence une œuvre poétique en 1979.

Retour en France (Paris) fin 84. Travaille dans l'édition musicale (direction artistique). Lecteur de grec pour les ED. Gallimard.
Membre du comité de la revue PO&SIE (Rédacteur en chef, Michel Deguy) avec Jacques Roubaud, Michel Chaillou, Robert Davreu, Alain Duault, Pierre Oster notamment.
En 1989 en collaboration avec l'entreprise DBE, X.B. expose un poème de 300 m² sur une façade du 6 avenue de Friedland à Paris, associé à une conférence et un exposé théorique à la Maison des Écrivains.

Xavier Bordes

L'université de Poitiers, du 16 au 21 novembre 1992, X.B. entreprend, avec les Ed. Mille et une nuits, la publication en volumes à 10frs d’œuvres philosophiques gréco-latines liées à l'univers contemporains : Epicure, Ovide, Sénèque, Théophraste, etc... Le public démontre par son intérêt que la culture antique reste d'actualité, Épicure notamment parvient à un tirage de plus de 250000 exemplaires.

Parmi diverses manifestations, les poèmes de Xavier Bordes ont fait l'objet de plusieurs émissions sur France-Culture et d'autres radios pour sa poésie et ses traductions d’Épicure et de Sénèque.

Du 12 au 18 février 1996, les poèmes du poète grec Odysseas Elytis traduits par X. Bordes (en collaboration avec R. Longueville) ont fait l'objet de lectures quotidiennes à France-Culture.

Prix Max Jacob 1999 pour «Comme un bruit de source».
Poursuit depuis une œuvre de poète et de traducteur, en grande partie publiée directement sur internet (Calameo – Word presse – Overblog).

Son blog : xavier.bordes.over-blog.com

En 2011, au cours de l'année anniversaire de la naissance d'Odysseas Elytis, X.B. fait don de ses archives Elytis à la Bibliothèque Gennadios à Athènes (Fond Bordes).
Participe aux destinées de la revue belge Traversées couronnée récemment d'un prix de la Revue Poétique 2011.

X. Bordes vit et travaille actuellement à Paris.

Poésie

  • Le Sans-Père à Plume avec une préface de Michel Deguy  (Ed. de Loess)  1982
  • L'Argyronef (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1984
  • Syrinx (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1985
  • Ma Venise (Ed. Eyras - Madrid) 1985 Version F. et Espagnole  (trad. Micheline          Durand).
  • Alphabets (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1986
  • La Pierre Amour, poèmes 1972-1985 (Ed. Gallimard.  Distingué par l'Académie Française.) 1987
  • Elégie de Sannois (NRF juillet-Août 88)
  • Notes pour des chasses rêvées (Ed. d'Art D. Martin 1988)
  • Onze poèmes tirés d'une conque (Recueil - Champ Vallon) 1988
  • Le masque d'Or  (Ed. de Loess,  St Martin de Cormières.) 1988
  • Poèmes Carrés (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1988
  • La chambre aux Oiseaux (Edition d'art J.C. Michel  - Nancy) 1989
  • Sonnets  (Ecbolade
  • Aphrodite (Ed. Gnôsis & Enrico Navarra - avec Michel Deguy, D. Davvetas, Jean Luc Nancy, M. Abramovicz, etc...) 1990
  • Rêve profond réel (Recueil - Champ Vallon) 1991
  • Impérissables passements de lumière - Rougemont  (Ed. galerie P. Gabert, Paris) 1992
  • Levées d'ombre et de lumière, (avec le peintre Rougemont.) (Paris - Cercle des 101 femmes          Bibliophiles) 1992
  • Le grand Cirque Argos (ED. Robert et Lydie Dutrou) 1993
  • Je parle d'un pays inconnu (ED. Le Cri & Jacques Darras, Bruxelles) 1995
  • Comme un bruit de source (Ed. Gallimard, Paris) 1999
  • L’étrange clarté de nos rêves (Ed. Associatives Clàpas, Millau) 1999
  • A jamais la lumière (Ed.Gallimard, Paris) 2001
  • Quand le poète montre la lune... (Ed; De Corlevour, Paris) 2003

 

A cela il faut ajouter plusieurs volumes publiés sur le Net, à l'adresse :

 Principales traductions

  • D' Odysseas Elytis (grec, prix Nobel 1979, traduit en coll. avec R. Longueville) :
  • Marie des Brumes (Ed. La Découverte) 1984 (réed. en 86)
  • To Axion Esti (Ed. Gallimard) 1987
  • Avant Tout (Cahiers de l'Egaré - Le Revest) 1988
  • Elytis - un méditerranéen universel  (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1988
  • Surréalistes Grecs (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1991
  • Le Monogramme (NRF - Ed. Gallimard - juillet-août 1996)
  • Axion Esti suivi de L'Arbre Lucide et du Journal d'un invisible Avril. (Ed. Gallimard - Paris) 1996
  • D’Épicure : Lettre sur le bonheur (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • D'Ovide : Remèdes à l'Amour (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Sénèque : De la brièveté de la vie (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Cicéron : Lélius ou l'amitié (Ed. Mille et une nuits) 1995  
  • De Théophraste : Les Caractères (Ed. Mille et une nuits) 1996 
  • De D. Davvetas : Soleil Immatériel (Ed. Galilée) 1989
  • La Chanson de Pénélope (Ed. Galilée) 1989
  • Poèmes (Revue PO&SIE, Belin) 1989
  • Le manteau de Laocoon (Ed. Galilée) 1990
  • D'Alexis Zakythinos : Les noyés du grand large (Ed. J.C. Valin  - Hautécritures) 1989
  • De Manolis Anagnostakis : Les Poèmes,    (Ed. Le Cri et J. Darras, Bruxelles)  1994 
  •  (avec la coll. de Démosthènes Davvetas.)

Anthologie

  • 27 Poètes grecs contemporains  (Ed. Revue In'Hui, Le Cri.) 1994 en collaboration avec Robert Longueville.

Principaux essais et préfaces

  • Mystique, de Joë Bousquet (Ed. Gallimard) 1972 
  • Imaginer la Tour Eiffel dans la brume...   (Revue In'Hui - 38 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Sur la Saison en Enfer de Rimbaud (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • Relire Aragon (Revue In'Hui - 1995 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Fragments d'un Dieu-Michaux  (La Licorne, UFR Langues Littératures Poitiers - 1993)

 

Publications diverses dans :

  •  Po&sie (Ed. Belin), Europe, La Lettre Internationale, la NRF, In'Hui, Recueil, des revues universitaires, etc... Ainsi que des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four, Brandon, Leick, etc...)  

 

Autres lectures

Xavier Bordes, La Pierre Amour

Il en est des livres comme des pays : si l'on peut, seul, découvrir des merveilles au cours d'un voyage, le soutien éclairé d'un guide permet la connaissance des ressorts et des lieux [...]

Xavier Bordes : la conjuration du mensonge

Cet article a d’abord été publié sur Causeur le 25 février 2018. Proposé dans la version que vous avez sous les yeux, et accepté sans qu’il soit demandé à l’auteur de le retravailler. [...]




Xavier Bordes, La Pierre Amour

Il en est des livres comme des pays : si l'on peut, seul, découvrir des merveilles au cours d'un voyage, le soutien éclairé d'un guide permet la connaissance des ressorts et des lieux secrets... Ainsi en va-t-il de La Pierre Amour, voyage philosophal en pays de poésie : l'accompagnement de Gwen Garnier-Duguy peut sembler indispensable pour ne rien perdre de cette lecture. Le recueil La Pierre Amour, couvrant les années 1972-1985, est en effet une œuvre complexe, tissant un dense réseau de mythes et de symboles, que l'introduction – programmatique elle-même – permet de débrouiller, situant le projet dans sa fonction proprement poétique, en réponse au chaos du monde dans lequel elle s'inscrit :

"(...)la responsabilité du poète écrivant dans sa langue maternelle est de répondre par une œuvre prenant en compte cette complexité (du monde) en proposant, pour la supporter, pour la sublimer, une profondeur conciliant les forces en présence, forces contradictoires, voire même adversaires."

Xavier Bordes, La Pierre Amour, collection Poésie/Gallimard

Xavier Bordes, La Pierre Amour, collection Poésie/Gallimard, 1987

La pierre du titre est fondatrice – elle apparaît dès l'exergue, à travers deux citations d'O. Milosz et d'Yves Bonnefoy, liée à l'amour et à la mort (présente dès la fin du premier poème ouvrant le recueil). Elle figure aussi dans la citation de Paul Celan qui indique l'aspect originel et cyclique du projet : "Ich hörte sagen, es sei / im Wasser ein Stein und ein Kreis..." Stèle mémorielle, caillou semé le long des pages, pierre philosophale, pierre angulaire – elle rebondit d'une partie à l'autre du recueil, reparaissant une dernière fois dans "Thrène d'automne", "l'envoi" qui clôt ce livre, avec des accents apollinariens, qui en soulignent la dimension mélancolique :

Souriant aux merveilles
Dans ses branchages clairs
S'éveillent
Mes noyés à l'envers
Sur la pierre d'enfance
Ils dansent
En riant aux merveilles (...)

Plusieurs thèmes - l'eau et la mer, le feu solaire, la fée rousse habitant le passé et le souvenir... - se tressent et tissent le recueil. Composé de neuf parties de longueurs fort inégales, il est ponctué de trois "interludes". Ces courtes pièces servant de transition entre deux ensembles doivent aussi "s'entendre" ici au sens propre, comme le morceau musical reliant deux phrases ou deux strophes d'un chant – d'une polyphonie. En effet, l'un des premiers poèmes s'intitule bien "Chanson du Pêcheur", l'avant-dernier, "Chanson du Survivant", soulignant ainsi l'arrière-plan musical de la construction. C'est elle que confirment la présence de sonnets (pièces traditionnelles à forme fixe ici revue et bousculée, dont le retour ponctue le recueil), comme sans doute les titres de "Contreblues", "Requiem", ou "Litanie".

La lecture du sommaire révèle la complexe architecture de cet ensemble. A le parcourir, on compte l'alternance de 13 chroniques (proses en forme de journal daté), la présence de 7 villes, de 5 "Testaments" (+un), de 26 "achillées" (et l'introduction, qui nous éclaire sur la numérologie sous-jacente et l'importance de sa symbolique pour l'auteur, explique également le sens de ces poèmes en hexamètres, dans le titre desquels je n'avais d'abord lu que le nom de la plante à fleurs radiées, disposées en corymbe, mais qui se réfèrent aussi, par leur disposition sur la page, au Livre des Transformations, recueil oraculaire du Yi-King, que l'on interprétait jadis avec la tige de cette plante).

Rien n'est laissé au hasard dans cette composition. L'introduction, citant l'auteur – au cours d'une conversation avec Xavier Bordes, publiée dans Recours au Poème nous révèle que :

... la Pierre Amour s'inscrit sous le signe du deux et du sept apolliniens, car il est l'expérience première, solaire, de l'amour, de l'illumination. (...) Pour moi, tout poème qui ne soit pas fondé sur un système arithmétique me paraît instable, peu solide, non destiné à résister au temps. J'ai besoin d'un poème alliant la géométrie mathématique d'un cristal, et le naturel du langage qui s'épanche.

A qui voudrait voyager seul dans ce recueil, j'ajouterais seulement que cette structure savante et solide n'est nullement un carcan : de même qu'on "force" parfois les fleurs pour qu'elles s'épanouissent avec plus de beauté, il semble qu'ici tout l'appareil porte à une luxuriance qui emporte le lecteur, à travers des réminiscence des poètes voyants et symbolistes – Rimbaud, Baudelaire, Mallarmé, Apollinaire dont les vers résonnent à la mémoire enchantée du lecteur, et la surprenante fulgurance d'images surréalistes, comme cette "heure mauve où les bouleaux / ont rangé côte à côte dans l'astroport du soir / leurs fuselages argentés", le brassage des légendes et des mythes qui "s'entrecroisent sur les ailes blanches des supersoniques"(p.223). On y croise ainsi dès l'abord une Dame des Lacs à la consonnance arthurienne, avec ses "cheveux d'anémone des mers / Et ses yeux d'outre-vie", devenue, sous l'égide euripidienne de l'exergue, une sorte de Gorgone (Méduse revient d'ailleurs, p.281), découverte depuis une rive ou d'incongrus "Messieurs sérieux vêtus de costumes gris" évoquent un tableau de Manet, tandis que la fin du poème, suggérant, entre les jambes écartées de la fée, la "double bouche d'or" que voile la "servante du sommeil", ramène en mémoire L'Origine du Monde de Gustave Courbet.

Or, c'est bien de l'origine que parle La Pierre Amour par cette double bouche : origine de l'amour ET de la Poésie, dont traite la sixième partie, justement intitulée "Art Poétique". Là, le poème "Anathèmes" (le maudire -mot-dire? - parcourt aussi le recueil – de même qu'une ironie cultivée, parfois dirigée contre "la Vogue universitaire", ou la "Prose des Politichinelles"...) révèle avec force les principes qui animent l'écriture de Xavier Bordes. Écriture "vraie", foisonnante, vivante et travaillée, moderne et classique dans son "recyclage" syncrétique des traditions, elle envoûte, comme cette "Poésie avec l'éclair de ses yeux verts, ses lèvres d'or, ce corps mouillé de dactylo que l'on préfère / /De loin / Coucher près de soi dans les foins plutôt que le tonnerre!"

Que le lecteur s'y plonge, s'y perde sans tarder : il y (re)trouvera le monde imaginal de "la vie antérieure", propice aux renaissances et aux plaisirs de l'âme, dans le renouvellement du "Retour Infini", auquel invite ce voyage dans l'univers poétique de Xavier Bordes :

Ainsi naissaient-ils et renaissaient-ils sur le "gazon de l'utopie", suivant le sentier du milieu : sur ce corps frémissant, il lui semblait que le rêve écrivait et récrivait une phrase de quatorze lettres, toujours la même et pourtant toujours autre...

Et toujours le son de cette Voix – cette violence des sens – qui transmutait la cendre en or ! (p. 160)

Présentation de l’auteur

Xavier Bordes

Xavier Bordes, né le 4 juillet 1944, dans le village des Arcs en Provence (Var).

Études musicales et classiques.
Organiste. Étude de composition, théorie atonale et orchestration avec Julien Falk. Thèse de doctorat sur Joë Bousquet, sous la direction de Jean-Pierre Richard.
Musicologie (instruments et musique des Aymara en Amérique du Sud).
Quitte Paris pour une mission de musicologie au Maroc et Sahara.
S'installe à Oued-Zem, puis à Mohammedia en 1973. 
Enseignement et journalisme (Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, conférences nombreuses, notamment dans les Centres Culturels).

Traductions de poètes Grecs : Elytis, prix Nobel de Littérature, puis Cavafy, Solomos, Anagnostakis, Davvetas, Zakythinos principalement.

Commence une œuvre poétique en 1979.

Retour en France (Paris) fin 84. Travaille dans l'édition musicale (direction artistique). Lecteur de grec pour les ED. Gallimard.
Membre du comité de la revue PO&SIE (Rédacteur en chef, Michel Deguy) avec Jacques Roubaud, Michel Chaillou, Robert Davreu, Alain Duault, Pierre Oster notamment.
En 1989 en collaboration avec l'entreprise DBE, X.B. expose un poème de 300 m² sur une façade du 6 avenue de Friedland à Paris, associé à une conférence et un exposé théorique à la Maison des Écrivains.

Xavier Bordes

L'université de Poitiers, du 16 au 21 novembre 1992, X.B. entreprend, avec les Ed. Mille et une nuits, la publication en volumes à 10frs d’œuvres philosophiques gréco-latines liées à l'univers contemporains : Epicure, Ovide, Sénèque, Théophraste, etc... Le public démontre par son intérêt que la culture antique reste d'actualité, Épicure notamment parvient à un tirage de plus de 250000 exemplaires.

Parmi diverses manifestations, les poèmes de Xavier Bordes ont fait l'objet de plusieurs émissions sur France-Culture et d'autres radios pour sa poésie et ses traductions d’Épicure et de Sénèque.

Du 12 au 18 février 1996, les poèmes du poète grec Odysseas Elytis traduits par X. Bordes (en collaboration avec R. Longueville) ont fait l'objet de lectures quotidiennes à France-Culture.

Prix Max Jacob 1999 pour «Comme un bruit de source».
Poursuit depuis une œuvre de poète et de traducteur, en grande partie publiée directement sur internet (Calameo – Word presse – Overblog).

Son blog : xavier.bordes.over-blog.com

En 2011, au cours de l'année anniversaire de la naissance d'Odysseas Elytis, X.B. fait don de ses archives Elytis à la Bibliothèque Gennadios à Athènes (Fond Bordes).
Participe aux destinées de la revue belge Traversées couronnée récemment d'un prix de la Revue Poétique 2011.

X. Bordes vit et travaille actuellement à Paris.

Poésie

  • Le Sans-Père à Plume avec une préface de Michel Deguy  (Ed. de Loess)  1982
  • L'Argyronef (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1984
  • Syrinx (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1985
  • Ma Venise (Ed. Eyras - Madrid) 1985 Version F. et Espagnole  (trad. Micheline          Durand).
  • Alphabets (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1986
  • La Pierre Amour, poèmes 1972-1985 (Ed. Gallimard.  Distingué par l'Académie Française.) 1987
  • Elégie de Sannois (NRF juillet-Août 88)
  • Notes pour des chasses rêvées (Ed. d'Art D. Martin 1988)
  • Onze poèmes tirés d'une conque (Recueil - Champ Vallon) 1988
  • Le masque d'Or  (Ed. de Loess,  St Martin de Cormières.) 1988
  • Poèmes Carrés (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1988
  • La chambre aux Oiseaux (Edition d'art J.C. Michel  - Nancy) 1989
  • Sonnets  (Ecbolade
  • Aphrodite (Ed. Gnôsis & Enrico Navarra - avec Michel Deguy, D. Davvetas, Jean Luc Nancy, M. Abramovicz, etc...) 1990
  • Rêve profond réel (Recueil - Champ Vallon) 1991
  • Impérissables passements de lumière - Rougemont  (Ed. galerie P. Gabert, Paris) 1992
  • Levées d'ombre et de lumière, (avec le peintre Rougemont.) (Paris - Cercle des 101 femmes          Bibliophiles) 1992
  • Le grand Cirque Argos (ED. Robert et Lydie Dutrou) 1993
  • Je parle d'un pays inconnu (ED. Le Cri & Jacques Darras, Bruxelles) 1995
  • Comme un bruit de source (Ed. Gallimard, Paris) 1999
  • L’étrange clarté de nos rêves (Ed. Associatives Clàpas, Millau) 1999
  • A jamais la lumière (Ed.Gallimard, Paris) 2001
  • Quand le poète montre la lune... (Ed; De Corlevour, Paris) 2003

 

A cela il faut ajouter plusieurs volumes publiés sur le Net, à l'adresse :

 Principales traductions

  • D' Odysseas Elytis (grec, prix Nobel 1979, traduit en coll. avec R. Longueville) :
  • Marie des Brumes (Ed. La Découverte) 1984 (réed. en 86)
  • To Axion Esti (Ed. Gallimard) 1987
  • Avant Tout (Cahiers de l'Egaré - Le Revest) 1988
  • Elytis - un méditerranéen universel  (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1988
  • Surréalistes Grecs (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1991
  • Le Monogramme (NRF - Ed. Gallimard - juillet-août 1996)
  • Axion Esti suivi de L'Arbre Lucide et du Journal d'un invisible Avril. (Ed. Gallimard - Paris) 1996
  • D’Épicure : Lettre sur le bonheur (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • D'Ovide : Remèdes à l'Amour (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Sénèque : De la brièveté de la vie (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Cicéron : Lélius ou l'amitié (Ed. Mille et une nuits) 1995  
  • De Théophraste : Les Caractères (Ed. Mille et une nuits) 1996 
  • De D. Davvetas : Soleil Immatériel (Ed. Galilée) 1989
  • La Chanson de Pénélope (Ed. Galilée) 1989
  • Poèmes (Revue PO&SIE, Belin) 1989
  • Le manteau de Laocoon (Ed. Galilée) 1990
  • D'Alexis Zakythinos : Les noyés du grand large (Ed. J.C. Valin  - Hautécritures) 1989
  • De Manolis Anagnostakis : Les Poèmes,    (Ed. Le Cri et J. Darras, Bruxelles)  1994 
  •  (avec la coll. de Démosthènes Davvetas.)

Anthologie

  • 27 Poètes grecs contemporains  (Ed. Revue In'Hui, Le Cri.) 1994 en collaboration avec Robert Longueville.

Principaux essais et préfaces

  • Mystique, de Joë Bousquet (Ed. Gallimard) 1972 
  • Imaginer la Tour Eiffel dans la brume...   (Revue In'Hui - 38 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Sur la Saison en Enfer de Rimbaud (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • Relire Aragon (Revue In'Hui - 1995 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Fragments d'un Dieu-Michaux  (La Licorne, UFR Langues Littératures Poitiers - 1993)

 

Publications diverses dans :

  •  Po&sie (Ed. Belin), Europe, La Lettre Internationale, la NRF, In'Hui, Recueil, des revues universitaires, etc... Ainsi que des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four, Brandon, Leick, etc...)  

 

Autres lectures

Xavier Bordes, La Pierre Amour

Il en est des livres comme des pays : si l'on peut, seul, découvrir des merveilles au cours d'un voyage, le soutien éclairé d'un guide permet la connaissance des ressorts et des lieux [...]

Xavier Bordes : la conjuration du mensonge

Cet article a d’abord été publié sur Causeur le 25 février 2018. Proposé dans la version que vous avez sous les yeux, et accepté sans qu’il soit demandé à l’auteur de le retravailler. [...]




Contre le Simulacre. Enquête sur l’état de l’esprit poétique contemporain en France. Réponses de Xavier Bordes

 

            Recours au Poème : Recours au Poème affirme l’idée d’une poésie conçue comme action politique et méta-poétique révolutionnaire : et vous ? (vous pouvez, naturellement, ne pas être en accord avec nous, ou à être d’accord dans un sens diamétralement opposé au nôtre)

Xavier Bordes : Comment définir une action politique ? Pour ma part je dirais : la poésie serait un faire, peut-être une action, implicitement politique. Sitôt que la langue d'un pays est le lieu d'intercommunication entre des gens, quelque chose de l'ordre du « politique » se passe. Mais la poésie à la sauce politique avouée ne fonctionne que pour des groupes limités, dans des périodes historiques restreintes. Elle se démode vite et l'on s'aperçoit que son côté partisan nuit à son universalité. Il suffit pour s'en convaincre de relire l'ode à Staline de 1950 (Eluard) entre autres « poèmes politiques » assez navrants, pour voir qu'il est difficile à la poésie de rester poésie, et révolutionnaire, en louant des tyrans sanguinaires… Pour ce qui est du « révolutionnaire », qui suppose des recommencements de cycles (révolutions), je n'y crois guère : évolutionnaire à la rigueur me conviendrait.

Enfin, je suis trop vieux sans doute pour bien comprendre à quoi correspondrait une « action métapoétique »… Une réflexion métapoétique, je peux voir à peu près ce que c'est en ce sens que toute théorie sur la poésie est métapoétique par définition. Mais ce que serait un « meta-poïein », un méta-faire, je ne vois pas bien. Dans ma tête l'expression ne fait pas vraiment sens, si je puis dire.

 

 

 

            Recours au Poème : « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ». Cette affirmation de Hölderlin parait-elle d’actualité ?

Xavier Bordes : Je l'ai cru longtemps. J'en suis moins sûr, même si la formule est si belle que je voudrais la croire. Ce que pouvait encore penser Hölderlin se heurte aujourd'hui à des phénomènes d'une échelle tout autre : il existe suffisamment de bombes atomiques sur terre pour effacer l'humanité, et rendre la vie quasi-impossible. Qu'est-ce qui croît, en face de cela pour tenir le péril en échec ?

 

 

           Recours au Poème :  « Vous pouvez vivre trois jours sans pain ; – sans poésie, jamais ; et ceux d’entre vous qui disent le contraire se trompent : ils ne se connaissent pas ». Placez-vous la poésie à la hauteur de cette pensée de Baudelaire ?

Xavier Bordes : Une autre belle formule stratégique d'un autre temps. Le genre de choses avec quoi les poètes ont besoin de se consoler, de s'illusionner. Il suffirait d'aller interroger les footballeurs (ou les miséreux du Nigeria) pour voir que les gens se passent très bien de poésie (en poèmes), et si je place la poésie fort haut, ce qui est normal pour mon cas personnel, je me garderais bien de faire de ce cas particulier une généralité.

 

 

            Recours au Poème : Dans Préface, texte communément connu sous le titre La leçon de poésie, Léo Ferré chante : « La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe (...) A l'école de la poésie, on n'apprend pas. ON SE BAT ! ». Rampez-vous, ou vous battez-vous ?

Xavier Bordes : Léo Ferré pour moi d'une part était un « chanteur plus ou moins poétisant », mais pas ce que je considère comme un poète. Par ailleurs, sa vie était d'un personnage infect, et je laisse à qui voudra d'admirer ce personnage aussi déplaisant et « faiseur ». Pour moi, désolé de le dire, ce chanteur me donne envie de vomir. Il use de grosses ficelles idéologique pour flatter un public spécifique. La vie d'un poète doit être « ascéthique », être gauchiste et millionnaire notamment me semble incompatible. Et se montrer « démagogue en poésie » ruine la poésie. Désolé de ma franchise, et de ne pas chanter avec les loups. Si je dois ramper pour des raisons éthiques, je ramperai. Si je dois me battre, je me battrai. Mais ce ne sont pas de petits penseurs minables comme Léo Ferré qui m'enseigneront la conduite à tenir. Avant de penser enseigner, ces prétentieux imbéciles devraient regarder leur vie dans un miroir. Être « popu » grâce à un suivisme idéologique démago n'est en rien un brevet « d'autorité » de pensée.

 

 

            Recours au Poème : Une question double, pour terminer : Pourquoi des poètes (Heidegger) ?  En prolongement de la belle phrase (détournée) de Bernanos : la poésie, pour quoi faire ?

Xavier Bordes : Pourquoi des poètes ? Pour que parfois l'Himalaya (comme disait un jour Claude Gallimard) d'une langue soit escaladé jusqu'à son sommet, que l'humanité du peuple de cette langue puisse être exhaussée jusqu'à son « plus beau», en sorte que ce qu'il est, son « monde » ne soit pas effacé de sa propre mémoire. La poésie est conquête, comme l'alpinisme, d'un inutile qui offre une vue surplombante sur l'univers. Il faut un peu de gratuit dans l'homme, il ne peut pas fonctionner uniquement par intérêt et nécessité, de façon instinctive et « animale ». Son esprit a besoin d'altitude et donc de grandeur. L'éther poétique me semble un air qui n'est pas radicalement différent de l'air commun à tout un chacun, mais qui a l'avantage d'une composition chimique plus pure, plus oxygénée. Mon goût en tant qu'individu tend à respirer cet éther là le plus volontiers. Naturellement, mille autres raisons existent, impossibles à développer ici.

 

 

 

                                                                  (13 mai 2015)




Xavier Bordes, une vie poétique. Entre Gallimard et l’édition numérique

 

UN ÉVÈNEMENT QUI NE SE RATE PAS !

 

A l'occasion de l'entrée cette année de Xavier Bordes dans la prestigieuse collection de poche Poésie/Gallimard (La Pierre Amour, préface de Gwen Garnier-Duguy), dans le cadre de l'anniversaire de cette collection, Recours au Poème éditeurs est heureux de donner à lire ce fort livre d'entretiens : Un poète et le monde (entretiens avec Serge Maisonnier). Cette parution est accompagnée de la réédition, chez Recours au Poème éditeurs, du premier recueil de Xavier Bordes : Le Sans Père A Plume (collection Premiers Poèmes), préfacé par Michel Deguy.

 

Découverte des récents ouvrages de Xavier Bordes et poèmes extraits de La Pierre Amour

 

Cliquez sur ce lien pour découvrir :

Le Sans Père à Plume

 

***

Cliquez sur ce lien pour découvrir :

Un poète et le monde

 

***

5 poèmes extrait de LA PIERRE AMOUR, Collection Poésie/Gallimard, parution novembre 2015, 9782070466252

 

MA PYTHIE

 

 

Dans le moindre brin d'oseille, il y a plus de vérité
que dans tous les propos du philosophe
disait un truand

Elle sait quand le monde va soulever sa gerbe de lumière
et la jeter sur son épaule tel un souvenir
de massacre

Tous parlent de ce qu'ils ignorent elle ignore
ce dont elle parle

Ce qui se dit par sa voix est cela même qui ne peut
rester celé

 

 

 

 

***

 

 

LE SIGNE AURORE

 

 

Je lui avais fait signe alors elle est venue
C'est aussi simple que cela
Sur le A de ses bras tendus j'ai enroulé mon lasso d'encre
Écheveau de caresses noires sur l'absurde nudité
Et il y eut sa chair

Et j'ai su que je devais mourir d'aube et de lin
L'un ou l'autre matin
Quand le grand papillon aux ailes mordorées
Embrassera le tremble
Quand les galeils surgiront de l'eau
Comme des songes au goût de mangues

Quand le Jour comparaîtra au synode doré des oiseaux
Réveillant avec lui la chamaille dans l'amphithéâtre des palmes
Et que pour lui le jugement sera : Désert !

 

 

 

 

***

 

 

NOCES

 

 

Je suis entré en elle comme au désert

Et les étoiles se sont mises à briller plus fort qu'ailleurs
Au-dessus de moi
Plus vives et plus vites comme à la fin d'un wayno
Les lettres de la nébuleuse étourdissante

Désert, j'épurai l'homme, j'épurai la race
Au milieu de mes pierres et de mes rares fruits

J'ai tendu des roses de pierre et des nuées de sable
Comme un pont de cristal
Entre le concevable et l'inconcevable

Comme au désert j'entrai en elle

Juste un gémissement derrière le vitrail de la rosée
D'où les anciens me regardaient du haut de leurs paroles
Comme s'ils habitaient le souvenir de celle
Qui n'est que jaillissement

J'ai pavé le chemin du matin de dalles de clair de lune
Et d'obsidienne
Joué des chaconnes de silence aux orgues de mes hamadas

Juste un gémissement avant la grande marche nuptiale
Et une pointe de sang sur le linge de l'infini

 

 

 

***

 

PAROLE

 

 

Elle respire dans sa propre étoile
Et boit dans la transparence de sa propre fontaine

Elle n'a jamais soif et s'alimente de soi-même
comme le feu
Elle s'éteint de soi-même
comme coupure de courant

Et ne rend la lumière qu'à son heure

 

***

 

 

SONNET

À LA DAME LOINTAINE

 

 

 

Il se peut et je vous le dis, ô vous qui êtes
tout mon amour, il se peut que je ne sois pas
le grand poète que je vois siéger dans mon ombre,
et sans doute ne suis-je rien qu'une graine

d'éternité, ô Dame de mes vœux, comme il se peut
que dans vos yeux je trouve enfin le diamant
d'un pleur du destin, ô mon amour d'eau verte,
et je serai livré au bonheur de tant de lèvres

que le monde en pourra compter, ce que je dis
sera la loi de ceux qui se voudront aimer,
ô mon amour, aux cheveux longs comme des

nostalgies : vous me verrez alors redire avec mille
bouches qui ne sont pas miennes, avec mille
voix ignorées, mon amour, redire : que je t'aime !

 

 

***

 

 

(Avant première : début de la préface de Gwen Garnier-Duguy à la réédition de La Pierre Amour, Poésie/Gallimard, novembre 2015)

 

            La Pierre Amour, poème écrit entre 1972 et 1985, est une œuvre-monde. Aujourd’hui, comme à l’heure de la composition de ce livre, nous évoluons dans un monde complexe. À la complexité de ce monde mondialisé, la responsabilité du poète écrivant dans sa langue maternelle est de répondre par une œuvre prenant en compte cette complexité en proposant, pour la supporter, pour la sublimer, une profondeur conciliant les forces en présence, forces contradictoires, voire même adversaires. Le poème peut cela. Le poète, lorsqu’il est homme de la plus haute mémoire, le sait. Ainsi agit La Pierre Amour de Xavier Bordes.

            La Pierre Amour : titre par lequel le lecteur est invité à entrer dans ce cosmos proposé par le poète, et répondant au chaos dans lequel chaque individu se débat, ce désert dont la récurrence nous fournit des indices métaphysiques tout au long du recueil. En quoi une pierre peut-elle être associée, en son essence, à l’amour ? Les indices de ce titre inscrivent l’attitude du poète dans le récit de sa rencontre avec une femme, qui est LA Femme par essence, et « n'appartient » à personne. D’ailleurs, la dédicace du livre nous le confirme : « à la Femme/que l’On dit mienne... », la majuscule du pronom On faisant peut-être référence à la religion mythique de la ville d’Héliopolis ainsi qu’à la symbolique du chiffre 9, la cité du soleil, originellement nommée On. Nous savons l’importance que revêtent pour Xavier Bordes ces notions de lumière et de politique constitutives de la poésie. Dès le franchissement du seuil de La Pierre Amour, Bordes appelle à ses côtés Milosz et Bonnefoy, et dans leur voix résonne le timbre du lourd amour et de la mort. Mais cette mort et cette pesanteur ne sont pas ce qu’elles semblent être. Car cette pierre, stèle polysémique, représente, outre la dalle gravée, l’amour sur lequel se construit l’édifice fondamental de toute vie poétiquement vécue, initiant la rencontre métamorphosante. La femme, l’aimée, porte ici plusieurs noms – Marie-Ange, Aphrodite, Vénus, Isis, la Pythie, le printemps – et tous se rejoignent sous celui d’Aïlenn, dérivé notamment du « Aïn » de la Cabbale. « Sur le A de ses bras tendus j’ai enroulé mon lasso d’encre », écrit le poète, indiquant que la A initial, le Aleph hébraïque inaugurant l’alphabet et le verbe entier permettent, dans un même mouvement consanguin, la création de la vie, intimement attachée par le lamèd (lettre L le bâton avec lequel Moïse fit jaillir l'eau du désert) à la figure du féminin, origine amniotique de toute vie terrestre. C’est dans la perspective de cette vie terrestre que se comprend la pesanteur attachée à la matérialité des phénomènes et des corps ; de même que cette mort inscrite sur le linteau du livre ne renvoie pas tant à un pur anéantissement qu'à la mort symbolique, c’est-à-dire au pouvoir de renaissance et d’éclosion lié au détachement d’un état ancien vers un état renouvelé grâce à l'« écheveau de caresses noires » de l'écriture. 

 

Organiste, compositeur, musicologue, Xavier Bordes (né le 4/7/1944 − année du Singe !) après des études de composition, se tourne vers l’histoire en Sorbonne, puis étudie la littérature à l’Université de Vincennes avec J.P. Richard, Michel Butor, Michel Deguy en particulier. À partir de 1968-69, devient enseignant en lettres, journaliste, et traduit des poètes grecs, Odysseas Elytis, Manolis Anagnostakis, D. Davvetas, Alexis Zakythinos, en particulier, ainsi que plusieurs auteurs latins et allemands (Heynicke). Xavier Bordes a publié chez divers éditeurs, dont trois gros recueils de poèmes chez Gallimard : La Pierre Amour (1987), Comme un bruit de source (1999), À jamais la lumière (2001). Il a participé à la fondation des Éditions. Mille et une Nuits, publié des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four,Brandon, Leick, etc...) et collaboré avec le Centre Georges Pompidou (exposition Elytis – un méditerranéen universel – 1988. Exposition Les Surréalistes grecs – 1989). Dernier livre : Quand le poète montre la lune... (Corlevour – 2002) Il continue à composer des poèmes qu’il offre sur divers blogs, et collabore aux revues Po&sie et Traversées (Belgique).

 

 

 

 




Xavier Bordes, Rosée vernale

 

Toujours, lorsque vient le printemps, je revois
cette larme sur ta joue à cause d’un chagrin
oublié, pareille à la goutte étincelant sur le
pétale d ‘une rose qui balance dans la brise.

Elle attire sur toi la lueur verte que tes yeux
allument dans la mer aux heures aurorales,
un éclat couleur d’Eden et d’îles exotiques,
de réconciliations et d’amours nus et roses

sur des littoraux blancs d’une poudre de nacre
douce aux corps et soyeuse comme une fourrure…
Au-dessus des palmes paresseuses, les Gémeaux

veillent dissimulés par le dôme azuré du jour.
Tout ce qui fait signe est rassemblé pour que je rêve
à toi, et à poser mes lèvres sur le mouillé de ta joue…

Présentation de l’auteur

Xavier Bordes

Xavier Bordes, né le 4 juillet 1944, dans le village des Arcs en Provence (Var).

Études musicales et classiques.
Organiste. Étude de composition, théorie atonale et orchestration avec Julien Falk. Thèse de doctorat sur Joë Bousquet, sous la direction de Jean-Pierre Richard.
Musicologie (instruments et musique des Aymara en Amérique du Sud).
Quitte Paris pour une mission de musicologie au Maroc et Sahara.
S'installe à Oued-Zem, puis à Mohammedia en 1973. 
Enseignement et journalisme (Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, conférences nombreuses, notamment dans les Centres Culturels).

Traductions de poètes Grecs : Elytis, prix Nobel de Littérature, puis Cavafy, Solomos, Anagnostakis, Davvetas, Zakythinos principalement.

Commence une œuvre poétique en 1979.

Retour en France (Paris) fin 84. Travaille dans l'édition musicale (direction artistique). Lecteur de grec pour les ED. Gallimard.
Membre du comité de la revue PO&SIE (Rédacteur en chef, Michel Deguy) avec Jacques Roubaud, Michel Chaillou, Robert Davreu, Alain Duault, Pierre Oster notamment.
En 1989 en collaboration avec l'entreprise DBE, X.B. expose un poème de 300 m² sur une façade du 6 avenue de Friedland à Paris, associé à une conférence et un exposé théorique à la Maison des Écrivains.

Xavier Bordes

L'université de Poitiers, du 16 au 21 novembre 1992, X.B. entreprend, avec les Ed. Mille et une nuits, la publication en volumes à 10frs d’œuvres philosophiques gréco-latines liées à l'univers contemporains : Epicure, Ovide, Sénèque, Théophraste, etc... Le public démontre par son intérêt que la culture antique reste d'actualité, Épicure notamment parvient à un tirage de plus de 250000 exemplaires.

Parmi diverses manifestations, les poèmes de Xavier Bordes ont fait l'objet de plusieurs émissions sur France-Culture et d'autres radios pour sa poésie et ses traductions d’Épicure et de Sénèque.

Du 12 au 18 février 1996, les poèmes du poète grec Odysseas Elytis traduits par X. Bordes (en collaboration avec R. Longueville) ont fait l'objet de lectures quotidiennes à France-Culture.

Prix Max Jacob 1999 pour «Comme un bruit de source».
Poursuit depuis une œuvre de poète et de traducteur, en grande partie publiée directement sur internet (Calameo – Word presse – Overblog).

Son blog : xavier.bordes.over-blog.com

En 2011, au cours de l'année anniversaire de la naissance d'Odysseas Elytis, X.B. fait don de ses archives Elytis à la Bibliothèque Gennadios à Athènes (Fond Bordes).
Participe aux destinées de la revue belge Traversées couronnée récemment d'un prix de la Revue Poétique 2011.

X. Bordes vit et travaille actuellement à Paris.

Poésie

  • Le Sans-Père à Plume avec une préface de Michel Deguy  (Ed. de Loess)  1982
  • L'Argyronef (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1984
  • Syrinx (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1985
  • Ma Venise (Ed. Eyras - Madrid) 1985 Version F. et Espagnole  (trad. Micheline          Durand).
  • Alphabets (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1986
  • La Pierre Amour, poèmes 1972-1985 (Ed. Gallimard.  Distingué par l'Académie Française.) 1987
  • Elégie de Sannois (NRF juillet-Août 88)
  • Notes pour des chasses rêvées (Ed. d'Art D. Martin 1988)
  • Onze poèmes tirés d'une conque (Recueil - Champ Vallon) 1988
  • Le masque d'Or  (Ed. de Loess,  St Martin de Cormières.) 1988
  • Poèmes Carrés (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1988
  • La chambre aux Oiseaux (Edition d'art J.C. Michel  - Nancy) 1989
  • Sonnets  (Ecbolade
  • Aphrodite (Ed. Gnôsis & Enrico Navarra - avec Michel Deguy, D. Davvetas, Jean Luc Nancy, M. Abramovicz, etc...) 1990
  • Rêve profond réel (Recueil - Champ Vallon) 1991
  • Impérissables passements de lumière - Rougemont  (Ed. galerie P. Gabert, Paris) 1992
  • Levées d'ombre et de lumière, (avec le peintre Rougemont.) (Paris - Cercle des 101 femmes          Bibliophiles) 1992
  • Le grand Cirque Argos (ED. Robert et Lydie Dutrou) 1993
  • Je parle d'un pays inconnu (ED. Le Cri & Jacques Darras, Bruxelles) 1995
  • Comme un bruit de source (Ed. Gallimard, Paris) 1999
  • L’étrange clarté de nos rêves (Ed. Associatives Clàpas, Millau) 1999
  • A jamais la lumière (Ed.Gallimard, Paris) 2001
  • Quand le poète montre la lune... (Ed; De Corlevour, Paris) 2003

 

A cela il faut ajouter plusieurs volumes publiés sur le Net, à l'adresse :

 Principales traductions

  • D' Odysseas Elytis (grec, prix Nobel 1979, traduit en coll. avec R. Longueville) :
  • Marie des Brumes (Ed. La Découverte) 1984 (réed. en 86)
  • To Axion Esti (Ed. Gallimard) 1987
  • Avant Tout (Cahiers de l'Egaré - Le Revest) 1988
  • Elytis - un méditerranéen universel  (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1988
  • Surréalistes Grecs (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1991
  • Le Monogramme (NRF - Ed. Gallimard - juillet-août 1996)
  • Axion Esti suivi de L'Arbre Lucide et du Journal d'un invisible Avril. (Ed. Gallimard - Paris) 1996
  • D’Épicure : Lettre sur le bonheur (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • D'Ovide : Remèdes à l'Amour (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Sénèque : De la brièveté de la vie (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Cicéron : Lélius ou l'amitié (Ed. Mille et une nuits) 1995  
  • De Théophraste : Les Caractères (Ed. Mille et une nuits) 1996 
  • De D. Davvetas : Soleil Immatériel (Ed. Galilée) 1989
  • La Chanson de Pénélope (Ed. Galilée) 1989
  • Poèmes (Revue PO&SIE, Belin) 1989
  • Le manteau de Laocoon (Ed. Galilée) 1990
  • D'Alexis Zakythinos : Les noyés du grand large (Ed. J.C. Valin  - Hautécritures) 1989
  • De Manolis Anagnostakis : Les Poèmes,    (Ed. Le Cri et J. Darras, Bruxelles)  1994 
  •  (avec la coll. de Démosthènes Davvetas.)

Anthologie

  • 27 Poètes grecs contemporains  (Ed. Revue In'Hui, Le Cri.) 1994 en collaboration avec Robert Longueville.

Principaux essais et préfaces

  • Mystique, de Joë Bousquet (Ed. Gallimard) 1972 
  • Imaginer la Tour Eiffel dans la brume...   (Revue In'Hui - 38 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Sur la Saison en Enfer de Rimbaud (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • Relire Aragon (Revue In'Hui - 1995 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Fragments d'un Dieu-Michaux  (La Licorne, UFR Langues Littératures Poitiers - 1993)

 

Publications diverses dans :

  •  Po&sie (Ed. Belin), Europe, La Lettre Internationale, la NRF, In'Hui, Recueil, des revues universitaires, etc... Ainsi que des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four, Brandon, Leick, etc...)  

 

Autres lectures

Xavier Bordes, La Pierre Amour

Il en est des livres comme des pays : si l'on peut, seul, découvrir des merveilles au cours d'un voyage, le soutien éclairé d'un guide permet la connaissance des ressorts et des lieux [...]

Xavier Bordes : la conjuration du mensonge

Cet article a d’abord été publié sur Causeur le 25 février 2018. Proposé dans la version que vous avez sous les yeux, et accepté sans qu’il soit demandé à l’auteur de le retravailler. [...]




Xavier Bordes, L’œuvre du Noir

Quelque part à l’horizon où la poussière de silice rousse
S’efface en longeant le mirage
Je regarde passer le souvenir des Hommes du Matin
Égrenant leurs caravanes bleues

De rares touffes de cet halfa gris qu’on tresse pour les couffes
Ponctuent la distance ondulante
Sparte et l’alphabet grec Les soldats noirs sur les poteries rouges
Achille nu brandit sa lance contre Hector

Bizarre comme dans ma tête un mot arabe
Réveille d’injustifiables images
Voici le soukh et ses couffins avec leurs cônes colorés
Poudre d’épices, de grains aux noms oubliés

Pareilles à ces bols de toutes les couleurs
Dont tu broyais dans l’huile cuite et odorante
(A faire bouillonner jusqu’à ce que le duvet frise !)
Le cadmium, l’outremer, le vermillon, la strontiane et la garance…

A présent c’est Van Eyck et son vernis d’ambre dissout à froid
Qui paraît : Giovanni Arnolfini et son épouse Le lustre cuivré
Plus bas le miroir de sorcière et plus bas le cabot grincheux
Et les socques de bois dans le coin gauche…

L’émerveillement absolu ! Ah si tu pouvais peindre
Avec l’ambre des mots un réel qui soit aussi solide
Et traverse le temps ! Mais ton poème à toi
Est comme l’horizon qui tremble en longeant le mirage !

Juste un souffle d’air pur et l’immense désert blême
Tandis que dans le ciel du soir – à l’instant où commence
Ton écriture ténébreuse – ne s’allume
Qu’une beauté impartagée et son frisson d’étoile solitaire !

Présentation de l’auteur

Xavier Bordes

Xavier Bordes, né le 4 juillet 1944, dans le village des Arcs en Provence (Var).

Études musicales et classiques.
Organiste. Étude de composition, théorie atonale et orchestration avec Julien Falk. Thèse de doctorat sur Joë Bousquet, sous la direction de Jean-Pierre Richard.
Musicologie (instruments et musique des Aymara en Amérique du Sud).
Quitte Paris pour une mission de musicologie au Maroc et Sahara.
S'installe à Oued-Zem, puis à Mohammedia en 1973. 
Enseignement et journalisme (Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, conférences nombreuses, notamment dans les Centres Culturels).

Traductions de poètes Grecs : Elytis, prix Nobel de Littérature, puis Cavafy, Solomos, Anagnostakis, Davvetas, Zakythinos principalement.

Commence une œuvre poétique en 1979.

Retour en France (Paris) fin 84. Travaille dans l'édition musicale (direction artistique). Lecteur de grec pour les ED. Gallimard.
Membre du comité de la revue PO&SIE (Rédacteur en chef, Michel Deguy) avec Jacques Roubaud, Michel Chaillou, Robert Davreu, Alain Duault, Pierre Oster notamment.
En 1989 en collaboration avec l'entreprise DBE, X.B. expose un poème de 300 m² sur une façade du 6 avenue de Friedland à Paris, associé à une conférence et un exposé théorique à la Maison des Écrivains.

Xavier Bordes

L'université de Poitiers, du 16 au 21 novembre 1992, X.B. entreprend, avec les Ed. Mille et une nuits, la publication en volumes à 10frs d’œuvres philosophiques gréco-latines liées à l'univers contemporains : Epicure, Ovide, Sénèque, Théophraste, etc... Le public démontre par son intérêt que la culture antique reste d'actualité, Épicure notamment parvient à un tirage de plus de 250000 exemplaires.

Parmi diverses manifestations, les poèmes de Xavier Bordes ont fait l'objet de plusieurs émissions sur France-Culture et d'autres radios pour sa poésie et ses traductions d’Épicure et de Sénèque.

Du 12 au 18 février 1996, les poèmes du poète grec Odysseas Elytis traduits par X. Bordes (en collaboration avec R. Longueville) ont fait l'objet de lectures quotidiennes à France-Culture.

Prix Max Jacob 1999 pour «Comme un bruit de source».
Poursuit depuis une œuvre de poète et de traducteur, en grande partie publiée directement sur internet (Calameo – Word presse – Overblog).

Son blog : xavier.bordes.over-blog.com

En 2011, au cours de l'année anniversaire de la naissance d'Odysseas Elytis, X.B. fait don de ses archives Elytis à la Bibliothèque Gennadios à Athènes (Fond Bordes).
Participe aux destinées de la revue belge Traversées couronnée récemment d'un prix de la Revue Poétique 2011.

X. Bordes vit et travaille actuellement à Paris.

Poésie

  • Le Sans-Père à Plume avec une préface de Michel Deguy  (Ed. de Loess)  1982
  • L'Argyronef (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1984
  • Syrinx (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1985
  • Ma Venise (Ed. Eyras - Madrid) 1985 Version F. et Espagnole  (trad. Micheline          Durand).
  • Alphabets (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1986
  • La Pierre Amour, poèmes 1972-1985 (Ed. Gallimard.  Distingué par l'Académie Française.) 1987
  • Elégie de Sannois (NRF juillet-Août 88)
  • Notes pour des chasses rêvées (Ed. d'Art D. Martin 1988)
  • Onze poèmes tirés d'une conque (Recueil - Champ Vallon) 1988
  • Le masque d'Or  (Ed. de Loess,  St Martin de Cormières.) 1988
  • Poèmes Carrés (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1988
  • La chambre aux Oiseaux (Edition d'art J.C. Michel  - Nancy) 1989
  • Sonnets  (Ecbolade
  • Aphrodite (Ed. Gnôsis & Enrico Navarra - avec Michel Deguy, D. Davvetas, Jean Luc Nancy, M. Abramovicz, etc...) 1990
  • Rêve profond réel (Recueil - Champ Vallon) 1991
  • Impérissables passements de lumière - Rougemont  (Ed. galerie P. Gabert, Paris) 1992
  • Levées d'ombre et de lumière, (avec le peintre Rougemont.) (Paris - Cercle des 101 femmes          Bibliophiles) 1992
  • Le grand Cirque Argos (ED. Robert et Lydie Dutrou) 1993
  • Je parle d'un pays inconnu (ED. Le Cri & Jacques Darras, Bruxelles) 1995
  • Comme un bruit de source (Ed. Gallimard, Paris) 1999
  • L’étrange clarté de nos rêves (Ed. Associatives Clàpas, Millau) 1999
  • A jamais la lumière (Ed.Gallimard, Paris) 2001
  • Quand le poète montre la lune... (Ed; De Corlevour, Paris) 2003

 

A cela il faut ajouter plusieurs volumes publiés sur le Net, à l'adresse :

 Principales traductions

  • D' Odysseas Elytis (grec, prix Nobel 1979, traduit en coll. avec R. Longueville) :
  • Marie des Brumes (Ed. La Découverte) 1984 (réed. en 86)
  • To Axion Esti (Ed. Gallimard) 1987
  • Avant Tout (Cahiers de l'Egaré - Le Revest) 1988
  • Elytis - un méditerranéen universel  (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1988
  • Surréalistes Grecs (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1991
  • Le Monogramme (NRF - Ed. Gallimard - juillet-août 1996)
  • Axion Esti suivi de L'Arbre Lucide et du Journal d'un invisible Avril. (Ed. Gallimard - Paris) 1996
  • D’Épicure : Lettre sur le bonheur (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • D'Ovide : Remèdes à l'Amour (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Sénèque : De la brièveté de la vie (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Cicéron : Lélius ou l'amitié (Ed. Mille et une nuits) 1995  
  • De Théophraste : Les Caractères (Ed. Mille et une nuits) 1996 
  • De D. Davvetas : Soleil Immatériel (Ed. Galilée) 1989
  • La Chanson de Pénélope (Ed. Galilée) 1989
  • Poèmes (Revue PO&SIE, Belin) 1989
  • Le manteau de Laocoon (Ed. Galilée) 1990
  • D'Alexis Zakythinos : Les noyés du grand large (Ed. J.C. Valin  - Hautécritures) 1989
  • De Manolis Anagnostakis : Les Poèmes,    (Ed. Le Cri et J. Darras, Bruxelles)  1994 
  •  (avec la coll. de Démosthènes Davvetas.)

Anthologie

  • 27 Poètes grecs contemporains  (Ed. Revue In'Hui, Le Cri.) 1994 en collaboration avec Robert Longueville.

Principaux essais et préfaces

  • Mystique, de Joë Bousquet (Ed. Gallimard) 1972 
  • Imaginer la Tour Eiffel dans la brume...   (Revue In'Hui - 38 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Sur la Saison en Enfer de Rimbaud (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • Relire Aragon (Revue In'Hui - 1995 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Fragments d'un Dieu-Michaux  (La Licorne, UFR Langues Littératures Poitiers - 1993)

 

Publications diverses dans :

  •  Po&sie (Ed. Belin), Europe, La Lettre Internationale, la NRF, In'Hui, Recueil, des revues universitaires, etc... Ainsi que des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four, Brandon, Leick, etc...)  

 

Autres lectures

Xavier Bordes, La Pierre Amour

Il en est des livres comme des pays : si l'on peut, seul, découvrir des merveilles au cours d'un voyage, le soutien éclairé d'un guide permet la connaissance des ressorts et des lieux [...]

Xavier Bordes : la conjuration du mensonge

Cet article a d’abord été publié sur Causeur le 25 février 2018. Proposé dans la version que vous avez sous les yeux, et accepté sans qu’il soit demandé à l’auteur de le retravailler. [...]




Xavier Bordes, Temps de Déluge

Ah ! Qu’il est beau d’écrire des poèmes sur son île
Où n’accoste jamais personne
Seul comme cette statue du Cristo Redentor sur le mont
Corcovado ouvrant les bras au monde !

Mais sur la plage, en bas, les gens à demi-nus
Ont d’autre chats à fouetter que de consacrer leurs pensées
Aux vers minables de ton minable évangile !
Plaisir des corps de bronze où tant de mains s‘égarent

Désir violents crimes dépourvus de remords cocaïne
Ruisselant comme neige sur les favelas
D’ici l’on aperçoit distinctement se ruer en tous sens
Des torrents d’automobiles dont les vitres lancent des éclairs

Déluge de ce qu’on appelle “les temps modernes” !
Voici la pluie universelle et inlassable des objets
Des immeubles de containers sillonnent tous les océans
Des ports aux grues gigantesques chargent déchargent sans fin

Tandis que toi seul sur ton île tu fabriques des poèmes
(L’occupation pour des milliards d’humains la plus inutile qui soit !)
En rêvant de Bonheur d’Amour de Justice de Vérité
Ridicule – les bras ouverts comme le Cristo Redentor –

À bâtir ta maigre Arche de livres contre le Déluge
Comme si quoi que ce soit pouvait être sauvé !

Présentation de l’auteur

Xavier Bordes

Xavier Bordes, né le 4 juillet 1944, dans le village des Arcs en Provence (Var).

Études musicales et classiques.
Organiste. Étude de composition, théorie atonale et orchestration avec Julien Falk. Thèse de doctorat sur Joë Bousquet, sous la direction de Jean-Pierre Richard.
Musicologie (instruments et musique des Aymara en Amérique du Sud).
Quitte Paris pour une mission de musicologie au Maroc et Sahara.
S'installe à Oued-Zem, puis à Mohammedia en 1973. 
Enseignement et journalisme (Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, conférences nombreuses, notamment dans les Centres Culturels).

Traductions de poètes Grecs : Elytis, prix Nobel de Littérature, puis Cavafy, Solomos, Anagnostakis, Davvetas, Zakythinos principalement.

Commence une œuvre poétique en 1979.

Retour en France (Paris) fin 84. Travaille dans l'édition musicale (direction artistique). Lecteur de grec pour les ED. Gallimard.
Membre du comité de la revue PO&SIE (Rédacteur en chef, Michel Deguy) avec Jacques Roubaud, Michel Chaillou, Robert Davreu, Alain Duault, Pierre Oster notamment.
En 1989 en collaboration avec l'entreprise DBE, X.B. expose un poème de 300 m² sur une façade du 6 avenue de Friedland à Paris, associé à une conférence et un exposé théorique à la Maison des Écrivains.

Xavier Bordes

L'université de Poitiers, du 16 au 21 novembre 1992, X.B. entreprend, avec les Ed. Mille et une nuits, la publication en volumes à 10frs d’œuvres philosophiques gréco-latines liées à l'univers contemporains : Epicure, Ovide, Sénèque, Théophraste, etc... Le public démontre par son intérêt que la culture antique reste d'actualité, Épicure notamment parvient à un tirage de plus de 250000 exemplaires.

Parmi diverses manifestations, les poèmes de Xavier Bordes ont fait l'objet de plusieurs émissions sur France-Culture et d'autres radios pour sa poésie et ses traductions d’Épicure et de Sénèque.

Du 12 au 18 février 1996, les poèmes du poète grec Odysseas Elytis traduits par X. Bordes (en collaboration avec R. Longueville) ont fait l'objet de lectures quotidiennes à France-Culture.

Prix Max Jacob 1999 pour «Comme un bruit de source».
Poursuit depuis une œuvre de poète et de traducteur, en grande partie publiée directement sur internet (Calameo – Word presse – Overblog).

Son blog : xavier.bordes.over-blog.com

En 2011, au cours de l'année anniversaire de la naissance d'Odysseas Elytis, X.B. fait don de ses archives Elytis à la Bibliothèque Gennadios à Athènes (Fond Bordes).
Participe aux destinées de la revue belge Traversées couronnée récemment d'un prix de la Revue Poétique 2011.

X. Bordes vit et travaille actuellement à Paris.

Poésie

  • Le Sans-Père à Plume avec une préface de Michel Deguy  (Ed. de Loess)  1982
  • L'Argyronef (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1984
  • Syrinx (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1985
  • Ma Venise (Ed. Eyras - Madrid) 1985 Version F. et Espagnole  (trad. Micheline          Durand).
  • Alphabets (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1986
  • La Pierre Amour, poèmes 1972-1985 (Ed. Gallimard.  Distingué par l'Académie Française.) 1987
  • Elégie de Sannois (NRF juillet-Août 88)
  • Notes pour des chasses rêvées (Ed. d'Art D. Martin 1988)
  • Onze poèmes tirés d'une conque (Recueil - Champ Vallon) 1988
  • Le masque d'Or  (Ed. de Loess,  St Martin de Cormières.) 1988
  • Poèmes Carrés (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1988
  • La chambre aux Oiseaux (Edition d'art J.C. Michel  - Nancy) 1989
  • Sonnets  (Ecbolade
  • Aphrodite (Ed. Gnôsis & Enrico Navarra - avec Michel Deguy, D. Davvetas, Jean Luc Nancy, M. Abramovicz, etc...) 1990
  • Rêve profond réel (Recueil - Champ Vallon) 1991
  • Impérissables passements de lumière - Rougemont  (Ed. galerie P. Gabert, Paris) 1992
  • Levées d'ombre et de lumière, (avec le peintre Rougemont.) (Paris - Cercle des 101 femmes          Bibliophiles) 1992
  • Le grand Cirque Argos (ED. Robert et Lydie Dutrou) 1993
  • Je parle d'un pays inconnu (ED. Le Cri & Jacques Darras, Bruxelles) 1995
  • Comme un bruit de source (Ed. Gallimard, Paris) 1999
  • L’étrange clarté de nos rêves (Ed. Associatives Clàpas, Millau) 1999
  • A jamais la lumière (Ed.Gallimard, Paris) 2001
  • Quand le poète montre la lune... (Ed; De Corlevour, Paris) 2003

 

A cela il faut ajouter plusieurs volumes publiés sur le Net, à l'adresse :

 Principales traductions

  • D' Odysseas Elytis (grec, prix Nobel 1979, traduit en coll. avec R. Longueville) :
  • Marie des Brumes (Ed. La Découverte) 1984 (réed. en 86)
  • To Axion Esti (Ed. Gallimard) 1987
  • Avant Tout (Cahiers de l'Egaré - Le Revest) 1988
  • Elytis - un méditerranéen universel  (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1988
  • Surréalistes Grecs (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1991
  • Le Monogramme (NRF - Ed. Gallimard - juillet-août 1996)
  • Axion Esti suivi de L'Arbre Lucide et du Journal d'un invisible Avril. (Ed. Gallimard - Paris) 1996
  • D’Épicure : Lettre sur le bonheur (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • D'Ovide : Remèdes à l'Amour (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Sénèque : De la brièveté de la vie (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Cicéron : Lélius ou l'amitié (Ed. Mille et une nuits) 1995  
  • De Théophraste : Les Caractères (Ed. Mille et une nuits) 1996 
  • De D. Davvetas : Soleil Immatériel (Ed. Galilée) 1989
  • La Chanson de Pénélope (Ed. Galilée) 1989
  • Poèmes (Revue PO&SIE, Belin) 1989
  • Le manteau de Laocoon (Ed. Galilée) 1990
  • D'Alexis Zakythinos : Les noyés du grand large (Ed. J.C. Valin  - Hautécritures) 1989
  • De Manolis Anagnostakis : Les Poèmes,    (Ed. Le Cri et J. Darras, Bruxelles)  1994 
  •  (avec la coll. de Démosthènes Davvetas.)

Anthologie

  • 27 Poètes grecs contemporains  (Ed. Revue In'Hui, Le Cri.) 1994 en collaboration avec Robert Longueville.

Principaux essais et préfaces

  • Mystique, de Joë Bousquet (Ed. Gallimard) 1972 
  • Imaginer la Tour Eiffel dans la brume...   (Revue In'Hui - 38 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Sur la Saison en Enfer de Rimbaud (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • Relire Aragon (Revue In'Hui - 1995 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Fragments d'un Dieu-Michaux  (La Licorne, UFR Langues Littératures Poitiers - 1993)

 

Publications diverses dans :

  •  Po&sie (Ed. Belin), Europe, La Lettre Internationale, la NRF, In'Hui, Recueil, des revues universitaires, etc... Ainsi que des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four, Brandon, Leick, etc...)  

 

Autres lectures

Xavier Bordes, La Pierre Amour

Il en est des livres comme des pays : si l'on peut, seul, découvrir des merveilles au cours d'un voyage, le soutien éclairé d'un guide permet la connaissance des ressorts et des lieux [...]

Xavier Bordes : la conjuration du mensonge

Cet article a d’abord été publié sur Causeur le 25 février 2018. Proposé dans la version que vous avez sous les yeux, et accepté sans qu’il soit demandé à l’auteur de le retravailler. [...]




Xavier Bordes, Litanies pour Aïlenn

 

Aïlenn ruisseau chantant de mes années
Aïlenn grenade d’ombre rose

Aïlenn nuée à chevaucher  l’infini
Aïlenn gracieuse plaie inextinguible

Aïlenn aiguail annonçant le soleil
Porte aux vantaux de velours pourpre

Aïlenn couple de colombes au soir
Aïlenn splendeur du lis bifide

Aïlenn château habité de mes rêves
Aïlenn grappe de mondes illuminés

Aïlenn frisson de lèvres dans les houles
Aïlenn science des voluptés nocturnes

Aïlenn fraîcheur d’aurores en cheveux
Aïlenn figure écumante à la proue

Aïlenn grand’voile où s’enflent les désirs
Aïlenn double atoll amandes d’azur

Aïlenn courbe liberté du périple
Aïlenn frange d’or lamée de reflets

Aïlenn volcan de justice violente
Aïlenn couvent de flagrante pitié

Aïlenn fragile hypogée où mûrir
Aïlenn silence du partage originel

Aïlenn moisson obscure des abysses
Aïlenn retour de l’astre écartelé

Aïlenn tourment du fantôme jumeau
Aïlenn closerie offerte à mes songes

Aïlenn septentrion de ma pensée
Aïlenn souveraine de mes amours

Présentation de l’auteur

Xavier Bordes

Xavier Bordes, né le 4 juillet 1944, dans le village des Arcs en Provence (Var).

Études musicales et classiques.
Organiste. Étude de composition, théorie atonale et orchestration avec Julien Falk. Thèse de doctorat sur Joë Bousquet, sous la direction de Jean-Pierre Richard.
Musicologie (instruments et musique des Aymara en Amérique du Sud).
Quitte Paris pour une mission de musicologie au Maroc et Sahara.
S'installe à Oued-Zem, puis à Mohammedia en 1973. 
Enseignement et journalisme (Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, conférences nombreuses, notamment dans les Centres Culturels).

Traductions de poètes Grecs : Elytis, prix Nobel de Littérature, puis Cavafy, Solomos, Anagnostakis, Davvetas, Zakythinos principalement.

Commence une œuvre poétique en 1979.

Retour en France (Paris) fin 84. Travaille dans l'édition musicale (direction artistique). Lecteur de grec pour les ED. Gallimard.
Membre du comité de la revue PO&SIE (Rédacteur en chef, Michel Deguy) avec Jacques Roubaud, Michel Chaillou, Robert Davreu, Alain Duault, Pierre Oster notamment.
En 1989 en collaboration avec l'entreprise DBE, X.B. expose un poème de 300 m² sur une façade du 6 avenue de Friedland à Paris, associé à une conférence et un exposé théorique à la Maison des Écrivains.

Xavier Bordes

L'université de Poitiers, du 16 au 21 novembre 1992, X.B. entreprend, avec les Ed. Mille et une nuits, la publication en volumes à 10frs d’œuvres philosophiques gréco-latines liées à l'univers contemporains : Epicure, Ovide, Sénèque, Théophraste, etc... Le public démontre par son intérêt que la culture antique reste d'actualité, Épicure notamment parvient à un tirage de plus de 250000 exemplaires.

Parmi diverses manifestations, les poèmes de Xavier Bordes ont fait l'objet de plusieurs émissions sur France-Culture et d'autres radios pour sa poésie et ses traductions d’Épicure et de Sénèque.

Du 12 au 18 février 1996, les poèmes du poète grec Odysseas Elytis traduits par X. Bordes (en collaboration avec R. Longueville) ont fait l'objet de lectures quotidiennes à France-Culture.

Prix Max Jacob 1999 pour «Comme un bruit de source».
Poursuit depuis une œuvre de poète et de traducteur, en grande partie publiée directement sur internet (Calameo – Word presse – Overblog).

Son blog : xavier.bordes.over-blog.com

En 2011, au cours de l'année anniversaire de la naissance d'Odysseas Elytis, X.B. fait don de ses archives Elytis à la Bibliothèque Gennadios à Athènes (Fond Bordes).
Participe aux destinées de la revue belge Traversées couronnée récemment d'un prix de la Revue Poétique 2011.

X. Bordes vit et travaille actuellement à Paris.

Poésie

  • Le Sans-Père à Plume avec une préface de Michel Deguy  (Ed. de Loess)  1982
  • L'Argyronef (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1984
  • Syrinx (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1985
  • Ma Venise (Ed. Eyras - Madrid) 1985 Version F. et Espagnole  (trad. Micheline          Durand).
  • Alphabets (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1986
  • La Pierre Amour, poèmes 1972-1985 (Ed. Gallimard.  Distingué par l'Académie Française.) 1987
  • Elégie de Sannois (NRF juillet-Août 88)
  • Notes pour des chasses rêvées (Ed. d'Art D. Martin 1988)
  • Onze poèmes tirés d'une conque (Recueil - Champ Vallon) 1988
  • Le masque d'Or  (Ed. de Loess,  St Martin de Cormières.) 1988
  • Poèmes Carrés (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1988
  • La chambre aux Oiseaux (Edition d'art J.C. Michel  - Nancy) 1989
  • Sonnets  (Ecbolade
  • Aphrodite (Ed. Gnôsis & Enrico Navarra - avec Michel Deguy, D. Davvetas, Jean Luc Nancy, M. Abramovicz, etc...) 1990
  • Rêve profond réel (Recueil - Champ Vallon) 1991
  • Impérissables passements de lumière - Rougemont  (Ed. galerie P. Gabert, Paris) 1992
  • Levées d'ombre et de lumière, (avec le peintre Rougemont.) (Paris - Cercle des 101 femmes          Bibliophiles) 1992
  • Le grand Cirque Argos (ED. Robert et Lydie Dutrou) 1993
  • Je parle d'un pays inconnu (ED. Le Cri & Jacques Darras, Bruxelles) 1995
  • Comme un bruit de source (Ed. Gallimard, Paris) 1999
  • L’étrange clarté de nos rêves (Ed. Associatives Clàpas, Millau) 1999
  • A jamais la lumière (Ed.Gallimard, Paris) 2001
  • Quand le poète montre la lune... (Ed; De Corlevour, Paris) 2003

 

A cela il faut ajouter plusieurs volumes publiés sur le Net, à l'adresse :

 Principales traductions

  • D' Odysseas Elytis (grec, prix Nobel 1979, traduit en coll. avec R. Longueville) :
  • Marie des Brumes (Ed. La Découverte) 1984 (réed. en 86)
  • To Axion Esti (Ed. Gallimard) 1987
  • Avant Tout (Cahiers de l'Egaré - Le Revest) 1988
  • Elytis - un méditerranéen universel  (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1988
  • Surréalistes Grecs (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1991
  • Le Monogramme (NRF - Ed. Gallimard - juillet-août 1996)
  • Axion Esti suivi de L'Arbre Lucide et du Journal d'un invisible Avril. (Ed. Gallimard - Paris) 1996
  • D’Épicure : Lettre sur le bonheur (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • D'Ovide : Remèdes à l'Amour (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Sénèque : De la brièveté de la vie (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Cicéron : Lélius ou l'amitié (Ed. Mille et une nuits) 1995  
  • De Théophraste : Les Caractères (Ed. Mille et une nuits) 1996 
  • De D. Davvetas : Soleil Immatériel (Ed. Galilée) 1989
  • La Chanson de Pénélope (Ed. Galilée) 1989
  • Poèmes (Revue PO&SIE, Belin) 1989
  • Le manteau de Laocoon (Ed. Galilée) 1990
  • D'Alexis Zakythinos : Les noyés du grand large (Ed. J.C. Valin  - Hautécritures) 1989
  • De Manolis Anagnostakis : Les Poèmes,    (Ed. Le Cri et J. Darras, Bruxelles)  1994 
  •  (avec la coll. de Démosthènes Davvetas.)

Anthologie

  • 27 Poètes grecs contemporains  (Ed. Revue In'Hui, Le Cri.) 1994 en collaboration avec Robert Longueville.

Principaux essais et préfaces

  • Mystique, de Joë Bousquet (Ed. Gallimard) 1972 
  • Imaginer la Tour Eiffel dans la brume...   (Revue In'Hui - 38 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Sur la Saison en Enfer de Rimbaud (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • Relire Aragon (Revue In'Hui - 1995 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Fragments d'un Dieu-Michaux  (La Licorne, UFR Langues Littératures Poitiers - 1993)

 

Publications diverses dans :

  •  Po&sie (Ed. Belin), Europe, La Lettre Internationale, la NRF, In'Hui, Recueil, des revues universitaires, etc... Ainsi que des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four, Brandon, Leick, etc...)  

 

Autres lectures

Xavier Bordes, La Pierre Amour

Il en est des livres comme des pays : si l'on peut, seul, découvrir des merveilles au cours d'un voyage, le soutien éclairé d'un guide permet la connaissance des ressorts et des lieux [...]

Xavier Bordes : la conjuration du mensonge

Cet article a d’abord été publié sur Causeur le 25 février 2018. Proposé dans la version que vous avez sous les yeux, et accepté sans qu’il soit demandé à l’auteur de le retravailler. [...]




Xavier Bordes, Ce que fut la poésie

 

Lorsque, à travers des mots gauchement arrangés,
On tente de montrer un peu le capharnaüm
Où sont mêlées choses récentes, vieilleries, incohérences,
Et que nous appelons «le monde» comme s’il
Était celui de tous et non pas seulement le nôtre,
Les lecteurs raisonnables se détournent, - «Non !
Cela, on n’y comprend rien ! C’est sans bon sens !»

.

On dirait des enfants qui ont quitté le littoral
Pour la première fois et qu’on amène prudemment
Dans les vaguelettes salées de la mer, et ils gigotent
De leurs petites jambes courtes et semblent pris
D’une irrépressible frayeur devant la verdeur mouvante
Qu’ils surplombent depuis les bras de leurs parents.
Car ces parents sont les poètes, ils ont l’âge

.

De la mémoire de l’espèce humaine, par-dessus
Les collines des siècles du futur, ils devinent ce qui vient,
Par-dessus celles du passé, ils ressassent les leçons
Oubliées en très peu de générations ! Ainsi que l’olivier
Leur tâche poétique est tout ensemble de prescience, -
De présage en pleine clarté du soleil, – tout autant que
De souvenir et de rêveries lunaires sur ce qui eut lieu.

.

Chaque vers qui en rend compte est un fragment de vie
Encore chargé d’énergie et non pas mort comme les autres
Oeuvres dont les humains tirent tant de fierté, les films,
Les enregistrements de toutes sortes, les photographies,
Cela, tout cela qui forme la version moderne du Déluge,
Et qui fige dans la tête des humains ce qu’on appelle encore
Imagination, par les machines changée en fabrique d’images.

Présentation de l’auteur

Xavier Bordes

Xavier Bordes, né le 4 juillet 1944, dans le village des Arcs en Provence (Var).

Études musicales et classiques.
Organiste. Étude de composition, théorie atonale et orchestration avec Julien Falk. Thèse de doctorat sur Joë Bousquet, sous la direction de Jean-Pierre Richard.
Musicologie (instruments et musique des Aymara en Amérique du Sud).
Quitte Paris pour une mission de musicologie au Maroc et Sahara.
S'installe à Oued-Zem, puis à Mohammedia en 1973. 
Enseignement et journalisme (Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, conférences nombreuses, notamment dans les Centres Culturels).

Traductions de poètes Grecs : Elytis, prix Nobel de Littérature, puis Cavafy, Solomos, Anagnostakis, Davvetas, Zakythinos principalement.

Commence une œuvre poétique en 1979.

Retour en France (Paris) fin 84. Travaille dans l'édition musicale (direction artistique). Lecteur de grec pour les ED. Gallimard.
Membre du comité de la revue PO&SIE (Rédacteur en chef, Michel Deguy) avec Jacques Roubaud, Michel Chaillou, Robert Davreu, Alain Duault, Pierre Oster notamment.
En 1989 en collaboration avec l'entreprise DBE, X.B. expose un poème de 300 m² sur une façade du 6 avenue de Friedland à Paris, associé à une conférence et un exposé théorique à la Maison des Écrivains.

Xavier Bordes

L'université de Poitiers, du 16 au 21 novembre 1992, X.B. entreprend, avec les Ed. Mille et une nuits, la publication en volumes à 10frs d’œuvres philosophiques gréco-latines liées à l'univers contemporains : Epicure, Ovide, Sénèque, Théophraste, etc... Le public démontre par son intérêt que la culture antique reste d'actualité, Épicure notamment parvient à un tirage de plus de 250000 exemplaires.

Parmi diverses manifestations, les poèmes de Xavier Bordes ont fait l'objet de plusieurs émissions sur France-Culture et d'autres radios pour sa poésie et ses traductions d’Épicure et de Sénèque.

Du 12 au 18 février 1996, les poèmes du poète grec Odysseas Elytis traduits par X. Bordes (en collaboration avec R. Longueville) ont fait l'objet de lectures quotidiennes à France-Culture.

Prix Max Jacob 1999 pour «Comme un bruit de source».
Poursuit depuis une œuvre de poète et de traducteur, en grande partie publiée directement sur internet (Calameo – Word presse – Overblog).

Son blog : xavier.bordes.over-blog.com

En 2011, au cours de l'année anniversaire de la naissance d'Odysseas Elytis, X.B. fait don de ses archives Elytis à la Bibliothèque Gennadios à Athènes (Fond Bordes).
Participe aux destinées de la revue belge Traversées couronnée récemment d'un prix de la Revue Poétique 2011.

X. Bordes vit et travaille actuellement à Paris.

Poésie

  • Le Sans-Père à Plume avec une préface de Michel Deguy  (Ed. de Loess)  1982
  • L'Argyronef (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1984
  • Syrinx (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1985
  • Ma Venise (Ed. Eyras - Madrid) 1985 Version F. et Espagnole  (trad. Micheline          Durand).
  • Alphabets (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1986
  • La Pierre Amour, poèmes 1972-1985 (Ed. Gallimard.  Distingué par l'Académie Française.) 1987
  • Elégie de Sannois (NRF juillet-Août 88)
  • Notes pour des chasses rêvées (Ed. d'Art D. Martin 1988)
  • Onze poèmes tirés d'une conque (Recueil - Champ Vallon) 1988
  • Le masque d'Or  (Ed. de Loess,  St Martin de Cormières.) 1988
  • Poèmes Carrés (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1988
  • La chambre aux Oiseaux (Edition d'art J.C. Michel  - Nancy) 1989
  • Sonnets  (Ecbolade
  • Aphrodite (Ed. Gnôsis & Enrico Navarra - avec Michel Deguy, D. Davvetas, Jean Luc Nancy, M. Abramovicz, etc...) 1990
  • Rêve profond réel (Recueil - Champ Vallon) 1991
  • Impérissables passements de lumière - Rougemont  (Ed. galerie P. Gabert, Paris) 1992
  • Levées d'ombre et de lumière, (avec le peintre Rougemont.) (Paris - Cercle des 101 femmes          Bibliophiles) 1992
  • Le grand Cirque Argos (ED. Robert et Lydie Dutrou) 1993
  • Je parle d'un pays inconnu (ED. Le Cri & Jacques Darras, Bruxelles) 1995
  • Comme un bruit de source (Ed. Gallimard, Paris) 1999
  • L’étrange clarté de nos rêves (Ed. Associatives Clàpas, Millau) 1999
  • A jamais la lumière (Ed.Gallimard, Paris) 2001
  • Quand le poète montre la lune... (Ed; De Corlevour, Paris) 2003

 

A cela il faut ajouter plusieurs volumes publiés sur le Net, à l'adresse :

 Principales traductions

  • D' Odysseas Elytis (grec, prix Nobel 1979, traduit en coll. avec R. Longueville) :
  • Marie des Brumes (Ed. La Découverte) 1984 (réed. en 86)
  • To Axion Esti (Ed. Gallimard) 1987
  • Avant Tout (Cahiers de l'Egaré - Le Revest) 1988
  • Elytis - un méditerranéen universel  (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1988
  • Surréalistes Grecs (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1991
  • Le Monogramme (NRF - Ed. Gallimard - juillet-août 1996)
  • Axion Esti suivi de L'Arbre Lucide et du Journal d'un invisible Avril. (Ed. Gallimard - Paris) 1996
  • D’Épicure : Lettre sur le bonheur (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • D'Ovide : Remèdes à l'Amour (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Sénèque : De la brièveté de la vie (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Cicéron : Lélius ou l'amitié (Ed. Mille et une nuits) 1995  
  • De Théophraste : Les Caractères (Ed. Mille et une nuits) 1996 
  • De D. Davvetas : Soleil Immatériel (Ed. Galilée) 1989
  • La Chanson de Pénélope (Ed. Galilée) 1989
  • Poèmes (Revue PO&SIE, Belin) 1989
  • Le manteau de Laocoon (Ed. Galilée) 1990
  • D'Alexis Zakythinos : Les noyés du grand large (Ed. J.C. Valin  - Hautécritures) 1989
  • De Manolis Anagnostakis : Les Poèmes,    (Ed. Le Cri et J. Darras, Bruxelles)  1994 
  •  (avec la coll. de Démosthènes Davvetas.)

Anthologie

  • 27 Poètes grecs contemporains  (Ed. Revue In'Hui, Le Cri.) 1994 en collaboration avec Robert Longueville.

Principaux essais et préfaces

  • Mystique, de Joë Bousquet (Ed. Gallimard) 1972 
  • Imaginer la Tour Eiffel dans la brume...   (Revue In'Hui - 38 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Sur la Saison en Enfer de Rimbaud (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • Relire Aragon (Revue In'Hui - 1995 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Fragments d'un Dieu-Michaux  (La Licorne, UFR Langues Littératures Poitiers - 1993)

 

Publications diverses dans :

  •  Po&sie (Ed. Belin), Europe, La Lettre Internationale, la NRF, In'Hui, Recueil, des revues universitaires, etc... Ainsi que des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four, Brandon, Leick, etc...)  

 

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