Kamel Bencheikh, Porter le poids de la douleur qui rampe

Ne pas disparaître. Affronter l’heure nue,
la sentir peser sur la peau comme une lame,
sans fuite, sans rêve creux,
sans ces échappatoires tissées d’ombres.
Laisser l’instant cogner,
qu’il frappe jusqu’à l’os,
qu’il creuse dans la chair ses racines brûlantes,
sans esquive, sans détour.

Ne pas s’abandonner aux mirages du répit,
ne pas tendre la main vers le mensonge des heures douces.
Tenir, figé sous la lumière crue,
étranglé par le silence,
sans ciller, sans ployer sous la douleur qui rampe,
qui s’infiltre et scelle les lèvres.

Dans cette attente sans fin,
être arraché à soi-même,
dépouillé de tout,
jusqu’à ne plus sentir que la morsure du vide,
être jeté là, chose inerte, chiffon délaissé
que le vent ne soulève même plus.

Respirer malgré tout,
traverser le labyrinthe de l’agonie,
avancer sans repères,
dans l’épaisseur étouffante d’un temps qui se referme,
qui broie, qui nie,
et pourtant, ne pas tomber,
ne pas crier, ne pas demander grâce.

Porter l’heure jusqu’à son dernier battement,
jusqu’à ce point de non-retour
où la douleur, fendue en deux,
délivrera enfin sa vérité intacte,
sa voix brutale et pure,
sa dernière lueur inviolée.

Les âmes froissées de l’automne

Un souffle glacé racle la nuit,
lente morsure du soir d’automne,
où l’ombre s’étire, déchire le ciel,
où la lumière vacille, en proie aux cendres.

Au-dessus, des nuages fauves,
gonflés d’incendies et de spectres,
s’accrochent aux étoiles en lambeaux.
Des anges déchus y errent,
les ailes noircies de cendres,
les visages fendus de songes avortés.
Des cauchemars rampent sous leurs pas,
griffant la chair du vent.

Le passé cogne aux vitres,
insistant, indélébile,
ruisselle sur les murs comme une pluie froide,
s’accroche aux épaules, murmure son poids.
Le présent vacille sur un fil trop mince,
en équilibre au bord d’un gouffre sans nom.
Et l’avenir ?
Peut-être une fenêtre brusquement ouverte,
un appel d’air, une fuite,
ou juste un mirage, un leurre dans la brume.

Un souffle glacé traverse la nuit,
et sous lui, les feuilles,
ces âmes froissées de l’automne,
tremblent, s’accrochent,
mais déjà se détachent,
fragiles, si fragiles,
avant de sombrer dans le silence.

 

Au creux de tes yeux

Doucement, au creux de tes yeux,
je me suis abandonné,
glissé sans bruit dans l’ombre liquide,
me noyant sans lutte, sans retour.

Le temps s’effilocha en un sifflement léger,
comme une lame d’air sur la peau,
comme une promesse oubliée avant d’être dite.
Au-dessus, des flottes de nuages,
sombres navires errants,
filèrent sans jeter l’ancre,
sans laisser d’empreinte sur l’azur effacé.

C’était il y a mille marées,
tant de saisons fanées,
tant de soleils épuisés.
À force de fouiller les vestiges,
de poursuivre des ombres sur le sable mouvant,
on se lassa de chercher,
de croire qu’un jour, quelque part,
la trace de nos pas surgirait intacte.

Les vagues roulent encore,
pures, indifférentes,
sculptant d’un frisson la peau de l’océan.
Mais l’eau elle-même,
dans ses profondeurs impénétrables,
ne saurait deviner l’ombre immobile,
le silence enseveli,
la paix obscure
qui repose au fond de ma mer.

Je meurs, étranger à la mort

La nuit, encore une fois la nuit, elle revient, souveraine et absolue, détentrice d’une sagesse
obscure qui s’infiltre dans mes veines comme un poison lent.

Elle enlace le monde d’une caresse silencieuse, d’une étreinte brûlante et funèbre, comme la
main invisible de la mort qui frôle sans emporter, qui éveille avant de condamner. Un instant
d’extase suspend mon souffle, moi, l’héritier secret des jardins interdits, celui qui a effleuré
l’ombre sans jamais posséder la lumière.

Des pas résonnent, des voix chuchotent, loin, tout au fond, du côté maudit du jardin. Des rires
éclatent derrière les murs, fantômes d’une fête qui n’a jamais eu lieu. Ne crois pas qu’ils soient
vivants. Ne crois pas qu’ils respirent. À tout moment, la faille dans la paroi, le frisson du vide,
et la fuite soudaine du petit garçon que j’étais, pieds nus sur la pierre froide, traqué par une
menace informe.

Il pleut des sourires de papier froissé, des éclats de couleurs fanées que le vent disperse en
silence. Les couleurs parlent-elles ? Et les images en cendres ? Non, seules les dorures
murmurent des vérités, mais ici, il n’y en a aucune. Ici, tout est absence, un oubli sculpté dans
la pierre.

J’avance, et les murs rétrécissent, se rapprochent inexorablement, se ferment sur moi comme la
gueule d’un piège ancien. Toute la nuit jusqu’à l’aurore, j’ai murmuré à voix basse comme une
prière inachevée : si je ne l’ai pas connu auparavant, c’est que son heure n’était pas venue.
J’interroge. Ma voix se dissout dans l’espace. Déjà, plus personne ne m’écoute.

Je m’efface. Je meurs, étranger à la mort. Et pourtant, quelque chose demeure, un souffle, un
dernier spasme, car le langage de l’agonie n’appartient qu’aux vivants. J’ai laissé s’échapper le
pouvoir de métamorphoser l’interdit. Ils sont là, tapis derrière les murs, respirant sourdement,
guettant le moindre frisson de ma voix. Mais dire ma route, dévoiler l’empreinte de mes pas,
m’est défendu. Toi qui écoutes encore dans le silence intact de ta solitude, regarde : ces murs
sont nus, arides comme une plaie ancienne. Ici, la pierre règne, stérile et immuable. Aucune tige
ne brisera l’attente, aucune fleur ne viendra défier l’oubli.

Aucune main ne viendra briser le sortilège. Et pourtant, au zénith de l’allégresse, une mélodie
insaisissable a percé le silence, un chant venu d’un ailleurs inconnu, tranchant et sublime
comme une blessure ouverte. Oh, si seulement je pouvais ne vivre que d’extases, façonner le
poème dans la substance même de mon être, payer chaque vers de ma chair, chaque mot du prix
brûlant de mes jours et de mes veilles, livrer tout mon souffle au verbe incandescent, à la parole
qui se consume et se donne, offerte en holocauste dans le rituel ardent de l’existence et de
l’amour.

Les yeux de celle qui m’écrit

Soudain, des ombres fendent la surface,
plongeurs muets glissant sous les eaux hostiles,
avalés par l’abîme comme des éclats de nuit.
L’œil fixe, cloué à l’invisible,
le souffle arraché, broyé par la pression du vide,
ils s’enfoncent, lents et implacables,
au rythme étiré d’un temps déformé,
secondes distendues, brûlantes,
vertige infini où les siècles s’écoulent en silence.

Nous sommes avec eux, liés par le poids de l’attente,
chaque battement de cœur un écho du leur,
chaque pensée tendue vers l’ombre mouvante.
Nous rassemblons nos forces,
nous nouons nos volontés en un seul fil,
un seul souffle retenu,
un seul appel muet jeté dans les profondeurs.

Ici, sur la terre ferme,
nous restons suspendus entre ciel et sol,
entre nuages et poussière,
entre écume et rosée,
dans cette frontière fragile entre espoir et naufrage.
Nous guettons l’instant où le silence se brisera,
où l’inconnu rendra son verdict,
où le dernier frisson des eaux parlera enfin.

Et vous comprendrez,
vous qui revenez ou disparaissez,
vous saurez ce que murmure le courant :
la seule issue est par les yeux de celle qui m’écrit.

 

Et la vie qui rugit

Voix éclatée dans la nuit scellée,
Éclair fendant le cercueil du silence,
Retournant la terre morte sous mes paupières closes.
Ombre étouffante, chape de plomb,
Noir comme un puits où le souffle s’éteint,
Il n’y avait plus d’issue, plus d’horizon.
Quelle force a brisé la gangue du néant ?
Une main tendue, un cri d’aube,
Et soudain, l’air qui déferle dans mes poumons.

Voici l’éclat d’un monde repeint de sève,
Éparse lumière qui s’accroche à mes cendres,
Racines révoltées qui percent la pierre.
On renaît parfois d’un nom murmuré,
Naissant une seconde fois dans un regard,
Ivresse soudaine d’un cœur remis à flot.
Quelques mottes suffisent, un frisson de terre,
Une saison inscrite dans tes paumes,
Et la vie qui rugit, enfin debout.

 

Les heures à venir

L’amour ne s’élance pas, il t’enlace,
un cercle invisible, un piège mouvant.
Tu tournes, il serre, il t’absorbe,
il glisse sous ta peau pendant que tu t’infiltres en lui,
cherchant une issue dans ses veines brûlantes.

Ton regard s’enfonce dans la matière du monde,
mais le monde est un iris, une pupille béante
qui m’épingle, me traverse, m’efface.
Vois, il se resserre, ce jour naissant,
un point unique où je ne suis plus moi,
où tout devient œil braqué sur toi.

Complice de mes nuits, ombre de mes fièvres,
lumière aveuglante et lame affûtée,
tu avances, incertaine, dans un tout fendu,
un univers complet, mais brisé en deux.

Et déjà, quelque part entre ciel bas et pavés mouillés,
Bruxelles attend, comme un carrefour scellé d’échos,
un battement suspendu, une promesse enfouie
dans le gris tremblant des heures à venir.

Celle qui retient mon ombre

L’enfance, foudroyée en plein vol, grave comme une sentence scellée, abandonnée aux bras
morts des jouets, aux visages de cire, aux idoles creuses qui gisent, complices muettes d’un
pacte sans mots entre moi et l’antre du vertige, là où dort, sous une terre souillée, le butin volé
à mes premières fièvres.

Ne cherche rien d’autre qu’un frisson, et cède, cède à la morsure, laisse la douleur se dresser,
se parer d’éclats trop purs pour être vrais, taper aux portes du gouffre, hurler sans écho.

Nous avons porté la croix des fautes jamais commises, nous nous sommes agenouillés devant
des spectres, nous avons expié le crime des songes.

Pour des ombres, pour du néant, nous avons saigné.

Je veux rendre hommage à celle qui retient mon ombre, celle qui arrache au silence le désastre
effondré sur mon monde, qui défie la nuit d’un seul regard et me sauve de l’oubli.

Un monde repeint de sève

Voix éclatée dans la nuit scellée,
Éclair fendant le cercueil du silence,
Retournant la terre morte sous mes paupières closes.
Ombre étouffante, chape de plomb,
Noir comme un puits où le souffle s’éteint,
Il n’y avait plus d’issue, plus d’horizon.
Quelle force a brisé la gangue du néant ?
Une main tendue, un cri d’aube,
Et soudain, l’air qui déferle dans mes poumons.

Voici l’éclat d’un monde repeint de sève,
Éparse lumière qui s’accroche à mes cendres,
Racines révoltées qui percent la pierre.
On renaît parfois d’un nom murmuré,
Naissant une seconde fois dans un regard,
Ivresse soudaine d’un cœur remis à flot.
Quelques mottes suffisent, un frisson de terre,
Une saison inscrite dans tes paumes,
Et la vie qui rugit, enfin debout.

Présentation de l’auteur

Kamel Bencheikh

Kamel Bencheikh est né à Sétif en Algérie et vit depuis ses 18 ans à Paris. Il a été ingénieur structures dans le bâtiment et a travaillé comme expert après sinistres près les compagnies d’assurances. Militant universaliste, il a été à l’initiative de l’Appel pour la laïcité en Algérie.

© Crédits photos Alain Barbero

Bibliographie 

  • Jeune poésie algérienne, anthologie de la poésie algérienne de langue française, Editions Traces
  • Prélude à l'Espoir, poèmes, Editions Antoine Naaman, Canada
  • Ogive, poèmes, Artère
  • Poètes algériens de langue française, anthologie, Magasin Général éditeur
  • Hommes rocailleux, CELFAN, Philadelphie
  • Les années Boum, ouvrage collectif sous la direction de Mohamed Kacimi, Chihab éditions
  • La Révolution du sourire, ouvrage collectif, éditions Frantz Fanon
  • Tout en haut, poèmes, monotypes de Latifa Bermes, Les Refusés
  • La Reddition de l'hiver, nouvelles, éditions Frantz Fanon
  • L'Impasse, roman, éditions Frantz Fanon
  • Histoire d'un jour vide, poèmes, Les Refusés
  • Là où tu me désaltères, poèmes, préface d’Olivier Thirion, Encres d’Arezki Metref, éditions Frantz Fanon
  • Missive du désert d'El Kantara, poèmes, Les Refusés
  • Les rues de Paris, poèmes, Café Entropy
  • Un si grand brasier, roman, Éditions Frantz Fanon
  • Printemps de lutte et d’amitié, poèmes, Éditions Kaïros
  • L’islamisme ou la crucifixion de l’Occident – Anatomie d’un renoncement, essai, préface de Stéphane Rozès, Éditions Frantz Fanon

Autres lectures




Harry Szpilmann, Les Corps incandescents

            Du poème considéré comme acte révolutionnaire nous exigeons ceci : un nouvel
incendie dans l'ordre du sensible, cyprès, améthystes et cytises embrasés en plein cœur.
Alliages intensifiés dans la composition des corps, l'alignement des fluides sur la solaire
ascension. Une plus-value vitale.

            À l'épicentre comme aux pourtours la résurgence des sèves encore jeunes, l'activation
des fleuves dans le réseau surchauffé du souffle. Le souffle. Le souffle plein, total, iridescent.
L'immense et l'incommensurable dans l'éclat tout-puissant du plein jour.

            L'affinité privilégiée des astres, des orchis et des geais lorsqu'ils se confondent
absolument avec leur chant ; la terre lorsqu'elle prend part à l'absolu.

            Être de ce chant.  

 

Comment savoir sans se risquer
à son appel que le poème ne promet
rien qu'une furieuse danse de gouffres,
un firmament rêvé que vient crever 
la battue artésienne des mots, que
chaque vocable - hyène ou murène,
vif ou sanguin - porte la voix au point
d'ébullition, le désespoir jusqu'à saturation ;
que cette croisade contre le rien
creuse dans le corps des fleuves obscurs,
des fleurs fiévreuses, de démentes
résonances ne conduisant à rien
qu'à ce réseau de nerfs striant
le corps ardent, le ciel vacant.  

Parfois tu te trouves confronté
à ce silence sans rives et sans confins
et qui serait du ressort de la nuit,
ce silence que tu sens perler
sur le bout de ta langue comme
des îlots à la dérive, comme gouttes
de sang fusant dans les abîmes du temps,
et pour lequel la langue serait
d'insuffisante lumière quand bien même
pulse en ton plexus tout le souffle condensé
de l'enchantement ; car pour ce dire
il te faudrait grammaire d'étoiles et
syntaxe océane, des strophes illimitées
toutes torsadées d'un feu à faire s'embraser
les lointains furtifs du poème.

Cela commencerait, si commencement
il y avait, par un battement, une
vibration, n'importe quel élément,
l'air ou la terre, l'eau et le feu,
faisant sauvagement irruption
par les gouffres désaxés du corps
et l'assiégeant, par vagues se propageant,
par l'infinie, l'insondable fêlure que nous
nommons désir et qui est tout
aussi bien un espace bleu et démuni
qui se met à brûler, se consumer,
en butinant la fine fleur du présent.

 

On ne sait pas très bien,
un quelque chose comme un
grondement de basse fréquence
du côté des racines, comme un élan
sans cause identifiable du côté
des soleils, et qui progresse et se renforce,
soulève la plèvre, enclenche
les cordes vocales en attisant
la forge des mots, ce quelque chose
comme l'être tressaillant en bord
d'abîme et qui avant de vivre
ou de mourir une première fois,
expire - et tout le corps devient
espace océanique et c'est le chant
qui roule en nos artères et pulvérise
notre réserve jusqu'à nous rendre
lumineux et déments,
illimités.

 

Turbulences encore loin, encore
inconcevables comme d'inorganiques
craquements de nuit dans le système
hydraulique du cœur qui par marées
par subversion par disruption dérèglent
l'éclatante machinerie du corps
avant que l'impensable, que l'innommable
n'endiguent flux et reflux vers la place forte
de la passion, vers la crête cristalline
de la folie et qu'en la lumineuse spirale
de l'air ne se mettent à danser
les particules d'un feu qui sont
les pétales du poème en devenir.

D'où cela vient-il alors puisque
ces eaux surgissent comme d'un
non-lieu, ou de la nuit informulée
dans la doublure d'une autre nuit,
laquelle erre aléatoire et neutre
par les nervures assoiffées du langage,
et que nul ciel n'y prend racine,
nulle source palpable, nul sol
avide de semaisons, et qu'à l'encontre
de tout espoir de toute logique,
néanmoins en surgissent ces signes
comme des astres séditieux  
dilapidant leurs éclats et leurs cris
par les brèches écarlates de notre voix.

 

Mouvement d'approche autant
que de se sentir touché en son centre
irradiant d'uranium lorsque le sang
lunaire aimante les mots comme
métal exalté, chimie ondulatoire des corps
et des affinités ; de l'humus à la bouche
la nature vibre de tout son long
et il n'y a d'autre mystère que cette mer
immatérielle et diaphane jointant
les pôles en un seul corps et puis
cette houle qui se démène comme une
lumière assoiffée d'impossible - langue
centrifuge inaugurant son ciel
par la force de l'éclat.

Parce qu'il y a le langage
et qu'en nos os, qu'en nos expirations,
sa mécanique interne imprime
des rythmes des tensions des orages
qui ne nous ressemblent pas, ne nous
transportent pas ; des mots comme
des fers des lames des instruments de lestage
alors que de tout notre être nous
n'aspirons qu'à voir les eaux
de la langue se déliter et les soleils rageurs
décrire leurs sulfureuses révolutions
dans les cieux syntaxiques du désir pur,
et d'alors nous lever comme au premier
matin du monde, la bouche en fleur et
transcendés de musique et d'azur.

À l'origine des mots,
de chaque mot qui sur la page pèse
de sa charge de sueur et de sa charge
de sang, des mots vastes comme la mer,
de simples mots aux senteurs de pinèdes,
des mots d'amour des mots marins des mots
comme des embruns sauvages éclaboussant
les aspirations enfiévrées de l'esprit -
à l'origine ce même impondérable,
ce même imprononçable tremblement
lorsque le ciel vacille sur ses assises,
que s'en échappe quelque oiseau dérouté
venant chercher refuge au foyer incendié 
de nos lèvres en émoi.

 

Présentation de l’auteur

Harry Szpilmann

Harry Szpilmann (Belgique, 1980) est l'auteur d'une quinzaine de recueils poétiques dont l'essentiel a été publié au Taillis Pré et au Cormier. Parallèlement à l'écriture, il se consacre à la photographie urbaine et à la musique ambient ; ses albums sont édités par la Daydreams Factory. Enseignant de profession, il a longtemps travaillé à Mexico City où il enseignait la philosophie du cinéma. Il réside aujourd'hui sur les rives du lac Tanganyika à Bujumbura.

Bibliographie 

Sable d'aphasie, Ces espaces à la base, Les rudérales, Liminaire l'ombre, Petite suite désertique, Du vide réticulaire, Genèses et magmas, À la façon de la phalène, Approches de la lumière, À propos de tout et surtout de rien (Aphorismes), Écarts ou les esquives du désir, Fulgor. À paraître prochainement : Chronique de l'éclat, Eléments de la ferveur, La vie fragile.  

 

Autres lectures




Pierre Zabalia, Il pleut un ciel en écharpe

Il pleut un ciel en écharpe :
mouise des langues marécageuses ou
firmament de combat mais
lequel, de multitude
pommelée mais

dans le piétinement d’un ciel
ventousé à
la douleur –

Il pleut des infinis
à l’heure
des trombes et des
frissons, ô
adagio –

∗∗∗

C’est ainsi que je fusionne
avec la laiteuse
incomplétude du jour
avec

un paysage en suspens,
tel nul orietiur
dans la bouche
des beautés immobiles,

c’est ainsi que je m’enfonce
avec la blanche et
apathique chanson
du cyprès, dans
le bouillonnement de personne –

∗∗∗

Dimanche raclé, dimanche
blanchi comme un cerisier perdu –

Un pépiement ou plutôt un toujours aux abois,
jouxte la non-présence de tout –

Cerisier des rêveries infirmes, ô
dans la blanche dépossession des silences,

je t’enchâsse, je te trouve âpre et blanc, je
te murmure une quelconque scintillation,

une quelconque démesure et
une cloche tinte dans l’à-peu-près des lointains-

∗∗∗

L’innocence grandit au jour languide
et avril au merle estourbi rêve comme moi
mais je repasse, mais je traînasse
au jardin-Mandelstam,

au fond du sans-dieu,
au fond d’
un bleu
reverdi par les multiples

distillations, dislocations
de l’âme, dans
chaque atrocité –

∗∗∗

Il y a au fond du ciel
une barcarolle qui somnole
dans sa casemate de vent, il y a
une présence à l’envers comme

un être ébouriffé d’angoisse,
il y a une ébauche de parler
dans les grenailles d’amour,
quelque part envolées,

quelque part enchemisées
dans l’éternelle incurie, il
y a une brisure, il y a

un poème qui flotte
et qui ravine sur les
mamelles du temps –

Présentation de l’auteur

Pierre Zabalia

Pierre Zabalia est natif de l’Aude, il vit et travaille en Seine-et-Marne.

Bibliographie 

L’auteur a publié plusieurs textes en revues (Petite, Le jardin d’Essai, Sapriphage, Moebius, Arpa, Lichen, Recours au Poème, Traversées, Poésie/Première, etc.). Il a fait partie du comité de lecture de la revue Artère. Il a participé à plusieurs installations et expositions ainsi qu’à des lectures de ses textes. Un recueil de poèmes intitulé “Jardin sans fond” a été édité aux éditions Caractères, ainsi qu’un deuxième recueil intitulé “Dans une lenteur” aux éditions Hello. Un roman ayant pour titre “J’étais poète de profession” a été édité aux éditions 5 sens.

Autres lectures




Philippe Tancelin, Frangments, extraits

UN RÊVE ?

Au-dedans de soi
au-dehors de moi
ni ne commence ni ne s’achève…

IL N’EST QU’UN RÊVE

Une balle dans la gueule grande ouverte
du reptile que rien ne distingue
de la minime histoire de chacun
                                                   arrêté à la béatitude de l’autre…

LE RÊVE D’AIMER ?

A chaque instant il serait fait un pas
                                                        vers le rivage
un pas de dérobade
                             sur le sable endormi
                              sous la divagation des vagues

Au pied
           sur la terre
commence ma langue que ne dessine rien
quand je n’aurais été que craie blanche
                                                              échappée de la nuit

LE RÊVE !

S’est effacé à mi-chemin d’un autre monde
disant la lune insuffisante pour le clair d’aimer
où se croisent les voies de différentes couleurs

UN RÊVE A BLANC !...
Cet irrregard de l’eau
en proie au silence

 

Le cerf à ma rencontre

Plus droit encore
et plus que lui
il va
par cette lenteur qui le fait paraître
immobile

De tous côtés qu’on le croit cerné
toujours de soi il s’échappe
et nous croyons en nous
                                      être attendu de lui

Il ne nous leurre pas

Nous ne sommes rien pour lui
qui mériterait sa course
pour témoigner de nous

Il traverse la forêt
bénissant de ses bois chaque arbre
qui l’aborde en jalousie

 

Tout tient de tout en lui

les bois dans ses bois
le sursaut dans le saut
le silence dans la  meute 


la puissance dans l’être-là fragile

Le ciel dévolu à son brâme
son regard dans le temps mort du fusil
il dément le final de qui l’obligerait

disparaît au couchant
dans son souffle-linceul

 

Nous nous répandions

sur les murs
en mots à blanc

Ils nous accueillaient par rafales de braise
sur chaque carrefour d’histoires in-dites
qui renversaient l’encre
sur nos cahiers d’écolier

Le présent en indivis
avec les jeunes lunes
apprivoisait notre impatience
d’amoureux

Nous parlions d’autres âges
d’éternité rebelle
voguant sur l’éphémère

Nous changions de saison
aux quatre coins du ciel

Nous courions de vaisseaux à vaisseaux
vers la mer en détresse

C’était par d’autres temps du monde…
Une planète révélée…

Un chemin secret à chaque pas dépassé…
Une pierre assourdie entre envol et achoppement…
Un voyage en lieu-dit…

Ce risque du vivant
à travers l’usure des destinées

∗∗∗

Elle

est la nuit

antérieure à une nuit

Elle murmure l’engagement

de nos sangs calligraphes

∗∗∗

Le soir descend

bercer le livre vierge des flammes

où page notre enfance des choses

∗∗∗

Le poème dispense  son exception

au cri qui le précède

interroge ce qu’il eut été

si l’avait emporté le souffle sur la flamme

renouvelle son parfum aux fleurs brisées

Fragments, extraits de A contre-jour    le jour, à paraître.

Présentation de l’auteur

Philippe Tancelin

Philippe Tancelin est né Le 29 mars 1948 à Paris. Docteur d’Etat en Philosophie-Esthétique. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont :

  • Ecrire, ELLE 1998 ;
  • Poétique du silence, 2000 ;
  • Cet en-delà des choses, 2002 ;
  • Ces horizons qui nous précèdent, 2003 ;
  • Les fonds d’éveil, 2005 ;
  • Sur le front du jour, 2006 ;
  • Poétique de l’étonnement, 2008 ;
  • Poétique de l’Inséparable, 2009 ;
  • Le mal du pays de l'autre ;
  • L’ivre traversée de clair et d'ombre, 2011 ;
  • Au pays de l'indivis aimer (…) éd. l’Harmattan, 2011. 
  • Tiers-Idées, Hachette 1977; En collaboration avec G. Clancy ;
  • Fragments-Delits,  Seghers 1979 ;
  • L'été insoumis, 1996 ;
  • Le Bois de vivre, l'harmattan, 1996 ;
  • L'Esthétique de l'ombre, 1991 ;
  • La question aux pieds nus ;
  • En passant par Jénine, 2006 (éd. l''Harmattan) ;
  • Le Théâtre du Dehors, Recherches, 1978 ;
  • Manoel De Oliveira, Dis-voir I987 ;
  • Théâtre sur Paroles, Ether Vague 1989 ;
  • Entretiens avec Bruno Dumont, Dis-voir, 2002.

 

Philippe Tancelin

Autres lectures




Mireille Cliche, Dents de quartz et autres poèmes

 

Des oiseaux sur un rivage roux
laissent des hiéroglyphes
octobre a pris feu en une nuit d’orage
souvenir volcanique d’une fête abrégée
la vie pulse rouge
condensée

Rubans d’odeurs fumées douces
une framboise oubliée
concentre sa couleur
vertige tranquille dans la pinède
où couvent des chanterelles
la saison capitule

Au bout des débarcadères
les chemins tricotent
entre des murs burinés
des cheminées odorantes

À la lune des chasseurs
le lac dézippe le paysage
avale les pentes
retouche ses bleus
roule ses histoires
ses ponts de billots ses draveurs brisés
ses nageurs pugnaces

L’abbaye veille dans la brume
les quais dorment et le lac
le lac a trop bercé ses voiles
trop claqué ses vents
il rentre ses bouées ses drapeaux ses oriflammes
endort ses kiosques
ses nuits plumeuses et braves
aspire au repos sous la glace

Les ruisseaux transparents ronflent sous le frimas
écumes et brouillards s’emmêlent
enrubannent les jours
d’un pays où les glaciers
ont fiché dans la mousse
leurs dents de quartz

Crépitement de l’automne
ses roulements sans tambours
sa vaste indifférence

Le lac séduit enveloppe engourdit
prépare lentement son solstice

Un sommeil aussi long que ses côtes
taira ses profondeurs
mais pour l’heure il s’entête
à ronger ses plages

Memphrémagog Mamhlawbagak1
ces noms en castagnettes
racontent des conflits
des forêts à abattre
la contrebande et les bateaux à aube

Des fantômes flottent sur le miroir martelé
rêves et souvenirs s’entremêlent
on appareille pour un dix-millième hiver

 

Rouge ma Rouge

À trop de femmes

Sur la peau gravelée des murs
ces bruns sont-ils du sang
il était grenat sous les coups
là-bas sur la place
quand tu as cru un moment
au pouvoir du nombre

D’où viennent ces sons qui bondissent
sur la terre battue et la fiente
ces bruits lourds de pieds en armes

Rouge ma Rouge
le temps s’écoule de ses blessures
tes ongles bleuissent à gratter les heures
les geôles s’effritent et tout manque
les jardins l’apaisement du soir
tout manque

Les couloirs convergent vers la peur
la lumière les tranche comme un couteau
et la soif ma Rouge
ce béton dans ta gorge
les fissures par lesquelles s’écoulent
ta douleur
le prénom qui te hante

Tu t’es fait voler ta solitude
la trace de la mer dans tes yeux de sel
et ses yeux ses yeux à lui
qui disparaissent

Rouge ma rouge
tu as perdu jusqu’à la paix du sang
sa pulsation tranquille
les voies du silence dans tes artères

L’air bruisse gémit tremble
tu n’entends plus que son nom
son nom à lui couché sur la place
que tu ne reverras pas

 

Pister

Avancer reculer
Flotter craindre se perdre
Se dire oh et peut-être
Ne rien décider attendre l’émergence
Marcher en spirale
Sentir son estomac ses poumons ses cellules
Retenir la peur chien fou
(La laisse scie le poignet)
Retenir la peur molosse épais
(Les jambes s’agitent le dos s’arque)
Sceller ses mâchoires
Croire que demain ou peut-être aujourd’hui
Perte de signal

Avancer se perdre
Dormir dans les ornières
Refaire sa coquille la lécher
N’attendre que soi

Avancer
Placer ses pions programmer
Refaire ses calculs pister
Se demander qui
Et pourquoi

S’arrêter
Attendre consoler
Pleurer

 

Note

  1. Le lac Memphrémagog est un long lac glaciaire dont les eaux se partagent entre le Québec et l’état du Vermont, aux États-Unis. Il tirerait son nom du mot abénaquis mamhlawbagak.

 

Présentation de l’auteur

Mireille Cliche

Née dans la Beauce québécoise mais depuis longtemps montréalaise, Mireille Cliche a concilié une carrière de gestionnaire culturelle avec ses activités d’écrivaine, auxquelles elle se consacre maintenant. Elle compte à son actif six recueils de poésie, dont Jours de cratère pour lequel elle a reçu le prix Octave-Crémazie. Elle a aussi signé un roman ainsi qu’un album mettant en valeur les illustrations de Stéphane Jorisch. Elle est membre du conseil d’administration et responsable du comité Femmes de PEN Québec. Elle a également été membre du comité de rédaction et chargée d’édition de la revue littéraire Femmes de parole.

Bibliographie 

Livres

Lignée suivi de Onze leçons pour mon miroir, Montréal, AMV édition, 2024.

Le règne des incendiaires, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2024.

Le cœur accordéon, Montréal, Éditions du Noroît, 2020.

La pierre dorée des ruines, Montréal, Éditions du Noroît, 1999.

L'onde et la foudre, Montréal, Éditions du Noroît,1994.

Les longs détours, Montréal, Triptyque,1991.

Jours de cratère (poésie), Écrits des Forges, Trois-Rivières,1991. Prix Octave-Crémazie 1991.

Publications résultant de collaborations avec des artistes

Corps perceptifs, Montréal, Centre Turbine, 2020. (Accompagnement littéraire d’un projet de la chorégraphe Sara Hanley avec la communauté sourde et malentendante).

Certificat d’étrangeté, dans Invitation au voyage, Montréal, Maisons de la Culture, 2002.

Tout ce cirque ! (avec Stéphane Jorisch), Montréal, Éditions 400 Coups, 2001.

Microcosme de Raphaëlle de Groot : mystère et compassion, Chicoutimi, Galerie Lobe, 2001. Raphaëlle de Groot : Laisser des traces et Ani Deschênes : Objets de collection dans Skol 1998-1999, fascicule no 8 (décembre 1999).

Parutions dans des anthologies et des ouvrages collectifs

Mythologies, Montréal, Adage, 2023.

Mosaïque québécoise – Femmes des Forges, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2022.

50 ans de poésie 1971-2021, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2021.

Anthologie Debout, Québec, Cercle des solidarités francophones, 2021.

Les petits villages, sous la direction de Bertrand Laverdure, Montréal, 2005.

Mémoire vive/Le fil d’Ariane, Montréal, Dare-Dare, 2004.

Anthologie de la poésie des femmes au Québec des origines à nos jours, Montréal, Éditions du Remue-Ménage, 2003.

Le onze septembre des poètes, Montréal, Éditions Trait d’union, 2002.

Poèmes d’amour, anthologie, compilation par Denise Joyal et Hélène Thibaux, Montréal, Éditions du Noroît, 2001.

Dictionnaire des poètes québécois, Montréal, Guérin, 2001.

Livres et auteurs québécois, Québec, Presses de l’université Laval, 1983.

Autres lectures




Sylvie Poisson, Le poème dans ta main

parfois tu rôdes loin de toi                 tes traces vacillent

            errance entre les mots      tu réclames les ombres

                     glanes des miettes d’enchantement

vol écarlate          quiétude de la neige        

                     novembre dépouillé

tu ne sais pas où va le poème

                                               tu voudrais qu’il te trouve   

***

tu déchiffres les vents             puises les mots

tu esquisses l’indicible           perçois l’invisible       palpes l’intouchable

traduction imparfaite de l’infini       

***

tu ne connais que l’effacement

            tu veux l’embrasement des brindilles           

tu y jettes ton souffle

***

tu cueilles                                                                                                     

le chant du merle    de l’amour    du désir    de la jouissance                         

l’odeur du gazon fraîchement coupé             la brise du soir tremblant sur tes épaules

                        l’ondée épelant sa musique sur le toit

 tes déserts            leurs désarrois            leurs oasis                                         tu cueilles tout

                                                                                                    le poème se dépose dans ta main 

Présentation de l’auteur

Sylvie Poisson

Passionnée des mots depuis l’enfance, Sylvie Poisson a participé au fil des années à plusieurs ateliers et formations littéraires.

Elle a publié trois recueils de poésie : Les clartés offertes (2103) et Les rives accordées (2018) aux Écrits d’à côté et Plonge avec moi, poésie jeunesse chez Soulières éditeur (2024). Ce dernier recueil a été sélectionné par Communication Jeunesse en 2025. Deux autres recueils sont actuellement en chantier.

De plus, un roman policier jeunesse, La première vraie enquête du détective Moche, coécrit avec Patrick Loranger, est paru en 2024 en autoédition. Un second roman jeunesse devrait voir le jour sous peu.

Ses textes sont aussi parus dans des revues, anthologies et collectifs au Québec et à l’international. Le Prix Clément à Marchand lui a accordé à deux reprises une mention coup de cœur pour ses poèmes.

Elle a animé plusieurs ateliers d’écriture. Entre autres, à l’été 2019, Sylvie a coanimé avec Patrick Loranger un atelier d’écriture auprès de dix jeunes âgés de 11 à 14 ans. Ensemble, ils ont exploré le processus de création littéraire en entier à travers l’écriture d’un roman policier jeunesse. Ce projet a été rendu possible grâce à une bourse du CALQ (Conseil des Arts et des Lettres du Québec). Ce projet a reçu le Prix Coup de chapeau de la Fédération québécoise de l’autisme en 2024.

Sylvie a été invitée plusieurs fois au Festival international de la poésie de Trois-Rivières ainsi qu’au Mois de la Poésie à Québec. Elle prend part à différentes prestations locales et à la Maison de la littérature de Québec, à St-Jérôme ainsi qu’à des lectures en ligne.

Sylvie a complété une formation en ergothérapie à l’Université Laval de Québec et elle a exercé cette profession près de trente-cinq ans auprès d’enfants avec des divers problèmes de développement. Elle a aussi été impliquée en collaboration internationale comme bénévole dans un organisme soutenant les services de réadaptation en Bolivie pendant une quinzaine d’années.

Elle vit à Trois-Rivières, au Québec.

Bibliographie 

Sylvie a publié trois recueils de poésie :
Les clartés offertes en 2013 et Les rives accordées en 2018 aux Écrits d’à côté, ainsi que Plonge avec moi chez Soulières éditeur en 2024 (poésie jeunesse).

Avec Patrick Loranger, elle a écrit et publié en autoédition un roman policier jeunesse en 2024: La première vraie enquête du détective Moche.

Autres lectures




Sylvestre Clancier, L’ÊTRE EN QUESTION QUESTIONS DE LETTRES — Abécédaire existentiel et symbolique

        

     A

Attire
A toi l'enfant qui vient de naître !
Abel  est-il
A l'unisson de l’
Ancienne harmonie ?

                       B

Belle promesse de lumière
Béatitude après le cri de vie
Beatrix
Beauté  ou serait-ce la nuit sans le
Bien être,  sans la secrète musique de la mère ?

                    C

Combien de temps faudra-t-il à
Caïn pour transformer l’homme   Ce
Cloporte en humain ?

               D

Devines-tu
David qui sera roi
Demain quand
Daniel a péri
Dans la fosse aux lions ?

            E

Eve
Eviteras-tu la science
Eve
En
Evitant   la pomme
Eve
En te moquant du serpent ?

                 F

Familière
Fantaisie de la
Femme et de la
Forme
Fabuleuse
Fatima
Fille du prophète
Femme d'Ali es-tu sûre de ta main protectrice ?

     G

Génie de la
Génération,
Génitrice
Gaïa, terre féconde, paradigme des
Gamètes bleu vif aux sources de la vie que
Génères-tu?

                  H

Hannibal, te
Hisseras-tu jusqu'au sommet, jusqu'à chanter l'
Hymne parfait
Himalaya de la joie ?

                   I

Imagine l'
Infini, Agamemnon,
Imprime l'
Image fugace de la divinité.
Immoleras-tu ta fille
Iphigénie aux dieux de ton pays ?

                   J

 Jalouse de l'harmonie céleste
Jérusalem de terre et de sang
J'invoque ta mémoire pour la paix.

         K

K Joseph,
Komplice du mystère, chiffre de la
Kabbale
Kafka en son château, en sa métamorphose, sans autre forme de procès.   

                  L

Légère ligne de l'horizon
Lavis de brume et de frimas
Londres, quelle était
L’heure de l'espoir dans
Les ténèbres du vert de gris ?

           M

Maudite lettre du
Malheur :
Marasme
Mort
Malédiction !
Méphisto  le
Malin
Mesure-t-il-le
Mal à l'empan de sa
Main ?

          N

Navire céleste pour sauver la
Nature du
Naufrage
Noé économisait-il sa peine avant que
Ne survienne l'arc-en-ciel ?

  O

Obéir à l'injonction
Ouïr la syllabe secrète
Opérer le point avec l'
Ourse polaire !  L'
O de l'homme peut-il
Ouvrir la voie qui mène à l'
Omega ?

          P

Participe à la quête, va jusqu'à Troie où
Pâris endormi croit maîtriser Hélène !
Prends la pour tes ancêtres,  ta
Patrie de vainqueurs à la mâle assurance.
Prends la pour Ménélas
Pour le sage Nestor ou le rusé Ulysse !

           Q

Qu'attends-tu que diable ?
Que nenni, je n’attends point !
Queneau a des oreilles et fait des exercices
Quel style,
Quand j'y pense et
Que dois-je en conclure ?
Que tout part en quenouille !
Que seule vaut la question !

               R

Ravale ta salive  
Retiens ta parole
Romeo, tu peux plaire en silence, ton œil
Ravageur,  ton charme opère à
Rome aussi bien qu'à Vérone.
Ralentir travaux: Sator Arepo Tenet Opera
Rotas.

                   S

Sacré
Serpent qui
Siffle sur nos têtes
Sois satisfait, la
Science n'était-elle pas
Souhaitée ? Et pourtant quand j'y
Songe, ce n'est pas la
Sagesse : la conscience est restée
Solitaire.

           T

Trouveras-tu la
Tombe du maître,  la voie de la sagesse, la
Trace du passage ?
Tubalcain, forgeron de l'esprit
Tiens-nous la main quand nous marchons dans les
Ténèbres,
Tentes de rectifier notre chemin ?

        U

Ultime envie avant la fin quand l'
Urgence s'élève ?
Ulysse, compagnon de l'humain, sauras-tu
User de tes mains pour rendre
Utile ce que la vie t'a appris ? 

       V

Vin ou
Valium pour ne pas
Voir la vie ou le
Venin subtil de l'ennui ?
Vie in Vitro qui fuit la
Vérité
Vinci lui, Vint et Vainquit.
Victoire de l'art,
Vecteur de l'âme, seule
Voie possible ?

        W

Wellington fut bien vainqueur à
Waterloo, un an plus tôt naissait
Wagner qui plus tard mourut à Venise, mais toi
Wilhelm, tu as su de ta flèche sans boire de
Williamine, transpercer le chapeau de la vilainie.

                 X

« X :La mer cette inconnue : »
Thalassa!  Thalassa!  Voici enfin la mer
Xénophon, chroniqueur de l'Epos
Xénophobe  ou
Xénophile ? Tu dis la Grèce qui devient légendaire
Premier reporter sans frontière.

                 Y

" Ya!  Ya! "  disait l'idiot à la garde barrière
" Je fais venir le train quand tu barres le chemin !
C'est moi! Si, si, c'est moi qui l'appelle de loin! "
Puis la barrière se lève : tous ceux qui attendaient
ont vu à l'horizon le signe de
Yahvé.

  Z

Zut ! C'est déjà fini et « j' n'avais pas
Zenvie » !
Zénon et les sophismes
Zazie et les
Zazous me font bien rire aussi, ainsi va la vie, brave
Zoé.

 

 

 

                                  

 

 

Présentation de l’auteur

Sylvestre Clancier

Sylvestre Clancier, poète, essayiste et critique littéraire est né à Limoges le 19 juin 1946.

Sa formation philosophique l'a amené à entreprendre des recherches sur l'allégorie et le symbolisme, ainsi que sur la patascience et l'imaginaire.
Il est notamment l'auteur d'un Freud, concepts fondamentaux de la théorie et de la psychanalyse freudiennes, (Editions Erès - 1998 ), d'un ouvrage de politique fiction, une fable philosophique, Le Testament de Mao ( Editions J.P.Delville - 1976 ), d’un essai sur la poésie, La voie des poètes, (Editions J-P. Huguet, 2002), ainsi que d'un essai socio-historique La Vie quotidienne en Limousin au XIXème siècle (en collaboration avec Georges-Emmanuel Clancier, Editions Hachette - 1976).
Il a surtout publié des poèmes et des fantaisies en prose.

Sylvestre Clancier a été attaché culturel à l’Office de la Langue Française au Québec (Canada) où il a également enseigné la philosophie. Il a ensuite enseigné la littérature et la civilisation françaises dans les universités de Paris 13 et de Paris 1.
Il a mené parallèlement une activité d’éditeur commencée chez Robert Laffont en 1968, puis poursuivie aux éditions Rombaldi, Belfond, Universitaires, Delarge, Stock, Grand Livre du Mois/Club Français du Livre, Casterman. Il a été co-fondateur et Directeur Général des Editions Clancier-Guénaud pendant douze ans(jusqu’en 1989) et également co-fondateur et membre du Conseil d'Administration des Editions Erès pendant vingt cinq ans, de 1981 à 2006.
Il intervient de manière bénévole dans de nombreuses associations d’écrivains où d’amis d’écrivains dont il est membre actif ou bien d’institutions littéraires dans lesquelles il a été élu.
Ainsi est-il membre fondateur et président de l'Association des Amis de Gaston Miron., membre des associations d’amis de Roger Caillois, de Robert Desnos, de Gaston Bachelard, de Jean Lescure, de Robert Margerit ou de Louis Guillaume, ou encore membre de la Maison des Ecrivains et de la Maison de Poésie.
Membre du bureau de l’ Association Internationale de la Critique Littéraire (AICL accréditée auprès de l’UNESCO), il est sociétaire et administrateur élu de la Société des Gens de Lettres de France. Après y avoir assuré les fonctions de Rapporteur général et de Président de la Commission des Affaires financières et des legs, il y préside les Commissions de la poésie, des affaires européennes et de la francophonie.

Membre élu de l’Académie Mallarmé, il en assure le secrétariat général.
Il est Président en exercice du P.E.N. Club Français et co-président de La Nouvelle Pléiade qui décerne, chaque année, en partenariat avec l’Organisation Internationale de La Francophonie (O.I.F.), le Grand Prix de Poésie de langue française Léopold Sédar-Senghor.
Il est également membre de plusieurs autres jurys, notamment ceux du Grand Prix de la Critique littéraire et du Prix Louis Guillaume du poème en prose et celui des Prix Roger Caillois décernés chaque année dans le cadre d’un partenariat entre l’Académie Française, le PEN Club français et la Maison de l’ Amérique Latine.

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Bibliographie 

Publications
– Saisons et rivages, (en collaboration avec Julia Reix) aux Editions de la Tour de Feu - 1967.
– Profil du songe, aux Editions Encres Vives - 1971.
– Textructions, aux Editions de la Revue Métamorphoses - 1973.
– L'herbier en feu aux Editions Proverbe - 1994 (avec un tirage de tête sur Arche: 70 ex.numérotés enrichis d'une gravure originale d'Anne Ar Moal signée et numérotée).
– Enfrance (Poèmes & Prose) aux Editions Proverbe - 1994.
– Le présent composé, coédition Ecrits des Forges (Québec) et Proverbe - 1996 (comportant 60 ex. de tête signés et numérotés enrichis d'une gravure originale d'Anne Ar Moal).
– L'animal animé, Bestiaire symbolique, aux éditions Proverbe, 1999 (comportant 30 ex. numérotés et signés enrichis d'oeuvres peintes originales - technique mixte- de Sarah Wiame).
– Pierres de mémoire, Coédition Ecrits des Forges et Proverbe, 2000
– Poèmes de la baie, Les Cahiers bleus, 2001
– L’Âme alchimiste, éditions Proverbe, 2002
– Poèmes de l’avant / Poèmes de l’après, La Porte, 2003
– Une couleur dans la nuit, éditions PHI / Ecrits des Forges, 2004
– Ecritures premières, éditions L’Improviste, 2004
– La lingua improbabile della memoria, La Porte, 2005.
– L’éternel éphémère des visages et des corps, avec des reproductions en couleur d’œuvres originales du peintre Dan Barichasse, Prodromus, 2005.
– Un jardin où la nuit respire, éditions PHI / Ecrits des Forges, 2008.
Généalogie du paysage / Quatrains limousins, L’Harmattan, 2008.
– Le Livre d’Isis, Al Manar, 2009.

Livres d’artistes
– Végétal et sournois , avec des dessins de Sarah Wiame, aux Ed. Céphéides - 1996
– Zeppo, enrichi d'oeuvres peintes originales de Sarah Wiame, aux Editions Céphéides - 1997.
– Télégrammes du ciel, enrichi de techniques mixtes originales de Sarah Wiame, aux Editions Céphéides 1997.
– Guetteurs d'Eternité, Le Grand Livre Namiki, Paris et Tokyo 1998.
Ici comme la flèche après l'œuvre du temps, livre d'artiste au tirage limité à dix exemplaires avec des peintures originales de Georges Badin, 1998, présenté à la galerie Berthet-Aittouarès.
– "Couplet de la rue de Bagnolet", livre poème en hommage à Robert Desnos avec des collages de Sarah Wiame, aux éditions Céphéides, 1999 ( exposé à la Librairie Nicaise) .
– Le Dit du marin, poèmes autour de photos d'Anne Ar Moal, printemps des poètes 2000.
– Si loin dans l'océan, livre d'artiste au tirage limité à sept ex., avec des peintures originales de Claude Bellegarde, éditions La Chouette diurne, Paris, 2000.
– La Toison d'elles, livre d'artiste au tirage limité à douze ex., avec des peintures originales d'Augusta de Schucani, 2001, présenté à la galerie Berthet-Aittouarès.
– Requiem pour un oiseau, livre d'artiste au tirage limité à sept ex., avec des peintures originales d'Augusta de Schucani, 2003.
– Ombres et lumières, livre d'artiste au tirage limité à sept ex., avec des peintures originales d'Augusta de Schucani, 2004.
– Comme un jardin secret, livre de bibliophilie imprimé sur vélin d’Arche à tirage limité à trente ex., avec des lithographies originales de Auck, Paris, 2005.
– Reviens au jardin de l’enfance, livre d'artiste au tirage limité à quatre ex., avec des peintures originales d'Augusta de Schucani, 2006.
– Anima mia, livre d'artiste au tirage limité à sept ex., avec des peintures originales d'Augusta de Schucani, 2006.
– Le Livre d’Isis, livre d'artiste au tirage limité à quatre ex., avec des peintures originales d'Augusta de Schucani, 2007.
– La Vierge et la Licorne, livre d'artiste au tirage limité à sept ex., avec des peintures originales d'Augusta de Schucani, 2008.
– Il marche, livre d'artiste au tirage limité à dix-huit ex., dont trois Hors Commerce, avec des peintures originales d'Augusta de Schucani, 2008.
– Rendus à l’infini de ta langue, « livre pauvre », Collection Don du poème conçue par Daniel Leuwers, tirage limité à six ex., avec un lavis original au pochoir d'Augusta de Schucani, 2008.

Présent et présenté dans les anthologies suivantes
– La ville des poètes, Fleurs d’Encre / Le Livre de Poche, Hachette Jeunesse, 1997
– La révolte des poètes, Fleurs d’Encre / Le Livre de Poche, Hachette Jeunesse, 1998
– Jouer avec les poètes, Fleurs d’Encre / Le Livre de Poche, Hachette Jeunesse, 1999
– La poésie française contemporaine de Jean Orizet, Le Cherche Midi, 2004
– Anthologie de la poésie française de Jean Orizet, Editions Larousse, 2007
– Poésies de langue française 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde, Editions Seghers, 2008
– La poésie est dans la rue, 101 poèmes protestataires pour aujourd’hui, Le Temps des Cerises, 2008

Il a présenté la poésie québécoise contemporaine dans Cette langue qu’on appelle le français, Internationale de l’imaginaire, N° 21, L’apport des écrivains francophones à la langue française, BABEL, 2006

Autres lectures




Elvire Ybos, Lieux communs

Dans la danse

Tu avais du mal à rentrer dans la danse
tu hésitais
le soleil décline pourtant

tu regardes maintenant les fleurs
elle balancent leurs jolies têtes au soleil du
printemps

tu cherches des réponses

j'ouvre la baie je te vois
pensive celui que tu aimais
dans le jardin
en friche les bordures disparues

la voix de Montserrat résonne
un jogger passe fluorescent

tu avais du mal à rentrer dans la danse
tu cherchais des réponses.

 

A l'ombre d'un rocher

Il a dit je ne sais pas
mais ce que j'ai vu je l'ai vu

toi étais-tu là ou ailleurs
en expansion ou tapi à l'ombre d'un rocher

Tant et tant se battent ton œuvre un carnage
si « ton »oeuvre porte ton nom
ceux qui le disent les plus cruels

seules les marguerites en témoignent
et le vol des martinets noirs qui signe le printemps
peut-être

le vent est tombé presque
à regarder les branches nues
je suis ici et dans cette chambre de mai où
naissance et mort se rejoignent

il a dit quelque chose l'a quittée
cette chose
l'épaisseur d'un souffle cherchant un passage
peut-être

ici et dans cette chambre de mai
quelques feuilles tremblotent sur des branches
obstinées
les nuages vont bon train
le vent est revenu.

 

L'eau du bain

Certaines conversations
les mêmes mots se répètent
l’ennui
s’immisce
couper court
se lever
quitter les lieux communs
se jeter dans
l’eau du bain
de rivière
dériver
sur le fil
portée
sans retenue
flanquée du chien de la mémoire
qui nage à tes côtés.

Le chemin

 Il n’y a pas d’urgence à ne pas
être seule
seule
sur le chemin à défricher
naître aux formes et aux appels
des oiseaux
des chants s’étendent en ondes sonores
seule
est l’aube en toi qui s’éveille
une lumière de petit matin poitrine ouverte sur le souffle
seule
aux mouvements qui guident pas et pensées sur
le chemin à déchiffrer.

 

Sous tentes

Pourtant tu te répares en regardant
le ciel 
trois oiseaux noirs
le traversent
dans le rectangle blanc que dessinela verrière

des arbres leurs branchages nus à la gueule
de l'hiver
des oiseaux accrochés les consolent qui ont raté le train des migrations
vers l'Afrique
d'autres tentent le chemin contraire    dans le rectangle de la mer accrochés
engloutis ou
versés sur la terre

toi de lettre je ne sais pas
rien sous l'établi ni dans les plis
de ton bleu

les survivants se terrent sous
tentes de toile villages épisodiques    déchets de bâches
plastique
repoussés malmenés tabassés
plus rien   ce qui se passe
le labeur assassin   la trahison sous
le polissage des
contempteurs de mots
meurent les mortels

 toi  de mot je ne sais pas

pourtant ta voix est là

parfois

ici des bouches politiques pressées
empressées d'honorer leur valeur ajoutée
en soustrayant la vie
broient le silence.

Présentation de l’auteur

Elvire Ybos

Née en France, elle a vécu son enfance en Normandie. Elle habite actuellement en bord de mer. Après des études littéraires, elle a passé une bonne période de sa vie professionnelle dans les théâtres. Elle s'est longtemps consacrée à l'écriture dramatique.

C'est la poésie qu'elle signe sous Elvire Ybos qui s'impose à elle depuis plusieurs années.

Se glisser dans le réel fait partie d'un cycle d'écriture en relation avec la marche à pied regroupant également Un pas de côté, États de marche et A la trace. Elle termine un nouveau cycle d'écriture en trois temps : Lieux communs, Savoir vivre, La classe, sous le titre générique  Pourtant revenant toujours.

Elle marche, écoute, observe, met en résonance le dedans et le dehors. Avec la poésie,  elle cherche à capter des instants, des fragments de scènes, des sensations qui surgissent en fonction des lieux traversés, habités, partagés avec les vivants et les morts.

Ses poèmes sont publiés dans les revues  A l'Index, Lettres de Lémurie (éd Dodo Vole), Ecrit(s) du Nord, Poésie Première...

Se glisser dans le réel a fait l'objet d'une adaptation pour une lecture-spectacle poésie et magie. (Création mai 23, reprise en mars 2024 dans le cadre du Printemps des poètes), puis durant la saison 24-25.

Elle participe régulièrement à des lectures publiques afin de faire entendre la diversité des voix de l'écriture. Plusieurs de ses textes dramatiques et littérature jeunesse ont été portés à la scène.

Elle répond à des commandes d'écriture pour les musées.

Elle anime également des ateliers d'écriture auprès de publics variés.

Bibliographie 

Ses ouvrages de littérature jeunesse sont publiés sous le nom de Sylvie Robe.

L'arbre à musique ou les aventures de Séraphine L'Ensemble de Normandie/ Chant du Monde

La petite histoire du grand début Fais-moi signe !

L'eau des rêves fait son lit dans ma tête Fais-moi signe !

Dans le ventre de l'ours éditions Fais-moi signe !

Poèmes choisis

Autres lectures




Samira Negrouche, cinq poèmes

Il fait sombre dehors || toujours autrement || toujours plus || sombre à
Alger et || ailleurs j’ai vu la neige || il y a dix ans la neige || les branches
ont cassé || je m’en souviens et les poteaux brisés || le vent brise et le
poids || la neige sur ma terre-mère || on dit que ce n’est pas si rare || il
neige sur les dunes du Sahara || pas si rare || on a beau revoir la scène ||
neige sur sable || c’est toujours la première fois || qu’il fait trente-trois
degrés un vingt-trois octobre || il fait sombre dehors || c’est midi plein.

***

Il y a des choses Anna || ça n’a rien à voir avec le sein et le téton || ni
avec l’éveil du désir || le réveil des sens || il y a des choses comme le
dérèglement des sens || qui me préoccupent || quand je pense à toi || c’est
aux incendies || à la Californie en feu que je pense || à la Kabylie au
Portugal || à la Grèce à la dune du Pilat || au parc d’El Kala ses oiseaux
migrateurs || à l’ouest du Canada || je ne savais pas que le pays froid
peut brûler || ainsi on brûle le pays froid et l’Amazonie || et l’Australie
encore || rien de Flat à ce sujet || pas lisse || ça grimpe || ça saute || partout
de proche en proche || ça flambe.

***

Il y a une faille en Californie || comme il y a une faille à Alger || moi
aussi je suis nulle en géographie || le plus souvent || j’oublie où se
trouvent les failles majeures || en Méditerranée en Anatolie || sur la mer
morte je ne sais pas || s’il y a autre chose || que la guerre || j’y ai pourtant
nagé || toi et moi vivons || sur la faille || et d’autres que nous || failles et
fissures habitent || nos profondeurs || je suis née le jour || du grand
séisme || une deuxième fois || dans mon berceau || les mères oublient
parfois les nourrissons || elles se sauvent || les mères pleurent d’avoir
oublié || qui pour sauver les mères || je traduis les secousses malgré moi
|| l’échelle n’est pas référencée || je traduis du bout || de la langue.

***

Je n’oublie pas les trente-trois degrés || le chaud quand ça vient à cette
saison on dit || ça rappelle le grand séisme || celui d’Orléansville il y a
quarante-deux ans || moi aussi j’ai peur || quelque chose me secoue ||
j’aimerais avoir une queue à balancer || nous autres humains traduisons
la peur par || des flambées cutanées || des démangeaisons || la maladie
mentale est toujours || une traduction || tu ne sauras jamais || la langue
de départ || زعزعني secouée ébranlée déracinée || accepter la part de
secousses || inventer entre les lignes de quoi || traduire tordu || passer
juste || la frontière.

***

Anna la chaise est renversée c’est à partir de la fin—n’importe quelle
fin—qu’il faudrait réajuster l’oubli—le paradis Anna a parfois un goût
de soleil moisi—quand je pense au soleil je veux penser à Sénac à
Amrouche à Amrani—mais quand je pense soleil je veux penser au
soleil de la Californie—celui que je n’ai jamais vu—cette terre mère
qui t’irrigue—le désir prend place dans ce qui adviendra peut-être—
peu importe si ça advient—à la fin le paradis rétablit la chaise—je ne
dis pas que la chaise redevient droite—je ne dis pas qu’elle se dresse—
mais quelque chose n’est-ce pas doit être rétabli et je crois que c’est
l’idée même du paradis qui m’inquiète—dans le Coran il ruisselle sous
les pieds des mamans—dans le Coran certains retiennent les vierges
offertes aux sacrifiés—il faut renverser le sacrifice Anna—sans doute
rétablir les vierges et les mères—pour le Marabout de Dakar il ne sert
à rien d’aller à la Mecque car dit-il la Mecque c’est le flanc de ta mère—
honore le flanc de ta mère dit-il—il ne dit pas étrangle-toi avec ton
cordon ombilical—mais ta mère comme une Mecque est une terre
promise—il ne faut y voyager qu’une fois—la terre de ma mère est un
cordon joyeux—c’est une chanson dans le bain—thawardets—la
rose—ma mère se rappelle le bain—tous les enfants sont beaux—et le
paradis Anna est une mère dans laquelle on ne voyage qu’une fois—un
refrain qui reste comme un battement lointain—nous ne sommes pas
parfaits Anna—nous ne sommes pas imparfaits non plus—

Extraits de Stations, éditions chèvre-feuille étoilée, 2023.

Samira Negrouche, deux extraits de Stations, Stations, éditions chèvre-feuille étoilée, 2023.

Présentation de l’auteur

Samira Negrouche

Née à Alger où elle vit, Samira Negrouche est poète, essayiste et traductrice. Médecin de formation, elle se consacre à l’écriture. Les collaborations interdisciplinaires tiennent une place importante dans son processus créatif et dans son cheminement de pensée. Elle a notamment travaillé avec la chanteuse et musicienne Angélique Ionatos, l’artiste Marc Giai-Miniet et le théorbiste Bruno Helstoffer. En 2019, elles créent à Conakry avec la chorégraphe Fatou Cissé la performance « Traces ». Elle co-écrit en 2024 « Tremblement » avec la compositrice et musicienne Floy Krouchi et « Pente Raide » avec l’écrivain et performer Marin Fouqué. Voix majeure de la poésie algérienne, elle est traduite dans une trentaine de langues. Parmi ses publications : À l’ombre de Grenade, Éditions Marty (2003), Le Jazz des oliviers, Éditions du Tell (2010), Quai 2I1, partition à trois axes, Éditions Mazette et Traces, Fidel Anthelme X (2021). 
 
Elle publie en 2023 sa traduction du recueil de Nathalie Handal, De l’amour Des étranges chevaux, Éditions Mémoire d’encrier (Montréal), l’anthologie personnelle, J’habite en mouvement ( 2001 – 2021), Éditions Barzakh (Alger) et le volume hybride d’essais, de dialogues et de poèmes Stations aux Éditions Chèvre-feuille étoilée (Montpellier). Son œuvre poétique choisie « The Olive Trees’ Jazz and Other poems » a ététraduite en anglais par Marilyn Hacker et publiée aux États-Unis en 2020, elle a été finaliste du National Translation Award et du Derek Walcott Prize for Poetry. 

© Crédits photos Lili N.

Bibliographie

  • J'habite en mouvement, éditions Barzakh, 2023
  • Stations, éditions chèvre-feuille étoilée, 2023.
  • Traces, éditions Fidel Anthelme X, 2021
  • The Olive Trees Jazz and Other Poems, traduction par Marilyn Hacker, Presse Pléiades, 2020
  • Alba Rosa, éditions Color Gang, 2019
  • Quai 2I1, partition à trois axes, éditions Mazette, 2019
  • Six arbres de fortune autour de ma baignoire, éditions Mazette, 2017
  • Quand l'amandier refleurira, Anthologie, éditions de l'Amandier, Paris, 2012 (épuisé)
  • Le Jazz des oliviers, Blida, Éditions du Tell, 2010
  • Cabinet secret, avec trois œuvres de Enan Burgos, Color Gang, 2007
  • À chacun sa révolution, bilingue fr/it, Trad. G. Napolitano, Naples, Édition La stanza del poeta, Italie. 2006
  • Iridienne, Lyon : Color Gang, 2005.
  • À l'ombre de Grenade, A.P l'étoile, Toulouse 2003 ; édition augmentée Lettres Char-nues, Alger 2006.
  • L’Opéra cosmique, Alger, Al Ikhtilef, Mars 2003. Réédition, Alger, Lettres Char-nues, novembre 2003.
  • Faiblesse n’est pas de dire… Alger : Barzakh, 2001.

Livres d'artistes

  • Cabinet secret, avec trois œuvres de Enan Burgos, Color Gang, 2007.
  • Bâton / Totem - livre d'artiste avec Ali Silem, 2016
  • Voit la nuit - livre d'artiste avec Ali Silem, 2017
  • Nuage du matin - livre d'artiste avec Jacky Essirard, 2017
  • Il ou Elle, livre d'artiste avec Marc Giai-Miniet, éditions du nain qui tousse, 2018
  • Suspends la langue, livre d'artiste avec Marc Giai-Miniet, éditions du nain qui tousse, 2018
  • Flux 1 & 2, livre d'artistes avec Lamine Sakri et Ryma Rezaiguia, Les ateliers sauvages 2018
  • 2X2, livre d'artistes avec Lamine Sakri et Ryma Rezaiguia, Les ateliers sauvages 2018

Ouvrages collectifs

  • Le retour dans Le bocal algérois, édité et mis-en-scène par Gare-au-théâtre à Vitry-sur-Seine, 2003.
  • J’ai embrassé l’aube d’été, Villeurbanne, Éditions La Passe du vent, 2004.
  • L’Heure injuste !, dans L'Heure injuste, Villeurbanne, Éditions La Passe du vent, 2005.
  • Départements et territoires d’outre-ciel, Villeurbanne, Éditions La Passe du vent, 2006.
  • "Nei bastioni della culturalita", dans Violenza sensa legge, (éd.) Marina Calloni, Édition De Agostini, 2006.
  • Dans le privilège du soleil et du vent, Villeurbanne, Éditions La Passe du vent, 2007.
  • "Désertification", dans Anthologie des dix ans du festival Voix de la Méditerranée de Lodève (double CD), poètes sélectionnés par l’écrivain et poète canadienne Denise Boucher. 2007
  • "Café sans sucre, dans Dans le privilège du soleil et du vent, Villeurbanne, Éditions la passe du vent, 2007.
  • "Mon père ce passé présent", dans Mon père, (éd.) Leila Sebbar, Éditions Chèvrefeuille étoilée, 2007.
  • "Correspondance avec l’écrivain Nicole Caligaris", dans Il me sera difficile de venir te voir, Éditions Vents d’ailleurs, 2008.
  • Triangle : Poésies en traduction, Alger: Alpha, 2009.
  • "S’il fallait trouver un sens, dans Pour tous ! Démocratiser l’accès à la culture 1789-2009, Villeurbanne, Éditions La Passe du vent, 2009.
  • Samira Negrouche (ed.), Lignes d'horizons, Blida, Éditions du Tell, 2010.
  • "Qui connait le désert sait qu'il n'est jamais vraiment ouvert", Allemagne Michael Jeismann (éd.), Mauerreise. Grenzsituationen rund um die Welt, Goettingen: Steidl Verlag, 2010.
  • La Vérité de la nature, dans Rousseau au fil des mots, Lyon: Le passe du vent, 2012.
  • Maram al-Masri (ed.), Femmes poètes du monde arabe, anthologie, Paris, Le Temps de cerises, 2012.
  • Samira Negrouche (ed.), Quand l’amandier refleurira, Anthologie de poètes algériens contemporains, Paris, Éditions de l’Amandier, 2012.
  • "Sept petits monologues du jasmin", dans Histoires minuscules des révolutions arabes, Montpellier, Chèvrefeuille étoilée, 2012.
  • "Du Feu que nous sommes". Anthologie poétique. Bordeaux, Abordo Éditions, 2019.
  • Goutte à goutte, revue Europe N° 1094 - 1095 - 1096 été 2020, numéro dédié à Dib en son centenaire et à Jean Sénac.

Traductions de son œuvre

  • A chacun sa révolution, bilingue fr/it, Trad. G. Napolitano, Naples, Édition La stanza del poeta, Italie. 2006
  • Il palo elettrico soltanto, traduction en italien par Giovanni Dettori, dans "Soliana", n°1, (Cagliari), nov. 2007. [archive] Revue de culture, p. 21-25.
  • Banipal, Magazine of Modern Arab Literature, N°45, poèmes traduits en anglais par Marilyn Hacker, Winter 2012.
  • Jazz degli ulivi, traduit en italien par Annie Urselli, Alberobello, Italie: Poiesis Éditrice, coll. Diwan della poesia, 2011.
  • A ciento ochenta grados, traduit en espagnol et préfacé par Carlos Alvarado-Larroucau, Rosario - Buenos Aires, Argentine: Gog y Magog, 2012.
  • Monologues du jasmin, traduit en bulgare par Krassimir Kavaldjiev, Small Press Stations, Sofia, Bulgarie 2015
  • Udsat Erindring, traduit en danois par Morten Chemnitz. NorthLit éditions, Aarhus, Danemark 2018
  • The olive-trees’ Jazz and other poems, traduit en américain par Marilyn Hacker. Pleiades Press, États-Unis, 2020 (finaliste du Dereck Walcott Prize for Poetry 2021 et du National Translation Award in Poetry ALTA 2021)

Autres lectures




Francis Gonnet, ABSENCE

Recule l’heure, recule le silence. L’air habite
encore tes lèvres.

De tes pas, tu attaches la lumière au seuil de nos
pas.

Laisse le vent porter l’haleine chaude au
chemin, avant de disparaitre sous les paupières
du jour.

*

On voudrait que la neige retienne la couleur
d’un sourire, qu’une étincelle ne soit simple
reflet.

Mais derrière une poussière d’étoile, paraît ce
visage brouillé d’absence − cendres d’ombre
brûlée de silence, comme pétales tombés du
cœur.

On attend comme un signe, le souffle bleuté
d’un oiseau, le murmure de l’arbre où niche un
parfum de vent.

*

 

Sciure de pluie − presque nuit. La lumière est
blanche de toi. L’absence est notre hiver.

Vais-je garder le froid au creux des bras, ne
serrer de ta peau que le froissé du drap ?

*

Malgré l’embu des jours, vois ce que tu laisses
de blé en mémoire – une paille tissée de
caresses et de joies, la mie chaude des mots
dans la conque des nuits.

Ton souffle en nos souffles a déployé nos ailes.
À l’horizon, chatoient nos couleurs.

Vois aussi, ce qui comble nos mains, les plumes
de ton regard, un éclat de ton ciel sur les larmes
du silence.

 

Mémoire, donne ta voix au silence.

Pour que vive l’absence, je noue au présent, les mailles de notre histoire, j’attache nos paroles aux lumières d’un poème.

*

A force de soleil, les mots fondent leurs dernières neiges. Le gel ne figera plus l’herbe des regards. On respirera l’haleine des fleurs naissantes.

Car le temps offre ses jardins, où les mauves flétries s’épanouissent et les rayons, glissants à l’embrasure des ombres, sertissent les feuilles encore fragiles.

Présentation de l’auteur

Francis Gonnet

Né le 12 08 1959 à Paris. Enfance et jeunesse à Nogent sur marne. Marié, deux enfants, habite en Normandie.

Après un doctorat de physiologie, Il a fait toute sa carrière dans l’industrie pharmaceutique à la direction des ventes et du marketing, en métropole et à l’outremer.

Attiré, dans sa jeunesse, par la poésie de Baudelaire, Rimbaud, Il a découvert plus tard celle de Rilke, Char, St John perse, Guillevic et Bonnefoy, et plus récemment, André Du Bouchet et François Cheng…

Grâce à son père, le poète Roger Gonnet, il a été sensibilisé, dès son adolescence, à la poésie, en participant, à la fin des années 70, aux rencontres, et à la revue de l’association de la SAPE (société des amis de la poésie de l’Essonne) du poète Maurice Bourg, qui accueillait de nombreux poètes, comme Roger Caillois, Guillevic, Jean Rousselot, Luc Bérimont, et bien d’autres. Il assiste à des récitals de poésie à Paris, dans lesquels Pierre Emmanuel, Jean Claude Renard, viennent lire leurs poèmes. Il participe, dans les années 80, aux prémices de l’association de poésie « Jalon » du regretté Jean Paul Mestas, devenu ensuite « Art et Jalon » sous la présidence de Colette Klein. Il y rencontre, entre autres, Andrée Chedid et publie ses premiers poèmes. En tant que peintre, il illustre plusieurs recueils de poésie (Denise Borias, André Lagrange, Roger Gonnet…) et revues de poésie (La SAPE, Jalon, Poésie première, Traversée, Concerto pour marée…).

En tant que poète, il participe à plusieurs revues (Arpa, Ecrits du Nord, La forge Ed. Corlevour, Traversées, Art et jalon, Poésie première, concerto pour marée, lichen, Saraswati, Indocile…) et anthologies de poésie (SPF, Anthologie 2020, Ed du cygne…). A ce jour, il a publié cinq recueils « Argile de l’aube » en 2018 aux éditions du cygne, et « Clarté naissante » en 2020, chez ce même éditeur, « Promesse du jour » aux éditions Alcyone en sept 21, « Sang de nos racines » Editions du Cygne sept 2022, « Traversée des visages » Editions du Cygne 2023 et « Sous la pierre des nuits » Toi Edition, 2024. Il obtient en 1987, le prix de la rose d’or de Doué la fontaine.

Il est secrétaire et membre du comité de rédaction de la revue Poésie première. Il est sociétaire des poètes français depuis 2018

 

 

Bibliographie 

Recueils de poésie :

  • Argile de l’aube. Ed du Cygne 2018
  • Clarté naissante Ed du cygne 2020
  • Promesse du jour Ed Alcyone 2021
  • Sang de nos racines Ed du cygne 2022
  • Traversée des visages Ed du cygne 2023
  • Sous la pierre des nuit Toi Edition. 2024

Préfaces :  

  • Anne-Marielle Wilwerth : « Vivre au plus près » Editions du Cygne. 2022
  • Parme Ceriset : « Boire la lumière à la source » Editions du Cygne. 2023
  • Patricia Ryckewaert « L’autre rive » Editions Douro, 2024

Livres d’artiste :

  • Sur le pavé froid des nuits  collages de Ghislaine Lejard. Livre pauvre en 3 exemplaires

Revues :

Participation aux revues :

  • Jalon, Poésie première n°73,79,81. concerto pour marée n°14,15,16 lichen 56,57,77,89,90, Saraswati n°16, indocile. 56,57. Francopolis n° 169 Oct 2021, mai juin 2022. Les écrits du Nord n° 41-42. 2023 ARPA 140 juin 23, Traversées 105 sept 23. Voix Oct 23. La forge, Ed de Corlevour.n° 4, Oct 24.
  • Secrétaire et Membre du conseil de rédaction de la revue Poésie Première.

Anthologie et livres collectifs :

  • Anthologie de la Société Française de poésie 2019
  • Anthologie du Cygne 2020
  • Florigène 2020 de la société Française de poésie.
  • Anthologie 2021 « Voix des iles » Ed des Iles
  • Mille et une plumes. Ed Séla Prod 2022

Publications en ligne :

  • Recours au poème, Club de la cause littéraire, les belles phrases, Groupe de la revue bleu d’encre, cercle de l’ardent pays, amis qui aiment la poésie d’Amay, amis de la revue index, Les poètes de la terre…

Illustrations :

  • Méandres du chiffre 5 André Lagrange.
  • Jardin de l’eau. Denise Borias.
  • Bruit d’eau. Roger Gonnet.
  • Revue poésie première 2022, 2023,2024
  • Revue Traversée 2022
  • Revue Concerto pour marée 2023
  • Revue Voix 2024
  • Revue La Forge Corlevour 2024

 

Prix :

  • Prix : rose d’or de Doué la fontaine 1987

Société :

  • Membre de la société des poètes Français.

Poèmes choisis

Autres lectures

Francis GONNET, Sous la pierre des nuits

Un petit livre carré, soigné, composé de petites proses (2 ou 3 par page) qui éclairent les obsessions du poète : neige, nuit, parole poétique, besoin de clarté et de pureté. Deux sections [...]