REVUE PHOENIX — NUMERO 35

Le dernier numéro de la revue phocéenne "Phoenix", livraison 35, fait le tour de l'oeuvre du poète Jean-Pierre Lemaire, proposant entre autres ses inédits de la période "Pandémie", très en prise sur la crise, les gens déboussolés, les villes désertes.

Un bel entretien, mené par André Ughetto, rend clairs les projets d'écriture déliée, les étapes, la place des images bibliques etc.

L'oeuvre lyrique est analysée par Daniel Bergez, "parole lumineuse" de franche humilité, par Geneviève Liautard, , François Deletre... Dans "Le cavalier vert", Lemaire ajuste son regard sur les villes désertées : "Dans le monde dépeuplé l'oiseau du jour dégage les choses une à une de la gangue des siècles". Catherine Fromilhague cherche à percer la "cartographie" de Lemaire, sa "place" poétique, ses "passages" dans les traces proustiennes.

L'éclairage, par Patrick Trochou, de l'oeuvre de D. Grandmont nous rappelle qu'il fut fêté par un numéro ample et mérité d'"Autre Sud".

Un riche "Partage des voix" rassemble des tons et des écritures divers : Arabo, Boucebci, Rannou, entre autres talents.

Je retiens surtout les "sonnets" de Quélen, huit variations cadrées, en quatrains et tercets qui libèrent les formes.

Phœnix n° 35 - Printemps 2021, 192 pages, 14€.

De Karim De Broucker, "Deux poèmes du tabac" : "Enfant, avant de connaître le tabac, je ne pouvais sortir sans avoir bien enfoncé dans ma poche ce que mes père et mère appelaient mes fétiches, je garde en mémoire un petit masque africain servant de pendentif".

De nombreuses lectures (les fameux "Grappillages" d'Ughetto, et des autres collaborateurs). Ce volume de plus de 190 pages est l'expression d'un travail collectif unique autour de la poésie, de la littérature.  Philippe Leuckx




La Revue des revues

La Revue des revues constitue avec le site Ent’revues un fond d’archives, un lieu où la mémoire de ce foisonnement offert par les publications périodiques est préservée. C'est également une revue des revues où l'actualité des revues contemporaines est accessible, actualisée, et qui permet de constater que, quel que soit leur domaine de prédilection, la vie de ces nombreuses publications est riche et dynamique. Archives et recensements de ce qui paraît qu’il s’agisse de sorties ou de créations de revues contemporaines, ou bien de rendre compte du destin d’autres disparues pour des raisons qui sont également abordées, car ces lieux que sont les revues trouvent bien peu d’écho chez les libraires, en bibliothèque ou dans d’autres revues… la Revue des revues et Ent'revues sont des outils précieux de communication et d'élaboration d'une pensée sur ces univers éphémères que sont les revues.

La Revue des revues dessine un panorama diachronique et synchronique riche et essentiel pour que ne disparaissent pas ces fils signifiants venus représenter ce qu’est leur domaine de prédilection, en enrichir la pensée théorique, et en restituer l’évolution. Publication papier, elle a longtemps été placée sous la houlette d’Olivier Corpet que nous regrettons vivement, et a pour rédacteur en chef André Chabin, accompagné par François Bordes, Bernard Condominas, Yves Chevrefils Desbiolles, Erc Dussert, Jérôme Duwa, Claire Paulhan, Jacqueline Pluet-Despatin, Hugo Pradelle à la rédaction et Yannick Kéravec pour secrétaire de rédaction.

Des rubriques récurrentes structurent l'ensemble et permettent un accès clair au contenu : "Etudes et documents", qui met d’emblée l’accent sur le panorama dossier proposé, qu'il soit thématique ou paradigmatique, des "Chroniques", un chapitre consacré aux "Nouvelles revues", un accès à d’"Autres publications et événements", et un dernière rubrique qui propose  des entrées rapides vers l'ensemble et des éclairages sur les participants, "Résumé, auteurs".

La Revue des revues n°67, Mars 2022, 180 p., 60 illustrations n/b, ISSN : 0980-2797, ISBN : 978-2-907702-85-0, prix : 15,50 €.

Le numéro 67 du printemps 2022 partage son sommaire entre Jean Daive, Michel Deguy, Roland Barthes et les petites revues, Mwa Vée, une revue culturelle Kanak que le lecteur peut découvrir, et un focus sur les revues consacrées au cinéma, avec deux articles : "Les cahiers d’études de radio-télévision" et la revue "1985, revue d’histoire du cinéma n°95". Les Chroniques et les pages consacrées aux nouvelles revues complètent ce volume agrémenté par des documents iconographiques de qualité, et qui donnent à voir les unes des publications dont il est question, un plus très appréciable notamment pour la rubrique "Nouvelles revues", car cela permet d’en apprécier la charte graphique, les lignes éditoriales, et la diversité.

Le numéro 64 de cette revue trimestrielle suit le même modus operandi bien qu’elle soit très différente, car ce volume est élaboré autour de la thématique « Femme en revues ». La rubrique "Études et documents" propose une série d’articles écrits par des femmes sur des femmes revuistes. Le dernier article nous offre un "Portrait de groupe avec femmes" impressionnant qui permet d’évaluer l’importance de la contribution féminine à la vie des revues, de leur création à leur cheminement, quel que soit le domaine concerné.

La Revue des revues représente un lieu incontournable dans l’univers des revues, ces laissées pour compte qui bien souvent sont des espaces essentiels parce que dédiés à des positionnements indépendants. Elles garantissent en effet la liberté de propos, des axes de lecture sur une discipline qu’elles permettent de considérer sous des angles bien souvent inédits, et sont également l’endroit où un ferment créatif novateur trouve écho. Somme et lieu de réflexion, Ent’revues et La Revue des revues mettent en lumière le long cheminement mené par ces publications périodiques bien souvent malmenées par l’économie du livre, et pour certaines vouées à une existence de courte durée. Ainsi ne tombent-elles pas dans l’oubli. Mieux encore, grâce à ce fabuleux travail de recensement, de mise en exergue et de réflexion, on se rend compte que chacune contribue à l’élaboration d’un ensemble de publications qui témoignent des pensées et les courants d’une époque et leur offrent la possibilité de s’inventer.




La revue Voix n°6

Le n°6 de la revue Voix reste fidèle aux précédentes éditions. Une tenue sobre et apaisante, grâce au format A4 et à une couverture délicate violet pastel, où une typographie fine et élégante renseigne le lecteur sur les contenus proposés. Des illustrations déployées sur un papier glacé, et un espace scriptural où les impressions sont présentées de manière aérée et légère.

Ce numéro, porté par l’association « Le buffet littéraire » qui est présidée par François Minod, reste sur sa ligne éditoriale : littéraire et artistique. Cette fois-ci encore l’intitulé de ce volume, « Solos, duos, ailleurs & critiques » énonce clairement ces choix qui sont motivés par le désir de créer un syncrétisme artistique et culturel.

Une pléiade de poètes comme Claude Ber, Marilyne Bertoncini, Danièle Corre, Danièle Beghe, Anny Pelouze, François Minod, Mireille Diaz-Florian, Georges de Rivas, Luc Vidal… pour les voix française, côtoient des voix italiennes en les personnes de cinq poètes italiens, un dossier porté et présenté par Marilyne Bertoncini qui après nous avoir permis de lire des poètes anglophones (je pense notamment à Gili Haïmovitch et à Soleil hésitant que les lecteurs francophones peuvent découvrir grâce à son travail) est également la traductrice des poèmes et  nous offre de relire ou de découvrir des voix novatrices de la poésie italienne : Danièle Beghè, Lucas Ariano, Alessandro Rivali, Giancarlo Baroni, Roberto Mosi.

A ces pages qui offrent toute latitude à la poésie de déployer ses multiples horizons sémantiques se joignent des notes critiques, ainsi qu’une rubrique, « Parole à », qui pour ce numéro 6 est donnée à Patrick Quillier. Ses propos font écho aux éditos, et interrogent sur la place et la nécessité d’une parole poétique dans le monde d’aujourd’hui.

Revue Voix n°6, 3ème trimestre 2021, 78 pages, 13 €.

Un volume qui ne fait pas l’économie de moyens, qu’il s’agisse des contenus ou de la tenue, qui en fait un lieu où on aime se rendre, et retourner.




Revue Mot à Maux Numéro 19

Dès son éditorial, Daniel Brochard prévient le lecteur, « on ne croit plus au changement, qui d’ailleurs nous fait peur » (…)

« Il ne nous reste plus que la vie à porter les bras tendus vers le ciel » (…) « Nous sommes condamnés à mourir, ignorés, méprisés … Créer une revue est l’acte le plus désespéré qui soit ». Le poète ne changera rien, il ne sauvera personne, il ne croit pas à sa propre « éternité », il reste marginal et ignoré, pourtant, « chacun dans son coin » « organise sa riposte ». Riposte à quoi ? Au monde tel qu’il croit aller ? La poésie questionne tout d’abord celui qui l’écrit. D’ailleurs, ce même Daniel Brochard, dans son beau plaidoyer pour l’autoédition, plus loin dans la revue, dénonce les « faux éditeurs sur Internet » et termine son argumentaire en affirmant : « Halte au compte d’auteur abusif ! Autoéditez-vous ! » Être poète serait avouer son peu d’importance tout en dénonçant les impostures de celles et ceux qui « s’approprient la misère des plus pauvres » ainsi que leurs rêves.

La revue est riche de voix très différentes, de sujets très divers, justifiant l’éditorial : harcèlement physique ou moral dans le monde du travail, réchauffement climatique, etc.

Revue Mot à Maux Numéro 19, décembre 2021, 4 euros, directeur de la publication Daniel Brochard, 9, avenue des Taconnettes 85440 Talmont-Saint-Hilaire ISSN : 1773-9098

Parmi ces voix singulières, toutes intéressantes, je retiendrais en particulier celle de Catherine Andrieu qui parle de son « vieux Paname », un « chat de gouttière », dont elle a déposé les cendres dans le ventre de son piano, et qui fait un détour par son père : « Non, papa, tu n’as pas cogné un ange ». En quelques pages, fleurit tout un jardin d’imaginaire autour du chat, du père et du piano … Ou encore, Lithopedion, à la poésie-malaise, qui évoque l’énigme d’une conscience : « MA LANGUE ME GÈNE ». On y entend des choses qu’on n’ose pas toujours s’avouer. 

Ma langue me gêne
Elle m’étouffe
Elle est de trop.
Si je pouvais la laisser dégorger
Tiède
Sur un support propre (…) 

 

Ou encore le « Dies irae » de Michel Lamart, type même d’une poésie anti poétique, à propos de l’urgence climatique.

J’ai beaucoup aimé, dans cette revue, la variété des tons ainsi que leur simplicité, laquelle s’allie fort bien à la sobriété de sa maquette. Chaque poète porte avec lui un monde modeste mais irremplaçable. Merci de l’avoir si bien souligné.




ll faut sauver la revue ARPA !

Fondée en 1976, Arpa risquait de disparaître en 2022, sa subvention annuelle étant supprimée. La revue, qui n'est pas une revue de littérature et de poésie régionales, mais « une des rares revues de référence sur la poésie contemporaine française et étrangère », tire son nom de l'Association de Recherche Poétique en Auvergne , et fait vivre la poésie sous la direction de Gérard Bocholier depuis 1991.

 Il lui fallait au moins 40 abonnés supplémentaires pour pouvoir continuer. Le dernier numéro assuré, 133-134 est paru en automne... Il aurait donc été le dernier numéro si la campagne d'appel à l'aide n'avait offert un sursis : la revue pourra survivre, avec une formule nouvelle : l'abonnement (4 numéros, 42 euros) offrira 2 numéros simples de 80 pages et un numéro double de 160 pages – mais un sursis n'est pas une garantie de longévité.

Or, une revue qui disparaît entraîne dans sa mort tout un pan de la culture.

Pour vous abonner (mode de diffusion principal)voir ici : http://www.arpa-poesie.fr/Contact.html

La poésie, déjà si marginale dans le monde de la littérature, pratiquement inexistante dans la presse à grand tirage, a besoin de ces parutions périodiques pour permettre à des voix nouvelles de « tester » leurs textes – un champ littéraire sans apports nouveaux ne peut que s'étioler : si les « poètes » prolifèrent sur le web, et dans des groupes de facebook, tout s'y aplatit, comme l'information omniprésente. Une revue a un projet éditorial, ce qu'elle publie répond à une sélection, et permet à un lecteur – novice ou non – de lire des poèmes de qualité. Par ailleurs, les revues entretiennent une culture commune, qui fait défaut, pour la poésie contemporaine, aux institutions d'éducation. Par la publication d'inédits d'auteurs déjà reconnus, l'exhumation de textes qui sans elles tomberaient dans l'oubli, l'ouverture à des littératures du monde, la revue fait œuvre d'éducation... sans compter qu'elle permet aux éditeurs - et aux auteurs - de faire connaître leurs ouvrages, dont la diffusion déjà restreinte (le bouche-à-oreille plus que les librairies, on le sait) a besoin de ces lectures d'invitations proposées par les critiques.

Les animateurs d'Arpa ont toujours voulu rester ouverts à une grande diversité de styles – les sommaires permettent de retrouver presque toutes les grandes voix de la poésie actuelle, des poètes confirmés et des auteurs débutants.…

Arpa fait aussi une grande place à la poésie étrangère et dans chacun de ses numéros, tient aussi à publier des poèmes d'auteurs encore inconnus, dans Le regard des autres

Le numéro 132 présentait un hommage à Cédric Demangeot, une série de poèmes et de proses, une série de notes de lecture, la chronique de Gérard Bocholier et un groupement de poèmes sous le titre « le fil du temps ». La revue offrait aussi des photos N&B de Bernard Pauty disséminées au fil de la lecture.

Le numéro 133 – octobre 2021 – porte en couverture le titre « proses poétique ». Il propose de rencontrer 37 poètes ou prosateurs, auxquels s'ajoutent les 7 invités du « fil du temps ». On trouvera deux essais – sur François Graveline par Denis Rigal, et sur le thème « vers ou prose » par François Migeot, une série de notes de lecture, une chronique de Colette Minois, ludiquement intitulée « Tirer la langue », qui traite de l'usage exponentiel des jargons et barbarismes qui sévissent sur les médias depuis la crise sanitaire, et de la censure exercée par une bienpensance antiraciste, antisexiste... qui va jusqu'à débaptiser ou condamner des livres. Les « préférences » de Gérard Bocholier - cette « chronique des temps difficiles » nous fait voyager dans les livres qui ont retenu son attention. Au fil du numéro, des pointes sèches de Valérie Peret-Remors associent poésie et art visuel.

On attend avec impatience le premier numéro de 2022 - numéro gagné par le soutien des lecteurs, dont on espère qu'il s'élargira à de nouveaux abonnés. La survie de la poésie est en jeu aussi !




La revue Florilèges n°187

Y a-t—il des fleurs dans ce Florilège-là ? Le mot Florilège provient tout simplement de flos « fleur » et legere « cueillir, choisir ». Quelles fleurs vais-je donc y trouver ?  Me demandé-je naïvement. 

De fait, c’est une invitation pour moi. L’opuscule propose en ouverture une citation de Kundera à la recherche de la « mémoire de ce qui nous a émus » et qui donne à la vie « sa beauté ». Je plonge donc dans la lecture protégée par ce propos apaisant et en quête de ces fleurs secrètes tant attendues mais encore imaginaires…...    

A l’aube, je découvre d’abord « la captivante «  rose du matin » de Christian Amstatt, dont la couleur émerge après  une « nuit de torpeur » Une autre rose, apparait ailleurs, puissante, inspirée cette fois par « de la mignonne »  de Ronsard : cette« fleur de soleil »de Stéphane Mennessier est d’une éclatante beauté1. Elle révèle le magnifique baiser d’amour érotique d’un amoureux « médusé » par sa belle qui entre en une extase pourtant « pudibonde ».

Jean-Marie Leclerq évoque, quant à lui, « une fleur fanée » aux « pétales éplorés » sur un sol de pierre. L’ombre de cette fleur magnifique lui est néanmoins « comme un vêtement ».

Ce bouquet fleuri se disperse dans les pages à travers la pensée de Saint Pol Roux pour qui la poésie est l’art d’apprivoiser la « libellule de l’insaisissable ».

Revue Florilège n°187, Juin 2022.

Marie-Christine Guidone rappelle que la poétesse Marceline Desbordes- Valmore, « maudite » selon Verlaine,a soutenu les pauvres, les prisonniers, les déserteurs et les Canuts révoltés en 1831 et 1834. Précurseur – précurseuse ? – du romantisme, elle a en outre écrit Les roses de Saâdi. Ces roses-là débordent de sa ceinture « étroite » et se déversent en un « odorant souvenir ».

Et nous, quand on ferme le recueil, on a le sentiment d’avoir respiré – avec un doux plaisir – la fleur des mots.

Note

  • Ce poète a obtenu le second prix d’un concours de la maison de poésie Rhône-Alpes de Saint Martin d’Hères, poètes sans frontières : Dis-moi dix mots.




La Revue des revues

La Revue des revues constitue avec le site Ent’revues un fond d’archives, un lieu où la mémoire de ce foisonnement offert par les publications périodiques est préservée. C'est également une revue des revues où l'actualité des revues contemporaines est accessible, actualisée, et qui permet de constater que, quel que soit leur domaine de prédilection, la vie de ces nombreuses publications est riche et dynamique. Archives et recensements de ce qui paraît qu’il s’agisse de sorties ou de créations de revues contemporaines, ou bien de rendre compte du destin d’autres disparues pour des raisons qui sont également abordées, car ces lieux que sont les revues trouvent bien peu d’écho chez les libraires, en bibliothèque ou dans d’autres revues… la Revue des revues et Ent'revues sont des outils précieux de communication et d'élaboration d'une pensée sur ces univers éphémères que sont les revues.

La Revue des revues dessine un panorama diachronique et synchronique riche et essentiel pour que ne disparaissent pas ces fils signifiants venus représenter ce qu’est leur domaine de prédilection, en enrichir la pensée théorique, et en restituer l’évolution. Publication papier, elle a longtemps été placée sous la houlette d’Olivier Corpet que nous regrettons vivement, et a pour rédacteur en chef André Chabin, accompagné par François Bordes, Bernard Condominas, Yves Chevrefils Desbiolles, Erc Dussert, Jérôme Duwa, Claire Paulhan, Jacqueline Pluet-Despatin, Hugo Pradelle à la rédaction et Yannick Kéravec pour secrétaire de rédaction.

Des rubriques récurrentes structurent l'ensemble et permettent un accès clair au contenu : "Etudes et documents", qui met d’emblée l’accent sur le panorama dossier proposé, qu'il soit thématique ou paradigmatique, des "Chroniques", un chapitre consacré aux "Nouvelles revues", un accès à d’"Autres publications et événements", et un dernière rubrique qui propose  des entrées rapides vers l'ensemble et des éclairages sur les participants, "Résumé, auteurs".

La Revue des revues n°67, Mars 2022, 180 p., 60 illustrations n/b, ISSN : 0980-2797, ISBN : 978-2-907702-85-0, prix : 15,50 €.

Le numéro 67 du printemps 2022 partage son sommaire entre Jean Daive, Michel Deguy, Roland Barthes et les petites revues, Mwa Vée, une revue culturelle Kanak que le lecteur peut découvrir, et un focus sur les revues consacrées au cinéma, avec deux articles : "Les cahiers d’études de radio-télévision" et la revue "1985, revue d’histoire du cinéma n°95". Les Chroniques et les pages consacrées aux nouvelles revues complètent ce volume agrémenté par des documents iconographiques de qualité, et qui donnent à voir les unes des publications dont il est question, un plus très appréciable notamment pour la rubrique "Nouvelles revues", car cela permet d’en apprécier la charte graphique, les lignes éditoriales, et la diversité.

Le numéro 64 de cette revue trimestrielle suit le même modus operandi bien qu’elle soit très différente, car ce volume est élaboré autour de la thématique « Femme en revues ». La rubrique "Études et documents" propose une série d’articles écrits par des femmes sur des femmes revuistes. Le dernier article nous offre un "Portrait de groupe avec femmes" impressionnant qui permet d’évaluer l’importance de la contribution féminine à la vie des revues, de leur création à leur cheminement, quel que soit le domaine concerné.

La Revue des revues représente un lieu incontournable dans l’univers des revues, ces laissées pour compte qui bien souvent sont des espaces essentiels parce que dédiés à des positionnements indépendants. Elles garantissent en effet la liberté de propos, des axes de lecture sur une discipline qu’elles permettent de considérer sous des angles bien souvent inédits, et sont également l’endroit où un ferment créatif novateur trouve écho. Somme et lieu de réflexion, Ent’revues et La Revue des revues mettent en lumière le long cheminement mené par ces publications périodiques bien souvent malmenées par l’économie du livre, et pour certaines vouées à une existence de courte durée. Ainsi ne tombent-elles pas dans l’oubli. Mieux encore, grâce à ce fabuleux travail de recensement, de mise en exergue et de réflexion, on se rend compte que chacune contribue à l’élaboration d’un ensemble de publications qui témoignent des pensées et les courants d’une époque et leur offrent la possibilité de s’inventer.




Gustave junior n°2

Un second numéro que l’on peut lire sur écran ou que l’on peut imprimer. Huit pages, 5 poèmes, 5 poètes et une règle de jeu d’écriture proposée par Bernard Friot.

Les cinq poètes : Chiara Carminati, Mélanie Leblanc,  Sandra Lillo, Charles Pennequin et Thierry Renard.

Des poèmes à partager en classe, avec les amis, en bcd ou cdi, ou en médiathèque. Lire ou écouter un poème par jour au minimum est bon pour la santé mentale, le moral et la vie, une petite revue supplémentaire permet ainsi d’augmenter même discrètement la présence  du poème au quotidien. À chacun de la donner à d’autres comme une chaîne d’amitié.

l'abonnement est gratuit sur le site www.gustavejunior.com

 

Gustave junior n°2, Journal de poésie pour enfants, mai 2022, Le Centre de créations pour l'enfance de Trinqueux, www.danslalune.org.




Revue Arpa, 135ème livraison

Sept poètes à la une dans la 135ème livraison de la revue Arpa dirigée par Gérard Bocholier.

Avec Parmi des arbres, Philippe Mathy invite le lecteur à retrouver l’enfance déclinée comme une ritournelle quand « la balançoire reprend vie ». La joie est à inventer chaque jour « pour oublier les nuits cerclées de murs interminables ».

Joseph Ohmann-Krause situe sa poésie dans L’entre-deux de l’inquiétude et de l’espoir. Des enfants ont la fièvre, un pont pourrait s’écrouler mais « les tulipes se tournent vers le soleil » et la tête carillonne de chansons printanières. Le pire n’est pas certain.

Les promesses sont faites, écrit Laurence Lépine. L’espérance dure longtemps qui résiste à la ruine. Et l’allégresse est grande au rythme de la danse quand [le souffle a la beauté d’une nervure]. « Ma neige / Est / Une folie / Qui se / Souvient de tout », dit-elle.

Raul Sebastian Baz est en ses Deuils forcément plus sombre. La mort piétine autour de la table et du vin. Il est trop tard pour pleurer l’absence du temps et des oiseaux. Une vérité qui délivre est aussi une vérité qui enferme. La fin est là, dont on reste à jamais « l’unique spectateur ».

Marie Alloy peint et écrit des Jours bleus empreints de mysticisme. Et toutes les couleurs chavirent parmi les ombres. Mais « Rien ne sombre tout à fait / puisque le jour nous étreint / puisque les mots nous attendent ».

Alexis Bardini aime Le vent qui porte les pollens. Un paysage champêtre de Millet pourrait surgir « Parmi les bêtes et les fruits / Jusqu’au grand âge des mots maigres ». Dans la lucidité du peu voire du manque, [afin de recomposer le courage].

Dans Hauts-fonds et poudre d’âme, Calou Semin invente un pays où « La transparence y serait éteinte / emportant tout ce qui est puissant ». Le silence y prendra part. Le regard et la pensée sauront le féconder.

Revue Arpa, n° 135, Le n° : 12,50 €. Abonnement : 4 n° : 42 €. Adresse abonnement à l’ordre d’Arpa : François Graveline : 8, bld de la République - 63200 Riom Manuscrits, livres et revues : Gérard Bocholier : 44, rue Morel-Ladeuil – 63000 Clermont-Ferrand.

Parmi les autres contributions, notons celle de Michel Reynaud, traversé par le sentier qu’il poursuit avant de « passer de l’autre côté du blanc ». Celle aussi d’Irène Dubœuf qui [habite par intermittence des mots incandescents et noirs]. Avec cette question, si émouvante : « Crois-tu que je puisse sentir la chaleur de tes mains si je me blottis dans les bras du soleil ? »

Dans la partie consacrée aux lectures et recensions, François Graveline évoque le chant V de L’Odyssée d’Homère, traduit par Elisabeth Michel et publié chez William Blake and co. Avec la volonté de « restituer la forme et la force brute de son verbe ». Puis Jean-Pierre Boulic confie au lecteur son admiration pour Faire corps, recueil d’Elisabeth Launay-Dolet publié chez L’Harmattan. Une poésie, dit-il où « on croit entendre des passages des Passions de Jean-Sébastien Bach inspirées des Evangiles ».

Enfin, Gérard Bocholier nous confie ses préférences. Jean-Pierre Vidal notamment, qui écrit « je persiste / tel l’arbre / qui se renouvelle par le frisson » dans son recueil Le vent la couleur aux éditions Le silence qui roule. Notons aussi Garoupe (chez Ballade à la lune). Franck Bouyssou, psychiatre, se souvient de ses consultations en restant au plus près de la distance analytique. « Retrouver l’enfant qui était en elle. Le don qu’elle s’était confié à elle-même, puis, qu’elle avait caché et perdu puisque aucun regard alentour ne l’avait décelé. Retrouver l’essence de son désir perdu », dit-il d’une patiente.

Dans la dernière partie de la revue, intitulée Le fil du temps, remarquons ces vers de Marie-Claude Bourjon : « Je te prends à la gorge / maintenant pour que tu n’oublies pas / Le feu de l’autre côtéde la plaine / Lui aussi tue ».

Cinq photos en noir et blanc, feuillages et ramures en gros plan, d’Elisabeth Launay-Dolet accompagnent cette livraison aux accents souvent métaphysiques.

La revue Arpa coûte 12,50 €. L’abonnement pour 4 numéros s’élève à 42 €.

Adresse courriel : revuearpa@gmail.com




Femmes de parole, paroles de femmes

Créée par Nancy R. Lange, cette revue numérique et papier publiée par Les éditions Femmes de parole et les Editions du Cygne s'adosse aux sessions des rencontres internationales de poésie féminine diffusées sur Zoom et relayées sur d'autres vecteurs de diffusion. 

Cette revue revue poétique et interculturelle internationale est "produite en version numérique et en version imprimée et tirée à 500 exemplaires, à raison de trois numéros par année. Elle est publiée par Les éditions Femmes de parole, un organisme sans but lucratif fondé en 2021 par Nancy R. Lange et basé à Laval, au Québec. La revue ne reçoit aucune subvention gouvernementale pour l’instant

Chaque numéro présente une section Passerelles où deux duos d’autrices du Québec, jumelés à deux duos d’ailleurs, offrent des poèmes de leur cru ainsi qu’un texte explorant la trace de l’écriture de l’autrice que chacune a choisie, dans la sienne. Une deuxième section intitulée Échos et résonance  regroupe des textes de femmes et d’hommes qui rendent hommage à une poète décédée, sous forme de commentaires ou de textes inspirés par son œuvre.  Les textes publiés sont produits sur invitation sauf pour les numéros spéciaux pour lesquels un appel de textes sera lancé. Il est à noter que l’orthographe des textes est uniformisée par la réviseure professionnelle lors de la révision des textes".

Une publication placée sous le signe de rencontres, de partage, pour des voix féminines venues du monde entier. Ainsi dans le premier numéro, Voix visibles,  un sommaire où se rencontrent des noms de tous les horizons : 

Femmes der parole n°1, Voix visibles, Les éditions Femmes de parole et les Editions du Cygne, août 2021, 117  pages, 17 € pour la France, abonnement sur femmesdeparole.org

Nancy R. Lange, la directrice fondatrice de ce festival mondial, Cécile Ouhmani, Brigitte Gyr, Marie-Hélène Montpetit, Nicole Brossard, Sophie Brassart, Hélène Fresnel, Maëlle Dupon, Claudine Bertrand, Annie Molin-Vasseur, Louky Bersianik & Claire Varin (correspondances), Gaëtan Dostie, France Théoret, Annie Landreville, Aimée Dandois-Paradis, Olderin Salmeron, Anna Louise E. Fontaine, Catrine Godin, Marguerite Morin, Angelina Guo, Marco Geoffroy, Stéphane Despatie, Corinne Chevarier, Geneviève-Anaïs Proulx, Mireille Cliche, Duckens Charitable et Fabrice Koffy.

D'autres numéros, parus en 2021 et 2022, sont venus enrichir cette toute jeune revue qui n'est pas qu'une revue, mais un support palpable de ce mouvement initié par Nancy R. Lange, considérable et si nécessaire à notre époque où l'humain semble prendre le chemin de la haine plutôt que de la fraternité. Violence et grâce, justement, met en lumière la condition féminine qui au-delà des frontières témoigne des jougs ancestraux qui pèsent encore sur les femmes. La rubrique Echos et résonance est placée sous les auspices d'Anne Hébert à qui un hommage est rendu par Marie-Andrée Lamontagne, Marie-Pierre Genest, Louise Desjardins, Linda Dion, Mario Cholette, Monique Pariseau, Catrine Godin, Lyne Richard, Guy Marchamps, François Godin, France Bonneau, Jean Perron. 

La première partie de cette belle publication, Passerelles,  croise versions originales anglaises et leur traduction, témoignage de la dimension internationale si besoin était de l'ensemble, et de la volonté de Nancy R. Lange, sans cesse réaffirmée, qui guide ses pas et ses choix depuis toujours : réunir, porter une parole de paix, lutter, surtout, contre la violence, quelle que soit sa nature, son lieu, sa langue. Se croisent Penn Kemp (Ont.) Sharon Thesen (C. B.), Mireille Cliche (Qc.), Catherine Fortin (Qc.), Erin Dingle (Alb.), Sheri D. Wilson (Alb.), Aspasia Worlitsky (Qc.), Nancy R. Lange.

Femmes de parole n°2, violence et grâce, Les éditions Femmes de parole et les Editions du Cygne, août 2021, 134 pages, 17 € pour la France, abonnement sur femmesdeparole.org

Un troisième volume poursuit cette vaste entreprise, Résilience et dépassement, avec un hommage à Anne-Marie Alonzo, et des Passerelles qui croisent des voix poétiques du Québec, du Manitoba français, des territoires du Nord-Ouest et d'Alberta. A signaler enfin, le très beau niveau graphique, et les visuels, qui ponctuent les chapitres et sont soutenus par des citations, pour ces deux derniers numéros, d'Anne Hébert et d'Anne-Marie Alonzo. 

A suivre, à soutenir, à protéger ! Enfin, merci à Nancy R. Lange,et  à l'équipe éditoriale,  Mireille Cliche, Maëlle Dupon, Catrine Godin, Annie Molin Vasseur, Shana Plante-Paquette, Julie Le Roy, Émilie Saunier, Alejandro Natan, Corinne Prince, sans oublier les éditions du Cygne, Patrice Kanozsai, qui soutient toujours ces voix du monde, afin qu'il ne ressemble pas à ce qu'il est en train de devenir !  

Femmes de parole n°3, résidence et dépassement, Les éditions
Femmes de parole et les Editions du
Cygne, novembre 2021,
113 pages, 17 € pour la France, abonnement sur femmesdeparole.org