Revue Voix d’encre, numéro 66

Revue de poésie contemporaine qui paraît deux fois l’an, au printemps et à l’automne, Voix d’encre publie, dans les pages de son numéro 66, des extraits d’œuvres inédites des « alliés substantiels » du temps présent ainsi que de celles de quelques grands aînés d’hier, selon les mots de son fondateur, pour agrandir davantage les domaines où nous voulons respirer et parcourir le monde comme tous les possibles, toutes les dimensions du jour comme les innombrables ailleurs, citant la réflexion d’un de ses « alliés » : « Il faut encore, comme le voulait Alain Borne : « ne pas mourir au moins avant d’avoir allumé pour jamais un brasier de mots tellement clair et brûlant qu’il semble les choses mêmes ».

Le livre, les livres, auxquels renvoie cette belle revue aux peintures ici de Ghani Ghouar, pour mieux illustrer les univers de chacun des auteurs, dans des jaunes mats, des rouges ardents et des noirs abrasifs, s’avèrent l’espace, les espaces d’une scène de papier où se mêlent les gestes croisés du poème et de la création graphique, l’entrelacement de l’expression verbale à l’expression picturale, dans ce double mouvement dont la figure majeure d’Henri Michaux fut l’un des précurseurs, selon sa définition même de l’existence ainsi envisagée dans sa créativité : « Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l’aventure d’être en vie ».

Ainsi, Six poèmes de Robert Kelly, dans leur traduction de l’américain par Christian Garcin, témoignent-ils de la liberté de ton d’un des principaux poètes outre-Atlantique, dont la question si humaine de Transfiguration résonne comme une interpellation aux « frères humains » : « On nous appelle humains parce que / les mots passent à travers nous et nous font mal / on nous appelle humains / parce que nous écoutons mais n’entendons pas / le mot par lequel tu me désignes – est-ce que tu me désignes ? » Impossible communication comme prélude à la plongée dans les ténèbres d’Au moins la nuit de Jean-Baptiste Pedini et à laquelle le poème préliminaire fait écho : « Réveillé en sursaut, on part chercher les paroles défaites, les cœurs qui battent en fond sonore. Loin des messes basses de l’obscurité, de l’immobilité des mots, des bouts de muscles acérés. Simplement loin d’ici. Plus bas il y a d’autres échos, d’autres lenteurs. Et tout un groupe d’ombres est debout sur le quai et pleure doucement, regarde l’eau comme une amie fragile. Le mouvement, la distance en reflet, les soubresauts du ciel. Tout s’agite dans l’œil. Tourbillons insistants, petites pointes aux flancs de l’être. On va dans la nuit comme va un chagrin. »

 

 

Revue Voix d'encre n°66, couverture Ghani Ghouar, mars 2022, 68 pages, 12 €.

À la cuisse de Cranach de Lara Dopff enfante, elle, les pigments d’une nuit matricielle dont elle livre le secret dès les premiers vers : « pour une femme, / la peinture est ce qui / s’écoule de l’arête / de ses jambes jusqu’à la terre. / délivrance / les habitants de Çatalhöyük / fixèrent cette écriture. / les femmes ont en elles / une peinture de la délivrance / et une délivrance de la peinture. » Retournement ironique, la danse que Kamel Tijane esquisse, dans La vie est une marelle d’unijambiste, est celle de cette misérable Marelle éponyme : « La vie est une marelle / Mal dessinée / Sur laquelle je saute / Comme un unijambiste / Je lève les yeux / Des chaussures accrochées / À une corde à linge / M’observant comme des sphynx / Épuisés par les énigmes ». Introduction à la petite musique des Quatuors de Michaël Glück notée au monastère de saorgue : « boite à musique avec danseuse de porcelaine et tutu salue petite boîte à musique grinçante douce grimace acidulée le temps passe et tourne tourne en valse déglinguée ». 

L’ultime paragraphe de l’essai méconnu de Georges Orwell, publié en 1946, Quelques réflexions sur le crapaud commun, traduit de l’anglais par Alain Blanc, enfin, sonne, à travers la réhabilitation de la figure du crapaud, comme un éloge éminemment engagé, à la fois poétique et politique, d’un printemps en regain de vitalité contre toutes les formes réductrices des pouvoirs : « En tout cas le printemps est bien là, même dans les quartiers nord de Londres, et on peut vous empêcher d’en profiter. C’est une réflexion satisfaisante. Que de fois je suis resté debout à observer les crapauds s’accoupler, ou un couple de lièvres faire un match de boxe dans les jeunes maïs, et j’ai pensé à toutes les personnes importantes qui comme vous ne sont pas vraiment malades, affamées, effrayées ou emmurées dans une prison ou un camp de vacances, le printemps est toujours le printemps ! Les bombes atomiques s’accumulent dans les usines, la police rôde dans les villes, les mensonges s’écoulent des haut-parleurs, mais la terre tourne toujours autour du soleil, et ni les dictateurs ni les bureaucrates, même s’ils désapprouvent profondément le processus, ne sont en mesure de l’empêcher. »




Animal : une revue en voie d’apparition

« Chair, os, plumes et poils. » Tels sont les premiers mots que le lecteur retrouve dans ce premier numéro d’Animal. Cette revue biannuelle « en voie d’apparition » ne compte pour l’instant que deux numéros. Par ailleurs, elle a la particularité de paraître en hiver en édition papier à trouver en librairie, et au printemps en édition numérique à lire sur www.revue-animal.com.

Portée par l’association Lettres Verticales (les organisateurs du festival POEMA), la revue Animal se partage entre une grande liberté sauvage et une simplicité extrême. La liberté est celle d’un fauve qui « suit ses instincts poétiques : [qui] va où bon lui semble, rôde, guette, vagabonde et se laisse surprendre ». La simplicité tient au nombre restreint d’autrices et d’auteurs publiés dans chaque numéro : six poètes et un artiste graphique au printemps, qui sont ensuite rejoints par sept autres écrivaines et écrivains en hiver. Pour ce numéro, ce sont les Paysages incertains de l’artiste peintre Arman Tadevosyan qui sont mis à l’honneur.

 

Toutes les contributions d’Animal sont inédites. Elles sont également étonnantes en ce qu’elles font dialoguer la vie intime avec la vie politique, le quotidien avec le sublime, la beauté de la nature avec la crise sanitaire ou encore la guerre en Ukraine.

 Ainsi, la suite de poèmes Sangs mêlés de Claude Favre fait coexister dans l’espace du poème la maladie et l’émerveillement, l’actualité journalistique et l’éloge de la poésie. Cette tension est sensible dans une prose qu’elle brise, scande et violente tout en gardant une certaine fluidité de lecture. Ce paradoxe est possible grâce à l’utilisation des virgules qui signifient à la fois une rupture et un lien : « de la foule je préfère, fermer les yeux, les jours les pires sont à, venir nuit, répercutées pas assez sentinelles ». Claude Favre fait ainsi exister dans sa poésie des termes comme « crise migratoire » ou encore « corps écorchés » qui partagent la page avec « des milliers d’hirondelles » ou des expressions comme « heureusement il reste la poésie ».

Peut-être cette intrication entre la vie intime et la vie publique constitue-t-elle l’une des caractéristiques de notre contemporanéité poétique. Les fragments de Jean-Louis Giovannoni, sous l’intitulé Nous fantômes sont des silences, en offrent une belle illustration dans une écriture où le journal intime tend vers l’aphorisme. Le poète y est en promenade pour nous rapporter les dires des gens qu’il croise, ses pensées et observations, pour ensuite présenter dans un autre fragment des assertions qui rappellent les Feuillets d’Hypnos : « N'insiste pas trop avec les mots, ils sont impuissants à nous loger. »  

Nous dirons, pour finir cette note de lecture, qu’Animal est une revue à suivre dans sa démarche sauvage. Il s’agit d’une publication où le soin, l’attention, et surtout la passion pour la poésie sont manifestes. Une revue ouverte à l’altérité dans son rapport à la peinture, dans son ouverture à des nouvelles voix lors des numéros d’hiver, et dans ses dialogues avec l’histoire de la littérature (Sophie Loizeau y publie, dans une filiation avec Rainer-Maria Rilke, Mes cahiers de Malte). Ce printemps, guettez absolument la prochaine sortie d’Animal de sa tanière !




À la Une d’oulipo.net : site officiel de l’Ouvroir de Littérature Potentielle

« OULIPO ? Qu’est ceci ? Qu’est cela ? Qu’est-ce que OU ? Qu’est-ce que LI ? Qu’est-ce que PO ? OU c’est OUVROIR, un atelier. Pour fabriquer quoi ? De la LI. LI c’est la littérature, ce qu’on lit et ce qu’on rature. Quelle sorte de LI ? La LIPO.

PO signifie potentiel. De la littérature en quantité illimitée, potentiellement productible jusqu’à la fin des temps, en quantités énormes, infinies pour toutes fins pratiques. » : ainsi le texte liminaire par les éminents Marcel Bénabou et Jacques Roubaud présente-t-il leur site oulipo.net entièrement dévoué à la diffusion, à la publication, au partage des activités de ce groupe, de ce mouvement littéraire qui traverse le temps pour faire grandir les potentialités de la littérature par la pratique d’exercices sous contraintes, rappelant donc que ce « faire » qui a déjà engendré des œuvres remarquables, parmi lesquelles celles de Marcel Duchamp, Raymond Queneau, Georges Perec, renoue ainsi avec l’étymologie grecque du mot « poésie » : « poiein », « faire », « créer » !

Présentant de multiples textes en ligne, dans cet espace fraternel des oulipiens, depuis la récapitulation au fil des saisons des Jeudis de l’Oulipo, la diffusion des publications de ses auteurs actifs, le partage des faits et dits de chacun, la confidence de multiples contraintes créatrices, récréatives, inspirantes, jusqu’à la note biobibliographique de ses personnalités marquantes d’un collectif qui, non seulement à travers ses membres fondateurs mais encore à travers ses figures contemporaines les plus innovantes, est devenu le diapason d’œuvres aussi majeures qu’intrigantes, depuis La Disparition de Georges Perec jusqu’à Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau, en passant par le récent Goncourt de la poésie 2021 revenu à Jacques Roubaud pour l’ensemble de ses recherches, à la croisée du jeu, de la poésie et des mathématiques, dont peut-être l’un des écrits les plus intimes, Quelque chose noir, 1986, fait jaillir la lumière de la plus obscure des épreuves, la perte de l’être aimé…

OULIPO, catalogue de l’exposition du 18 novembre 2014 au 15 février 2015, BnF/Gallimard
oulipo.net

Ce site riche tant de son histoire passée prestigieuse que de ses découvertes présentes novatrices, offre un visage divers, pluriel, multiple, à un groupe de recherche dont la somme dépasse les individualités et dont la quête commune essentielle fait également ressortir la singularité de chacun de ses instigateurs. Dans un souci que l’on pourrait qualifier de pédagogique, l’exploration des chefs d’œuvre de ce mouvement sans cesse renaissant, pour ne pas devenir stricte bibliothèque au sens « muséographique » mais au contraire encore s’avérer un labyrinthe vivant et résolument créatif, se double d’une invitation à s’approprier les possibilités des consignes d’écriture, des trouvailles et autres inventions, telles celles proposées dans sa rubrique fondatrice : Contraintes

C’est peut-être cette puissance éminemment poétique de l’écriture, vectrice par les jeux de langage d’une poésie toujours à réinventer, d’un agrandissement des possibles, « Ouvrant » la « Littérature » cachée dans les ratures de chacun à la « Potentialité » des trésors de la langue, des langues, à trouver entre les lignes de l’OuLiPo, confirmations sous-jacentes d’un grand mouvement international, cosmopolite, universel, à travers lequel chacun peut reprendre le flambeau et devenir, dans cet espace, un de ses multiples « potentiels », tous fils et filles de cette grande aventure, de cette mystérieuse épopée, de cet énigmatique récit, à la conquête des pouvoirs mêmes les plus insoupçonnés d’une poésie jamais définitive, toujours ouverte…

A lire : un entretien avec l'oulipien Ian Monk, oulipien sur Recours au poème => Ian Monk, oulipien dans la forme




Vous prendrez bien un poème ?, la feuille poétique de Françoise Vignet

La Lettre créée et gérée par Francoise Vignet « Vous prendrez bien un poème », circule gratuitement à un rythme hebdomadaire auprès d’un réseau d’abonnés qui ne cesse de s’élargir1.

Françoise Vignet nous a raconté l’histoire singulière de cette Lettre. Nous sommes en janvier 2011 : elle commence à partager les poèmes qu’elle aime et à  les offrir à ceux qu’elle appelle "les miens", ses amis proches, amis familiaux, amis de voyages, amis voisins, et autres. Des personnes dont les modes de vie sont fort diversifiés.

Elle trouve alors dans ce projet une manière « d'étoffer son retour en poésie » et  « d'inscrire le poème au fil des jours », mais  aussi de briser l'isolement de la grande campagne où elle vient alors tout juste de s’installer.

Page du livre d'artiste du "Journal de mon talus" de Françoise Vignet avec une aquarelle © Claudine Goux.

Dans ce contexte, « le plus simple, le plus accessible, le moins onéreux était bien de procéder par courriel ». Mais lorsqu’une lectrice lui fait savoir qu’elle ne peut recevoir le format du fichier de la Lettre, elle opte pour un envoi en pleine page. Le poème est véritablement envoyé et pris en plein visage. Le « poème au visage », comme elle l’appelle, est « infiniment plus judicieux qu'un poème en dossier joint, que l'on ouvrirait "tranquillement", c'est-à-dire que l'on oublierait sans doute ». Et si le poème choisi ne dépasse pas une page, en principe, son auteur est diffusé pendant deux semaines, ce qui permet de découvrir sa poésie. « Mon désir, dit-elle, est bien d'adresser le poème à beaucoup, à qui veut bien l'écouter ou même le survoler ». La diversité du lectorat étant pour elle une donnée infiniment précieuse pour la vitalité de cette feuille poétique, « vitalité discrète, d'ailleurs » précise- t-elle.

Il fallait bien sûr donner un titre à cette Lettre : « Je ne voulais surtout pas d'esprit de sérieux, plutôt une invite familière, quasi-ordinaire, légère... voire plaisante ». Au départ, elle propose Vous prendrez bien un petit poème ? « pour ne pas trop effaroucher le lecteur », dit-elle, jusqu’à ce que l’un d’entre eux  lui fasse remarquer que  l’adjectif "petit", non seulement « minimise  « le geste » du partage poétique mais plus encore  ne s’adapte pas à la publication  de "grands" poètes.

La Lettre est lancée. Elle diffuse des poèmes édités à compte d’éditeur ou en revue : « tous les poèmes arrivent assortis de leur référence précises, ce à quoi je tiens beaucup. Tous viennent d'ouvrages et de revues tangibles en leurs feuillets. Je refuse les inédits... cela deviendrait tout autre chose, un tout autre travail. Sauf lorsqu’un poète et lecteur reconnu me l'adresse ». Françoise Vignet est claire sur ce point, il  s’agit pour elle « d’une exigence de qualité ».

Les poèmes choisis sont des « coups de cœur » : « cette feuille doit demeurer un espace de liberté, à l'abri des injonctions » précise-t-elle. « C’est le poème qui me choisit. Quitte à laisser en attente tel ou tel auteur pour lequel je serai disponible plus tard ». 

Dès les premiers envois, des lecteurs réagissent, ce qui justifie alors la création d’un Courrier des lecteurs qui fonctionne depuis maintenant 11 ans. Ils encouragent le projet, le soutiennent. Ainsi, en août 2011, le poète et éditeur Gaston Puel manifeste son intérêt avec enthousiasme : «  les poèmes assez courts conviennent à ces voyages que vous dirigez. Et de savoir que ces petits écrits rebondissent et repartent vers une autre destination, me paraît la meilleure amitié envers le texte. Peut-être est-ce (dans le triste terrain actuel) la plus vivante des « revues » que vous avez créée ! Le « Web » est, de plus, un excellent facteur »

Le point de vue des lecteurs est essentiel. Ils donnent  leur point de vue, partagent des émotions, mais aussi transmettent des informations sur des recueils qu’ils ont particulièrement aimés, ou encore sur des actualités poétiques, ou artistiques. Une lectrice écrivait que le « poème de chaque semaine était devenu un moment très important dans son existence (son père s'acheminait vers la mort) ». Voilà qui parle » remarque Françoise Vignet « de la force que transmet le  poème, de la qualité du silence intérieur qu'il crée, de l'espace respirable qu'il propose ».

Notons  encore ce lecteur qui, en mars 2012, cite Philippe Jaccottet qui évoque « des espèces de voyageurs » (..) dont les « pas (sur les chemins du dehors ou du dedans) dessinent, indépendamment de toute appartenance à un groupe, et de tout programme, gratuitement, un réseau qu'on voudrait aussi invisible et aussi fertile que celui des racines dans la terre. (...)  On n'en tire aucune vanité, on en parle à peine, on n'enrôle ni n'excommunie personne, on ne se croit pas autorisé à faire à personne la leçon : mais la conscience, ou le rêve de ce réseau est notre moins fragile appui. »

Très vite, les éditions Multiples, L'Arrière-Pays, la revue Friches ou encore Les Cahiers de la rue Ventura  s’intéressent  à l’initiative et  proposent régulièrement un staff de poètes , de revuistes et d’éditeurs, qui seront eux-mêmes diffusés au fil du temps, « ce qui sensiblement va modifier le lectorat et la portée de cette Lettre ».

Suivra alors une anthologie en ligne, dont les accès sont privatifs et gratuits, de façon à ce que chacun puisse lire les poèmes antérieurement diffusées.

Et ainsi le cercle s’élargit, les poèmes circulent, la poésie « touche », appelle, traverse l’Hexagone, en dépasse les frontières (UK, USA)

Aujourd’hui la Lettre compte 142 abonnés-lecteurs, pour certains poètes.

Le carton d'anniversaire rassemble les noms des poètes diffusés ces onze dernières années. Un beau panorama qui privilégie la poésie contemporaine : Mais « les "voix" sont variées », dit-elle, « même si j’ai tendance à exclure la poésie expérimentale ».

L’essentiel n’est-il pas que le poème vibre pour le lecteur, comme une présence intense, attendue, ouverte  à ce qui le déborde et l’excède. C’est peut-être même sa seule justification,

Nous n'appartenons à personne sinon au point d'or 
de cette lampe inconnue de nous, inaccessible à nous 
qui tient éveillés le courage et le silence.

René Char Feuillet d'Hypnos2

Notes

  1. Demande d’inscription à adresser à : vignetfrancoise@gmail.com
  2. inRené Char, Oeuvres complètes, Introduction de Jean Roudaut. Editions La Pléiade, 1983, p.176.

Image de une : page du livre d'artiste du "Journal de mon talus" de Françoise Vignet avec une aquarelle © Claudine Goux.




Traversées n°100

Une revue qui fête un centième numéro, ça se salue ! La fidélité au travail, le soutien des poètes et des abonnés, tout ceci crée des liens et se moque des distances. Cette revue porte bien son nom puisqu’elle offre à ses lecteurs de traverser plusieurs pays, plusieurs écritures, plusieurs regards.

Une revue imposante aussi : presque 200 pages de poèmes et une nouvelle. Des poèmes qui vont du haïku au sonnet, en passant par le petit pavé de prose ou le poème dit libre.

Un peu plus d’une vingtaine d’auteurs à découvrir, à retrouver, à suivre…

Une revue toute simple aussi, quelques photos en guise de pause : des anciennes couvertures, en couleur. Le texte, l’auteur. Sobriété ; beauté.

Parmi les auteurs, j’en citerai trois qui m’ont interpelé plus particulièrement : William Cliff, Philippe Leuckx et Michel Ménaché.

 

Revue Traversées n°100, 2022 I, abonnement : 30€ les trois numéros, https://revue-traversees.com




I Vagabondi n°2 — Revue de création des deux rives de la Méditerranée

Second opus de cette revue qui affirme sa  présence singulière dès le premier regard. Couleurs, direction artistique, et promesse d'un contenu éditorial remarquable car représentatif du vivier créatif des « deux rives de la Méditerranée ». Editée en Corse par Jean-Jacques Colonna d’Istria et les éditions Scudo, I Vagabondi est une revue de grand format  ouverte sur les arts et les cultures, qui, "dans la planète culturelle de l’île vient ainsi compléter  la renaissance du genre », «avec les revues « Qui » «  Musanostra » et «  Litteratura », plus « littéraires » que « visuelles » qui « font de la Corse une région à la pointe de la création, qu’elle soit écrite ou imagée. » 

Ce second volume aborde les thèmes de la sexualité en Méditerranée, et celui du respect de la nature, présentés par jean-Jacques Colonna d'stria dans son édito :

Dans cette nouvelle livraison, il n’est plus question de Festival Romain Gary que la coronavirus a emporté, mais il reste la Méditerranée au centre des débats, avec deux thèmes récurrents, éternels et donc bien actuels… Le premier plébiscité par les jeunes lecteurs - on s’en doutera :  « la sexualité ». Le second, par d’autres, peut-être « moins jeunes », encore que... :  « Le respect de la nature », ce dernier thème nous ayant paru être une évidence, suscitée par une citation empruntée au magnifique philosophe Marcel Conche extraite de son  essai  « La nature et l’homme » paru  aux éditions «  Les Cahiers de l’Egaré » en avril dernier :  «  le respect n’est pas dû seulement aux humains mais à tout ce qui vit y compris le ver de terre ».

I Vagabondi - Revue de création des deux rives de la Méditerranée - Scudo Editions, Hiver 2021/2022, 168 pages, 15 € - version numérique disponible sur le site de l'éditeur à 8 € : https://www.scudoedition.corsica/product-page/i-vagabondi-n-2-numérique

 Si l’esprit du premier numéro s’est en effet ouvert à de nouveaux espaces et de nouveaux thèmes, il s’est enrichi grâce à la participation de créateurs venus de « l’extérieur » à la Corse, notamment avec le romancier turc Nédim Gürsel, le journaliste italien Alessandro Michelucci, la provençale Marilyne Bertoncini, l’andalouse Rosa Romojaro ... La création graphique n’a pas échappé à cette ouverture grâce à l’artiste roumaine Karin Guni, à l’algérien Rachid Koraïchi, à la photographe Mathilde Collot, retirée en Italie ou encore à Julien Blaine, toujours fidèle au Moulin de Ventabren.

Il est clair que cette revue de création se veut le lieu d'un syncrétisme artistique et culturel. Il semble que cette seconde livraison l'affirme bien plus évidemment que la première, et peut-être est-ce ce qui motive ces quelques lignes au début de l'édito de Jean-Jacques Colonna D'Istria  "Ou bien ce deuxième numéro qui aura été le second, aura suscité chez le lecteur l’envie d’en lire une troisième livraison, voire une quatrième, puis encore une autre… ou bien ce numéro sera bien le second et donc le dernier parce que l’élan suscité par le premier envoi n’a pas tenu ses promesses. Gageure donc que d’oser un nouvel envoi avec ce numéro 2  de I VAGABONDI. Les lecteurs jugeront…".

Pas de crainte, c'est une très belle publication qui propose une cinquantaine d'artistes, plasticiens, poètes, auteur-e-s, pluridisciplinaires et de nationalités différentes. L'écrit, qui laisse une large place aux auteurs corses, Norbert Paganelli, Etienne Perfetti, Dominique Ottavi, Saveriu Valentini, Marc Giudicelli, Tina Bartoli, Dominique Pietri, Guy de Compiègne, Victor Cabras,  Pedru Cuneo-Orlanducci, Antone Marielli ou Saveriu Valentini… 

Mais ainsi que le souligne le directeur de la publication dans son édito "« l’image », le « visuel »", occupe une place prépondérante, "puisque I VAGABONDI se propose d’être un creuset, celui de la création artistique sous toutes ses formes, celui d’artistes vivant en Corse comme Orso, Toni Casalonga, Agnès Accorsi, Julien Osty, Françoise Serièys, Arlette Shleifer, Mario Sépulcre, Linda Calderon, Françoise Perbet-Savelli, Jean-Pierre Savelli ou encore Vincent Milelliri…"

De plasticiens déjà publiés dans le N°1 de la revue  comme Xavier Dandoy de Casabianca, Julien Blaine, Mohamed Almadaoui, Dominique Appietto, Jean Torregrosa, Aristide Nerrière, Marc Colonna d’Istria, Lora K…, mais aussi "de jeunes créateurs enfin comme Marie-Ange Filippi, Marion Stromboni, Estelle Petit, l’indéprimeuse, et Laure Filippi" ou encore Marilyne Bertoncini  se mêlent et donnent à la globalité créée une tonalité unique et irremplaçable.

Ainsi, au fil des pages dépose ou de poésie, le thème est décliné en duo ou en solo comme l'article de Xavier dandy de Casablanca, "Prélude à une poésie visuelle" ou encore cette publication, texte et images, de Marilyne Bertoncini, Minotaur/A(riane), dont les photos soutiennent un long poème dédié au désir féminin imprimé en lettres blanches sur ses photos d'écorce, de troncs, de bois dont les linéaments et les circonvolutions illustrent parfaitement les entrelacs de nos inconscients, la potentialités polyphoniques du poème qui dévoile des couches sémantiques inédites et toujours renouvelées, et la thématique du numéro en liant ce désir à l'élan vital de la nature.  

Mohamed Amadaoui et Karin Guni, Saveiru Valentini, Marc Colonna d'Istria, et tant de noms, 52 au total qui se succèdent dans un tourbillon de visuels hautement mis en valeur, en couleur, en page. 

Des rubriques permanentes structurent également l'ensemble, comme par exemple  "Le Feuilleton" d'Aristide derrière,  qui renoue avec la tradition du roman feuilleton des premiers périodiques en proposant un texte frictionnel en prose qui paraît en épisodes successifs. 

Belle réussite donc pour ce second volume. Si le premier a permis de connaître cette nouvelle venue le second numéro affirme haut et fort une identité qui place décidément I Vagabondi dans le groupe des" grandes" - entendons par grandes ces publications qui ne s'identifient qu'à ce puissant désir d'affirmer une existence propre sans rien sacrifier à une appartenance générique ou artistique prédéfinie. La valeur n'attend pas le nombre des années... 




Revue Mot à Maux Numéro 19

Dès son éditorial, Daniel Brochard prévient le lecteur, « on ne croit plus au changement, qui d’ailleurs nous fait peur » (…)

« Il ne nous reste plus que la vie à porter les bras tendus vers le ciel » (…) « Nous sommes condamnés à mourir, ignorés, méprisés … Créer une revue est l’acte le plus désespéré qui soit ». Le poète ne changera rien, il ne sauvera personne, il ne croit pas à sa propre « éternité », il reste marginal et ignoré, pourtant, « chacun dans son coin » « organise sa riposte ». Riposte à quoi ? Au monde tel qu’il croit aller ? La poésie questionne tout d’abord celui qui l’écrit. D’ailleurs, ce même Daniel Brochard, dans son beau plaidoyer pour l’autoédition, plus loin dans la revue, dénonce les « faux éditeurs sur Internet » et termine son argumentaire en affirmant : « Halte au compte d’auteur abusif ! Autoéditez-vous ! » Être poète serait avouer son peu d’importance tout en dénonçant les impostures de celles et ceux qui « s’approprient la misère des plus pauvres » ainsi que leurs rêves.

La revue est riche de voix très différentes, de sujets très divers, justifiant l’éditorial : harcèlement physique ou moral dans le monde du travail, réchauffement climatique, etc.

Revue Mot à Maux Numéro 19, décembre 2021, 4 euros, directeur de la publication Daniel Brochard, 9, avenue des Taconnettes 85440 Talmont-Saint-Hilaire ISSN : 1773-9098

Parmi ces voix singulières, toutes intéressantes, je retiendrais en particulier celle de Catherine Andrieu qui parle de son « vieux Paname », un « chat de gouttière », dont elle a déposé les cendres dans le ventre de son piano, et qui fait un détour par son père : « Non, papa, tu n’as pas cogné un ange ». En quelques pages, fleurit tout un jardin d’imaginaire autour du chat, du père et du piano … Ou encore, Lithopedion, à la poésie-malaise, qui évoque l’énigme d’une conscience : « MA LANGUE ME GÈNE ». On y entend des choses qu’on n’ose pas toujours s’avouer. 

Ma langue me gêne
Elle m’étouffe
Elle est de trop.
Si je pouvais la laisser dégorger
Tiède
Sur un support propre (…) 

 

Ou encore le « Dies irae » de Michel Lamart, type même d’une poésie anti poétique, à propos de l’urgence climatique.

J’ai beaucoup aimé, dans cette revue, la variété des tons ainsi que leur simplicité, laquelle s’allie fort bien à la sobriété de sa maquette. Chaque poète porte avec lui un monde modeste mais irremplaçable. Merci de l’avoir si bien souligné.




Possibles N°23, revue de littérature

La revue de littérature Possibles, fondée et dirigée par Pierre Perrin, entame un renouveau. Elle abandonne la virtualité de la toile pour renaître, trimestriellement, sous forme de livre d’encre et de papier.

Créée en 1975, ses numéros, successivement ronéotés puis imprimés paraissent pendant 40 ans. Puis, à partir de 2015, ils sont publiés en ligne. Le concept : consécration, révélation, re-visitation, recommandation. Quatre auteurs sont présentés chaque mois au fil des soixante-deux numéros. Au total ce sont trois cents poètes qui figurent dans Possibles depuis sa création.

Mais d’où vient ce titre « Possibles » ? La réponse de Pierre Perrin nous est donnée dans la quatrième de couverture : « Le titre Possibles signifie que chaque poète proposé existe à la mesure de votre plaisir de lecture. »

Dans ce numéro, le plaisir est à la hauteur des poètes choisis, poètes qui, pour reprendre l’expression de Pierre Perrin, « redescendent de l’internet au bon livre ». En effet, leurs poèmes sont parus en ligne entre octobre 2015 et février 2021.

Possibles, revue de littérature, N°23 - Mars 2022, 120 pages, 15€.

On peut y lire Jacques Réda, Jean Pérol, Annie Salager, Jean Orizet, Vénus Khoury-Ghata, Richard Rognet, Chloé Radiguet, Philippe Delaveau, Béatrice Marchal, Jean-Pierre Siméon, Jeanne Orient, Jean-Michel Maulpoix, Ève de Laudec, Jean-François Mathé, Colette Fournier, Jean-Yves Masson et Claire Boitel.Leurs poèmes, en vers et en prose, nous parlent de séparation, d’absence, de vieillissement, d’amour, de mort, de vie avec la mort, d’éternité. La quinzaine de notes de lecture — écrites par Pierre Perrin le plus souvent et sur les auteurs présents dans ce numéro — est introduite par Risquer un pied dans l’éternité, dédié à Jeanne Orient (extrait d’une conférence donnée en 2003).

Dans Risquer un pied dans l’éternité  il est question du pouvoir de l’écrivain, capable  « d’ouvrir grand les portes de la prison », mais aussi de la nécessité pour lui de publier et d’être reconnu par ses pairs, de ses mille raisons d’écrire, l’acte d’écriture étant « une communication où l’on change moins autrui qu’on ne se transforme soi-même », de la façon dont il écrit : « l’écrivain apparait inspiré quand les mots attendus sont ceux qu’il n’attend pas », dans la voix d’encre de son monologue, l’écriture éclaire son âme dans sa solitude car l’écriture participe à la spiritualité « il n’est pas question d’être dieu, ni d’encens, encore moins de gourou ; il s’agit d’une marche vers une lumière qui grandit en soi-même ».

Un cheminement, une quête qui habite tout poète, et qu’illustrent parfaitement ces mots de Béatrice Marchal (page 47) : « – Il arrive que les mots permettent de construire des demeures – demeures de mots animées par la joie, éclairées par l’être, ouvertes à l’esprit, qui abritent la vie nécessaire à la plénitude recherchée.»1

 

Note

 

  1. Béatrice Marchal, Un jour enfin l’accès, suivi de Progression jusqu’au cœur, L’herbe qui tremble, 2018.




Francopolis, 170ème Édition : Janvier-Février 2022

Francopolis est une revue de poésie en ligne qui paraît tous les deux mois. Créée en 2002, elle offre une place d'honneur à la poésie "mais pas seulement", elle "en appelle" aussi  "à toutes les francophonies, et raffole des arts…".

 

Ce numéro a été réalisé grâce à Gertrude Millaire, Éliette Vialle, Michel Ostertag, Dominique Zinenberg, Mireille Diaz-Florian, François Minod et Dana Shishmanian qui est aussi la cheffe d'orchestre de ce sommaire d'une grande richesse comme à l'accoutumée.

Les rubriques habituelles sont aussi nombreuses que variées :

ACCUEIL - SALON DE LECTURE - LECTURES-CHRONIQUES - CRÉAPHONIE - UNE VIE, UN POÈTE - D’UNE LANGUE À L’AUTRE - FRANCO-SEMAILLES - VUE DE FRANCOPHONIE - ANNONCES & LIENS - BIBLIOTHÈQUE FRANCOPOLIS - COUP DE CŒUR - PIEDS DES MOTS - GUEULE DE MOTS - SUIVRE UN AUTEUR - TERRA INCOGNITA - APHORISMES & HUMEURS - CONTES & CHANSONS - ÉDITION SPÉCIALE  - LES AUTEURS PUBLIÉS - LES ANCIENS NUMÉROS

 

A côté des exercices classiques, comme les "Lectures - chroniques" ou le "Suivre un auteur" le lecteur trouvera de véritables lieux uniques à Francopolis. Un "Salon de lecture" par exemple qui présente des lectures, auteurs, avec pour ce numéro Jean-Louis Bernard introduit par Monique W. Labidoire, et des recherches réalisées par Dana Shishmanian.

Une rubrique qui fait écho à "Terra incognito" qui propose de nouveaux auteurs. Après une présentation et une biographie du poète choisi quelques poèmes sont offerts, ce mois-ci le propos d'Eliette Vialle accompagne les textes d'Eric Costan, rubrique qui enrichit encore si besoin était la pléiade de poètes cités sur Francopolis, qui dans ses rubriques "D’une langue à l'autre" et "Coup de cœur des membres" convoque encore d'autres noms, d'autres recueils, présentés avec quelques extraits. Pour ce numéro 170  Jean-François Agostini, choix Dominique Zinenberg, Patricia Ryckewaert, accompagné des propos d'Éliette Vialle, Anna Akhmatova, présentée par François Minod, Christian Viguié, accompagné par Mireille Diaz-Florian, Jean-Pierre Otte, choisi et introduit par Dana Shishmanian, Hélène Dorion, un choix Gertrude Millaire et René de Obaldia, offert aux lecteurs par Michel Ostertag.

Cette revue est mue par une forte volonté de servir la poésie, de faire découvrir des noms, ou des recueils. Sa démarche d'ouverture sur la francophonie tout comme sur ses consœurs guide les choix éditoriaux, comme en témoignent les sections dédiées à l'actualité, "Liens et trouvailles", "Annonces" et "Vue de francophonie" qui en ceci font écho à ces "Trouvailles" proposées par les rédacteurs. Ouverture qui s'offre comme un festival ludique et créatif,  tonalité contenue dans la sémantique des titres de chapitres, comme les "Créaphonies", ou encore "Guelues de mots & dialogues", "Pieds de mots",  et les "Francosemailles" qui proposent pour cette 170ème édition "Les aphorismes poétiques de Lionel Mar", des "Poèmes inédits de Cathy Garcia Canalès" et "Trois poètes lus par Monique W. Labidoire".

On l'aura compris, c'est une somme déployée à chaque numéro, placée sous le signe de l'ouverture, et de l'accueil de toutes les voix poétiques mais pas seulement. La rubrique "Suivre un auteur" propose dans ce numéro des nouvelles. Véritable lieu ouvert et accueillant, Francopolis se veut l'écho de la variété et de la vie d'un monde poétique bien enraciné dans l'univers d'une vie artistique qui est ici intimement mêlée à la dynamique contemporaine de la création, dont le panorama est déployé dans le synchrétisme fertile qui préside à tout acte de création. 




GUSTAVE JUNIOR

Il y a eu D’écol, à l’épi de seigle autour des années 2000. Il y a Cairns, notre minuscule revue et voici à présent GUSTAVE JUNIOR.

Le point commun entre les trois : le désir d’apporter, d’offrir des poèmes aux enfants ou aux enseignants et autres médiateurs culturels de l’enfance. GUSTAVE JUNIOR s’inscrit dans les dynamiques du CENTRE DE CRÉATIONS POUR L'ENFANCE DE TINQUEUX particulièrement attentif à la transmission de la poésie d'aujourd'hui. www.danslalune.org

 

C’est un mensuel. L’abonnement est gratuit sur le site www.gustavejunior.com.

GUSTAVE JUNIOR est librement utilisable en classe, en médiathèque et pour toute activité pédagogique.

Dans ce premier numéro on trouvera Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Bernard Bretonnière, Pierre Soletti, Souad Labbize avec des poèmes sérieux ou rigolos, un souci de proposer des poèmes contemporains, libres de tout dogme et bien vivants.

GUSTAVE JUNIOR, à donner à lire à tous et en particulier aux enseignants.

Rendez-vous lundi 2 mai pour le N°2 !