Cécile Guivarch, Sa mémoire m’aime

Le livre, de totale empathie, eût pu s’intituler « Le livre de ma mère » car ici respire l’hommage d’une fille à sa mère, dont l’attachement précieux a subi, en fin de parcours, le travail sournois d’Alzheimer.




En petites proses toutes gonflées d’une émotion retenue, non feinte, le livre s’écoule des rives de l’enfance aux bords de la vieillesse de la mère, partie en 2021.

Avec la mère, c’est l’Espagne quittée – la Galice, ce sont les fleurs que la mère aimait tant (elle avait le jardin le plus fleuri du village). Ce sont les ancêtres car une fois de plus Cécile parle des siens, avant c’était son « abuelo », sa grand-mère, ses parents émigrés. Ce tissage familial donne aux textes leur pesant d’authentique ferveur.

On plonge dans toutes ces années où fille et mère se sont tenu la main – geste depuis l’enfance. Et dire, redire cet attachement de toujours avec les mots de la dérive, des fins de parcours terribles, et Cécile d’évoquer le temps où les syllabes se mélangeront, où les prénoms seront oubliés.

« J’écris ma mère » : elle écrit sa mémoire vive, sa mémoire déclinante, son jardin, ses fleurs, sa langue (elle a appris le français), son travail (« toute sa vie les mains dans l’eau »). Que de vive émotion à lire ces textes, qui s’adressent à toutes les mères.

Guivarch, une fois de plus, nous donne une leçon de vie, dans une prose poétique, avec ses mouvements courts, ses phrases haletantes, le souffle d’une vie liée aux autres – à l’aune de ce que fut sa mère pour les autres.








Cécile GUIVARCH, Sa mémoire m’aime, Les Carnets du Dessert de Lune, 2023, 92 p. ; 15 euros. Illustrations de Pascale Marbot.

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