CeeJay, New world, extraits
1032 New world III (Repos du maquis)
Sombres jours amnésiques de rêves censurés
forêts où nous passons
où nos aïeux sont eux-mêmes passés
où nos enfants et leurs enfants
eussent aussi dû passer
en passe de devenir souvenirs
irréels, fabuleux et mythiques.
Un pied dans le songe
le funambule sur le faîte du toit
en équilibre déambule
l’autre pied dans la tombe
bras tendus
vers l’infini
ce tunnel de rêve éveillé
où il se sent tomber
avec au cœur un vertige d’enfant
puis, s’en revient à la vie oubliée.
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1033 New world IV (Les misérables)
Sans revenir à la vie oubliée.
libre se pense le prisonnier qui dort.
La poussière étanche sa soif
du sang de l’innocent versé jour après jour
par les houles de haine.
Enchevêtrement des mondes
les uns à travers d’autres
passés, à venir et si peu présents.
Sans domiciles et ambulants
confondus dans une même misère.
Sans famille du jour à des années lumières
du romantisme misérable de Hugo.
Enfants errant seuls dans les mondes hostiles
et inconnus où ils sont proies de la chasse.
Vieux oubliés jetés aux mouroirs
ou finissant sur les trottoirs
immobiles, aux maisons, affaissés
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1034 New world V (Veni Venise Vici)
Sérénissime aux maisons affaissées
que le canal gondole
ourlant ses vagues
aux passages des « palaces » flottant
hauts de cinquante étages.
Lagune qui soupire sous les ponts
où pourrissent les mots
sous le ciel de nuit
tel surface océane où l’on surnage
avec sa bijouterie scintillante
qui ajoute au charme
comme une pub à la télé.
Se baladent nos corps peu glorieux
faits d’épouvante et de faits d’armes
dans les étroits coupe-gorges
des garages à gondoles.
Flambe Venise s’enfonçant aux abysses
La seule barque qui reste est celle de Charon.
Entre deux eaux
le Canaletto charrie les noyés disloqués
aux membres d’algues longues
qui s’enroulent aux piliers
enlacés par les bras du courant.
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1035 New world VI (Génocide)
Dans les bras des courants troubles
emmené le monde est un théâtre
où le temps se déroule à l’envers
par le trou du souffleur
il nous dicte ce qu’il ne faut pas faire.
La mort en nous se dissimule
et comme un fantôme
s’écrit avec le sang de ses victimes
en guipure qui couvre le monde.
À fouiller le silence
on s’aperçoit qu’il est assourdissant.
Déboulent les boucliers
armures robotiques
balles qui éborgnent
mains arrachées
corps piétinés
afin que notre frousse en une autre se change.
La paix se nomme la peur désormais
tous nous rêvons de refuges
quelque part dans l’infini
sachant qu’ici il n’y en a plus.
Le vent des ordres noirs
se glisse sous nos portes d’insurgés
derrière lesquelles
nous attend le génocide final.
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1035 New world VII (Requiem)
Nous attend le final oubli
notre passé est confiné
au grenier de nos mémoires
entoilé d’araignées
au venin d’oubli.
L‘antérieur a fini par se nier
le sel de l’horreur
fait pleurer nos yeux.
Ballent des corps
cravatés de chanvre
par-dessus les mandragores
fruits étranges des potences.
Mains serrées sur l’obole
qui payera le passage.
Requiem signé d’une plume
d’ange chu
pour adoucir l’horreur.