Chemin de feu, peinture et poésie, de Bernard Grasset
Bernard Grasset sur un « chemin de feu »
Il qualifie son livre de « journal poético-pictural en quête de lumière ». Bernard Grasset voit juste à propos de l’entreprise artistique qu’il a menée en compagnie du peintre Glef Roch. « Un chemin de ferveur humaine, un chemin de lumière malgré l’angoisse et les ténèbres », déclare-t-il dans la préface à son ouvrage.
Avec Bernard Grasset, il n’y a vraiment pas de surprise. Et c’est tant mieux. Nous voici de plain-pied avec lui dans un « lyrisme de l’intériorité ». Ce qu’il creuse dans chacun de ses livres, comme il le dit si bien, c’est « le sens de la profondeur de l’existence, le sens de l’invisible, d’un indicible si tenu et pourtant totalement fondateur ».
Il y a un fil rouge pour mener à cet indicible, c’est le chemin, décliné ici en « chemin rouge » ou « chemin de feu ». L’importance symbolique de ce chemin saute, bien entendu, aux yeux. Il a quelque chose à voir avec la Voie, magnifiée sous d’autres cieux et dans d’autres cultures, mais sûrement aussi avec le chemin qu’indique le Christ (« Je suis le Chemin, la vérité et la Vie »). Pour autant, Bernard Grasset n’alourdit pas son texte de références bibliques. Il ne force pas le trait, même si certains titres de poèmes (en résonance avec les peintures) indiquent bien à quelle source il puise : « Ascension », « Pieta », « Terre d’Israël », « Procession »… Il y a aussi la référence explicite à la figure de Job dans le poème intitulé « Souffrant ».
Lisons donc avec ferveur ces beaux textes en prose poétique de l’auteur. « Tu sais l’alliance de la parole et du silence. Un battement d’ailes monte de la nuit. Comme une coulée de lumière. Créer et lutter. Au plus secret du cœur » (extrait du poème intitulé « Surgissement »). Ou ceci encore : « Quand le soleil est brûlant, s’effacent les heures. Penser à l’autre versant. Célébrer les mots et les couleurs. Un peu de lointain dans les paumes rougeoyantes » (poème intitulé « en route vers la maison »).
Bernard Grasset est un homme des marges. Il est d’origine vendéenne, né aux confins de la Bretagne, de l’Anjou et du Poitou. Ses marges sont aussi spirituelles. « Lumière dans les champs de blé. Ecrire et peindre. Peindre et écrire. La langue de feu apprend les ultimes paroles » (extrait du poème intitulé « chemin de feu »).
Veilleur, incontestablement, Bernard Grasset se révèle ici, plus que jamais, comme un « poète des présences », dans des textes illuminés par les peintures fulgurantes de Glef Roch.