JONCS

Les joncs allongés
Ploient sous le vent
Quel est ce mystère
Le silence du lieu déserté
Quelle est cette lumière
Qui se dresse dans ces lieux aimés

Les joncs ploient sous la lumière 
Quel est ce calme
Qui achève de cimenter ces ruines 
Et ce fleuve englouti

Les strates
O lumières 
Dans les couch­es de terre 
Qui recou­vrent ses yeux

 

IVAN

Près de la mer
Les sabres sont levés

Les portes s’ouvrent
Dans le couron­nement du siège de Kazan 
Les princes asiatiques
Ont vu sous le Christ
Luire la pierre l’Orient

Ivan
Dans le couron­nement des bois
Les chevaux drapés d’hermine

Ont recou­vert ta chevelure
Des pier­res de l’Orient
Et les pluies d’encens sur ta bouche
Ont immolé le cri du tsar enfant

 

LES HERAUTS D’ARGENT

La salle bril­lait des éclats de l’héliotrope
Les cou­verts étaient mis
Les mains gan­tées offraient en silence 
Le témoignage de la vertu

La cape sur les épaules des cheva­liers d’honneur
Rejoignait sous le cli­quetis des armes
Les paroles épanouies des hérauts d’argent
Qui vêtus de leurs souliers de satin

Se répandaient par­mi les tables
Pour apporter aux con­vives en mal d’aimer
La blancheur exces­sive de leur destinée

 

HIEROGLYPHES

Des per­les de sang coulent de la lune tranchée 
Sur la terre Sienne des regards introuvés
Luit l’hiéroglyphe secret de l’oiseau-lyre

Sur la mer calme et bleue affleure l’aigle
A la recherche de la par­celle de feu à vol­er aux Dieux
De son com­bat noc­turne jail­lit la lumière de la vérité déchiffrée
Les pier­res par­lent à tra­vers les signes dis­parus de leur langage
Des temps anciens où Cléopâtre se don­na la mort par amour pour Antoine 
Mais aus­si pour échap­per à l’Empereur César Auguste venu l’emprisonner
Le ser­pent aspic enfoui dans les pommes dorées par le Soleil de l’automne
A fixé à jamais dans ses yeux noirs l’aveu de son ser­ment de mourir libre 
Seul l’illustre savant dans les palais des inscrip­tions figées
A décou­vert le sens secret de nos sourires inassouvis

 

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