Chronique du veilleur (16) – Marwan Hoss, La lumière du soir
Marwan Hoss est né à Beyrouth en 1948. Il a publié son premier recueil chez GLM en 1971, fondé à Paris dans les années 80 la célèbre galerie d’art Marwan Hoss qui, jusqu’en 2008, date de sa fermeture pour des raisons de santé, a été une des plus importantes de la capitale. Marwan Hoss n’a cessé de cultiver la poésie, une poésie dense, laconique, brûlante. La lumière du soir est le quatrième volume de vers publié par Arfuyen.
Les mots se cabrent
Quelques jours d’écriture
Pour des mois de silence.
C’est bien dans le silence qu’il faut laisser résonner longuement ces poèmes si brefs qu’on dirait des lames acérées, des pointes de feu, des jaillissements de sang. Marwan Hoss inscrit tous ses poèmes « dans le combat sans pitié / que se livrent la vie et la mort. » Il va au bout de ces deux forces apparemment contraires, en sachant bien que « la mort est surhumaine » et que « la vie l’est aussi. » L’écriture poétique capte alors dans ses fulgurances ces débordements, ces excès, qui font partie intégrante de la condition humaine. Le recueil précédent s’intitulait Déchirures. On y lisait :
D’une main la mort ouvre
La porte à une vie nouvelle
De l’autre
Elle la referme.
C’est dans ces deux gestes contraires, comme les lèvres d’une plaie qui ne sont jamais cicatrisées, que l’on reconnaît Marwan Hoss, qui dit écrire « pour que les mots / ralentissent (sa) souffrance » mais qui semble ne jamais pouvoir goûter une véritable paix dans cette « lumière du soir » qui est aussi celle de la fin d’une existence.
Les visions qui l’assaillent ont une forme de pureté que le blanc de la page accentue remarquablement. On découvre « une poussière d’or », « des rayons noirs », « la couleur de l’ambre ». On ressent surtout la force de cette parole poétique incomparable qui use des mots comme de « lances ». Le lecteur s’en trouve atteint au plus profond de lui-même.
Notre ami et collaborateur Gérard Bocholier publie un nouveau recueil de poèmes inédits La Marche de l’aube ainsi qu’un choix de ses premiers poèmes, l’Ordre du silence