Chronique du veilleur (25) – Marc Baron, Dans le chemin qui s’ouvre
Des miracles se glissent la nuit
dans les poèmes
écrit Marc Baron dans son beau livre, empli de souffles et de lumières. C’est déjà tout dire : sa confiance dans ce qui lui vient d’une force invisible, les visitations qu’il reçoit sans qu’il les ait cherchées, leur entrée silencieuse dans une nuit où tout est possible, l’écriture qui les imprime aussi légère et simple qu’il est possible. Il s’agit pour le poète croyant d’être disponible, de laisser venir en lui les plus beaux miracles du jour et de la nuit, d’ouvrir la fenêtre à ces oiseaux messagers pleins d’amour :
Naître ne suffit pas
ni le jour qui se lèveOuvrir la fenêtre à l’inattendu
Au seul moment qui compte
quand l’oiseau se détache
de son poids d’amour sur la branche
Poèmes d’attente et d’espérance, les pages de Marc Baron sont autant de pas sur le chemin de grâce, chemin de pauvreté qui peut devenir soudain route du ciel. Pauvreté de l’oiseau et suprême richesse ! Le poète affirme sa parenté avec lui, sa vocation à s’élever comme lui vers le ciel, « avec la force douce de l’humilité. » Cette humilité se marque dans la recherche de son moi profond, dans la quête de sa vérité essentielle :
Je ne me connais pas
je suis feuille parmi les feuilles
Feuille sur le chemin « qui s’ouvre », le poète se laisse saisir par le souffle. Ses poèmes brefs, aérés, pleins d’une précaution sensible qui touche immédiatement leur lecteur, disent patiemment son itinéraire spirituel et secret : « chaque mot est un pas. » Ce chemin n’est jamais sûr, il est « incertitude » mais il donne accès pourtant à la « vérité ».
La vérité de Marc Baron ne lui appartient pas, elle vaut pour tous les hommes en marche, elle porte le plus beau de tous les noms, elle suit la loi que Dieu par son fils a donnée au monde : l’amour. Ce livre n’est que cela : une « question d’amour », qui est déjà la seule réponse. C’est dire s’il est essentiel.
Aujourd’hui qu’avons-nous fait de l’amour
pour adoucir les plaies cachées
et relever les roses battues par le ventQu’avons-nous fait du soleil rouge
qui peuplait notre sang
et des larmes venues de partout dans le mondeQu’avons-nous fait pour l’amour
nous qui sommes aimés ?