Chronique du veilleur (52) : Gilles Baudry
Gilles Baudry nous invite à le rejoindre sur « l'île secrète ou le pays de l'être / pour se rapatrier / son enfance pérenne / inaliénable. » C'est un univers très proche, « enfance à venir », qu'il faut aborder avec le silence recueilli que permet parfois le « soir de toute vie. »
Source et Foyer
de l'instant éternel
au retour imminent
et toujours différé
Le poète, en son abbaye de Landévennec, peut dire avec O.V. De L. Milosz, qu'il a choisi de mettre en exergue de ce livre : « Je suis éternellement enfant du Bénédicité de l'aube. » Ce sont des regards d'aube, en effet, qu'il recueille et nous transmet, ces regards lavés d'une eau pure, ouverts sur les dons gratuits et merveilleux de la grâce.
Gilles Baudry, Cette enfance à venir, dessins de Nathalie Fréour, L'Enfance des Arbres, 2023, 80 pages, 15 €.
Il les enserre sur la page blanche, accompagné des dessins blancs sur papier noir de Nathalie Fréour, qui sont de véritables méditations graphiques, des aperçus de l'au-delà, des appels de l'Ange :
Ouvrez à l'ange
qui frappe à la fenêtre
et vous aurez cette intuition
native
d'un monde autre que ce qu'il est
L'essentiel nous apparaît, dans ces brefs poèmes, nimbé d'une paisible confiance, où la grâce divine est à l'oeuvre. Chaque mot, chaque syllabe pèse le poids insaisissable d'une nuée, d'une clarté.
Le fond de l'être
est tout amourLe feu limpide du silence
brûle le cœuret tout se tait
Une leçon d'espérance et de patience nous est donnée, pas à pas, avec des mots que le poète qualifie de « titubants », écrits sur un carnet de veilles, sans doute,
« en souveraine humilité ». Il suffit d'être « là seulement / intensément ». On l'écoute avec gratitude et émotion, comme la voix d'un parent ou d'un ami proche, revenu du Royaume invisible, nous révéler
le point nodal
où le visible et l'invisiblele ciel et la pensée
se touchent