Chronique du veilleur (57) : Philippe Mac Leod

Philippe Mac Leod nous a quittés en 2019. Il a fini ses jours en Bretagne, au bord de l'océan, dans la solitude, après avoir longtemps séjourné dans les Pyrénées, près de Lourdes. Son ultime manuscrit, Estuaires, qui s'accompagne d'un grand essai spirituel testamentaire, Je est Amour, chez le même éditeur, nous offre 33 poèmes en prose, qui sont autant de méditations proches de la prière.

Le poète esquisse quelques lignes d'horizon, souligne « un regard d'eau dans les eaux du regard. » Car ce paysage breton n'est pas pour lui un pays, il est une « demeure de vent », il appelle à une contemplation sur l'infini.

                  Ce sont des nuages au loin. Gris et bas comme la mer est de plomb. Le rocher, net et coupant.

Au ras du flot des fugues se précipitent puis se perdent -et la terre qui ne veut plus de ses reliefs, la terre exsangue, exténuée, lâchant tous ses vents. 

« L'estuaire avance d'île en île, de rocher en rocher. » Ce sont ces élans, ces avancées d'eau, ces reflux, qui suscitent des « rêves de grand large ».  Mais le voyage en haute mer qui pourrait avoir lieu cède, dans les poèmes, à un irrésistible mouvement d'ascension, «vague après vague, autant de marches vers la cime d'un horizon jamais touché... »  Philippe Mac Leod laisse parler son âme éprise de l'invisible vertical, assoiffée de lumière, vouée à l'éternelle joie.

                   Au-delà du rêve, des marches de pierre glissantes pour le pays d'air et de vent -pas flottants dans un jardin épars aux fleurs toujours blanches. 

Philippe Mac Leod, Estuaires, Ad Solem, 15 euros.

On devine que, déjà, le poète, qui sait qu'il vit ses derniers jours, entrevoit le seuil de ce qui ne pourra jamais être nommé ni décrit. Seuil du royaume de l'ouvert, toujours plus loin de notre portée d'hommes qui patientons sur la terre. Ce désir d'infini est tout débordant de la foi et de l'espérance du croyant et du contemplatif. Nous le partageons dans ces pages, car Philippe Mac Leod a toujours parlé et écrit pour les autres, pour les entraîner avec lui dans la seule aventure qui vaille, celle de notre humanité tournée vers ce plus grand qu'elle-même, dont elle sent ici l'intime présence, comme mise à nu.

                   Nous le connaissons bien, ce ressort infatigable du plus loin, encore, toujours  plus loin. Nous voudrions déjà disparaître -non point nous effacer, mais grandir, éclore. C'est écrit par le sang. C'est dit. Et le commandement lancinant ne cesse de nous envahir. 

Ainsi le poète nous fait entrer avec lui dans le courant unique du fleuve de vie, dégagé de toutes les ombres, jusqu'à « l'ouvert », qui l'a porté « de la première petite goutte aux transparences de la source. »

Présentation de l’auteur

Philippe Mac Leod

Philippe Mac Leod est né en 1954, et est décédé en février 2019. Il a vécu dans les Pyrénées, où il a mèné une vie contemplative qui a inspiré sa poésie axée autour de la quête de transparence qui est au cœur de son expérience spirituelle.

Poèmes choisis

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