Chronique du veilleur (58) : Guillaume de Pracomtal

Par |2025-03-06T06:53:39+01:00 6 mars 2025|Catégories : Essais & Chroniques, Guillaume de Pracomtal|

Clair-augure est le troisième livre de Guil­laume de Pra­com­tal, qui fait suite à deux recueils parus en 2024 chez Encres vives. Il faut écouter cette voix qui dit une pro­fonde soif intérieure : « Ton âme a soif / Et dans ta nuit / Tu ne sais que faire ». 

Cette soif s’ex­prime à mots sou­vent mur­murés, sur le ton d’une médi­ta­tion sim­ple et sobre. Guil­laume de Pra­com­tal ne reste pas dans une soli­tude qui serait sourde aux soli­tudes du monde. « Les étoiles aus­si se sen­tent seules ». Il sait com­bi­en la vie peut devenir éprou­vante, faire « per­dre pied ». Mais il sait aus­si qu’une lumière vient tou­jours au sec­ours de celui qui sait l’ac­cueil­lir. Il suf­fit sans doute de

 

         Sen­tir la joie sim­ple du soleil sur sa peau
         Debout dans le matin recom­mencer le monde.

Guil­laume de Pra­com­tal, Clair-augure, Les Cahiers d’Il­lador, édi­tions Illador, 14 €.

Le poète s’en­cour­age et, par-là, nous apporte l’en­vie de vivre autrement, de puis­er en nous l’én­ergie néces­saire pour affron­ter ce qui arrive.

 

         Accepte que la vie
         Puisse te faire descendre
         Au point d’ombre

          Con­nais que tu n’en es pas
          Toi-même la cause

         Mais par ta lutte sereine
         Sans armes
         Trou­ve la force du rebond.

 

L’écri­t­ure poé­tique est un moyen très salu­taire pour cela. « Sois pressé d’écrire », con­seille le poète, « Hâte-toi vers tes sources. »  Les sources les plus pures et les plus abon­dantes ne seraient-elles enfouies dans l’en­fance ? « Voir le monde au tra­vers  / Du rire d’un enfant », ne serait-ce pas la voie la plus sim­ple, celle qui nous réc­on­cilierait avec nous-même et avec la vie ? Ceux qui ne sont plus là peu­vent aus­si nous per­me­t­tre d’a­vancer sur le chemin. On sent que le poète est tout proche d’eux, mal­gré l’ab­sence, fidèle à la Sain­tonge de son enfance, à laque­lle il con­sacre l’épi­logue de ce livre. De « ceux qui sont  passés », il faut recueil­lir « le legs de lumière » qu’ils nous ont lais­sé. Ain­si, nous ne pour­rons nous égar­er sur le grand océan, notre route sera bien tracée :

 

                  Tiens le cap qui te ramènera
                  Tou­jours vers les rivages de l’enfance.

 

Ain­si, la poésie donne  une bous­sole irrem­plaçable, mais aus­si per­met d’an­cr­er, avec l’en­cre des mots, la vie que le temps agite de ses flots.

 

                  Les mots s’assemblent
                  En bar­que frêle mais constante
                  Qui devance l’ensablement

                  L’écri­t­ure comme point fixe
                  Ancre qui rac­croche à la rive

                   Encre qui main­tient en vie
                  Force vitale augure des mots.

 

Quel bel éloge de la poésie ! Les poèmes de Guil­laume de Pra­com­tal la ser­vent de belle manière, la font briller d’une aurore fraîche, comme celle du dernier poème « Angélus du matin dans l’île » :

 

                  La blancheur des façades écrème la lumière
                  Qui ric­oche sur les tuiles et les volets verts
                  Ici chez elle par­mi les ros­es trémières

                   Du ciel trop grand
                  Le soleil est tombé sur la place
                  L’Angélus du matin sonne

                  Effec­tive­ment la grâce me suffit.

Présentation de l’auteur

Guillaume de Pracomtal

Guil­laume de Pra­com­tal est né en 1979 à Paris. Il a passé son enfance dans les Char­entes. Il vit actuelle­ment dans la région de San Fran­cis­co en Californie.

Bibliographie 

Guil­laume de Pra­com­tal  est l’au­teur de poèmes et d’articles lit­téraires pub­liés régulière­ment dans des revues en France, depuis 2017 (Arpa, NUNC, Poésie/première, Phœnix, Décharge, Verso…).

 

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Gérard Bocholier

Gérard Bocholi­er est né le 8 sep­tem­bre 1947 à Cler­mont-Fer­rand (France). Il a fait ses études sec­ondaires et supérieures dans cette ville, y a ensuite enseigné la lit­téra­ture française et les let­tres clas­siques en classe de let­tres supérieures. Orig­i­naire d’une famille de vignerons de la plaine de Limagne, il est franc-com­tois par sa famille mater­nelle, à la fron­tière du pays de Vaud en Suisse. Il a passé son enfance et sa jeunesse dans le vil­lage pater­nel de Mon­ton, au sud de Cler­mont-Fer­rand, que les poèmes en prose du Vil­lage et les ombresévo­quent avec ses habi­tants. La lec­ture de Pierre Reverdy, à qui il con­sacre un essai en 1984, Pierre Reverdy lephare obscur,déter­mine en grande par­tie sa voca­tion de poète. En 1971, Mar­cel Arland, directeur de la NRF, lui remet à Paris le prix Paul Valéry, réservé à un jeune poète étu­di­ant.  Son pre­mier grand livre, L’Ordre du silence, est pub­lié en 1975.  En 1976, il par­ticipe à la fon­da­tion de la revue de poésieArpa, avec d’autres poètes auvergnats et bour­bon­nais, dont Pierre Delisle, qui fut un de ses plus proches amis. D’autres ren­con­tres éclairent sa route : celle de Jean Gros­jean à la NRF, puis celle de Jacques Réda, qui lui con­fie une chronique régulière de poésie dans les pages de la célèbre revue à par­tir des années 90, mais aus­si l’amitié affectueuse du poète de Suisse romande, Anne Per­ri­er, dont il pré­face les œuvres com­plètes en 1996. Son activ­ité de cri­tique de poésie ne cesse de se dévelop­per au fil des années, il col­la­bore  au fil des années à de nom­breuses revues, notam­ment à la Revue de Belles Let­tresde Genève, au Nou­veau Recueil, et surtout à Arpa,dont il assure la direc­tion dès 1984. Il donne actuelle­ment des poèmes à Thau­ma,Nunc,Le Jour­naldes poètes. Cer­tains de ses arti­cles sont réu­nis dans le vol­ume Les ombrages fab­uleux,en 2003. A par­tir de 2009, un an avant sa retraite, il se con­sacre prin­ci­pale­ment à l’écriture de psaumes, pub­liés par Ad Solem. Le pre­mier vol­ume est pré­facé par Jean-Pierre Lemaire, son ami proche. Le deux­ième s’ouvre sur un envoi de Philippe Jac­cot­tet. Son essai Le poème exer­ci­ce spir­ituelexplique et illus­tre cette démarche. Il prend la respon­s­abil­ité d’une rubrique de poésie dans l’hebdomadaire La Vieet tient une chronique de lec­tures, « Chronique du veilleur »,  à par­tir de 2012 sur le site inter­net :Recours aupoème. De nom­breux prix lui ont été attribués : Voron­ca (1978), Louis Guil­laume (1987), le Grand Prix de poésie pour la jeunesse en 1991, le prix Paul Ver­laine  de la Mai­son de poésie en 1994, le prix Louise Labé en 2011. L’Académie Française lui a décerné le prix François Cop­pée pourPsaumes de l’espérance en 2013. Son jour­nal intime, Les nuages de l’âme, paraît en 2016, regroupant des frag­ments des années 1996 à 2016. Par­mi ses pub­li­ca­tions poé­tiques récentes : Abîmes cachés(2010) ; Psaumes du bel amour(2010) ; Belles saisons obscures(2012) ; Psaumes de l’espérance(2012) ; Le Vil­lageemporté (2013) ; Pas­sant (2014) ; Les Etreintes invis­i­bles (2016) ; Nuits (2016) ; Tisons(2018) ; Un chardon de bleu pur(2018) ; Depuis tou­jours le chant(2019) A paraître : Ain­si par­lait Georges Bernanos(Arfuyen) ; Psaumes de la Foi vive (Ad Solem) ; J’appelle depuis l’enfance (La Coopéra­tive). En 2019 parais­sent Ain­si par­lait G.Bernanos, Psaumes de la foi vive, Depuis tou­jours le chant ; en 2020 J’ap­pelle depuis l’en­fance (La Coopéra­tive) et Une brûlante usure (Le Silence qui roule), Vers le Vis­age (Le Silence qui roule, 2023) et Cette allée qui s’ef­face (Arfuyen, 2024)

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