Chronique du veilleur (8) – Philippe Mac Leod, Le vif, le pur

Par |2018-01-07T12:31:57+01:00 18 juillet 2013|Catégories : Chroniques, Philippe Mac Leod|Mots-clés : |

Pour Philippe Mac Leod, la poésie n’a jamais été un art. C’est ce qu’il déclarait en con­clu­sion de La liturgie des saisons (Le Cas­tor Astral), après avoir obtenu en 2001 le prix Max-Pol Fouchet. Quoi donc ? Une « con­quête » de soi-même, une aven­ture spir­ituelle, une lec­ture lente et pas­sion­née du grand livre de la nature.

Philippe Mac Leod vit dans les Pyrénées, dans un vil­lage à l’écart des tumultes de ce monde, une vie soli­taire et con­tem­pla­tive. Il a pub­lié récem­ment, chez Ad Solem, un livre de médi­ta­tions, Avance en vie pro­fonde, d’une très grande richesse, d’une force entraî­nante où l’émerveillement devant l’énigme de la créa­tion est l’énergie prin­ci­pale. Son lyrisme, nour­ri par une foi pro­fonde, prend de plus en plus d’ampleur au fil des vol­umes, il sait dire l’indicible et l’impalpable avec une sen­si­bil­ité rare, qui émeut et illu­mine à la fois.

 Le vif, le pur (Le Passeur édi­teur) réu­nit des poèmes qui inter­ro­gent le jour, « à la pointe extrême de l’univers », dans un paysage de mon­tagnes où tout sem­ble puri­fié, resté intact :

 O jour –chair du monde- vierge sur la pierre quand l’hiver aigu­isé te prête ses trans­parences et que la terre se creuse comme un berceau-
tu nous par­les de résur­rec­tion, nous l’attendons mais tu étais là et nous ne le savions pas !

Philippe Mac Leod,Le vif, le pur, Le Passeur éditions, 2013, 92 pages, 15 euros.

Philippe Mac Leod, Le vif, le pur, Le Passeur édi­tions, 2013, 92 pages, 15 euros.

Bien sûr, com­ment ne pas penser alors à la présence du Ressus­cité, dont le corps radieux s’élève depuis l’aube de Pâques dans l’infini de la lumière ? Tout est lié à lui, invis­i­ble­ment, par la puis­sance viv­i­fi­ante de l’Esprit. L’homme de prière, qui est aus­si poète, laisse sa prière « devenir présence », laisse mon­ter du fond de l’âme, dans le silence, la vie divine qui y est enclose. Pour que cette aube advi­enne, il faut faire silence, s’ouvrir au plus loin et au plus haut.

le clair ! l’ouvert !
où tu respires enfin
sans qu’il soit besoin d’être grand
l’infini au bout des mains
et le silence, son fou­et à pleine gorge
 mais sans ivresse, pas à pas
 jusqu’au som­met où vivent les humbles.

C’est sur cette cime que nous engage à mon­ter Philippe Mac Leod. Il nous invite à voir le plus ténu, à respir­er l’air le plus vif, à écouter « un mur­mure de la terre », à avancer sur un chemin « haut dressé », tout intérieur mais « tis­sé d’un fil d’horizon ». S’adressant à ce chemin lui-même, il ter­mine ce très beau livre en s’exclamant :

apprends-moi l’oubli, la per­fec­tion du bleu, pour avancer plus léger que l’oiseau blanc, plus rapi­de que l’écume grisante
jusqu’au bout
jusqu’au bout d’un élan qui te revient.

Son œuvre des­sine une sorte de ligne de crête poé­tique et spir­ituelle, où la vraie vie, pure, fraîche, nous est offerte, « la vie lisse / dans un grand regard bleu/ qui pour­rait être le nôtre. »

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Gérard Bocholier

Gérard Bocholi­er est né le 8 sep­tem­bre 1947 à Cler­mont-Fer­rand (France). Il a fait ses études sec­ondaires et supérieures dans cette ville, y a ensuite enseigné la lit­téra­ture française et les let­tres clas­siques en classe de let­tres supérieures. Orig­i­naire d’une famille de vignerons de la plaine de Limagne, il est franc-com­tois par sa famille mater­nelle, à la fron­tière du pays de Vaud en Suisse. Il a passé son enfance et sa jeunesse dans le vil­lage pater­nel de Mon­ton, au sud de Cler­mont-Fer­rand, que les poèmes en prose du Vil­lage et les ombresévo­quent avec ses habi­tants. La lec­ture de Pierre Reverdy, à qui il con­sacre un essai en 1984, Pierre Reverdy lephare obscur,déter­mine en grande par­tie sa voca­tion de poète. En 1971, Mar­cel Arland, directeur de la NRF, lui remet à Paris le prix Paul Valéry, réservé à un jeune poète étu­di­ant.  Son pre­mier grand livre, L’Ordre du silence, est pub­lié en 1975.  En 1976, il par­ticipe à la fon­da­tion de la revue de poésieArpa, avec d’autres poètes auvergnats et bour­bon­nais, dont Pierre Delisle, qui fut un de ses plus proches amis. D’autres ren­con­tres éclairent sa route : celle de Jean Gros­jean à la NRF, puis celle de Jacques Réda, qui lui con­fie une chronique régulière de poésie dans les pages de la célèbre revue à par­tir des années 90, mais aus­si l’amitié affectueuse du poète de Suisse romande, Anne Per­ri­er, dont il pré­face les œuvres com­plètes en 1996. Son activ­ité de cri­tique de poésie ne cesse de se dévelop­per au fil des années, il col­la­bore  au fil des années à de nom­breuses revues, notam­ment à la Revue de Belles Let­tresde Genève, au Nou­veau Recueil, et surtout à Arpa,dont il assure la direc­tion dès 1984. Il donne actuelle­ment des poèmes à Thau­ma,Nunc,Le Jour­naldes poètes. Cer­tains de ses arti­cles sont réu­nis dans le vol­ume Les ombrages fab­uleux,en 2003. A par­tir de 2009, un an avant sa retraite, il se con­sacre prin­ci­pale­ment à l’écriture de psaumes, pub­liés par Ad Solem. Le pre­mier vol­ume est pré­facé par Jean-Pierre Lemaire, son ami proche. Le deux­ième s’ouvre sur un envoi de Philippe Jac­cot­tet. Son essai Le poème exer­ci­ce spir­ituelexplique et illus­tre cette démarche. Il prend la respon­s­abil­ité d’une rubrique de poésie dans l’hebdomadaire La Vieet tient une chronique de lec­tures, « Chronique du veilleur »,  à par­tir de 2012 sur le site inter­net :Recours aupoème. De nom­breux prix lui ont été attribués : Voron­ca (1978), Louis Guil­laume (1987), le Grand Prix de poésie pour la jeunesse en 1991, le prix Paul Ver­laine  de la Mai­son de poésie en 1994, le prix Louise Labé en 2011. L’Académie Française lui a décerné le prix François Cop­pée pourPsaumes de l’espérance en 2013. Son jour­nal intime, Les nuages de l’âme, paraît en 2016, regroupant des frag­ments des années 1996 à 2016. Par­mi ses pub­li­ca­tions poé­tiques récentes : Abîmes cachés(2010) ; Psaumes du bel amour(2010) ; Belles saisons obscures(2012) ; Psaumes de l’espérance(2012) ; Le Vil­lageemporté (2013) ; Pas­sant (2014) ; Les Etreintes invis­i­bles (2016) ; Nuits (2016) ; Tisons(2018) ; Un chardon de bleu pur(2018) ; Depuis tou­jours le chant(2019) A paraître : Ain­si par­lait Georges Bernanos(Arfuyen) ; Psaumes de la Foi vive (Ad Solem) ; J’appelle depuis l’enfance (La Coopéra­tive). En 2019 parais­sent Ain­si par­lait G.Bernanos, Psaumes de la foi vive, Depuis tou­jours le chant ; en 2020 J’ap­pelle depuis l’en­fance (La Coopéra­tive) et Une brûlante usure (Le Silence qui roule), Vers le Vis­age (Le Silence qui roule, 2023) et Cette allée qui s’ef­face (Arfuyen, 2024)

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