Aura papillon
par delà les haies de cris
il y a
en pure perte
la voix du paysage
se déjoue
l’équation du temps
m’apprendras-tu
la pyramide fraîche de l’aube
et
ta présence
hors des phalanges secrètes
de l’eau
que je sois
fleur
encore
respires
∗∗
Autant que le grain
autant que le grain de sable
le caillou le rocher
violentés
sans avoir eu l’octroi du temps
j’ai charge
de
commencements
une enfance
affleure à nouveau les quais
presqu’île
en
partance
réinvestie dans l’oeil initial
je m’affranchis
d’un recel
dans la filiation
des
silences
∗∗
entre la veille
entre la veille
et
le sommeil
dans l’intimité de l’itinérance
mes doigts auraient tressé
ce
berceau vivant
style malle de voyage
prête à appareiller sur mon vaisseau d’osier
j’aurais négocié ce que l’un et l’autre
pouvaient m’offrir
ou me laisser en gage
le cyclone
son oeil
la pluie sa perle
le scolyte ses galeries rayonnantes
le rouge-gorge son carnet de rendez-vous
le martin-pêcheur
l’exclusivité d’un bleu intemporel
qui parle d’héritage
j’ai reçu j’ai rendu j’ai donné mes baies
aux passereaux
mes noisettes aux écureuils
ma chair et mon sang à mon enfant
en son temps
dans la mise au monde
j’ai revendiqué
ma douleur de femme
mon bonheur
∗∗
et
cette
conque
paupière
d’île
où
palpite le désir
où
convergent les mythologies
où
se répondent les échos à naître
où
se font et se défont les noeuds de l’extase
permanence de l’impermanence
des
gestes
s’achèvent
d’autres
recommencent
∗∗
éventail
angle vivant
ondoiement du souffle
transe
du
corail
stridence de l’offrande
virginale
diaphanéité
m’atteler
à l’avant-dernière
larme
∗∗
piège
stratagème
dérouté à l’infini
exfoliées
à
la
dérive
en réconciliations
existentielles
témoins
l’arbre
le rocher
scarifiés par solidarité
comme pour ceindre malgré elles
les constellations
rebelles
∗∗
la fontaine
proche ou lointaine
n’a rien à envier
au
cerisier
monologue sans voix
est
offrande
chacune a sa neige
et moi
au coeur de la déferlante
avant-dernier rempart de l’absurde
des termitières
des
cimetières
j’attends l’inventaire des êtres
le répertoire
des
roselières
au pied du volcan
statuaire en instance d’inspiration
je transcode
les scories du futur
clé
pour la mise en abyme
∗∗
la gifle la griffe l’étreinte
défieront-elles
la patience à toute épreuve
du poème à naître
et sa chance rendue au coquillage
bourgeon lèvre étoile
émergence
de
∗∗
la ride en fleur
sur
ton
visage
fragrance
restée
en
transparence
avec ce qui est
ce qui existe
ce qui se crée
dans
l’irréalité émergée
la ride en fleur
au coin de l’oeil
a‑t-elle
séduit
le
bouvreuil
∗∗
mieux que nous
leurs ailes
réconcilient nos trajectoires
ils ne feront de nid
dans la blessure
ni
à la fourche
où rosit entrouverte la boutonnière
de
l’abandon
ordre désordre
peu importe
tant que je frémis sous l’écorce
que je me coule dans l’incision de l’éclair
en
décennies
de secondes en miettes
d’
agonie
au risque de devenir
insolvable
∗∗
hors pistes
il m’incombe de rester
passerelle
crédible
vers
l’incréé
quand
la beauté me taraude
me
fracasse
jusqu’à la moelle
me
trahit
pour la magie de la plus belle eau
essor de serpents
grelots
c’est ainsi que des coquelicots
ont poussé
dans mon coeur
∗∗
irisée par la caresse
sertie
dans mes vrilles
promise
à
l’univers révélé
je revisite la partition de l’infini
moi
et
moi
mon souffle accordé aux claviers du vent
mon double
anticipé dans le futur du passé
ma châsse de miroirs impactés par les printemps
d’exil
incandescents
tous feux éteints
à la fracture de l’humain
à mains nues
mon escalade en solitaire
vers
les années-lumière
∗∗
glaciers blancs devenus bleus
au clair de
l’onde
me reconnaîtrez-vous
quand j’orchestrerai la poussière
et
les
transes
jusqu’à la tendresse
infinitésimale
serez-vous au pied de la lettre
pour exacerber
ma nudité
et
styliser mes absences
demeurerons-nous
l’âme ratissée jusqu’à l’os
écueils ressacs récifs
angle mort
s’il en est
témoins et acteurs
du
génie de la vie
∗∗
ferveur
ma richesse
hors d’atteinte
dans ma racine extrême
autour de moi
à travers
moi
des doigts de saules transitent
pour arborer l’au-delà
survivre
surmourir
s’
émeuvent
le ciel palpite sans preuve
or
le champ de blés
qui rêve d’oiseaux
contestera
bientôt
la
souffrance
du
pain
∗∗
I
il se peut que par pur hasard
on découvre
sous l’écorce rosée
d’un
bouleau complice
la nostalgie de mon premier
sourire
ma cicatrice d’humanité
n’en déplaise au vent
passeur
non identifié
n’en déplaise à la pluie
qui
redistribue jusqu’à nos larmes
qui
abolit
dans la clandestinité
les fermetures
à
glissière
de l’être et de la chose
avec
cette élégance baroque
de ne jamais noyer
l’
espoir
∗∗
I
implacable
le puits des puits
chute libre
vers les abysses
les corridors
en
anneaux
de
cristaux
jusqu’au tréfonds
où
un sanglot
ferait
déborder
la
mer
∗∗
I N T I M I T E D E L ’ E X T R E M E
souffles
harmonie du chaos
poser mon front plus haut ou plus bas que l’horizon
faire comme si le hasard existait
ou
n’existait pas
désirer
la part équitable de la pluie
VERROU GEANT
A TIRER SUR L’ENVERS DU
MONDE
à l’instant où je m’effrite dans le chas de l’aiguille
un arbre me traverse
dans l’aube
qui
s’ignore
si j’ose
je revendiquerai les stigmates
de l’extrême
la
syllabe égarée
archivée pour la postérité
quelles cimes rehausser pour échapper aux cendres
par quelle ride
remonter
jusqu’à la trace
de
mon
sillage
pour que le sacrifice des uns
bénéficie
ou
pas
aux autres
VERROU GEANT A TIRER SUR L’ENVERS DU MONDE
parée de mon collier de bourgeons de chair
et
de braises
je m’abandonnerai jusqu’au flirt initial
à genoux
dans la fragrance des citronniers
feuilles fleurs
fibulées en bracelets
à mes chevilles
à
mes
poignets
trousseaux de clous
balisant le périple
aimanté
de nos pas recomposés
d’écoute
jusqu’à la signature sonore des étoiles
prisonnières
du
vide
MON EXISTENCE
au nombre des constellations
des citadelles des cathédrales des exoplanètes
au nombre des cités des îles des demeures
aériennes
mon existence signifiée
par ma toute première goutte de sang
en résonance
au tout premier pas du tout premier enfant
gerbes d’oiseaux
échappés de nos chevelures
des
tombeaux
VERROU A TROUS FRONTIERES VITRAIL EN MIROIR
∗∗
L’ETERNEL ADIEU
un matin nous nous retrouvons bouche à bouche
dans l’asphalte
le coeur noué d’algues et de mésanges
une main écarte nos paupières
nos bras d’écume portent le poids du ciel
l’haleine de l’aube traverse
nos
visages
nous sommes nus
lianes
vrilles de verre
apprivoisées
dans la fusion de nos veines
en filigrane dans la geste d’éveil
en
métamorphose
des
moissons
d’
amour
transfusion d’encres
sous les grilles
d’où pleuvent
les
soifs
paraphes de nos
blessures
dans la vitesse inversée de chaque élément
l’éternité à reculons
aurai-je intégré mon temps
celui d’après-demain
avons-nous prévu une seconde de réserve pour l’éternel adieu
tu précèdes tes
enfances
en grappes autour de ton double
en archipels dans l’empreinte
fluide
de cette nuit
à l’intérieur de la nuit
ne te retourne pas sur les pointillés
d’amour
tu viens de naître parmi les matins bien rangés
d’un sursaut de la terre en charpie
d’une hémorragie d’alphabets
de hoquets primitifs
tu entames
la symphonie sans voix des étoiles muettes
dans notre ciel
souffle d’un silence cadenassé
en
mailles de chair
te voici riche
de réponses sans questions
en décalage de ton ombre
dans la vallée d’aurore
l’état d’urgence
vers
l’
escale
de tes yeux
en confinement sous la chape de cristal
où le pied musical de la gitane
épelle
le cri des héros
où l’inflorescence du jour
est devancée par le reste du monde