Claude Albarède, Buissonnières
Claude Albarède est le poète de la fidélité au terroir. Il sait d’où il vient, où il va et pourquoi. Fort d’une œuvre écrite sur le motif dans les grands espaces du Causse, il poursuit un travail essentiel de veilleur, dont il rend compte ici avec des itinéraires en terrain connu, dans la lumière d’une méditation poétique de haute tenue.
C’est la vie passante qui a voix au chapitre, la lente respiration du vent, l’ondulation coiffée / du paysage. L’écriture s’accomplit au tournant du chemin et nulle part ailleurs. Elle prend note du temps, de la vie et de la mort, avec la patience des entreprises qui ont du temps devant elles. Se hâter n’est pas de mise. Il faut avant toute chose se rendre disponible, ralentir, s’arrêter. Reprendre souffle pour ne pas brusquer ni repousser / ces voix éteintes qui parlent encore néanmoins au silence qui suinte du paysage. Les mots sont rares, précis. Mesurés. La page est une mise en ordre, une ode à ce qui est. Un hommage au pays calciné par la solitude et l’abandon, mais qui fait face à ce qui s’annonce et menace, debout dans le soleil. La poésie résiliente de Claude Albarède aide à voir la vérité de la vie en face.
Claude Albarède, Buissonnières, aquarelles de Joseph Orsolini, éditions L’Herbe qui tremble, 2020, 104 p, 14€.
Il s’agit d’être dans sa distance / au plus près de soi-même. En pleine conscience. Comme si l’heure était venue enfin de vivre dans la liberté retrouvée des berges de mots et de patiences / qui contredisent / tout ce qui meurt.