Claudine Bertrand, La poésie s’abreuve
la poésie s’abreuve
à la cruche trouée
en gouttelettes de vie
chaque seconde
vie et mort toujours
sur le même sentier
collant à chaque pas
comme sable aux semelles
les peaux saignent
sur terre orange brûlé
ne respirant plus
entre chair et air
un vieillard tire sa révérence
c’est une bibliothèque
qui disparaît de l’humanité
de toutes mémoires
chacun ses musiques
ses temps primitifs
odes abandonnées
pulsation de la marche
faire le guet
sur la potence
révélation des sages
offrant certains mots
qu’on laisse sécher
deux jours deux nuits
s’il sont encore là
d’autres mots se déposent
pour un nouveau poème
confronté
à l’arbre fétiche
l’écrivain enfante
de grands bouleversements
Extrait de Émoi Afrique (s), Éditions Henry, 2017.