Continuer jusqu’à la fin, avec Mathias Lair

Par |2022-04-21T06:35:34+02:00 20 avril 2022|Catégories : Critiques, Mathias Lair|

Du rythme, des rup­tures mais aus­si des har­monies, des liens, il y en a dans À la fin des fins, dernier recueil de Math­ias Lair ; le dernier pub­lié, pas for­cé­ment le dernier écrit ni le dernier à venir, même si le poète ne cesse de tourn­er autour de la fin, comme si la fin était un objet. 

Une fin cer­taine de vie, certes, mais aus­si une fin pos­si­ble de désir, une fin pos­si­ble d’écriture, une fin incon­nue de fin. Cette recherche, il la tri­t­ure encore dans les poèmes de Pourquoi pas / ne serai poète du même recueil.

Cir­cu­laire, l’objet, cir­cu­laire la fin. Oui, la fin est com­mence­ment. Et ce ques­tion­nement per­pétuel rejoint l’inquiétude du poète face à son art, face à sa vie passée ou à venir, tout sim­ple­ment. Math­ias Lair pra­tique une poésie qui lui est pro­pre, à la fois intime et uni­verselle, écrite — tran­scrite pour­rait-on dire — comme s’il s’agissait d’une par­ti­tion musi­cale. On l’avait déjà com­pris dans Ain­si sois je (La Rumeur libre), Du Viet Nam que reste-t‑y (Pétra) ou bien encore Écrire avec Thelo­nious (Ate­lier du Grand Tétras).

Quand ils sont écrits bout à bout, les mots ne don­nent ni le tem­po, ni la hau­teur, ni la tonal­ité. Math­ias Lair ajoute des espaces, des ren­vois, des italiques et sup­prime la ponc­tu­a­tion. L’ensemble force le lecteur à dire les poèmes, presque à les fre­donner en allongeant les syl­labes, en res­pi­rant autrement ou en s’amusant à des enjambe­ments improbables.

Math­ias Lair, À la fin des fins suivi de Pourquoi pas / ne serai poète, Édi­tions Les Lieux-Dits, Coll. Les par­al­lèles croisées. 70 pages. 12 €.

J’ai eu la chance d’assister à des lec­tures publiques. C’était comme si les comé­di­ennes chan­taient. Le tintinnab­ule­ment des sonorités ou leurs désac­cords appar­ents accom­pa­g­nent la nos­tal­gie d’une ado­les­cence fréné­tique, l’effleurement pudique de la souf­france, la « force du noir » ou la « folie blanche ». Une façon de décou­vrir, naturelle­ment, un autre sens. Car les images — peut-on par­ler d’image de la fin ? — changent évidem­ment de dimension.

 

La fin             s’allège

elle ne pèse                 plus alors qu’elle
s’annonce       comme déli­ai­son
peut-être        on se voudrait
enfin               libéré du sort

 

Présentation de l’auteur

Mathias Lair

Math­ias Lair Liaudet est écrivain, philosophe et psy­ch­an­a­lyste. Il a pub­lié une trentaine de poèmes, romans et nou­velles, d’essais chez une trentaine d’éditeurs qu’on dit « autres ». On trou­ve ses chroniques dans les revue Décharge et Rumeurs ; égale­ment des notes de lec­ture et cri­tiques dans divers­es revues et divers sites. 

Sous le nom de Jean-Claude Liaudet, il a pub­lié des ouvrages de psy­ch­analyse, et par­fois de poli­tique, chez L’Archipel, Fayard, Flam­mar­i­on, Albin Michel, Odile Jacob. 

Depuis qu’il a créé, dans les années 80, le CALCRE (Comité des Auteurs en Lutte Con­tre le Rack­et de Édi­tion) il défend le droit des auteurs. Il est actuelle­ment élu au comité de la SGDL (Société des Gens De Lettres).

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François Thiéry-Mourelet est poète, romanci­er, auteur de livres de jeunesse et d’un théâtre poé­tique (Zoé et la fumée, Les Cynophiles, Opa­line, etc.). Il a été reporter au Liban, nav­i­ga­teur, cri­tique aux Nou­velles Lit­téraires, respon­s­able de la com­mu­ni­ca­tion puis jour­nal­iste spé­cial­isé dans la san­té et l’écologie. Son dernier roman La langue de tamanoir, est paru aux édi­tions Sans Escale. Chez le même édi­teur, Brise dans le miroir suit les errances d’un marin : le poète racon­te la quête d’un « écri­t­uri­er » et de son dou­ble. 89 chants pour dire les douceurs d’un lagon, les galbes d’un corps, les désas­tres d’une guerre, l’inexorable fin des pas­sions, l’impossible renais­sance ou la dis­pari­tion d’un monde.

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