Coucher de soleil

 

Coucher de soleil, Ménerbes, France : le 24 septembre 2010

 

Quand j’ai vu la tournure que prenait le ciel
j’ai couru jusqu’aux remparts médiévaux
qui se détachaient de la falaise calcaire
et j’ai regardé les nuages rattroupant
leurs couleurs : myrtille, asphalte, bronze doré —
tout arrivait en même temps — pluie,
ciel bleu, tempête
jouant sa batterie de tambour, nerfs
électriques géants, pied
d’un arc-en-ciel au-delà de Gordes.

Personne ne savait où regarder.

C’était un de ces moments très rares
où l’on doit tout laisser tomber
et sortir en courant
pour que les yeux puissent avaler le ciel tout entier.

Et le plus beau
c’était une noce battant son plein
dans la cour de la Maison de la Truffe et du Vin
où trois guitares rivalisaient de vitesse
pour voir qui pourrait faire sortir Django de sa tombe
au moment où la cloche de l’horloge sonnerait l’heure.

Les nuages étaient injectés d’une lumière orange
tandis qu’avec ses doigts gris la tempête
atteignit presque nos têtes
comme si le bien et le mal
étaient venus se livrer un combat à mort
comme ils le firent autrefois
ici, en France, sur une plage curieusement
nommée Omaha.

Puis le ciel est tombé
en mitraille de glace blanche
et nous avons tous couru nous réfugier
observant le reste
à travers les vitres
abrités entre ces murailles de pierre
au délicat équilibre.

traduit par Renée Morel et par l’auteur

 

 

Sunset in Ménerbes, France: September 24, 2010

 

When I saw what the sky was turning into
I ran out to the medieval battlements
that lift right out of the limestone cliff
and watched the clouds muster
their colors: blueberry, asphalt, ormolu—
it was all happening at once—rain,
blue skies, the storm playing
its drum kit, giant
nerves of electricity, the heel
of a rainbow behind Gordes.

No one knew where to look.

It was one of those rare moments
when everyone has to drop everything
and run out of doors
so their eyes can swallow the whole sky.

And to top it off
at a wedding reception in full swing
in the courtyard of the House of Truffles and Wine
three guitars were racing
to see who could raise Django from his grave
as the belltower struck the hour.

The clouds were injected with orange light
while the gray fingers of the storm reached
down almost to our heads,
as if good and evil
had come to fight to the death
as once they did
here in France, on a beach oddly named
for Omaha, Nebraska.

Then the sky fell
as white pellets of ice
and we all sprinted for cover
and watched the rest through our windows
in the safety of these delicately
balanced stone walls.