Il s’était résolu à ne plus

Mul­ti­pli­er ses problèmes

D’être qui manque d’Être

Car c’est s’inventer

Au lieu de Se Vivre

 

S’inventer des solutions

Pour jouer à ne plus être

Tout en sachant qu’il n’y en a pas

 

Or    l’être est une solu­tion don­née d’avance

À con­di­tion de se don­ner tel qu’il est

 

***

 

Dans cette impasse

Il décidait de ne pas choisir

Refu­sait d’y entr­er pour en sortir

(Admet­tait qu’on la refuse)

Par peur d’y rester

 

Par peur de rester là

Où s’était-il tou­jours trouvé

C’est alors que…

 

IMPASSE

 

C’est alors que j’entre

Pas tout à fait

Parce qu’elle est encore

Dans ma tête

Cette impasse

Dans ma tête

Ça veut dire que

Je ne la tra­verse pas

Physique­ment

Ça veut dire

Que mon corps

N’est pas prêt

Mais je ren­tre quand même

Un cœur dans la tête

Un cœur dans le corps

(Para­doxe cordial)

Le cœur bat de ne pas se battre

Et de vouloir se battre

 

***

Je veux nom­mer l’impasse

Elle me prive (m’a privé)

De langue

Elle est ce souvenir

Du devenir manquant

Elle me fait oublier

Que je suis un être

De manque

Je com­mence par

Me nom­mer         Impasse

 

L’impasse que je suis

C’est un début

Pour vous dire que je ne vais

Pas finir tout de suite

(le tra­vail de ma disparition)

 

(C’est ici que réap­pa­raît l’amour)

 

***

L’impasse que je suis

Est entre ma disparition

Et ce qui réapparaît

C’est un amour en travail

Si vous préférez

Car si l’amour a tou­jours existé

Il m’a fait douté de son existence

(le doute des créateurs)

***

 

L’impasse des créateurs

Dans ce qu’ils ont transmis

« La créa­tion leur a échappé » 

(Je me trans­mets moi-même

Aujourd’hui un au-delà

De la création)

                                 échap­pé

Car ils ont échappés

 

À leur pro­pre trans­mis­sion 

J’avance à l’intérieur de l’impasse

La tragédie du sens

Est une absence de signification

Don­née à l’histoire indi­vidu­elle et commune

 

Un déni devant l’inconscient des évidences

(un délit du psychisme)

 

***

 

A l’extérieur de l’impasse

Il y a le vouloir volontaire

D’un grand chemin mais

D’un petit cheminement

 

Ce qu’ils font subir à leur corps 

L’âme le leur fera subir

 

Le grand chemin est une

Idée de toute puissance

Le chem­ine­ment est une

Intéri­or­ité de la toute puissance

 

« L’homme est quelque chose qui

doit être sur­mon­té » (F.N.)

 

***

L’impasse comme puis­sance contrariée

Ou l’égarement vers une mor­tal­ité maîtrisée :

imma­tu­rité de l’esprit qui ne peut concevoir

le nais­sant et le redevenir-poussière

Ou la course effrénée vers une soif de l’impossible

(ce qui est pos­si­ble ne sera jamais possible)

Ce qui est pos­si­ble ne sera jamais pos­si­ble dans l’impasse

Dès qu’on se rap­prochera d’une pos­si­ble possibilité

Dans ma soif pour l’impossible         je me permets

De croire à l’idée d’un oasis     mais quand celle-ci

Devient une réal­ité   je n’y crois plus et je me

Mets en sit­u­a­tion d’échec

***

L’impasse comme processus

À l’humble endurance des « guer­ri­ers sans com­bat » (I.M.)

Qui pla­cent leur prouesse dans une gloire noble

Mon être est supérieur à la recon­nais­sance qu’on lui attribue

Car il se recon­naît d’abord lui-même par son désir de créer

(l’œuvre dépasse sou­vent la mort de son auteur)

 

***

Lenteur dans l’impasse

Marathon organique et spir­ituel où

Je ques­tionne ce con­tre quoi je butte

Dans un temps autre que celui du réel brut

Par­fois je ne vois pas ce con­tre quoi

Je butte car je ne veux pas voir

 

***

 

Souf­france & impasse 

Ce que je peux voir est syn­onyme de bravoure

L’épreuve d’un œil ouvert sur son monde interne

Où je con­tem­ple le miroir de ma haine soutenue par l’amour

Faire l’impasse sur la haine

Et croire qu’elle est antagoniste

À l’amour est une erreur car

Pour haïr faut-il encore avoir aimé

Pour pou­voir en douter par la suite

Faire l’impasse sur sa pro­pre haine

Revient à tromper l’authenticité

De sa vérité et c’est prétendre

Une cer­taine imperfectibilité

 

***

L’émotion d’une impasse

Dans ce qu’elle fait vivre

Au moment où je tombe

(Qui appelle à se relever)

Parce qu’il est nécessaire

De vivre pour mieux

Se con­naître         Se con­naître

Étant une entre­prise secrète où

J’apprends l’oublie de ce que

Je ne dis­ais jamais               

J’oublie ce que j’ai appris

À ne pas dire

 

***

Sou­p­lesse dans l’impasse

Où ce qui aliène — le fantasme —

Demande qu’on s’y attache pour

S’en détach­er : la peur de ne pas

Pou­voir sauver par exemple —

Le fan­tasme de sauver — exige

Une gym­nas­tique mentale

Avant de renon­cer     faut-il recon­naître

La source de cette souffrance

Source de l’impasse

Où la perte me fait

Aveu­gle d’une infaisabilité

Appar­ente

Où ce que je sais faire

 

À l’état de penseur embryonnaire

 

***

  

Enfant de l’impasse

Ce vers quoi je me

Risque si je tends

Vers la ten­dresse 

Aven­tureuse d’aller

Ren­con­tr­er cet autre

Qui m’arrache à moi-même

 

***

 

L’arrachement de cette impasse

Nous rap­pelle un départ

Com­ment quit­ter « soi » et tout

Ce que ce mot recouvre :

Son attache­ment à la douleur

Son goût pour la convoitise

Sa han­tise, ses obsessions,

Ses lim­ites etc.

L’égo — dans cette impasse 

Ne se fie pas à ce qu’il a

Tra­ver­sé mais traversera

Iden­ti­fie son être non à ce qu’

Il est devenu mais deviendra

Ne défie pas son existence

Au détri­ment d’un autre

Ne se méfie pas de l’impasse

Car il passe par elle

Pour la dépasser

PARADOXES — EXTRAITS

 

ÉCRASE

« écrase », je t’ai dit d’écraser mais je ne me suis pas dit d’écraser,
je t’ai dit « écrase », mais le prob­lème c’est que tu m’écrases même 
pen­dant que je marche et j’ai pen­sé « m’aime pas en trêve celui-là » 
sauf que j’ai penché pour le prob­lème car tu pens­es comme lui, je veux 
dire tu dépens­es le prob­lème par des rêves qui écrasent la marche droit 
der­rière moi car devant c’est très loin der­rière, d’ailleurs je suis si près 
de mon père que je deviens ce qu’il n’est jamais devenu, alors tu es 
revenu à sa place et cette place m’écrase, elle tasse mon petit devenir 
pen­sant qu’il faut tou­jours penser ce qui va arriv­er par la pen­sée même 
pen­dant que je marche  et j’ai pen­sé « m’aime pas celle-là » sauf que 
j’ai penché pour la solu­tion mais elle écrase tou­jours le prob­lème auquel 
je repense, que c’est lui chercher un sens qui fait que je ne ressens
pas ce qui veut me trou­ver devant sans éprou­ver de ressen­ti­ment où
je règle mon sen­ti­ment sur toi qui ne peut pas me sen­tir car je
descends d’un père que le der­rière a écrasé pour subir son devant
avant qu’il ne sur­gisse, alors je con­tin­ue de marcher pour croiser 
l’auteur du prob­lème qui rêve d’une solu­tion comme on écrit son nom,
d’ailleurs com­ment je m’appelle, tu vas voir qu’on ne peut pas oubli­er que
c’est moi qui vais revenir car je descends bien d’un père que
le sen­ti­ment a don­né pour déré­gler son ressen­ti­ment et marcher tout 
en devenant « celui-là » même quand il m’écrase, « m’aime bien
celui-là » j’ai ressenti

 

 CE QUI REVIENT TOUJOURS

quand l’un demande, l’autre répond, tou­jours, quand je lui demande 
pourquoi ça revient tou­jours, il me répond com­ment ça ne reviendra 
plus, quand je lui demande com­ment être sûr que ça ne revi­enne plus,
il me répond pourquoi une telle ques­tion, alors je con­tin­ue de le 
ques­tion­ner car ça revient tou­jours mais lui ne cesse de répon­dre que 
c’est à cause de la ques­tion, que c’est la ques­tion qui provoque toujours 
ce qui revient, alors moi je demande ce qu’il y a der­rière la ques­tion et 
lui me répond qu’il n’y a que ce qui veut revenir, que c’est devant qu’on
arrête de voir, mais moi je lui demande ce qu’on arrête de voir, ce à 
quoi il me répond d’arrêter de voir ce qui revient tou­jours, alors je lui 
demande com­ment voir sans que ça revi­enne puisqu’il faut bien 
com­pren­dre et lui me répond qu’il n’y a rien à com­pren­dre car ça 
reviendrait à se com­pren­dre soi-même — ce qui revient, venant de soi 
— et se com­pren­dre soi-même reviendrait à ne pas être, alors je lui 
demande com­ment peut-on ne pas être, lui me répond que c’est en 
étant respon­s­able de ce qui revient tou­jours, alors je lui demande 
com­ment ne pas être respon­s­able de ce qui revient tou­jours, lui me 
répond que c’est en étant respon­s­able de ce qui est en train de venir, 
alors je lui demande de m’expliquer, lui me répond qu’expliquer ce qui 
est en train de venir fait revenir ce qui revient tou­jours, que c’est
chercher der­rière la ques­tion sachant qu’il n’y a rien à voir, que c’est
devant qu’on arrête de voir, ce qui revient tou­jours, venant de soi, fera 
venir autre chose, alors je lui demande quelle est cette autre chose, lui 
me répond que c’est cette chose qui déplace la ques­tion dans l’en train 
de venir, je lui demande alors si ça ne revient pas au même, lui cette 
fois me demande de revenir à moi-même

  

IL N’EMPÊCHE

je ne vois pas ce qui m’empêche car je suis ce qui m’empêche,
il n’empêche que si j’en par­le c’est que ce qui m’empêche ne               
m’empêche pas com­plète­ment, je sens bien que je peux m’autoriser
encore à ne plus être empêché, ça com­mence comme ça, c’est une 
ques­tion d’adresse, il y a quelque chose qui veut s’adresser à un autre 
pour être autrement parce que sinon je suis tou­jours ce qui m’empêche
et non celui que cette chose n’empêche pas mais cette chose ne                     
fait que vouloir car elle ques­tionne
l’adresse au lieu d’y répondre 
directe­ment par l’adresse pour juste­ment voir ce qui empêche, si                 
c’est l’autre, moi ou les deux, il se trou­ve que c’est sou­vent les deux 
quand on choisit une adresse que l’autre refusera, sans le savoir 
évidem­ment, cela s’explique au moment où on nous a refusé cette 
chose qui nous autorise d’accepter ce qui nous empêche car on ne peut 
pas tout accepter ou alors tout accepter dif­férem­ment, c’est-à-dire
accepter de ne pas être accep­té sans chercher de raisons, en se 
per­suadant par exem­ple que tel autre nous refuse parce qu’il se                 
refuse lui aus­si de voir, de voir ce qui l’empêche, à la dif­férence qu’il                 
le dis­simulerait, en inter­pré­tant donc ce qu’on prête à soi comme vrai 
mais qui   nous empêche de vrai­ment vivre tel ou tel autre comme une 
part de soi qu’on voit mourir pour pleine­ment renaître, je vois ce qui ne 
m’empêche pas car je ne suis pas ce qui m’empêche

  

AIME

Il t’aime tel qu’il ne s’aime pas, comme il n’est pas, mais ce que tu aimes 
c’est qu’il ne t’aime pas ain­si car si en plus tu dois aus­si t’aimer, ça fait 
beau­coup, ce que tu aimes c’est qu’il aime ce que tu n’aimes pas chez 
toi, vous êtes deux à chercher l’amour chez l’autre qui a trop aimé vous 
le pren­dre, je veux dire  que cet autre n’était pas prêt à le laiss­er vivre 
comme il l’a don­né mal­gré lui, on peut penser qu’il le voulait au point 
d’y penser, jusqu’à ne rien faire que tou­jours le repren­dre pour ne jamais 
être sur­pris, puisqu’il faut bien garder l’amour con­tre soi et ne pas 
regarder qu’il provoque, autrement c’est trop de place dans une place 
vide, je par­le de ce qui ne veut pas par­ler car en aimant il donne sa 
place sans savoir que tu la lui don­nera à ton tour, de sorte qu’on             
tourne autour de cette grande place qui vous tient dans une 
con­te­nance où l’on retient le déplace­ment, celui de deux êtres au sein 
d’une même place qu’ils parta­gent, sans quoi c’est cha­cun sa place                
et il man­quera tou­jours un peu de chaleur pour man­quer le froid qui 
envahit le manque parce qu’il serait trop envahissant, c’est sûre­ment par 
peur d’être envahit, envahit par lui, mais  on com­prends bien que ce qui 
l’envahit c’est de pou­voir être l’objet de ce manque car c’est un objet 
qui prend la place du sujet tan­dis que le sujet lui, vit le manque comme 
un pou­voir se renonçant à prédire ce qui pour­rait l’abolir, encore faut-il 
repren­dre sa place sans chercher l’amour chez l’autre qui a trop aimé 
vous le pren­dre puisque cet autre n’est plus vous :

il t’aime tel qu’il s’aime, comme il est, ce que tu aimes c’est qu’il t’aime
ain­si car ce que tu aimes c’est qu’il aime chez toi ce que tu n’aimes pas, 
qu’il t’aime comme tu es tout comme ce qu’il aime chez toi c’est que tu 
l’aimes, comme il est

 

INDIGNE

il jus­ti­fi­ait ses plaintes avec l’injustice d’un monde qui avait échap­pé                  
à son pro­pre monde dont il s’était fait l’étranger, sans le savoir, car                    
il défendait, comme un jouis­seur défendu, ce qu’il ne pou­vait défendre                    
à l’intérieur, un jouis­seur d’extérieur que retient sa jouis­sance dans ce 
qu’elle pro­cure, naturelle­ment, une jouis­sance bien en place qui ne 
change pas de place et ne se trompe pas de monde, on ne règle pas                    
un prob­lème, on dérè­gle une solu­tion, toute solu­tion étant un raccourci 
qui ral­longe l’étendue du prob­lème car toute solu­tion est de croire 
l’autre monde à notre portée comme si cette portée était mondialement 
acces­si­ble mais c’est en fait ne pas croire au monde que nous 
intéri­or­isons, ou  alors c’est vouloir mon­di­alis­er ce qui a été localement 
mis sous silence, à titre per­son­nel, où chaque pro­jec­tion vers l’autre
devient le titre d’une grande page de cou­ver­ture sans livre à vouloir livrer 
la vérité d’un sauveur qui peine à se sauver car c’est matra­quer l’objet
de sa peine comme on traque un rebelle qui braque ce qu’on a chouré 
chez lui, une cause qu’il s’est appro­prié pour  ne pas s’occuper de la 
sienne, je par­le de la cause qui ne cause que sur lui-même et pas sur 
ce qui le provoque en écho, à ce qu’il a vécu comme provo­ca­tion, en 
écho de coco, envieux de ce qu’il n’a pas eu parce que le coco envieux 
veut absol­u­ment tout avoir sauf son être, ou alors en écho de bobo qui 
s’écoute  par­ler du monde entier, monde qu’il divise en deux pour 
sim­ple­ment faire enten­dre soit une haine sans amour soit un amour 
sans haine selon ce qui l’arrange dans telle ou telle situation,
parce que l’oppressé évoque avant tout son impos­si­ble voca­tion, celle 
de ne pas être devenu cet oppresseur ren­con­tré à la naissance, 
d’ailleurs, ce qu’il déplore provient d’un manque dans ce qu’il n’a pu 
explor­er, un pleureur qui ques­tionne l’objet de ses pleurs, un pleureur 
en quête de sujet : il jus­ti­fie l’injustice du monde avec ses plaintes que 
son pro­pre monde laisse échap­per et dont il se fait l’héritier

PAS DE PROBLEME

il voulait ce que je ne voulais pas, je voulais ce qu’il ne voulait pas, c’est
pas tou­jours facile, nous sommes deux à vouloir, vouloir différemment, 
que nous soyons deux n’est pas prob­lé­ma­tique, c’est bien nor­mal,                   
la prob­lé­ma­tique c’est de ne pas s’entendre sur le vouloir car chacun 
veut être pleine­ment lui et pas l’autre qui veut l’être aus­si sauf que ça 
peut devenir un prob­lème où l’un empêche l’autre d’être et inversement 
alors on finit par vouloir que l’autre ne veuille plus ou alors ne veuille 
plus que ce que l’autre veut sauf qu’à ce rythme on pié­tine sur l’être qui 
se relève avec de moins en moins d’être qui voudra de plus en plus 
con­tenir ce qu’il veut pour de vrai car celui-ci apprend à ne devenir que 
cet autre pour le garder, c’est en réal­ité un faux prob­lème car on peut 
bien vouloir à deux et même dif­férem­ment, que nous soyons deux n’est
pas prob­lé­ma­tique, c’est bien nor­mal, la prob­lé­ma­tique c’est de ne pas 
vouloir s’entendre car cha­cun n’entend que ce qu’il veut et l’autre aussi 
sauf que si cha­cun entend le vouloir de l’autre ça ne devien­dra plus un 
prob­lème et l’un n’empêchera pas l’autre de vouloir car si je comprends 
ce qu’il ne com­prend pas, qu’il com­prend ce que je ne com­prends pas, 
ce sera plus facile de vouloir ensem­ble comme deux êtres vivant 
pleine­ment leur vouloir, cha­cun pour­ra exis­ter pour l’autre sans 
dis­paraître et à ce rythme au con­traire on sera porté sur l’être et quand 
il piétin­era de ne plus être on le relèvera avec de plus en plus d’être qui 
voudra de moins en moins con­tenir ce qu’il veut pour de vrai car celui-
ci appren­dra à devenir avec cet autre pour cette fois le regarder, ce n’est
plus un problème

IL N’Y A PAS MIEUX

Il n’y a pas mieux, je me dis, pas mieux que toi, dans ce que tu fais, 
pour­tant je ne te con­nais pas, je n’ai aucune idée de ce que tu te dis, 
peut-être tu ne te dis rien de ce que je me dis, peut-être que c’est normal 
pour toi, peut-être tu te dis même, qu’on peut faire mieux, voir qu’on fait 
mieux, ailleurs, je ne sais pas, en tout cas, je sais qu’ailleurs, il n’y a 
per­son­ne, car ailleurs, on ne sait jamais et si je crois qu’il y a quelqu’un,
ce n’est que moi qui me voit en un moi qui voit tout ce qui se fait de 
mieux, un grand moi qui se revoit quand il était un petit moi, qu’on a 
voulu grandir, parce que la grandeur dépas­sait ces autres moi dans ce 
qu’ils avaient de trop ou de moins, ce qui les pous­sait à me repousser 
jusqu’à ce que moi je les repousse pour grandir par moi-même, alors                
il n’y a pas mieux, je me dis, pas mieux que moi, dans ce que je fais,             
car ce que je fais n’est pas ce que tu fais, c’est facile à dire, pourquoi 
ce que tu fais est ce que j’aimerais faire,

pourquoi je n’aimerais pas faire ce que tu n’as pas fait, je me connais 
pour­tant, j’ai bien une idée de ce que je me dis, peut-être tu n’es rien 
d’autre que cet autre que je n’ai jamais voulu être mais que je suis 
devenu, faute de moi, peut-être que c’est nor­mal pour moi, peut-être             
je me dis même qu’on ne peut pas faire mieux voir qu’on fait bien mieux, 
ici, je ne sais pas, en tout cas, je sais qu’ici, il n’y a que moi, car ici, on 
sait tou­jours, et si je crois qu’il y a un autre, ce n’est que toi qui me voit 
en un moi qui voit encore mieux que ce qui se fait de mieux, un petit 
moi qui se revoit déjà avoir été un grand moi, qu’on a voulu diminuer, 
parce que ces autres moi ne dépas­saient pas la grandeur dans ce 
qu’elle avait d’indépassable, ce qui la pous­sait à me pouss­er jusqu’à ce 
que moi je la repousse pour me grandir moi-même

 

 TRANSGRESSION

il voulait trans­gress­er le pou­voir de sa graisse qui le transportait 
lente­ment comme chaque pas qu’on reporte pour asseoir une paresse, 
c’est pour ça qu’il voulait grandir son paraître et snober l’authenticité
trompeuse de cette graisse ou plutôt faire appa­raître l’endurance de 
son orig­ine tout en épu­rant son corps, il voulait trans­former sa pen­sée par 
l’abolition des ques­tions et des répons­es car ni l’un ni l’autre ne pouvait 
pas nier le chemin qui chem­ine dans le pas même surtout quand ça 
glisse,  parce que c’est là qu’il voulait trans­gress­er la loi du sol qui 
l’engraisse avec son goût pour la paresse en arrê­tant de vouloir, il avait 
alors   décidé de voir, de voir à l’extérieur de lui car à l’intérieur on veut 
tou­jours croire à ce qui empêche le pas et dépêche la paresse qui 
dis­simule sans dire la détresse au lieu de ren­con­tr­er son désir­ant en 
train de désir­er autre chose que ce qui devait absol­u­ment le désir­er               
car dans ce k ce sera tou­jours la décep­tion d’un k venu pour analyser 
le manque jusqu’à l’anesthésier, his­toire de rester dans l’histoire,                      
une his­toire qui manque le présent à venir pour désir­er son désir absent,                                   
il racon­tait alors com­ment régress­er l’amenait cette fois à engraiss­er              
la trans­gres­sion de son pou­voir qui le trans­portait rapi­de­ment comme 
chaque pas qu’on porte pour grandir une paresse, c’est pour ça qu’il              
ne parais­sait plus mais trans­gres­sait dans l’apparition, faisant 
appa­raître l’origine de son endurance tout en incor­po­rant son épurant, 
il pen­sait l’abolition par la trans­for­ma­tion des répons­es en questions

Je suis (dans la vie) — © Voix & Musique : Damien PAISANT // Réal­i­sa­tion : Van­i­na TACHDJIAN

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