De rêve en rêve
le dormeur mâche un mot
qu’il peine à retrouver à son réveil
peut-être : « ostinato » ?
peut-être : « osmose » ?
Tout était simple. Des créatures
connues et inconnues
faisaient la queue avec les hommes
tous pressés de renaître en leur état ancien d’indivision
Ah , si compacte et douce, cette nuit,
l’étendue
indifférenciée
de la matière !
∗∗
Entre le blanc de lune et celui de la mer
le dormeur se faufile encore
avec d’autres rêves laiteux :
pain, visage, neige sur montagne.
Au réveil il regarde ses mains pâles .
Il soupire.
il n’a pas mérité
d’être le candidat de l’aube
ni de la fleur de cerisier.
Il vivra un jour comme un autre.
∗∗
… Même en plein jour, la pierre
encore tiède de soleil
l’odeur du romarin
doucement
allégé de ses vieilles branches
le pelage d’un chat
qui palpite
secret
sous ses doigts :
de quoi se mettre en place
au moins
dans un délicat côte à côte avec l’univers.