Delphine Evano, Sédiment et autres poèmes

2017-12-28T21:58:08+01:00

 sédiment

les marées inlassables
les ressacs
dénudent à nos gueules d’amour l’en­vers du décor
déposent à nos pieds les plages d’un peu plus loin

la mer s’en va

lais­sant der­rière elle
par paliers par vagues successives
ses filets d’algues vertes
ses arabesques aux nacres de chair

les promon­toires pour crabes et enfants
plon­geoirs grotesques aux frondaisons de nos futurs bains estivaux
s’a­mon­cel­lent en monticules

voici la nou­velle Ys

cité neuve surgie au bord de nos paupières
archi­tec­ture renais­sante de coquil­lages et d’ossements
aux som­mets bien­tôt cul­mi­nants par-dessus les terres

des formes humaines jamais repêchées
y sédi­mentent les grèves

transfert

ne pas devenir sale
de bouts d’idées cabossées

ni gueuler au par­loir de la vie comme on frap­perait dans ses mains par solitude
béatitude
ou désespérance

s’as­sim­i­l­er au monde faire siennes les pal­pa­tions de mille chairs chaudes
intouchables

refuser les guenilles
apos­toliques ou dogmatiques

elles tombent inutiles

une
à
une

lour­des
aux pieds comme au moment d’aimer

être nu

ce soir le monde a pris la forme d’un sein
sans autre embouchure que le désir plein
d’avoir tout entier le globe
en bouche

rognures

par remon­tées capillaires
les doryphores
enflent du bout de leurs ailes nos garde-manger
ce qui reste du pain brut de
nos justes coïncidences
nos différences

insectes de nuit ram­pants et fauves
il grig­no­tent à brûle-gueule
l’autre venu d’ailleurs
avec lui
la jonc­tion la chance des
partages

dans leurs rayures sans com­pro­mis de noir de jaune et d’ocre
ils mas­tiquent à brûle-foies
les détours les contours
invoquant
l’avenir de nos fils
la sueur de nos pères pour­tant partout dans la glaise
mélangés

foulant aux pieds
le bras­sage naturel
des gen­res et des couleurs

cro­quemi­taines des fab­ulettes d’autrefois
au cordeau des parallèles

ils avan­cent

pub

devant toi
grav­elot mignon
faucheur de vers à sable

la voix mono­corde des femmes
à l’air des inégales
sonne creux

aux écrans des abris-bus
les seins bat­tent encore l’amble
à la can­tine des hommes

comme des rames
comme des plats

des plics
des plocs
sur l’eau

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