Denis Emorine, Romance pour Olga
Le poète, dans ce nouvel opus, tutoie la Russie et son amie Olga. Une longue et entêtante mélancolie tisse autour d'elles une voix poétique qui, en brefs poèmes, distille tout l'amour qu'il peut éprouver pour la Russie de son père et d'admiration pour Olga.
La mémoire, les souvenirs prégnants de la terre russe offrent matière lyrique à ce recueil qui énonce les beautés, attise la nostalgie des tableaux dont le poème détient les clefs.
Profonde
est l'obscurité
quand je retourne là
où les mots n'existent plus
je perds pied
j'ai oublié jusqu'à ton nom
Denis EMORINE, Romance pour Olga, éditions Il est midi, pages non numérotées, 2021, prix non indiqué.Préface due à Olga Kulagina.
Le poète se revoit petit garçon, conserve quelques fragments d'un père disparu.Le livre est de deuil et de souffrance, et tout à la fois gage que l'on peut retrouver certaines images, quelques figures du passé.
Moscou, « la nuit russe », « le ciel rouge de l'Est » peuplent ces remémorations d'une « Russie qui se dérobe ».
La poésie est certes mémorielle ; elle consigne les « mots usés » ; elle est offrande et exaspération devant le passé qui se délite, et qu'il faut, coûte que coûte, ressaisir, dans une ferveur sans défaut ni défaillance.
L'écriture, toute simple, sert bien le propos ; les images en sont nettes et denses : « le sol craquelé/ de la mémoire ».
Poèmes partageables et sensibles d'un auteur né en 1956, qui convoque ici, pour le meilleur, les reliefs de son passé.