Où vont les robes le nuit, extraits
Un matin, j’ai ouvert les portes de la maison
et j’ai invité le nuage le plus animal à entrer. Puis
j’ai décroché ta petite robe noire de son cintre de
bois clair dans l’armoire cirée où dorment encore
toutes tes enveloppes.
∗∗∗∗
Mais un matin
le manque m’a chuchoté
cette porcelaine
d’une phrase
Si tu laisses la robe
dans le lit d’herbe de ton jardin
elle va germer
et les contours du paysage
lui dessineront
des seins
des hanches
le manque de l’homme
que tu as été.
∗∗∗∗
J’ai attendu sous la coque nocturne du bateau de
cendre, là où on avait tant navigué, là où la houle
de nos caresses griffe encore la poussière de cette
fièvre noire, épaisse comme le néant sous le lit, j’ai
attendu que ton corps me murmure, me supplie de
te serrer dans mes bras.
∗∗∗∗
Où vont les robes la nuit
quand les femmes
les déposent en offrande
à leur chaise ?
Où va l’âme des femmes
endormie dans le cri de l’herbe
∗∗∗∗
Un jour les phrases rejoignent exactement ce
qu’elles ont appris à dire. C’est ce que ta main a
rendu à la mienne en la serrant très fort.