En décembre 2014, lors d’un voyage à Gênes je me suis dirigée à l’Université qui était en travaux. La bibliothèque avait été déplacée dans un autre palais baroque. Peu d’ouvrages étaient disponibles, mais il y avait un rayon qui mettait à disposition un grand nombre de revues littéraires. C’est en en feuilletant une que je suis tombée sur une chronique de Donatella Bisutti, poète très connue en Italie et traduite en France pour les éditions Unes par Bernard Noël.
Je l’avais croisée au monastère de Saorge quelques années plus tôt, où nous avions fait dans des temps différents, une résidence d’écriture. Elle y était de passage pour rencontrer le public de la vallée de la Roya et je l’avais écoutée. C’est une voix à lire et à écouter.
En rentrant de Gênes, je me suis penchée sur Internet et j’ai découvert son dernier titre. J’ai lu des poèmes que je trouvais atypiques dans sa production et d’une facture différente de ses deux titres traduits par Bernard Noël aux éditions Unes. Elle est l’une des poètes les plus connus en Italie mais surtout, je me suis “emballée” pour Un amore con due braccia qui fut une véritable rencontre.
Ses poèmes érotiques, poèmes d’amour à découvert m’ont véritablement intéressée à l’heure où je me posais des questions sur le sujet, ses écueils, pour ma propre production. Les jeux entre le je et le tu, les retours sur les questions classiques qui s’immiscent au fil des poèmes, les croisements nostalgiques et les enthousiasmes rafraîchissants, inventent une langue profondément contemporaine et duelle. Ils tissent plusieurs niveaux de lecture et de mises à distance. La question de l’intime et le regard qu’elle y porte s’adressent au lecteur avec impudeur et retenue, mais avant tout à elle- même.
Nous avons échangé en étroite collaboration par courriel, puis à Nice où elle est venue de Milan travailler avec moi sur des propositions, des possibles de traduction avec le même souci partagé du détail et de la précision.
La proposition de ces premiers poèmes traduits est ici soumise à votre appréciation. Donatella et moi-même serions heureuses qu’elle vous rencontre par affinités.