Elvire Ybos, Lieux communs

Par |2025-03-06T06:50:21+01:00 6 mars 2025|Catégories : Elvire Ybos, Poèmes|

Dans la danse

Tu avais du mal à ren­tr­er dans la danse
tu hésitais
le soleil décline pourtant

tu regardes main­tenant les fleurs
elle bal­an­cent leurs jolies têtes au soleil du
printemps

tu cherch­es des réponses

j’ou­vre la baie je te vois
pen­sive celui que tu aimais
dans le jardin
en friche les bor­dures disparues

la voix de Montser­rat résonne
un jog­ger passe fluorescent

tu avais du mal à ren­tr­er dans la danse
tu cher­chais des réponses.

 

A l’om­bre d’un rocher

Il a dit je ne sais pas
mais ce que j’ai vu je l’ai vu

toi étais-tu là ou ailleurs
en expan­sion ou tapi à l’om­bre d’un rocher

Tant et tant se bat­tent ton œuvre un carnage
si « ton »oeu­vre porte ton nom
ceux qui le dis­ent les plus cruels

seules les mar­guerites en témoignent
et le vol des mar­tinets noirs qui signe le printemps
peut-être

le vent est tombé presque
à regarder les branch­es nues
je suis ici et dans cette cham­bre de mai où
nais­sance et mort se rejoignent

il a dit quelque chose l’a quittée
cette chose
l’é­pais­seur d’un souf­fle cher­chant un passage
peut-être

ici et dans cette cham­bre de mai
quelques feuilles trem­blo­tent sur des branches
obstinées
les nuages vont bon train
le vent est revenu.

 

L’eau du bain

Cer­taines conversations
les mêmes mots se répètent
l’ennui
s’immisce
couper court
se lever
quit­ter les lieux communs
se jeter dans
l’eau du bain
de rivière
dériver
sur le fil
portée
sans retenue
flan­quée du chien de la mémoire
qui nage à tes côtés.

Le chemin

 Il n’y a pas d’urgence à ne pas
être seule
seule
sur le chemin à défricher
naître aux formes et aux appels
des oiseaux
des chants s’étendent en ondes sonores
seule
est l’aube en toi qui s’éveille
une lumière de petit matin poitrine ouverte sur le souffle
seule
aux mou­ve­ments qui guident pas et pen­sées sur
le chemin à déchiffrer.

 

Sous tentes

Pour­tant tu te répares en regardant
le ciel 
trois oiseaux noirs
le traversent
dans le rec­tan­gle blanc que dessinela verrière

des arbres leurs bran­chages nus à la gueule
de l’hiver
des oiseaux accrochés les con­so­lent qui ont raté le train des migrations
vers l’Afrique
d’autres ten­tent le chemin con­traire    dans le rec­tan­gle de la mer accrochés
engloutis ou
ver­sés sur la terre

toi de let­tre je ne sais pas
rien sous l’établi ni dans les plis
de ton bleu

les sur­vivants se ter­rent sous
tentes de toile vil­lages épisodiques    déchets de bâches
plastique
repoussés mal­menés tabassés
plus rien   ce qui se passe
le labeur assas­sin   la trahi­son sous
le polis­sage des
con­temp­teurs de mots
meurent les mortels

 toi  de mot je ne sais pas

pour­tant ta voix est là

par­fois

ici des bouch­es poli­tiques pressées
empressées d’honor­er leur valeur ajoutée
en soustrayant la vie
broient le silence.

Présentation de l’auteur

Elvire Ybos

Née en France, elle a vécu son enfance en Nor­mandie. Elle habite actuelle­ment en bord de mer. Après des études lit­téraires, elle a passé une bonne péri­ode de sa vie pro­fes­sion­nelle dans les théâtres. Elle s’est longtemps con­sacrée à l’écri­t­ure dramatique.

C’est la poésie qu’elle signe sous Elvire Ybos qui s’im­pose à elle depuis plusieurs années.

Se gliss­er dans le réel fait par­tie d’un cycle d’écri­t­ure en rela­tion avec la marche à pied regroupant égale­ment Un pas de côté, États de marche et A la trace. Elle ter­mine un nou­veau cycle d’écri­t­ure en trois temps : Lieux com­muns, Savoir vivre, La classe, sous le titre générique  Pour­tant revenant toujours.

Elle marche, écoute, observe, met en résonance le dedans et le dehors. Avec la poésie,  elle cherche à capter des instants, des frag­ments de scènes, des sen­sa­tions qui sur­gis­sent en fonc­tion des lieux traversés, habités, partagés avec les vivants et les morts.

Ses poèmes sont pub­liés dans les revues  A l’In­dex, Let­tres de Lémurie (éd Dodo Vole), Ecrit(s) du Nord, Poésie Première…

Se gliss­er dans le réel a fait l’ob­jet d’une adap­ta­tion pour une lec­­ture-spec­­ta­­cle poésie et magie. (Créa­tion mai 23, reprise en mars 2024 dans le cadre du Print­emps des poètes), puis durant la sai­son 24–25.

Elle par­ticipe régulière­ment à des lec­tures publiques afin de faire enten­dre la diver­sité des voix de l’écri­t­ure. Plusieurs de ses textes dra­ma­tiques et lit­téra­ture jeunesse ont été portés à la scène.

Elle répond à des com­man­des d’écri­t­ure pour les musées.

Elle ani­me égale­ment des ate­liers d’écri­t­ure auprès de publics variés.

Bibliographie 

Ses ouvrages de lit­téra­ture jeunesse sont pub­liés sous le nom de Sylvie Robe.

L’ar­bre à musique ou les aven­tures de Séraphine L’Ensem­ble de Normandie/ Chant du Monde

La petite his­toire du grand début Fais-moi signe !

L’eau des rêves fait son lit dans ma tête Fais-moi signe !

Dans le ven­tre de l’ours édi­tions Fais-moi signe !

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