Après Faiblesse d’un seul publié en 2015 aux éditions Centrifuges, Emilien Chesnot (né en 1991) vient placer son jeune âge comme un nouveau regard sur ce que devrait être la poésie : une recherche d’une autre façon de voir, avec le regard de la jeunesse “Chaque oeil au singulier d’un monde / ouvert”.
“les yeux / ce qui dépasse le plus / du corps / avec et plus loin / qu’un simple arriéré / de perception”.
Le jeune poète veut développer un “regard matière” avec sa propre façon de voir au delà des apparences “glissant / sous l’aspect des choses”, “dans une transparence / restée sans contraire”.
Mais Emilien Chesnot cherche à voir l’invisible en convoquant tous ses sens, au-delà de la vue. “le sens / va dans l’épuisement / du sens”. Et le peintre Jean-Noël Bachès vient conforter cette tentative de perception extra-sensorielle avec de belles peintures, soulignant parfois visuellement les assonances du texte. Une complicité entre le peintre et le poète que Claire Perrin l’éditrice, a voulu placer en une du recueil : les deux noms à égalité entourant le titre, pour un très bel et bon ouvrage.
Avec la solitude comme point d’équilibre, il est un air n’est pas qu’une réflexion sur le “je” mais aussi sur le “nous” : “un tous / repensé chaque”… et sur le temps “filet de mémoire / si proche de n’être rien / et si peu de corps / autour de la blessure” et plus loin “sans fin le jour passe / dans le mouvant des ombres / fermées sur leur soif / le passé l’avenir / s ’observent / sous la porte du présent”
La quatrième de couverture évoque “une écriture qui se cherche”, nul doute qu’Emilien Chesnot l’a trouvée avec ce deuxième ouvrage car il est un air de promesse d’avenir dans cet ouvrage-là…
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