Eric Dubois, Paris est une histoire d’amour suivi de Le complexe de l’écrivain
Paris est une histoire d’amour
Il s’agit ici d’un livre idéal pour le lecteur en panne ; il est composé en effet de chapitres brefs et vivants qui encouragent à tourner les pages. L’obsession du narrateur à retrouver une jeune fille, appelée Milena comme la fiancée de Kafka et rencontrée dans un café, est tout de suite mimée par un style haletant. Le récit lui-même se construit d’emblée à l’aide d’idées-chocs, de clichés amoureux et attachants :
J’étais sidéré par sa beauté, à la fois figée comme une statue et en mouvements par la chorégraphie spontanée et naturelle de ses gestes.
A l’aide aussi de quelques repères autobiographiques parisiens :
C’était au début des années 60, après ses trois ans obligatoires sous les drapeaux en Algérie, il ne voulait plus continuer à vivre dans sa Normandie natale, auprès de sa mère veuve mais se rapprocher de sa grande sœur mariée qui occupait une loge de concierge rue du Faubourg Montmartre au numéro 5.
Eric Dubois, Paris est une histoire d’amour suivi de Le complexe de l’écrivain, éditions Unicité, 2022, 13 €.
L’histoire donc du père du narrateur est éponyme du titre puisque c’est à Paris qu’il a connu une grande histoire d’amour en épousant sa mère.
On avance dans la lecture en apprenant que l’attente est scandée par des coups de fil à son ami Hervé et par ses promenades dans la Ville lumière où il se « passe toujours quelque chose ».
Cette constatation et l’histoire familiale rendent ainsi tous les espoirs possibles même si, alors que l’expression s’alourdit, avoir cinquante ans semble un obstacle au bonheur. Notre homme veut cependant écouter les conseils de sa voisine de palier qui lui parle de l’urgence « de bien vivre ».
Le chapitre 7 présente bel et bien un moment d’acmé si on se souvient qu’Eric Dubois est aussi poète et souvent expert en pépites comme dans ce paragraphe :
Il y a de faux plafonds à l’âme humaine. Un désir ardent et impétueux d’atteindre le ciel. Pour ma gouverne, je n’étais pas loin du but. Milena était un ange accessible, parce que composé de chair et de sang.
Nous l’accompagnons dans sa quête amoureuse, épousant les strates de son expérience et de son caractère, et dans la hâte de voir arriver la conclusion souhaitée.
Mais les dernières séquences se jouent, semble-t-il, entre rêve et réalité dans « Paris, ivre de la folie des mondes. » où seul l’amour permettrait de lutter contre l’ennui si la clef finalement n’était pas la folie.
Eric Dubois est passé maître, on l’a cité plus haut, dans l’étude de l’âme mais aussi de l’esprit des hommes et la fin de l’opus est un modèle du genre.