Etienne ORSINI, Répondre aux oiseaux

 

 

Sur des dessins de Pierre Lancelin (10 vignettes en noir et blanc, aux traits mouvementés et brouillés), le poète, né en 1968, auteur de six autres livres de poésie, décline en brèves pulsations une solitude majeure.

L’avenir, bouché, « une année morte », « cette soif d’étoiles », oui, bien mélancolique, sont quelques fragments d’une vision où le poète « presse/ Le ciel de rester » avec lui.

Les « jours révolus », une nostalgie cuisante parsèment ces poèmes courts :

 

« Je me suis sorti des décombres
À l’état de poème
Il faisait jour sur la page (p.32) »

 

Plus loin, « Vivre n’est plus de mon ressort »  ou « Je m’effondre épuisé ».

Une désespérance noire aliène les relations, les lieux (« J’ai longtemps cru qu’ailleurs/ Était un nom de lieu/ Avant d’avoir/ à ne plus t’appeler »), l’être (« J’ai dû quitter la fête/ Le cœur y était trop »)

On suivra avec beaucoup d’intérêt ce jeune poète qui corsète son écriture pour lui faire signifier le plus âpre, le plus nu, avec un sens aigu des formules, des images, de la concision :

 

« Partir
Pour ne plus sentir les distances
À l’intérieur de soi (p.36) »

 

Le vœu intense de l’auteur – rejoindre l’oiseau dans son libre chant – s’abîme contre des constants cinglants (« Au fond du jour/ Je pars extraire/ le minerai d’être ») : un apologue désespéré.

 

*