Le poète polonais A. Taczyński donne sa vision de la crise grecque
En partage
Si le poème était un homme
Il prononcerait :
Hélas
la terre cendrée de Grèce
ruisselle. Hélas
la mer sanguine de Grèce
chavire.
Là,
Grèce, hélas
Les tessons de nuits
Et bris de frissons
En brouillards ensevelis
Hélas, Europa Grèce
Rien ne vient au secours les pluies d’argile
se soulèvent s’enfuient
s’écrient en déroute de la glaise
Europa Grèce
hélas
Là,
Europa Grèce
Ton argile s’estompe
à l’ordre barbare financière la horde les chiens enragés putassiers
déferlent sur toi, Grèce d’Europe
Et la Méditerranée se tait.
Les mots sont des beautés prostituées
Quand Das System parle en lettres Kapital
La Méditerranée sait s’abîme
à l’engloutissement des paysages en rocs d’oliviers
Et l’argile s’ombre
hélas
le continent contemple l’effondrement l’Architecture
Europa Grèce
Un ciel épuisé ruisselle de larmes les yeux mouillés
des étoiles ricochent aux souffles de roches éteintes
je ne parle pas de la nuit aucune nuit ne ploie sur toi
Europa Grèce
je parle ici de la tombée du silence
là où le ciel se meurt
plus rien désormais sinon
le temps et le nom chutés
et le flot de lames coulant de ton visage Europa Grèce
la pensée fissurée les inconnues du langage saccagées, et le reste
Europa Grèce, l’indicible
Ce qui ne peut pas plus être le Dit de la Grèce
Poème traduit par l’auteur et revu en sa compagnie par Matthieu Baumier