Eva-Maria Berg, poème pour le Mémorial de Waldkirch
Nous vivons une période trouble de transition, ballotée par les flux et reflux d'une histoire où le futur tarde à éclore, et nous laisse envisager le plus radieux, comme le plus terrifiant.
Nous vivons dans une société froide et mondialisée où nationalismes frileux, intégrismes religieux ou économique, fanatisme et populisme, se nourrissent des peurs, des frustrations et rancoeurs, et semblent chaque jour étendre leur domaine, tandis que dans ce délitement des liens sociaux, des liens avec l'histoire et la culture, l'humanité semble chercher son âme perdue.
Pour éviter le naufrage de notre civilisation, la perte des valeurs qui sont les nôtres - et celles de l'humanité dans son ensemble - il importe de ne pas oublier ce penchant négatif de l'histoire : rendre hommage à ceux qui disparurent /disparaissent à cause de la barbarie est un acte vital, un acte de survie.
Eva-Maria Berg, poète et humaniste - mais peut-on être l'un sans l'autre? - contribue à ce devoir mémoriel : son poème, gravé sur la stèle dressée par sa ville, Waldkirch, à travers les nombreuses victimes du nazisme auxquelles elle rend hommage, nous rappelle que le ventre de la bête est toujours fécond, et notre devoir de résister. La chaîne de traduction suscitée par ce texte témoigne de notre force d'hommes - et de femmes - de bonne volonté pour faire re-naître l'avenir. (M.B)
Texte écrit pour le Mémorial de Waldkirch
Leurs bourreaux avaient été des membres de la Police allemande et des acolytes lituaniens.
D´après le rapport manuscrit du commandant de la Police de Sûreté (SIPO) et du Service de renseignement et de sécurité de la SS (SD) de Kovno, de février 1942, avaient été exécutés aux dites dates:
138.272 personnes, essentiellement juives, dont 55.556 femmes ainsi que 34.464 enfants.
Le responsable de ces crimes , SS-Standartenführer (colonel), avait été un citoyen de Waldkirch et, de sa profession, facteur d´orchestrions.
Par ce mémorial, les citoyennes et les citoyens de Waldkirch rendent hommage aux victimes de la barbarie nazie en Lituanie.