C’est dans une langue riche, variée, issue d’une recherche personnelle tout à fait originale que les poèmes de ce recueil s’offrent à notre lecture. Il y est question du monde, de soi, de l’amour, de la finitude, du mystère de la vie dans une poétique emprunte de sensualité. Le poète s’étonne, ne proclame rien, partage avec le lecteur cet étonnement, qu’il soit émerveillement ou déception, ravissement ou désespoir, qui constitue le socle de sa réflexion existentielle.
La richesse de la langue repose sur des jeux sémantiques, grammaticaux, syntaxiques d’inspiration surréaliste autant que catastrophiste ou postmoderniste. Un ancrage solide dans les traditions poétiques et intellectuelles européennes contribue à créer une langue poétique singulière propre à rendre compte de l’expérience du poète, de son rapport intime et complexe au monde. Les métaphores audacieuses, non dépourvues d’un sens de la dérision en maints poèmes, les comparaisons surprenantes évoquent les démêlés du poète avec le réel. Lorsqu’il est absent, ce réel, elle l’invoque avec passion pour le faire advenir, et quand il est envahissant, elle le tient à distance grâce à l’ironie ou l’auto-ironie pour faire contrepoint au tragique, à la désespérance.
La solitude et la perte, le manque, ce qui dévaste renvoient par contraste au désir, aux possibles. C’est donc dans cet incessant mouvement d’une écriture de l’inassouvissement que naît et s’accomplit la parole poétique chez Ewa Sonnenberg.
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