Descendre.
En quel lieu sûr descendre.
Pour recevoir un legs des lumières vives.
Pour que flashs
Ou manchettes
Écrans publicitaires – avec leur lot de pixels
Dernier Cri –
Ne laissent plus sur la rétine
Qu’un souvenir d’ahuri…
Oui
Pour un crâne perforé
Le jour passe
Les épaules s’affaissent
Le corps vidé
Ne tient plus que par la tête – sans qu’on sache comment –
Suspendu comme un poids
Il avance…
*
Lumière de ma lampe économe lumière molle ma lampe
Quelle idée de lait ce soir renfermes-tu donc ?
Quelle Puissance nourricière gît derrière ta paroi ?
Je chuchote
– Pour ne pas te froisser –
Et la musique à tes côtés monte vers toi
Et redescend afin de te bercer
Lumière de ma lampe économe lumière molle…
*
Le soir
Autour de nous les premières lumières s’allument écrasées
Par le ciel nocturne
Sur le bitume encore fumeux
Quelque part
L’orage gronde
Comme un ouvrier
Tout noir de poix
Mais on sait déjà que la terre va pleurer ses eaux perdues
La radio
Est à deux doigts d’annoncer la naissance d’une catastrophe
Ou d’une révolution
Ouf ! Quelle journée…
Tant de bruits qui ont passé en rafale
De soleils virulents
Dans le clapotement des sirènes :
Le cœur a perdu pied dans un mirage d’asphalte…
A l’autre bout
La main tremblote
*
Rien à midi
Pas même sa lumière blanche et mauvaise
Qui a fait de moi
Sa bête somnolente
Par l’air dense ce soir
Le monde avec elle pourra transiter
Et venir se presser
Sensible au bord d’une mémoire béante
Que j’aurai devant moi – occupé à fouir…
Fouir
Et à me dérober
Peut-être ferai-je bouger les lignes…
∗
Écoute-le… maintenant
Il passe sur la route et se démultiplie
Grondant tout feu tout flammes
Dans une embardée
Se perd comme un tonneau
Au roulement de tambour
Puis il disparaît…
Sous les dernières gouttes
Les feuilles lasses tout à l’heure crépitantes
A laisser interdit
Fabriquent un bruit moelleux :
Le temps a été sec et lourd
Caniculaire
Le Poète anonyme (Poèmes de la dernière modernité), éditions Unicité 2022