Fabien Pio et Dominique Boudou
Fabien Pio "Diffractions",
FPM Hors série.
Diffraction : déviation d'ondes au contact d'un obstacle.
Quelles ondes ?
Celles du vivre, des voix, voies, jours, espoirs, rêves, buts ?
La continuité d'un choc ?
La certitude d'un vide, cette "volatile faille / dans l'abime" ?
Ce qui va, tôt ou tard, on s'en doute bien, balayer la quiétude, cette paix illusoire ? "le mouvement latent / d'un vent qui s'annonce"
On ne peut ignorer le mal, le vide, le rien, tapis sous la peau frêle du sourire factice, obligé.
On sent bien l'impact, le choc - le contact, donc, d'un obstacle, d'un mur de soi, ou d'une frontière de l'Autre, la "diffraction/d'ondes dans l'air//clarté irradiée//en éclats".
Cette forme de fin, alors, ce mutisme où l'on sait que "parfois/les mots//ne peuvent dire//les choses qui vident/de leur substance/les jours//et parfois même//les mots"
***
Dans la durée des oiseaux, Dominique Boudou,
éditions du Cygne
L'amour ou l'amitié, l'amitié est l'amour. Peu importe. On se fréquente, on se sait ; et, plus que tout encore, on n'ignore pas les figures de l'autre, ses souvenirs, ses détails, ses blessures - surtout.
"Garder les traces qui doivent être gardées."
Le bol bleu de l'enfance, cette madeleine amère ; les photos des parents, leur invisibilité ; la fratrie ou la solitude, la famille est aussi la solitude.
"Nous aimons cette illusion du souvenir bu avec le lait."
Et ce qui s'accumule entre les doigts venteux des jours, ce désir de demain qui ne décolle pas, ne reste qu'aujourd'hui, cette permanence du présent, cette itération du silence. L'image des corps et des vies surnageant en l'eau trouble de souvenirs voués à l'oubli.
"Quelle image saurons-nous garder de cette vie qui n'est pas la nôtre ? Quelle force y puiser avec nos mains coupées ?"