Plusieurs yeux plus contre le béton dont se désarme la main en corailleuses
déchirances rance le temps s’assiège
Peintures écaillées
Coups de gris
Mauvais temps
Ce sont les alertes vaincues du surmenage, quelqu’un parle et se lamenterait cent
fois si la fuite en bas n’arrachait sa peau et vaine
Bruits rouleurs
Lourds faux
Puits d’os
Regarde ces énormes carrés rouillés auxquels périt un constant instant consom-
mateur dont s’enfantent
Autres morts
Lointains ailleurs
SOS ténébreux
Le rail s’enfuit passe la ville trouve dans son regard absorbé la couleur sent
tressaillir devant le temps ses cils
États de misères
Absurdes sens
Fils époux
Mais bientôt parce que tout est dans un jour l’œil aura du lendemain la fade cendre
au cœur et finira de battre sous les neiges enfui belles d’inutile prison
Vents passeurs
Charrons poreux
Rets d’hormis
*
C’était près de ces nuits qu’ils marchaient
Le ciel étonnamment clair
Des morceaux de feuilles se déchiraient sous leurs pas
La veste bleue lui glissant aux coudes et la bretelle du sac
Glissait
Écoutant ils firent le dernier pas
Mais dans l’air froid leurs mains
Ne se rencontrèrent
Ils pensaient Peut-on imaginer peut-être que nos mains se touchent
Mais dans l’air froid ils n’auraient rien dit
Dans les millions d’années jamais ils ne se seraient dit une parole
Sous le ciel étonnamment clair
Sous la pollution lumineuse d’une grande cité trop proche
Eux trop près du monde
Un hurlement pouvait tuer
Se rêvaient seuls
Leurs yeux clairs regardaient leurs corps
Sans y paraître
Mais silencieux ils ne se toucheront pas
Ils ont passé trop de temps debout l’un près de l’autre
Ces perdus
Se rejoignent et ne seront pas
Tous deux
Ne seront pas
*
La table la chaise face à la fenêtre c’est où passe le jour.
Le jour éclaire tout,
Le jour, c’est la mémoire d’une nuit très longue froide mortelle
Les noms
S’il regarde par la fenêtre,
Le jour est un long moment et vertigineux de survenues,
Dont toutes les lumières les plus lointaines voltigeront et
Lui passeront de leurs doigts l’ancienne invisible braise
Que brûlèrent tant de lèvres
Sur les siennes il passe alors un charbon froid et noir
Il frappe lourdement le volet dans la croisée dont le verre se fend et
Lui a fait crisser les dents
Noires de cette chair ancienne du monde qu’est le charbon
Ce goût cette force en son corps
Vont toucher aux chairs vives
Elles sont les braises nouvelles des jours
Aux volets clos
Aux mains ouvertes pendant le long de la chaise puis
Puis soudainement serrées sur la table et
Il tient amoureux ce qu’il aime par-dessus tout sans tout en aimer
Comme on sent l’amour sans le connaître
Des nuits et des nuits tiennent entre ces deux mains serrées
Qui n’enferment rien que de libre et
D’où revit
*
Ils l’ont pris
L’ont noué sur un arbre
Un vieux pin aux branches maigres, au tronc maigre
Avec un lierre épars
Ils ont tiré leurs flèches et l’ont percé dans son corps
Il mourait devant eux, triste
Puis, ils l’ont
Détaché
Lui était mort.
Longtemps après, sur le corps du pin
L’on pouvait voir chaque hiver
Les longues coulées blanches de sève sèche
Pleurées de sous l’écorce en quelques points que la flèche a touchés
C’était aussi comme la cire d’une bougie mourante
La glace plue aux corps abandonnés
Le regret d’un vieux complice
Les larmes honteuses au vent trop aride
Que pleurent les survivants
Quand ils revoient la mort