Fabrice Marzuolo, À tous les poètes morts avant leur mère, et autres poèmes

Par |2019-05-04T20:09:14+02:00 4 mai 2019|Catégories : Fabrice Marzuolo, Poèmes|

À tous les poètes morts avant leur mère 

 

Une belle journée la fête des mères
une balle dans le cœur m’aurait tué autant
mais là je me dis­sous tranquille
dans ma vase
comme le bou­quet de fleurs fanées
dans le vase brisé

 

L’air qu’on respire est invisible
le poème écrit devient visible
et plus le vide est grand
plus le poème est grandiose
les grands mots
font le Mont des songes
— Si Haut
les belles phrases
comme on fait son lit
on se couche

 

 

Le cœur au plancher

 

Cette journée avec beau­coup de vert sous du ciel
en bleu

des para­sols ouverts

des fleurs dont j’ignore les noms
je les nomme par leurs couleurs
des jaunes des mauves des rouges

je dis­tingue aus­si des bambous
qui plient mais ne cassent pas
et pour­tant ici droits sur leurs cannes

des cris d’enfants des som­ma­tions d’adultes
tous sans âge
ça joue à la famille
un jeu ances­tral autant qu’ennuyeux
suivi des inévitables
effluves de graillon

avec Marie je compte les jours
on part à Boston
la ville natale d’Edgar Poe
mais à cet instant le cœur
cogne fort con­tre la cage
que je vais devoir revenir ici
pas de peau Edgar

 

 

Un autre but

 

pen­dant que la france joue le match
de foot j’écris un poème
il n’est pas bon d’écrire un poème
quand tout le pays
est devant l’écran
qu’il faut garder ses deux mains libres
pour applaudir ou prier
la france joue la coupe
tant qu’elle ne mar­que pas
il règne un silence d’or
le quarti­er est tranquille
la vie serait presque belle
il n’y a plus que des chats
non­cha­lants dehors
ça change des boas constrictors
mais une fois le match fini
c’est le retour des pétarades
des cris des tirs de ballons
des cagoules et des faux
qui sif­flent sur la peau
le chaud et l’effroi

si je pou­vais m’inventer ici
un paradis
ce serait un match
qui dure toute une vie

 

 

Présentation de l’auteur

Fabrice Marzuolo

J’écris des nou­velles et par­fois des poèmes, l’ensemble est essen­tielle­ment pub­lié dans les revues.

Dernières paru­tions :  revue Paysages écrits, le  numéro 29 ( des poésies, mai 2018) de San­da Voï­ca et la revue Rue Saint Ambroise , le numéro 41 (une nou­velle,  mai 2018) .

 

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