François Grav­e­line — Les oiseaux du petit fleuve

 

Puisque la nais­sance est un envol, puisque le désir et la mort aus­si, chercher une expli­ca­tion dans le vol des oiseaux. « Un oiseau passe / la vie aus­si // tu n’en sais pas plus / sur elle que sur lui. »

Et puisque la vie coule vers son grand estu­aire, voir dans chaque vaguelette poussée par le vent, un peu de la mémoire qui s’en va. « Sur le bord de la mémoire / les sou­venirs font des ric­o­chets / et puis s’envolent. »

Le fleuve net­toie les pen­sées « Au bord du petit fleuve / ton cri / a jeté sa falaise ». Mais le mys­tère y est partout « L’énigme / est un galet // le ric­o­chet / une réponse. » L’en­vol de l’oiseau s’ef­face aus­sitôt accom­pli, on rêverait qu’il en soit ain­si pour tous nos soucis. Mais étudi­er les oiseaux et le fleuve n’est-il pas regarder vers l’avenir ? « Quand le ciel et la mer / se rejoignent en toi / de qui es-tu l’horizon ? »

François Grav­e­line a observé le fleuve près de l’océan et les nom­breux oiseaux y habi­tant. En nous accom­pa­g­nant dans cet envol, il nous donne a lire une poésie brève, par petites touch­es, comme des petites haïkuarelles peintes à même le voyage.

 

 

 

 

 

 

Valérie Rouzeau – Téle­sco­pages

 

Valérie Rouzeau aime téle­scop­er les mots, les faire entr­er en col­li­sion pour mieux les faire entr­er en réso­nance. Et quand on lui pro­pose d’écrire à pro­pos d’un objet exposé au musée des Con­flu­ences de Lyon, c’est tout naturelle­ment qu’elle choisit le frag­ment de la météorite Allende qui explosa sur terre le 8 févri­er 1969 à 1h05 du matin.

Bien enten­du Valérie Rouzeau choisit la voie et la voix de la poésie et non pas celle de la sci­ence pour évo­quer tous les téle­sco­pages provo­qués par cette météorite. La sci­ence “c’est qu’on n’y com­prend rien on y pige fort mal”. Alors plutôt con­vo­quer tout ce qui peut tomber : pétales, pot de fleurs, pile d’assi­ettes et puis la pomme bien sûr, dans 22 frag­ments mêlant ciné­ma,  BD, pein­ture et des clins d’œil à Elu­ard et Armand le poète. Car le téle­sco­page est avant tout une ren­con­tre, et partout dans ce livre les ren­con­tres, entre Fri­da Kahlo et Rahan ou Galilée et Mr Bean par exem­ple, explosent en bulles créatives.

Pas de pro­pos savant donc mais la vision d’un quo­ti­di­en impacté par cette pierre venu de l’e­space avec tout son charge­ment de sig­nifi­ances. Quand la poésie se téle­scope avec la science…pour le plus grand bon­heur de la langue.

 

 

Elis­a­bet Jokuls­dot­tir — Sol­stice

D’Is­lande nous vient ce sol­stice, pour­tant plus habitué aux équa­teurs. Ce sol­stice nous évoque la chaleur du corps et du désir. Le feu intérieur qui attire les corps comme les sources vol­caniques d’Is­lande. Le feu féminin qui va jusqu’à effilocher les chandails. « Cet embrase­ment se mue en flot de lumière, / puis-je main­tenant caress­er ta nuque. ». Le corps, la terre « issu de la terre, nul n’est plus terre que toi » pour une quête du bon­heur « Le bon­heur est de suc­comber à l’instant. »

 

Elis­a­bet Jokuls­dot­tir, artiste islandaise engagée pour la pro­tec­tion de l’en­vi­ron­nement, choré­graphe, écrivain et poète, exprime la puis­sance du désir en 102 dis­tiques bilingues élégam­ment envelop­pés dans les boîtiers qui dis­tinguent la col­lec­tion Po&psy des édi­tions Eres.

 

 

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Denis Heudré

né en 1963 à Rennes, denis heudré cul­tive son jardin dis­cret dans un coin de la web­sphère sur son site inter­net