Florilège 2018 des Editions Tarmac : l’Art comme Copeaux contre la barbarie.

2018 est une très belle année pour les Editions Tarmac. Jean-Claude Goiri a su offrir de beaux noms à ce fameux « lieu » où se fabrique la Littérature. N’oublions pas qu’en plus de ses productions livresques, celui-ci publie un épais contenu éditorial, en la revue FPM((Voir à ce propos la rencontre avec Jean-Claude Goiri parue en avril de cette année sur Recours au Poème)) et sur son site du même nom. Des articles, des œuvres plastiques, des romans, des recueils de poèmes, qui rivalisent de qualité, ont édifié la pérennité de Tarmac.

Les voix romanesques sélectionnées par Tarmac valent une lecture. Ne cédant à aucune tentative offerte par la facilité, Jean-Claude Goiri offre des voix inédites à la diégèse romanesque. Thierry Radière, qui publie Le Manège, édifie  une parole narrative qui questionne la fiction. Une indication générique claire soutient l’appareil tutélaire : « Roman ».

 

Jean-Claude Goiri, Copeaux contre la barbarie,
Editions Tarmac, 2016, 20 pages, 8 euros.

Christophe Bregaint, Dernier atome d’un horizon,
Editions Tarmac, Nancy, avril 2018, 86 pages, 14 euros.

Il faut également souligner les publications d’Alexo Xenidis avec Communication prioritaire, de Gilles Vernier qui signe Sans cesse, Rhapsodie à ciels ouverts. Prose poétique, poésie narrative, les postures de ces instances auctoriales et/ou poétiques ainsi que le style original de ces livres/recueils valent une lecture ! Il est à noter qu’aucune indication générique ne figure sur la une, ni même ailleurs… C’est ainsi que l’on défriche l’épaisse broussaille du futur de la Littérature, en permettant aux genres de se mêler, de s’affirmer dans ce décloisonnement fertile.

Ce souci d’exigence se retrouve dans les recueils poétiques (entendons par là qu’il s’agit d’une mise en oeuvre versifiée) publiés par Tarmac. Il ne s’agit en rien de donner voix à une coloration stylistique particulière, car Jean-Claude Goiri accueille toute parole poétique dès lors que le langage y est offert dans la dimension inédite permise par le genre… Et n’est-ce pas justement ce qu’offre Christophe Bregaint au lecteur ?

Son recueil, Dernier atome d’un horizon,  publié en avril, a connu un vif succès et consacré ce poète discret et actif… Il n’a en effet cessé de porter secours aux démunis, et de relayer les exigences de nos semblables qui luttent pour que les droits de tous soient respectés. Et, bien que la poésie ne souffre pas cette perméabilité biographique, que l’on se rassure, ses recueils sont de haute et belle allure. Le vers est vif et court, ce qui lui confère une puissance que seul un travail poétique sur la langue à même d’en révéler toute l’amplitude peut révéler. Le poème ne s'étend pas sur plus d'une page, et rend compte de l'humain dans un univers urbain devenu tentaculaire. Là au milieu des foules pétrifiées le poète voit et révèle les absurdités de nos sociétés, et offre une voix aux exclus. Surtout, il rend perméable cette solitude qui a avalé toutes les envergures des fraternités qui cimentaient autrefois nos semblables. Deux publications de Dehors, une anthologie éditée en faveur des sans abris, et des actions menées pour le changement de nos sociétés, voici ce que mène Christophe Bregaint, dans le silence et dans l'ombre.

Sophie Brassart qui est l’auteure de l’illustration de la couverture de Dernier atome d’un horizon, n’a pas à renier son premier recueil, qui offre à Tarmac une belle voix poétique. Les images sont, là aussi, inédites et fertiles, et la puissance des poèmes de cette artiste accomplie est mise en valeur par la haute tenue des publications. Le papier blanc et les pages gaufrées qui forment un écrin aux vers des poètes accueillis chez Tarmac accueillent ici aussi une de ses toiles en couverture : un visage de femme aux traits purs et mélancoliques encadré par des aplats de couleur  en dégradé de marron. Image de l’artiste, voix de l’atemporalité de l’Art ? Sûrement tout à la fois, car les archétypes présents dans les productions de Sophie Brassart soutiennent une transcendance qui est la signature de l’Art.

Sophie Brassart, Combe, Editions Tarmac,
Nancy, mai 2018, 43 pages, 12 euros

 

Jacques Cauda, Peindre, Editions Tarmac,
Nancy, 2018, 72 pages, 14 euros.

Citons encore François Ibanez, avec Lucifer au bord des larmes,  Rodrigue Lavallé, Décomposition du verbe être, et Adeline Miermont Giustinati, Sum ballein. Des vers courts et des jeux avec l’espace scriptural, des unes illustrées d’œuvres de plasticiens, tel Jacques Cauda, que l’on retrouve souvent avec plaisir dans les publications de Tarmac, et notamment dans Peindre. Il s'agit là d'un entretien passionnant mené par Murielle Compère-Demarcy,  pour le script d’un film en hom­mage au peintre. 

Un florilège bien sûr non exhaustif, bien que déjà il y ait matière à s’émerveiller !

Tarmac est donc une signature qui compte désormais, et chez qui on peut être fier de se voir publié. Nous lui souhaitons une aussi belle année 2019, et formons le vœu que Jean-Claude Goiri continue à nous émerveiller encore longtemps !

 

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Christophe Bregaint, Dernier atome d’un horizon, Editions Tarmac, Nancy, avril 2018, 86 pages, 14 euros.

Sophie Brassart, Combe, Editions Tarmac, Nancy, mai 2018, 43 pages, 12 euros

François Ibanez, Lucifer au bord des larmes, Editions Tarmac, Nancy, juin 2018, 51 pages, 12 euros.

Gilles Vernier, Sans cesse, Rhapsodie à ciels ouverts, Editions Tarmac, Nancy, avril 2018, 66 pages, 14 euros

Adeline Miermont Giustinati, Sum ballein, Editions Tarmac, Nancy, septembre 2018, 129 pages, 15 euros.

Rodrigue Lavallé, Décomposition du verbe être, Editions Tarmac, Nancy, juin 2018, 102 pages, 14 euros.

Alexo Xenidis, Communication prioritaire, illustrations de Jacques Cauda, Editions Tarmac, Nancy, mai 2018, 12 euros.

Thierry Radière, Le Manège, Editions Tarmac, Nancy, août 2018, 114 pages, 15 euros.