Un silence de rive morte souffle sur les pas de tes rues. Ville. Ma ville.
Pendant tout le jour la nuit t’appelle à l’abri du vide qui peu à peu t’absorbe. La nuit t’appelle à son seuil de pierres froides.
Même jaunes les étoiles ne réchauffent rien.
Dans la nuit qui t’appelle tu cherches le printemps à tâtons dans l’herbe humide des jardins publiques. Et tu frôles le manteau oublié d’un rêve qui tremble au bord de la saison.
Confinement. Ce mot est doux comme du coton.
Confiserie ou firmament ?
C’est comme un rêve qui tourne en rond. Un carrousel.
L’œil se multiplie, longe des façades où vibrent des sourires d’enfants.
Au tournis voici la nausée. Entends-tu ? Entends-tu ?
Ce mot qui nous enferme. Du ciel dans un bonbon.
Ennui. Tâche d’huile. Tu allonges tes membres croyant remplir plus de vide. Croyant augmenter la matière, croyant que l’ennui est un vide.
As-tu oublié qu’il y a un nom pour toute chose ? Un nom énorme qui solidifie toute chose. Et qu’en désignant toute chose à l’aune de son nom, la source coule comme une lumière de mai.
Nomme cet arbre un cyprès, nomme cette sensation l’ennui.
Dans la pénombre du mot, alors se plaira ton séjour dans l’ennui.
Un ciel plaqué d’une pâleur bleue presque abstruse ternit la promesse vide du soir.
Une lumière à l’abandon tombée d’un lampadaire découvre la rue
Bientôt asile des chats errants.
S’appliquer à se taire
Et dans la paume d’un monde qui hésite à fuir
Boire l’éphémère.