Georges Drano, Vent dominant
Le poète, né en 1936, déjà honoré de quelques lignes dans le « Dictionnaire de la poésie française contemporaine » de Jean Rousselot (Larousse, 1968, p.83 : « «lyrisme amoureux et paysan, dont l’imagerie st souvent très heureuse »), décline lyriquement le vent, sous toutes les espèces, en poèmes de formes diverses (versifiés, en prose, haïkus numérotés…), vrillant l’air, « toute vie dehors » (p.22), racontant ce que le vent méchant a pu commettre (« Le grand vent tenait la porte fermée… » (p.50), tentant de le définir, de le classifier, jouant de lui, jeu de mot, bout d’air (« Serrer le vent de plus près/ pour s’y hausser/ avec les mots. », p.55)
Le poète Drano distille mille et une approches de ce donneur « de coups de griffes » ; puisque « chacun a le sien », ce « Vent mal taillé », et comme dans les contes d’enfants, avec l’émerveillement de ceux-ci pour le mystère des choses : « Derrière le vent existe-t-il un pays » ?
Une entomologie du vent par un artiste léger de plume, d’une fluidité imparable, sans jamais verser dans le convenu, non d’une légère gravité comme le beau qui tombe, comme le juste qu’aggrave le mot.
Un beau livre, qui ne se contente pas de faire constat du réel, mais qui l’interroge souvent (« Pouvons-nous entrer/ dans la blancheur/ pour ne plus revenir/ sur nos propres traces ? »)
J’en aime beaucoup ses « Coups de vents », qui closent le volume, tout en l’aérant :
Il faut changer de vent
sinon il vous déborde.
Ni chasseur, ni pêcheur le vent
Cueilleur qui laisse pourrir
sa récolte
Au moindre souffle
Est-ce le vent qui cherche
notre ardoise ?