Gérard Bocholier, Les Étreintes Invisibles

Par |2018-01-06T12:56:14+01:00 22 novembre 2017|Catégories : Gérard Bocholier|Mots-clés : |

Je lis de loin en loin Gérard Bocholi­er en revues et je crois bien que c’est la pre­mière fois que je le lis dans un recueil, “Les Étreintes invis­i­bles”. Qua­tre ensem­ble de poèmes com­posent ce dernier. Le pre­mier, inti­t­ulé Atten­tions, témoigne d’une enfance vis­itée par le présent. Si Gérard Bocholi­er fait allu­sion à sa croy­ance, c’est tou­jours avec beau­coup de légèreté, comme en pas­sant, au détour d’un mot (âme, annon­ci­a­tion, prière, ange…). Seuls, peut-être, ces poèmes, “À genoux” et “Impro­vi­sa­tion du jour” en dis­ent plus mais rien qui n’im­pose ; mais ce n’est sans doute qu’un effet de l’indi­ca­tion du lieu qui leur a don­né nais­sance ? Car Gérard Bocholi­er est pro­fondé­ment humain et tous les poèmes de cette suite sont placés sous le signe du partage.

Le deux­ième ensem­ble, Frères de lumière, regroupe des poèmes qui sont des exer­ci­ces d’ad­mi­ra­tion dans lesquels Gérard Bocholi­er rend à quelques poètes ce qu’il leur doit. Le point de départ sem­ble (j’ai oublié mes lec­tures !) être un vers (indiqué en italiques) de l’au­teur qui donne son nom au titre du poème. Exer­ci­ces d’ad­mi­ra­tion car Bocholi­er prend son bien là où il se trou­ve pour en faire son miel.

Gérard BOCHOLIER, "Les Étreintes invisibles". L'Herbe qui tremble éditeur

 Gérard BOCHOLIER, Les Étreintes invis­i­bles,
L’Herbe qui trem­ble édi­teur, 112 pages, 15 €.

Sur com­mande chez l’éditeur : 
25 Rue Pradier 75019 Paris 
ou sur le site www.lherbequi tremble.fr

 Ce n’est sans doute pas un hasard si Jean Gros­jean fait par­tie de ces frères de lumière, Jean Gros­jean sous le signe de qui ce recueil est placé : “J’en­tends frémir les jours éter­nels”, longtemps prêtre et qui traduisit La Bible. À son image, on peut définir Gérard Bocholi­er comme un “mys­tique tou­jours en ques­tion­nement”, qui n’en finit pas de dire le temps, un cer­tain temps (celui de son enfance) sur un ton d’une grande sim­plic­ité, sans effu­sions lyriques inutiles. Mais on trou­ve aus­si dans cette par­tie un poème en hom­mage à Guille­vic, le mys­tique sans dieu qui, pour repren­dre les mots de Jean Rous­selot, préfère la magie à la logique…

Du troisième ensem­ble inti­t­ulé Étreintes, je retiens le poème “Aux oiseaux” que tra­verse une approche fran­cis­caine du monde, pour ne pas dire hum­ble. J’ig­nore si Gérard Bocholi­er pour­suit le ques­tion­nement du monde, mais je suis sûr qu’il se con­fronte sans cesse à ce qu’il pense être la lumière de l’u­nivers. Cer­tain égale­ment que si le passé n’est pas absent de ces poèmes (la place accordée aux morts est sig­ni­fica­tive), le présent col­ore ces vers…

Dans la qua­trième par­tie, Psalmodies, Gérard Bocholi­er con­tin­ue de célébr­er le monde tout en essayant de percer le mys­tère du poème qui est “une éraflure / Que l’âme rend plus pro­fonde”, à moins de se chercher soi-même. Alors peut-être faut-il se sou­venir de la déf­i­ni­tion de la psalmodie qui désigne la manière de chanter les psaumes sur une note et qui, par exten­sion, sig­ni­fie une façon monot­o­ne de réciter ou de déclamer… Cette dernière par­tie, com­posée de 17 poèmes de deux qua­trains d’hep­ta­syl­labes, si elle indique de Bocholi­er s’adresse à son dieu, peut être lue comme un partage offert aux lecteurs quelles que soient leurs croy­ances ou leur absence de croyance.

Et puisqu’il est ques­tion d’hep­ta­syl­labes, je ne peux m’empêcher de penser au poème d’Aragon, “La Rose et le Résé­da”, qui est écrit avec un tel mètre. Poème qui met sur un même plan “Celui qui croy­ait au ciel / Celui qui n’y croy­ant pas”, le lecteur atten­tif remar­quant que si les ven­dan­ges revi­en­nent fréquem­ment sous la plume de Bocholi­er, le raisin mus­cat est présent dans le poème d’ Aragon…

Présentation de l’auteur

Gérard Bocholier

Gérard Bocholi­er est né en 1947 à Cler­­mont-Fer­­rand, il a fait ses études dans cette ville où il a ensuite enseigné la lit­téra­ture française en classe de let­tres supérieures. Orig­i­naire d’une famille de vignerons de la Limagne et franc-com­­tois par sa mère, il a passé son enfance et sa jeunesse dans le vil­lage de Mon­ton, au sud de Cler­­mont-Fer­­rand, qu’il évoque dans son livre Le Vil­lage emporté, paru en 2013 aux édi­tions L’Arrière-Pays.

En 1971, il a reçu des mains de Mar­cel Arland, directeur de la NRF, le prix Paul Valéry réservé à un étu­di­ant. La lec­ture de Pierre Reverdy, à qui il con­sacre un essai en 1984, Pierre Reverdy le phare obscur (Champ Val­lon) déter­mine défini­tive­ment sa voca­tion de poète. Il com­mence à pub­li­er des vol­umes de vers aux édi­tions Rougerie, le pre­mier : Le Vent et l’homme en 1976. Cette même année, il par­ticipe à la fon­da­tion de la revue de poésie ARPA, avec d’autres poètes d’Auvergne et du Bour­bon­nais, dont Pierre Delisle, qui fut un de ses plus proches amis.

Gérard Bocholier

D’autres ren­con­tres vien­nent éclair­er sa route : celle de Jean Gros­jean, puis de Jacques Réda, qui l’accueillent dans la NRF, où il pub­lie des poèmes et où il devient chroniqueur réguli­er de poésie à par­tir des années 90. Il ren­con­tre aus­si Anne Per­ri­er, grand poète de Suisse romande, avec qui il noue une ami­tié affectueuse et dont il pré­face les œuvres com­plètes en 1996 aux édi­tions de l’Escampette.

Il rem­porte le prix Voron­ca en 1979, pour Chemin de guet, puis le prix du poème en prose Louis Guil­laume en 1987 pour Pous­sière ardente (Rougerie). En 1991, le Grand Prix de poésie pour la jeunesse du Min­istère de la jeunesse et des sports lui est décerné pour un man­u­scrit de poèmes pour enfants qui sera pub­lié en 1992 dans la col­lec­tion du Livre de poche chez Hachette, sous le titre : Poèmes du petit bonheur.

Devenu directeur de la revue ARPA, il col­la­bore égale­ment comme cri­tique de poésie à La Revue de Belles Let­tres de Genève, au Chemin des livres, à Recueil puis au Nou­veau Recueil. Il rassem­ble cer­tains de ses arti­cles dans un essai, Les Ombrages fab­uleux, aux édi­tions de L’Escampette en 2003. Il par­ticipe à plusieurs ouvrages col­lec­tifs, dont les cahiers 10 et 17 au Temps qu’il fait, con­sacrés à Pierre-Albert Jour­dan et à Roger Munier. Deux livres de poèmes pour la jeunesse sont encore pub­liés, aux édi­tions Cheyne, illus­trés par Mar­tine Mellinette : Terre de ciel  et Si petite planète. 

Il entre dans la pres­tigieuse col­lec­tion des édi­tions Arfuyen en 2006 avec La Venue et en 2012 avec Belles saisons obscures.  En 2011, son livre de vers et pros­es, Abîmes cachés (L’Arrière-Pays), est couron­né par le prix Louise Labé. Son engage­ment religieux se fait plus direct , il se con­sacre essen­tielle­ment à l’écriture de psaumes à par­tir de 2009 et pub­lie chez Ad Solem : Psaumes du bel amour (2010), pré­facé par Jean-Pierre Lemaire, et Psaumes de l’espérance (2012), avec un envoi de Philippe Jac­cot­tet, récom­pen­sé par le prix François Cop­pée de l’Académie Française. D’autres livres de psaumes sont prévus chez le même édi­teur. Un essai paraît en 2014 chez Ad Solem : Le poème exer­ci­ce spirituel. 

Il tient une chronique de lec­tures, Chronique du veilleur, depuis 2012, sur le site de Recours au poème.

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Lucien Wasselin

Il a pub­lié une ving­taine de livres (de poésie surtout) dont la moitié en livres d’artistes ou à tirage lim­ité. Présent dans plusieurs antholo­gies, il a été traduit en alle­mand et col­la­bore régulière­ment à plusieurs péri­odiques. Il est mem­bre du comité de rédac­tion de la revue de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Tri­o­let, Faîtes Entr­er L’In­fi­ni, dans laque­lle il a pub­lié plusieurs arti­cles et études con­sacrés à Aragon. A sig­naler son livre écrit en col­lab­o­ra­tion avec Marie Léger, Aragon au Pays des Mines (suivi de 18 arti­cles retrou­vés d’Aragon), au Temps des Ceris­es en 2007. Il est aus­si l’au­teur d’un Ate­lier du Poème : Aragon/La fin et la forme, Recours au Poème éditeurs. 

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