Le monde recommence & volage
se perpétue sur l’horloge arrêtée
à midi un pigeon solitaire louant
le soleil & le vent laudato si’
per aere à rester sans voix…
*
Les couleurs oscillent sous le vent gentianes
lis sauvages troupeaux de chasse-mouches
& 100 rochers usés par le temps nul désir
ici à nous harceler l’éventail seulement
des états de la matière en quoi tantôt
pierre & tantôt herbe se réincarner
*
Enseveli parmi les livres 3 longs murs
poèmes & romans La vie pensive
& l’aventure Tout à la fois l’ermite
& l’amant & tous les êtres inférieurs
de messieurs de Buffon & de La Cépède
qui bénissent le ciel ou sous la terre grasse
cherchent un instant l’improbable bonheur
Seul au monde & multiple
*
Grand soleil nomade enlève-moi Ma vie
m’est trop étroite Un jardin de curé
où un merle captif écoutant au loin
les oies s’enfuir imagine & se plaint
Trop étroite pour mes ailes de 7 lieues
aux plumes rognées…
*
À la tombée de la nuit les courtisanes
sur leurs patins de bois qui vont en riant
chasser les lucioles un lumignon rouge
& un long bâton pour attraper leurs proies
je ne sais qu’en dire si c’est de la débauche
ou de l’innocence allégorie…
*
Un parfum épais Cacao Criollo À nous
les colonies de palmes de nègres bons
comme avant la philosophie Eldorado
où de lourdes gousses pendent odorantes
dissimulant dans leur moite pénombre
des serpents tachetés férus de morale
& des filles aux seins pointus Qui s’y frotte
devient si faible qu’il en oublie de vivre
Poèmes extraits de Les bains-douches de la rue Philonarde (à paraître, Obsidiane, 2025)