Gérard Mottet, Bien en deçà du seuil des mots
Les dés du vent nous ont jetés
Les dés du vent nous ont jetés
sur des chemins d’exode
avec chacun nos lots divers
d’errante solitude
un jour pourtant en quelque gîte
nous nous reconnaîtrons
car nous avons toujours chacun
gardé par devers nous
nos parts secrètes de symbole
comme l’empreinte même
de nos mains enlacées
fragments
irrécusables
d’un éden oublié.
Extrait de Murmures de l’absence
Parution en avril 2017 aux Éditions Tensing J-L.
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Lignes de Partage
Je ne sais quelle frontière nous traverse
quelque part en nous mystérieuse
comme la barre bleue des lointains
au seuil invisible de nos rêves
comme l’écume de la dernière vague
au flot montant de nos désirs.
Est-ce entre nous frontière
que cette ligne courbe du soleil
qui monte et qui descend
ou ce vol brusque de l’oiseau qui déchire le ciel
est-ce frontière que cette arche lumineuse
où s’exalte le chant de la pluie.
Ensemble nous cheminons sur nos lignes de crête
entre versants d’ombre et de lumière
par sentiers caillouteux à travers champs et forêts
par chemins de halage allant d’écluse en écluse
sans jamais passer pourtant ces lignes de partage
où se croisent nos solitudes.
(Extrait de Murmures de l’absence
Parution en avril 2017 aux Éditions Tensing J-L.)
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Passant par les chemins de pluie
Passant par les chemins
de pluie
j’ai reconnu tes pas
les nuages ce soir
ont pris
la couleur de ta peau
à la surface
de l’eau
j’ai vu
l’empreinte
tremblée
de ton visage
au plus près de la nuit
furtif passe le vent
des souvenirs
comme un soudain
déplissement
du temps
au plus près de la nuit furtif passe le vent des souvenirs.
(Extrait de Murmures de l’absence
À paraître en avril 2017 aux Éditions Tensing J-L.)
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Bien en deçà du seuil des mots
Bien en deçà du seuil des mots
rien que ce fulgural
instant divinatoire où tout a commencé
Toi et moi branches écartées
d’un même diapason
tout ensemble soudain entrant en résonance
toi et moi pôles opposés
faisant soudainement
de leurs bornes jaillir un grand arc de lumière.
il me souvient
qu’un jour de création du monde
ta main soudain s’approcha de la mienne.
(Extrait de Empreintes & résonances
Prix Y.& S. Blanchard - à paraître en 2017
aux Éditions des Presses Littéraires – Collection Florilège)
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Souvent le vent venant de l’Étang
Souvent le vent venant de l’étang
où dorment les esprits de la nuit
traverse le village engourdi
se faufile le long des ruelles
secoue les volets clos des maisons
et s’en va souffler sur la colline
où dorment aux murmures des sources
les ombres du passé
et la lune suit le cours de l’eau
se frayant un chemin dans les prés
pour venir chanter dans les fontaines
du village passer sous les arches
rebondir de cailloux en cailloux
et mourir doucement dans l’étang
où dorment les esprits de la nuit.
(Extrait de Empreintes & résonances
Prix Y.& S. Blanchard - à paraître en 2017
aux Éditions des Presses Littéraires – Collection Florilège)
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Ardent tu t’étais élancé
Ardent tu t’étais élancé vers l’efflorescence du jour
les feux de l’aube dansant dans tes yeux
ton ombre oubliée loin derrière
or la voici déjà ton ombre qui s’est rapprochée
et marche à tes côtés silencieuse
t’apportant réconfort aux midis incertains
et la voilà ton ombre à l’amenuisement du jour
qui maintenant allonge un peu le pas
et marche devant toi en éclaireuse
te frayant le chemin que nul ne sait
vers là-bas où l’on dit
que naissent les étoiles dans les forges de la nuit.
(Extrait de Par les chemins de vie
Recueil inédit)
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Comme sous l’Écorce l’aubier
Comme sous l’écorce l’aubier
sous l’apparaître l’essentiel
et sous la terre les racines
palpite encore en le vieil homme
usé dont vacillent les jours
le frêle enfant qui vient de naître
désir dormant d’éternité
persistante étincelle
sous les cendres du temps.
(Extrait de Par les chemins de vie
Recueil inédit)
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Creuser de longs tunnels
Il te faudra sans doute
creuser de longs tunnels de solitude
lancer de frêles passerelles
se balançant au dessus des abîmes
retrouver les chemins perdus du temps
dissimulés sous les broussailles
il te faudra faire preuve aussi de patience
frapper en pleurs aux portes closes de l’absence
attendre du destin
d’improbables alignements célestes
alors peut-être à la jointure exacte
de ta mémoire endolorie et de tes désirs orphelins
connaîtras-tu comme autrefois enfant
juste la grâce d’un instant
le pur jaillissement d’une étincelle
qui te fera soudain renaître
dans la coïncidence
de toi-même.
(Extrait de Par les chemins de vie
Recueil inédit)