Poèmes traduits de l’Hébreu à l’Anglais par l’auteure
et traduction de l’Anglais au Français par Marilyne Bertoncini
Lines (or: Hebrew-Yiddish-French Poetry Reading)
Even when you get to listen to a harp
It’s from the grated side.
This is how you learned to love
even the color green,
through the columns of the Seine river’s bridges.
To be simply starched like that,
arms arched as well,
like one line
in a ruled notebook.
Des Vers (ou une lecture en hébreu-yiddish et français)
Même quand vous écoutez une harpe
C’est du côté où ça gratte.
C’est ainsi que tu appris l’amour
même la couleur verte,
entre les colonnes des ponts de la Seine.
Etre tout simplement raidie comme ça,
les bras en arches aussi,
comme une seule ligne
dans un cahier réglé.
Lines (or: Hebrew-Yiddish-French Poetry Reading) by Gili Haimovich
from her book Landing Lights (Orot Nechita), Iton 77 Publishing House, 2017.
Translated to English by the author.
*
A Vein Root
No grass cradles you,
no green allures you,
an angry pumping vein
of a muted tree.
Unable to tolerate the underground,
attempting to stand up, you push yourself above it,
between the pavement and the wire fence.
At least it’s not a peek-a-boo wooden one,
made of your own species.
Gazing at the freedom of children in the park,
you don’t fall for their sweetness
nor for the one birds’ tweets can offers.
You’re just there,
an evidence of neglect,
of how reaching out for more soil
will awaken your senses
to no more than roughness.
La Racine d’une veine
Nulle herbe ne te berce,
nul vert ne te tente,
rageuse veine aspirante
d’un arbre muet.
Incapable de supporter le monde souterrain,
tentant de te dresser, tu te hisses par-dessus,
entre pavé et grillage.
Au moins,ce n’est pas l’un de ceux en bois ajouré
comme ceux de ton espèce.
Contemplant la liberté des enfants dans le parc,
tu ne craques pas pour leur douceur,
ni pour celle qu’offriraient les pépiements d’oiseaux.
Tu es simplement là,
témoignage de négligence,
de ce que tenter de gagner de la surface
n’éveillera tes sens
à rien d’autre que la violence.
*
Wrinkled Page
Your body can’t conceal its biography.
Tenderness flies back and forth.
You wished to be a blank page,
a fertile land for trees, passages, a laptop or wife.
Wishing to be loved is shameful.
So instead you prefect your hand writing
and manners.
How blank can a wrinkled page be?
Your body can’t conceal its biography.
Nor contain it.
Page froissée
Ton corps ne peut pas cacher son histoire.
La tendresse va et vient.
Tu voulais être une page vierge,
une terre fertile pour des arbres, des passages, un ordi ou une épouse.
Vouloir être aimé est une honte.
Alors pour la peine, tu disciplines ton écriture
et tes manières.
Jusqu’à quel point une page froissée est-elle vierge?
Ton corps ne peut pas cacher son histoire.
Ni la contenir.
*
Perfectly Loving
We proved them
that we, the impaired, the not-really-desirable,
love perfectly.
After every one bought into it,
we reveled terrible fights, spat hatred,
for it to seem believable.
Then, we withdrew
from exposing ourselves to anyone who’s not us.
You went on to tickle my temples
and I, to fiddle your testicles.
There,
definitions won’t find us.
Parfaitement aimant
Nous leur avons prouvé,
que nous, les déficients, les pas-vraiment-désirables,
savons aimer parfaitement.
Quand tout le monde a approuvé,
nous nous sommes délectés de terribles combats,
crachant la haine,
pour que ce soit crédible.
Puis, nous avons cessé
de nous exposer à d’autres que nous-mêmes.
Tu as continué de caresser mes tempes
et moi, de jouer avec tes testicules.
Là,
les définitions ne peuvent nous atteindre.
*
Before the Becoming
The people who knew us before our becoming
peel the darkness we carry
in the hollow pockets of our parka.
They witness our novelties,
quietly shaming.
Useful for nothing but heartwarming,
no confessions can be made
to the people who knew us before our becoming,
the ones we still secretly carry.
As much as I’m peeling your layers of clothes away,
I’m unable to take away our familiarity.
The people that know us much after becoming
let the heat of their body shade our bareness.
Avant qu’on n’évolue
Les gens qui nous connurent avant qu’on n’évolue
pèlent l’ombre que nous portons
dans les poches vides de nos parkas.
Ils assistent à nos expériences,
nous humilient sans y penser.
Parfaitement inutile mais réconfortant,
aucun aveu ne peut être fait
à ceux qui nous connurent avant qu’on n’évolue,
ceux que nous portons secrètement encore.
Pour autant que je pèle les couches de tes habits,
je ne parviens pas à voler notre intimité.
Les gens qui nous connaissent bien après qu’on évolue
font avec la chaleur de leur corps l’ombre de notre nudité.