Giselle Lucía , 27 novembre, Confessions de Sapho après un délire à la folie
Traduction de Fernando Ariño
27 DE NOVIEMBRE
En esta pared la bala perforó el silencio.
Un temblor impuesto en la gravedad de la existencia.
Ocho rostros dispersos
ocho cuerpos abiertos en la propia desnudez de la caída
mixtura de oquedades y superficies
que conoce las formas en que el peso de la conciencia
puede penetrar al muro.
No existe el temor al silencio.
Las armas se agitan indecisas de sí mismas
maldicen su propia pólvora
y escupen al viento
sumisas del odio de los otros
penetran los espacios
detienen cada resto de temblor
cada sonido
cada pedazo de miedo y duda.
Ahora la mano que aprieta el gatillo es la que tiembla.
El peso del silencio es más certero
y penetra más hondo en los espacios.
No sé si soy el cuerpo, la pared o la bala
solo sé que muero.
27 NOVEMBRE
Dans ce mur la balle a troué le silence.
Un tremblement imposé dans la gravité de l’existence.
Huit visages épars
Huit corps ouverts dans la nudité même de la chute
Mélange de creux et de surfaces
Qui sait de quelle façon le poids de la conscience
Peut pénétrer le mur.
La peur du silence n’existe pas,
Les armes s’agitent sans être sûres d’elles-mêmes
Maudissent leur propre poudre
Et crachent au vent
Soumises à la haine des autres
Elles pénètrent les espaces
Font cesser ce qui reste de tremblement
Chaque son
Chaque morceau de peur et de doute.
La main qui presse la détente n’est jamais celle qui tremble.
Le poids du silence atteint mieux la cible
Et pénètre plus profondément les espaces.
Je ne sais pas si je suis le corps, le mur ou la balle
Je sais seulement que je meurs.
Giselle Lucia, Festival della letteratura du Milano.
CONFESIONES DE SAFO TRAS UN DELIRIO A LA LOCURA
Es cierto, a veces el silencio
se vuelve un castigo insoportable
y la agonía de estas manos vacías
el único consuelo para trenzar
las cuerdas de arpas rotas.
La noche me devuelve soledades
telas manchadas de odio y distancia
para atarme de manos y pies.
Me creí culpable
sofocada en el polvo de templos sombríos
rodeada de fantasmas extraviados
que intentaban cosechar flores rojas
con semillas azules.
Una y otra vez me negué al grito,
lucí un chaleco de desmembradas ilusiones
hasta que probé, buche a buche
el vino de los dioses
aquellos que se veneran al filo de la vida
para que no tropiecen ante sus propios pedestales.
No fui más esclava de palabras inventadas
ni enumeré las flechas del pecado y la virtud.
Nada provocó la huida
de esta máscara que habito
sólo en mi cuerpo se quebraron los miedos
la sombra muda ante el espejo de mis propios ojos.
En mis labios estalló la guerra del verbo
y yo, Safo, mujer de oscuras nostalgias
comprendí que mis dioses
siempre tuvieron la razón
y que a veces
el silencio se vuelva un castigo insoportable.
Confessions de Sapho après un délire à la folie.
Il est vrai que parfois le silence
Devient un châtiment insupportable
Et l’agonie de mes mains vides
L’unique consolation pour tresser
Les cordes des harpes brisées.
La nuit me renvoie des solitudes
Toiles maculées de haine et de distance
Pour me laisser pieds et mains liés.
Je me suis crue coupable
Etouffée dans la poussière de temples obscurs
Entourée de fantômes égarés
Qui essayent de moissonner des fleurs rouges
Aux graines bleues.
Je me refusai au cri encore et encore,
Revêtis une blouse d’illusions démesurées
Jusqu’à ce que j’aie goûté, gorgée par gorgée
Le vin des dieux
Ceux que l’on vénère au fil de la vie
Pour qu’ils ne trébuchent pas devant leurs propres piédestaux.
Je cessai d’être esclave de mots inventés
Et n’énumérai pas les flèches du péché et de la vertu.
Rien ne provoqua ma fuite
Hors de ce masque que j’habite
Seulement se brisèrent ces peurs dans mon corps
L’ombre muette devant le miroir de mes propres yeux.
Sur mes lèvres éclata la guerre du verbe
Et moi, Sapho, femme aux obscures nostalgies
Je compris que mes dieux eurent toujours raison
Et que parfois
Le silence peut devenir un châtiment insupportable.
Giselle Lucia, Lee poema de Luis Saiz, Asociación Hermanos Saiz.