De la liberté à la joie

 

Il y a sans doute plusieurs manières de faire de la philoso­phie. Sim­ple­ment, rap­pelons-nous ce que, orig­inelle­ment, veut dire ce mot : l’amour de la sagesse — si ce n’est, comme j’aurais per­son­nelle­ment ten­dance à le penser, de la Sagesse comme man­i­fes­ta­tion du Divin (de l’au-delà de tout mot) qui nous fonde.

Alors, comme le ressen­taient les Antiques, la philoso­phie est de l’ordre de ce que nous appel­le­ri­ons un « exer­ci­ce spir­ituel » : com­ment con­duire sa vie sans avoir à en rou­gir au moment que nous devrons nous « évanouir » à ce monde ? Quelqu’un comme Pierre Hadot, à tra­vers ses travaux et ses mul­ti­ples réflex­ions, avait passé son temps à nous en faire sou­venir — et il me sem­ble qu’Yann-Hervé Mar­tin, l’auteur de ce livre, et par ailleurs pro­fesseur en Class­es Pré­para­toires (mais ceci n’explique-t-il pas cela, au moins pour par­tie ?), en a bien retenu les leçons et la (longue) démonstration.

Dans un monde où règne le « moi » (du moins le croyons-nous, sans tou­jours nous ren­dre compte de ce que les désirs de ce « moi » ne sont le plus sou­vent que les reflets de ce que nous force à croire la pub­lic­ité, ou une société d’autant plus oppres­sante dans ses « choix » qu’elle nous laisse croire qu’elle n’y est pour rien…), il fal­lait une bonne dose d’ « incon­science » (si ce n’est une forme de suprême con­science), pour nous assén­er que le Bon n’est pas for­cé­ment assim­i­l­able au Bien — mais toute la tra­di­tion de la morale méta­physique n’a eu de cesse de nous le ser­iner — et que, pour attein­dre à ce Bien, il fal­lait dis­pos­er de toute sa lib­erté intérieure…

Je recon­nais là, sou­vent, des accents de ce qu’il faut se résoudre à dénom­mer les « néo­pla­toni­ciens » chré­tiens — mais après tout, pourquoi pas ? Comme le déplo­rait au sujet de Plotin, le fon­da­teur de la pen­sée néo­pla­toni­ci­enne, quelqu’un comme saint Augustin : « Si cog­no­viss­es Chris­tum !… : si tu avais con­nu le Christ ! ».

J’avoue que, pour ma part, je ne me sens pas spé­ciale­ment chré­tien — mais je suis bien obligé de dire en même temps que, nolens volens, je suis l’héritier de deux mil­lé­naires de pen­sée et de cul­ture chré­ti­ennes, et encore plus avant, de tous ceux qui ont si pro­fondé­ment réfléchi à Rome, et surtout, dans la Grèce anci­enne. Et que, sans eux, il n’y aurait tout bête­ment pas de ce que nous appelons un recueille­ment philosophique.

Alors, sachons gré à Yann-Hervé Mar­tin, et à son pré­faci­er Rémi Brague, de nous faire sou­venir de tant de choses que notre monde actuel voudrait oubli­er — et d’abord, con­traire­ment à l’opinion reçue, de ce qu’il existe un échange fécond entre la puis­sance de la rai­son (ou faut-il dire comme Jaco­bi il y a quelque deux-cents ans, de l’entendement ?), et le ressen­ti d’une tran­scen­dance qui nous dépasse de partout !

Notre col­lab­o­ra­teur Michel Cazenave  vient de faire paraître Le Bel amour

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Michel Cazenave

Ecrivain (plus de 50 livres parus, et plus de 400 arti­cles divers), ancien pro­duc­teur de l’émis­sion “Les Vivants et les dieux” à France Cul­ture, Michel Cazenave est un amoureux impéni­tent — dans la mesure où la femme aimée lui paraît être l’in­car­na­tion de ce qu’il appelle “La Face fémi­nine de Dieu”. C’est ain­si qu’il a pub­lié nom­bre de livres de poésie depuis la dis­pari­tion de celle qu’il a aimée toute sa vie, et que la poésie est claire­ment ce qui lui “par­le” le plus aujourd’hui.

En 2014, Michel Cazenave a pub­lié Le Bel amour, une antholo­gie de sa poésie, chez Recours au Poème éditeurs.

voir :

http://www.michelcazenave.fr/

 

ŒUVRE POETIQUE

 

Frag­ments de la Sophia, Ima­go, 1981

Frag­ments d’un hymne, Arfuyen, 1998.

La Grande Quête, Arma Artis, 2003.

Pénin­sule de la femme, Arma Artis, 2005.

Chants de la Déesse, suiv­is de Glos­es, Arbres et Fan­tasies,  Le Nou­v­el Athanor, 2005.

Dédi­cace à l’ab­sente, suivi de Paris-Néon, sous le titre général  “Michel Cazenave”, Le Nou­v­el Athanor, 2007.

Pri­mav­era, Arma Artis, 2007.

Pri­mav­era viva, Arma Artis, 2007.

L’Avis poé­tique (1958 – 2006), Arma Artis, 2008.

La Nais­sance de l’au­rore, Rafael de Sur­tis, 2008.

L’Œu­vre d’or, suivi de La Ver­doy­ante, Rafael de Sur­tis, 2008.

Pri­mav­era nova, Arma Artis, 2008.

Melan­cho­lia, suivi de Parole et silence, Rafael de Sur­tis, 2009.

Le Pas de la colombe, Encres vives, 2012..