Guy Allix, Troy Davis, A mes amis syriens…
Troy Davis
La nuit dernière
Un homme est mort
Qu’avait-il fait ?
Que n’avait-il pas fait ?
Nul ne le sait
Hormis ceux qui savent
Ou croient savoir
Envers et contre tout
Envers et contre l'homme
Un homme parmi les hommes
Frère des hommes fragiles
Qui se tiennent vivants
Et se soutiennent et s'aident
Contre l’adversité
Contre le dernier mot
Un homme parmi les hommes
Et ne restent que les larmes
Il est mort
Et ne restent que ceux
Qui ont permis cela
Qui ont commis cela
Hommes inhumains...
A jamais
22 septembre 2011((jour même de l'exécution, à Savannah, de Troy Davis, jugé coupable du meurtre du policier Mark McPhail survenu le 19 août 1989, en dépit d'une importante mobilisation internationale d'associations et de personnalités visant à contester sa culpabilité et du fort écho de cette mobilisation dans les médias.aux Etats-Unis.))
À mes amis syriens de l’été 2001
Il y avait votre rire
Il y avait votre joie
Il y avait votre amitié
Votre vie et cette chanson de la France
Qui traversait les frontières
Vous me disiez
Viens chez nous partager notre pain
Viens voir notre beau pays plein de notre fête
Plein de fraternité
Mes amis d’un été
Mes beaux témoins de la rencontre d’un amour
Avec vos mots on rêvait d’un pays de soleil on rêvait
On rêvait d’une terre et la terre était belle à vos pieds
Gonflée de vie gonflée de ce rêve même
Et de votre chaude poignée de main
C’était avant tous ces morts
Tant plus de morts tant plus de morts
Qu’on n’ose en dire le nombre
Je ne sais où vous êtes
Mais vos rires et vos chansons se sont éteints
Et gisent eux-mêmes comme des morts comme des morts
Et vous-mêmes
Peut-être poussière déjà pour certains
Ou pourriture sous les bombes
De la pourriture immonde qui vous assassine
Aujourd’hui tant d’années ont passé
Tant de morts tant de morts tant de morts
Comme pour compter le temps
Et mon pauvre poème a mal à la poésie
Qui pourtant foudroie la page mais ne peut rien faire d’autre
Que témoigner crier s’insurger contre l’infâme et la haine
Contre l’absurde et la barbarie
Et rêver encore et toujours un pays de vrai soleil
Et tenter de tisser de nos mots de nos mains le seul poème
Une terre enfin juste à nos pieds enfin belle
Par-dessus tous ces morts tous vos morts
Par-dessus vous
Qui étiez si vivants