Hélène Dorion, Tant de fleuves
Le dernier recueil d'Hélène Dorion occupe seize pages de quatrains, à l'exception de deux tercets, en vers libres sur le papier aux bords dévorés des éditions du Petit Flou. Toutes ces strophes ou presque expriment, au moyen de la répétition du groupe verbal " on voudrait ", un désir violent qui, dans sa litanie, prendra finalement un sens encyclopédique.
Il s'agit, dans un premier temps, de connaître " l'histoire de l'univers" et, à l'intérieur du monde - fleuves, bateaux, ponts –, l'amitié elle-même mais également les mots et leur poésie comme l'enfant, grâce à son imagination, " invente son aventure ". Au point que la vie réelle ou créée ne fasse plus qu'une.
L'important c'est que tout soit nommé, que la nature - le jour ou la nuit - et les éléments – sur terre ou sur mer – soient favorables et " l'espérance encore possible dans nos mains ".
Le leitmotiv du désir revient jusqu'à la toute fin du livret. En effet, comme les mots eux-mêmes et leur expression poétique, ce sentiment est ici illimité : " des rêves / des rêves pour toute une vie ". Il s'étend à la possession du temps et de l'espace et, cela, sans peur de l'imperfection puisque " on voudrait les remous incertains " et " le vent qui lèche les regrets ".
" Tant de fleuves " donc mais aussi tant de choses, tant de solutions possibles avec la joie et la pureté qui servent de mots-clés à la chute du texte.
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